Témoignage de Charles Herbert Lightoller.
Mr. Lightoller a prêté serment devant le président.
Sénateur SMITH. Quel est votre nom ?
Mr. LIGHTOLLER. Charles Herbert Lightoller.
Sénateur SMITH. Mr. Lightoller, où résidez-vous?
Mr. LIGHTOLLER. Netley Abbey, Hampshire.
Sénateur SMITH. En Angleterre?
Mr. LIGHTOLLER. En Angleterre.
Sénateur SMITH. Quel âge avez-vous ?
Mr. LIGHTOLLER. Trente-huit ans.
Sénateur SMITH. Quelle est votre profession ?
Mr. LIGHTOLLER. Marin.
Sénateur SMITH. Depuis combien de temps occupez-vous cet emploi ou travail ?
Mr. LIGHTOLLER. Treize ans et trois mois.
Sénateur SMITH. Quelle a été l’ampleur de votre service pendant cette période ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne vous suis pas vraiment.
Sénateur SMITH. Quelle expérience avez-vous eue ? En quelle qualité ?
Mr. LIGHTOLLER. Dans tous les postes au service de la White Star – quatrième, troisième, deuxième et premier officier.
Sénateur SMITH. Vous avez servi la White Star pendant toute cette période ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Quelles positions officielles dites-vous avoir occupées ?
Mr. LIGHTOLLER. Quatrième, troisième, deuxième et premier officier.
Sénateur SMITH. Quelle fonction occupez-vous actuellement ?
Mr. LIGHTOLLER. Deuxième officier du Titanic.
Sénateur SMITH. Combien de temps avez-vous été deuxième officier ?
Mr. LIGHTOLLER. En tout, environ sept ans.
Sénateur SMITH. Quand avez-vous embarqué sur le Titanic ?
Mr. LIGHTOLLER. À Belfast.
Sénateur SMITH. Quand ?
Mr. LIGHTOLLER. Le 19 ou 20 mars.
Sénateur SMITH. Avez-vous participé à ce que l’on appelle les essais en mer ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. En quoi consistaient-ils ?
Mr. LIGHTOLLER. Des cercles de braquage et l’ajustement des compas.
Sénateur SMITH. Dans quelles eaux ?
Mr. LIGHTOLLER. Celles du Belfast Lough.
Sénateur SMITH. Quelle est la taille de ce lac ?
Mr. LIGHTOLLER. Je peux difficilement le dire de but en blanc sans voir une carte.
Sénateur SMITH. Avez-vous ici un document qui le montre ?
Mr. LIGHTOLLER. Non.
Sénateur SMITH. Dites le juste du mieux que vous le pouvez.
Mr. LIGHTOLLER. Il ferait environ 15 miles de long, d’une largeur allant de quelques miles jusqu’à peut-être 7 miles. Tout cela est approximatif, monsieur.
Sénateur SMITH. Aviez-vous déjà navigué sur ces eaux auparavant ?
Mr. LIGHTOLLER. Seulement en passant.
Sénateur SMITH. Dans quelles circonstances y êtes-vous passé ?
Mr. LIGHTOLLER. En allant à Belfast ou en en sortant vers un autre port. Je ne veux pas dire en service officiel ; mais comme passager. J’y suis passé en service officiel il y a 11 ans.
Sénateur SMITH. Ces eaux sont-elles habituellement choisies pour ces essais en mer des nouveaux navires ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Quel était le temps le jour où vous avez fait ces essais ?
Mr. LIGHTOLLER. Légère brise, temps clair, monsieur.
Sénateur SMITH. À partir du moment où vous avez embarqué sur le Titanic, avez-vous rencontré quand que ce soit du mauvais temps ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous naviguiez toujours sur une mer d’huile, comme on dit ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Ceci est valable jusqu’au moment de la collision ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. En quoi ces essais consistaient-ils ?
Mr. LIGHTOLLER. Des cercles de braquage.
Sénateur SMITH. Je voudrais que vous le décriviez un peu plus précisément. Avec quelle puissance et à quelle vitesse le navire bougeait-il ?
Mr. LIGHTOLLER. À diverses vitesses.
Sénateur SMITH. De quel rayon seraient ces cercles ?
Mr. LIGHTOLLER. Les cercles de braquage consistent à voir sur quelle distance le navire tourne avec la barre dans une certaine position et les machines à des vitesses variées.
Sénateur SMITH. Le navire a-t-il été testé à vitesse maximale ?
Mr. LIGHTOLLER. Ça, je ne peux pas le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. Quelle était la vitesse maximale de ce navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne peux pas le dire, monsieur. Il n’a jamais été poussé, à ma connaissance, à vitesse maximum.
Sénateur SMITH. À combien l’estimez-vous ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ 22 1/2 à 23 nœuds.
Sénateur SMITH. De qui teniez-vous cette information ?
Mr. LIGHTOLLER. De la rumeur générale, monsieur
Sénateur SMITH. Parliez-vous avez les officiers du navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Des conversations générales ; oui. Ce n’était qu’une idée approximative.
Sénateur SMITH. Combien de temps a été consacré à ces tests ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais le dire précisément.
Sénateur SMITH. Approximativement ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ cinq heures.
Sénateur SMITH. C’est pendant ce temps que vous avez fait les cercles ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et la course du navire a été inversée ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et lancé en avant ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. À toute vapeur ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne peux pas le dire, monsieur. Il a navigué sur une certaine distance à pleine vapeur ; mais quelle quantité de vapeur, je ne peux le dire, ni la pression.
Sénateur SMITH. Combien de machines y avait-il sur ce navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Deux machines alternatives et une turbine.
Sénateur SMITH. Fonctionnaient-elles toutes pendant ces essais ?
Mr. LIGHTOLLER. Pour autant que je le sache, monsieur.
Sénateur SMITH. Que savez-vous à ce sujet ? Étiez-vous dans la salle des machines ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; j’étais à mon poste, à la poupe.
Sénateur SMITH. Où était votre poste ?
Mr. LIGHTOLLER. À l’extrémité arrière du navire.
Sénateur SMITH. Donc vous ne savez-pas, par votre propre expérience, si toute sa puissance était testée ou non ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pense pas ; non, monsieur.
Sénateur SMITH. La durée passée à ces essais était de cinq heures ?
Mr. LIGHTOLLER. C’est approximativement la durée consacrée à faire ces cercles.
Sénateur SMITH. Qu’est-ce qui a été fait ensuite avec le navire ?
Mr. LIGHTOLLER. On l’a fait naviguer sur une certaine distance, sur une course droite puis en sens inverse.
Sénateur SMITH. Sur quelle distance ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais le dire sans carte, monsieur.
Sénateur SMITH. Combien de temps cela vous a-t-il pris ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ quatre heures.
Sénateur SMITH. Pour la course en avant ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et le retour?
Mr. LIGHTOLLER. Et le retour.
Sénateur SMITH. Quatre heures en tout, deux à l’aller et deux au retour ?
Mr. LIGHTOLLER. Deux à l’aller et deux au retour. C’est une approximation.
Sénateur SMITH. Déduiriez-vous de mouvements du navire que vous avez observés qu’il allait plutôt vite ?
Mr. LIGHTOLLER. Pour un navire de cette taille, une vitesse appréciable.
Sénateur SMITH. Une vitesse appréciable ?
Mr. LIGHTOLLER. Une vitesse appréciable.
Sénateur SMITH. Qu’appelleriez-vous une très bonne vitesse ?
Mr. LIGHTOLLER. Quand le navire a été construit, nous n’en attendions que 21 nœuds, à partir de là tout ce qui dépasse 21 était considéré comme très bon.
Sénateur SMITH. Le navire a dépassé 21 nœuds ?
Mr. LIGHTOLLER. Pour les essais ? Je ne parle pas des essais. Je ne sais pas quelle était la vitesse ; je n’en ai aucune idée.
Sénateur SMITH. Si je comprends bien vous espériez en tirer 2l nœuds ?
Mr. LIGHTOLLER. Les constructeurs, je pense, pensaient en tirer 21.
Sénateur SMITH. C’était la rumeur générale ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Parmi les officiers?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Je suppose que c’était aussi l’espoir des officiers ?
Mr. LIGHTOLLER. Exactement.
Sénateur SMITH. Sur quel navire avez-vous été avant d’aller sur le Titanic?
Mr. LIGHTOLLER. L’Oceanic.
Sénateur SMITH. L’Oceanic, de la même compagnie ?
Mr. LIGHTOLLER. De la même compagnie.
Sénateur SMITH. Quelle taille faisait l’Oceanic ?
Mr. LIGHTOLLER. Dix-sept mille tonneaux bruts.
Sénateur SMITH. Connaissez-vous sa vitesse maximale ?
Mr. LIGHTOLLER. Vingt-et-un nœuds.
Sénateur SMITH. Je veux être certain d’avoir les résultats de ces tests précisément. Je veux que vous me disiez combien de temps ça vous a pris pour faire ces tests. Les tests en ligne droite et les tests de cercles ont pris combien de temps au total ?
Mr. LIGHTOLLER. Approximativement six ou sept heures. Je ne pourrais pas être plus précis.
Sénateur SMITH. À quelle heure du jour avez-vous débuté ces tests ?
Mr. LIGHTOLLER. Dans la matinée.
Sénateur SMITH. Tôt ?
Mr. LIGHTOLLER. Vers 10 heures.
Sénateur SMITH. Le temps était clair ?
Mr. LIGHTOLLER. Parfaitement clair.
Sénateur SMITH. Y avait-il de la houle ?
Mr. LIGHTOLLER. Très peu.
Sénateur SMITH. Et après environ sept heures, les tests se sont terminés ?
Mr. LIGHTOLLER. À l’exception de la marche arrière toute ; il s’agit de voir sur quelle distance le navire s’arrête avec les machines en arrière toute – c’est ce qu’on appelle le test en arrière toute.
Sénateur SMITH. A-t-il été effectué ce jour-là ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Combien de temps a-t-il pris ?
Mr. LIGHTOLLER. Ce n’était qu’une question de minutes.
Sénateur SMITH. Quelques minutes ?
Mr. LIGHTOLLER. Quelques minutes.
Sénateur SMITH. Savez-vous qui se trouvait sur le Titanic pour ces essais ?
Mr. LIGHTOLLER. Beaucoup de monde. J’en connais certains.
Sénateur SMITH. Veuillez nous citer ceux que vous connaissez.
Mr. LIGHTOLLER. Le capitaine. Smith ; Mr. Murdoch, chef officier ; moi-même, premier officier ; Mr. Blair, deuxième officier ; Mr. Pitman, troisième officier ; Mr. Boxhall, quatrième officier ; Mr. Lowe, cinquième officier ; Mr. Moody, sixième officier ; et Mr. Andrews, de chez Harland & Wolff.
Sénateur SMITH. Représentant les constructeurs ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur. Je ne pourrais citer qui que ce soit d’autre avec précision.
Sénateur SMITH. Qui était le chef mécanicien ?
Mr. LIGHTOLLER. Mr. Bell, chef mécanicien ; Mr. Ferguson [sic], deuxième mécanicien ; Mr. Hesketh, également deuxième. C’est tout ce que je sais.
Sénateur SMITH. Combien d’hommes constituaient l’équipage ?
Mr. LIGHTOLLER. De marins, vous voulez dire ?
Sénateur SMITH. Oui.
Mr. LIGHTOLLER. Environ 71 tout compris ; officiers et équipage.
Sénateur SMITH. Et marins ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Sur les essais ?
Mr. LIGHTOLLER. Oh, non, monsieur. Je ne parle pas des essais.
Sénateur SMITH. Combien d’hommes constituaient l’équipage pendant les essais ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ 30 pour l’équipage et environ 30 de ce que nous appelons les intérimaires [NdT « runners »].
Sénateur SMITH. Y avait-il des invités à bord ?
Mr. LIGHTOLLER. Je crois que oui ; je ne peux pas dire qui.
Sénateur SMITH. Savez-vous qui c’était ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Y avait-il des cadres de la White Star Line?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais le dire avec certitude, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous ne vous rappelez pas avoir vu certains d’entre eux ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne m’en rappelle pas ; non, monsieur. Je pense qu’il y en avait à bord ; mais je ne peux me souvenir de leur identité. Je n’ai pas été amené à entrer en contact avec eux.
Sénateur SMITH. Mr. Ismay était-il à bord ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas à ma connaissance, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous ensuite entendu dire qu’il était à bord ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous ne vous souvenez pas d’un cadre de la compagnie qui y serait ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Je veux dire un cadre général ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Ou un directeur ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Y avait-il quelqu’un à bord représentant le Gouvernement britannique ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas à ma connaissance, monsieur.
Sénateur SMITH. Y avait-il des officiers appartenant à d’autres navires de la White Star Line ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Après le dernier test, qu’a-t-on fait du navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Nous sommes partis pour Southampton.
Sénateur SMITH. Immédiatement ?
Mr. LIGHTOLLER. Presque immédiatement après avoir pris à bord quelques choses qui avaient été oubliées, qui étaient nécessaire pour terminer le navire.
Sénateur SMITH. Quoi ?
Mr. LIGHTOLLER. Pour autant que je sache, des choses nécessaires en bas dans les cuisines, des appareils de cuisine, quelques chaises, et d’autres choses dans ce genre.
Sénateur SMITH. Les équipements de survie étaient-ils –
Mr. LIGHTOLLER. Oh, non, monsieur ; rien de ce genre.
Sénateur SMITH. Tous les systèmes de survie étaient-ils terminés ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. En quoi consistaient-ils ?
Mr. LIGHTOLLER. Le nombre nécessaire de canots.
Sénateur SMITH. Je voudrais que vous me disiez comment on le détermine, si vous pouvez.
Mr. LIGHTOLLER. Par le nombre de personnes à bord.
Sénateur SMITH. Vous ne savez-pas combien il y en a à bord jusqu’à ce que vous soyez prêts à partir ?
Mr. LIGHTOLLER. Non monsieur.
Sénateur SMITH. N’est-ce pas déterminé par la capacité des installations plutôt que par le nombre de personnes qui montent à bord ?
Mr. LIGHTOLLER. Il doit y avoir assez de dispositifs de survie pour chacun à bord, sans rapport avec les installations.
Sénateur SMITH. Oui ; mais ce que je désire savoir est si dans chaque cabine de chaque pont, dans toutes les classes, s’il y a une règle, et si elle était suivie à ce moment, pour autant que vous sachiez, concernant l’équipement de ce navire en gilets et ceintures de sauvetage et tout ce qui pourrait être approprié dans les cabines et sur les ponts d’un bateau de ce type ?
Mr. LIGHTOLLER. Il était parfaitement terminé, sous tous aspects, monsieur.
Sénateur SMITH. Combien de canots y avait-il ?
Mr. LIGHTOLLER. Seize.
Sénateur SMITH. Tous de même type ?
Mr. LIGHTOLLER. Ils consistent en 14 canots, 2 canots de secours, et 4 canots pliables.
Sénateur SMITH. Dîtes-nous s’ils étaient totalement neufs.
Mr. LIGHTOLLER. Totalement neufs.
Sénateur SMITH. Et à la place prévue ?
Mr. LIGHTOLLER. À la place prévue.
Sénateur SMITH. Avec les appareils de mise à l’eau nécessaires ?
Mr. LIGHTOLLER. Tout était terminé, examiné par les officiers du navire.
Sénateur SMITH. Y’a-t-il eu un test des canots effectué avant que vous ne partiez pour Southampton ?
Mr. LIGHTOLLER. Tout le matériel a été testé.
Sénateur SMITH. Les canots ont-ils été descendus ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Sous les ordres de qui ?
Mr. LIGHTOLLER. Les officiers, principalement sous mes ordres.
Sénateur SMITH. Sous vos ordres ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu le travail se faire ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Dîtes-nous simplement ce qui a été fait.
Mr. LIGHTOLLER. Tous les canots du navire ont été basculés vers l’extérieur et ceux que j’ai désignés ont été abaissés aussi loin que je le souhaitais – certains sur tout le chemin jusqu’en bas, et d’autres lâchés dans l’eau.
Sénateur SMITH. Je voudrais que vous me donniez la proportion de ceux qui sont allés dans l’eau.
Mr. LIGHTOLLER. Environ six.
Sénateur SMITH. Six dans l’eau ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Et les autres abaissés ?
Mr. LIGHTOLLER. Sur une partie du chemin – aussi loin que je l’ai jugé nécessaire.
Sénateur SMITH. Une partie du chemin ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Bien sûr, une partie du chemin n’aiderait pas grand monde sur un navire en train de couler. Je suppose que vous avez fait cela pour tester le matériel, et non dans le but de tester la sécurité des canots ?
Mr. LIGHTOLLER. C’est principalement le matériel que nous testons. Nous savons que tout va bien du côté des canots.
Sénateur SMITH. Ces canots ont été abaissés depuis quel pont ?
Mr. LIGHTOLLER. Depuis le pont des embarcations.
Sénateur SMITH. Est-ce le sun deck ?
Mr. LIGHTOLLER. C’est le pont supérieur.
Sénateur SMITH. Savez-vous à quelle distance séparait le pont supérieur de l’eau ?
Mr. LIGHTOLLER. Soixante-dix pieds.
Sénateur SMITH. À quelle heure avez-vous atteint Southampton ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ minuit.
Sénateur SMITH. De quelle nuit ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais pas le dire.
Sénateur SMITH. Réfléchissez-y.
Mr. LIGHTOLLER. Je pense que c’était le matin du 4 avril.
Sénateur SMITH. Qu’est-ce qui vous fait penser que c’était le matin du 4 ?
Mr. LIGHTOLLER. Parce que nous sommes partis le 10.
Sénateur SMITH. Combien de temps faut-il pour aller à Southampton ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ 24 heures.
Sénateur SMITH. Avez-vous rencontré du mauvais temps ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. À quelle vitesse alliez-vous ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ 18 nœuds.
Sénateur SMITH. Qu’est-ce qui a été fait quand vous avez atteint Southampton ?
Mr. LIGHTOLLER. Le navire a été étalonné pour sa stabilité.
Sénateur SMITH. Décrivez-moi ça.
Mr. LIGHTOLLER. Les constructeurs ayant connaissance des poids exacts à bord, des poids supplémentaires sont placés de chaque côté du navire. Un pendule est suspendu à l’endroit du navire le plus adapté, avec un plomb à son extrémité, et un moyen d’enregistrer la différence avec un fil à plomb ; un groupe d’hommes transporte ensuite des poids d’un côté à l’autre du navire, les apportant tous d’un côté du navire et rapportant tout à nouveau ; et grâce à ça, je crois que les constructeurs sont capables d’établir une échelle de stabilité.
Sénateur SMITH. Dans quelle partie du navire ces tests sont-ils faits ?
Mr. LIGHTOLLER. Les poids sont portés, vous voulez-dire ?
Sénateur SMITH. Oui. Dans la partie supérieure ?
Mr. LIGHTOLLER. Le pont « C » – le troisième en descendant.
Sénateur SMITH. Vers le centre du navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas vraiment le centre du navire.
Sénateur SMITH. Des tests ont-ils été faits sur le pont supérieur ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas que je sache, monsieur.
Sénateur SMITH. Qu’est-ce qui a été fait d’autre à Southampton ?
Mr. LIGHTOLLER. Nous avons embarqué du charbon, des provisions, la cargaison a été prise à bord, nous avons passé les tests et l’inspection du Board of Trade.
Sénateur SMITH. Est-ce un officiel britannique du Board of Trade qui a fait passer les tests ?
Mr. LIGHTOLLER. L’officiel du Board of Trade à Southampton.
Sénateur SMITH. Qu’a-t-il fait ?
Mr. LIGHTOLLER. Il a effectué les tests demandés par le Board of Trade.
Sénateur SMITH. L’avez-vous accompagné ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui ; j’étais avec lui une partie du temps.
Sénateur SMITH. Qui était l’officier du Board of Trade britannique ?
Mr. LIGHTOLLER. Le capitaine Clark.
Sénateur SMITH. C’était un officier ?
Mr. LIGHTOLLER. C’était un représentant du Board of Trade britannique, nommé par le Board of Trade britannique, avec un poste dans le port de Southampton ; inspecteur.
Sénateur SMITH. Il était affecté à Southampton ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Quel âge avait-il ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ 45 ans.
Sénateur SMITH. De nationalité britannique ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. L’aviez-vous déjà vu auparavant ?
Mr. LIGHTOLLER. Fréquemment.
Sénateur SMITH. Savez-vous s’il a déjà eu des expériences en service maritime ?
Mr. LIGHTOLLER. Tous les inspecteurs, j’ai cru comprendre, ont été aux commandes. Je sais qu’il l’a été un certain nombre d’années.
Sénateur SMITH. Qu’est-ce que cela veut dire – qu’il a été « aux commandes » ?
Mr. LIGHTOLLER. Aux commandes d’un navire britannique ; capitaine.
Sénateur SMITH. Combien de temps a passé cet officier sur le navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. Combien de temps a-t-il passé quand il était avec vous ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ quatre heures.
Sénateur SMITH. Ensuite, l’avez-vous laissé avec un autre officier ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. À quel autre officier ?
Mr. LIGHTOLLER. Je pense que c’était le premier.
Sénateur SMITH. Quel est son nom ?
Mr. LIGHTOLLER. Mr. Murdock. [sic]
Sénateur SMITH. A-t-il survécu au drame du Titanic ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur. Il était chef officier à ce moment.
Sénateur SMITH. Il n’a pas survécu ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Savez-vous si un autre officier du navire a accompagné cet inspecteur durant son passage à bord ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais vous le dire avec certitude.
Sénateur SMITH. Quel est votre impression la plus nette à ce sujet ?
Mr. LIGHTOLLER. Je dirais que le superintendant à la marine était avec lui tout le temps.
Sénateur SMITH. Le superintendant à la marine ?
Mr. LIGHTOLLER. De la White Star Line, à Southampton.
Sénateur SMITH. Quel est son nom ?
Mr. LIGHTOLLER. Capitaine Steele.
Sénateur SMITH. Quel âge a-t-il ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ 50 ans.
Sénateur SMITH. Est-il commandant ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous déjà vu un de ces paquebots inspectés par un représentant du Board of Trade auparavant ?
Mr. LIGHTOLLER. Fréquemment.
Sénateur SMITH. À quel point sont-ils consciencieux pour tout ça ?
Mr. LIGHTOLLER. En ce qui concerne le capitaine Clark, nous le considérons comme une nuisance car il est trop strict.
Sénateur SMITH. Le capitaine Clark ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Est-ce un officier de marine ?
Mr. LIGHTOLLER. C’est un représentant du Board of Trade.
Sénateur SMITH. Dans quelle mesure est-ce une nuisance ?
Mr. LIGHTOLLER. Parce qu’il nous fait payer pour chaque détail.
Sénateur SMITH. Je suppose que vous faites cela volontiers ?
Mr. LIGHTOLLER. Très volontiers.
Sénateur SMITH. Voulez-vous dire par là qu’il attirerait l’attention sur l’absence d’outils, d’instruments ou de dispositifs nécessaire à l’équipement complet du navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur. Il insisterait pour qu’on les sorte obligatoirement sur le pont à chaque fois.
Sénateur SMITH. Quoi donc ?
Mr. LIGHTOLLER. Tout ce qui contribue à l’équipement du navire.
Sénateur SMITH. En quoi cela consisterait-il ?
Mr. LIGHTOLLER. La totalité des équipements de sauvetage du navire.
Sénateur SMITH. Les gilets de sauvetage ?
Mr. LIGHTOLLER. Les gilets de sauvetage partout dans le navire, tous les canots affalés, découverts, tous les bidons examinés, toutes les réserves examinées, les avirons comptés, les canots affalés, les gouvernails testés, tous les bossoirs testés – il y a eu un travail innombrable dans le détail.
Sénateur SMITH. Et les canots descendus ?
Mr. LIGHTOLLER. Les canots descendus, mis à l’eau, déplacés et ramenés, et s’il n’était pas satisfait, renvoyés à nouveau.
Sénateur SMITH. Et les cordes et chaînes testées ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Quand il a inspecté le navire, où pouvait-il trouver ces gilets de sauvetage ?
Mr. LIGHTOLLER. Des gilets de sauvetage dans chaque cabine, dans chaque compartiment où, comme on dit, il y avait des habitants, où un homme pouvait vivre.
Sénateur SMITH. Ceci inclurait-il l’entrepont ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, indubitablement ; et les quartiers de l’équipage.
Sénateur SMITH. Dans l’entrepont, ont-ils des cabines ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Sont-elles équipées ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Avec les mêmes dispositifs de secours d’urgence qu’en première et deuxième classe ?
Mr. LIGHTOLLER. Les mêmes, de façon identique.
Sénateur SMITH. Vous avez-utilisé le terme de « gilet de sauvetage ».
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Je voudrais que vous décriviez un gilet de sauvetage.
Mr. LIGHTOLLER. Cela consiste en une série de pièces de liège – permettez-moi de vous montrer par le biais d’une illustration – un trou est découpé ici [illustre] pour que la tête passe et ceci tombe sur le devant et le dos, et il y a des bandes partant du derrière pour être attachées devant. C’est une nouvelle idée très efficace, car personne ne peut faire d’erreur en le mettant.
Sénateur SMITH. Y’a-t-il du liège des deux côtés ?
Mr. LIGHTOLLER. Des deux côtés.
Sénateur SMITH. Les bras sont-ils libres ?
Mr. LIGHTOLLER. Libres, absolument.
Sénateur SMITH. Et dans l’eau, adhèrent-ils ou se déploient-ils ?
Mr. LIGHTOLLER. Ils sont attachés au corps.
Sénateur SMITH. Ils sont attachés au corps ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. En avez-vous déjà porté un ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous déjà été en mer avec l’un d’entre eux ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Où ?
Mr. LIGHTOLLER. Depuis le Titanic.
Sénateur SMITH. Lors de cette récente collision ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Pendant combien de temps avez-vous été dans l’eau avec ce gilet ?
Mr. LIGHTOLLER. Entre une demi-heure et une heure.
Sénateur SMITH. À quelle heure avez-vous quitté le navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne l’ai pas quitté.
Sénateur SMITH. C’est le navire qui vous a quitté ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous-êtes resté jusqu’à ce que le navire ait totalement disparu ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Je voudrais que vous nous disiez si la succion consécutive au naufrage du navire était un grand handicap quand on tentait de s’éloigner du navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Elle était à peine repérable.
Sénateur SMITH. De quel endroit du navire l’avez-vous quitté ?
Mr. LIGHTOLLER. Du toit des quartiers des officiers.
Sénateur SMITH. Et où étaient les quartiers des officiers ?
Mr. LIGHTOLLER. Immédiatement à l’arrière de la passerelle.
Sénateur SMITH. Immédiatement à l’arrière de la passerelle ?
Mr. LIGHTOLLER. À l’arrière de la timonerie.
Sénateur SMITH. Était-ce situé relativement vers le sommet du navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Tous les canots étaient-ils partis quand vous avez perdu pied ?
Mr. LIGHTOLLER. Tous sauf un.
Sénateur SMITH. Où était celui-là ?
Mr. LIGHTOLLER. À son bossoir, en train d’essayer de le passer par-dessus bord.
Sénateur SMITH. Les bossoirs ne fonctionnaient pas aisément ?
Mr. LIGHTOLLER. Si, monsieur.
Sénateur SMITH. Qu’est-ce qui l’avait retardé ?
Mr. LIGHTOLLER. C’était le troisième canot descendu par les mêmes bossoirs.
Sénateur SMITH. Le troisième canot descendu par les mêmes bossoirs ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. De quel pont ?
Mr. LIGHTOLLER. Du pont des embarcations.
Sénateur SMITH. Le sun deck ?
Mr. LIGHTOLLER. Le sun deck.
Sénateur SMITH. À quelle distance étiez-vous de ce canot à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. 15 pieds.
Sénateur SMITH. Était-il rempli avant que l’on commence à le descendre ?
Mr. LIGHTOLLER. Il n’était pas assez haut pour qu’on le descende.
Sénateur SMITH. Pourquoi ?
Mr. LIGHTOLLER. Il n’était pas assez haut pour qu’on le descende. Ils étaient en train de le passer par-dessus les rambardes, à l’extérieur ; de l’affaler ; de le passer de l’autre-côté des rambardes. Une fois de l’autre côté des rambardes, il pendrait aux bossoirs, et jusqu’à ce qu’il pende, il était impossible de placer quiconque dedans.
Sénateur SMITH. À quelle distance en dessous du pont des embarcations ?
Mr. LIGHTOLLER. Au-dessus du pont des embarcations.
Sénateur SMITH. À quelle distance au-dessus du pont des embarcations ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ 4 pieds 6 pouces.
Sénateur SMITH. Et il a été abaissé au niveau du pont des embarcations ?
Mr. LIGHTOLLER. Il n’est pas passé de l’autre côté de la rambarde pour être descendu.
Sénateur SMITH. La dernière fois que vous l’avez vu ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Qui s’occupait de ce bossoir ?
Mr. LIGHTOLLER. Le premier officier, Mr. Murdock.
Sénateur SMITH. Il a perdu sa vie ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Avez-vous Mr. Ismay à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. L’avez-vous vu, à quelque moment que ce soit ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Où ?
Mr. LIGHTOLLER. Sur le pont des embarcations.
Sénateur SMITH. Combien de temps avant le naufrage ?
Mr. LIGHTOLLER. Au début, avant que nous commencions les canots, quand nous avons commencé à découvrir les canots.
Sénateur SMITH. Je n’ai pas vraiment compris ça.
Mr. LIGHTOLLER. Quand nous avons commencé à découvrir les canots.
Sénateur SMITH. Combien de temps après la collision ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ 20 minutes.
Sénateur SMITH. Que faisait-il ?
Mr. LIGHTOLLER. Il était immobile.
Sénateur SMITH. Habillé ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais pas le dire, monsieur ; il faisait trop sombre.
Sénateur SMITH. Parlait-il à quiconque ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Était-il seul ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Sur quel pont ?
Mr. LIGHTOLLER. Sur le pont des embarcations.
Sénateur SMITH. Y avait-il d’autres passagers sur ce pont ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas que j’aie vu à ce moment.
Sénateur SMITH. En avez-vous vu à cet endroit par la suite ?
Mr. LIGHTOLLER. Beaucoup.
Sénateur SMITH. Les passagers avaient-ils le droit de monter sur le pont depuis en dessous ?
Mr. LIGHTOLLER. Totalement le droit.
Sénateur SMITH. Il n’y avait pas de restriction au niveau de l’escalier ?
Mr. LIGHTOLLER. Aucune.
Sénateur SMITH. Était-ce vrai pour les passagers d’entrepont ?
Mr. LIGHTOLLER. Les passagers d’entrepont n’ont pas le droit de venir là-haut, monsieur.
Sénateur SMITH. Le pouvaient-ils, à cette occasion ?
Mr. LIGHTOLLER. Oh, oui.
Sénateur SMITH. Il n’y avait aucune restriction ?
Mr. LIGHTOLLER. Oh, absolument aucune.
Sénateur SMITH. Il a dû y avoir eu une confusion considérable.
Mr. LIGHTOLLER. Pas que j’aie noté.
Sénateur SMITH. Tout le monde était discipliné ?
Mr. LIGHTOLLER. Parfaitement.
Sénateur SMITH. Pendant combien de temps avez-vous vu Mr. Ismay ici seul ?
Mr. LIGHTOLLER. Le temps que je passe.
Sénateur SMITH. Où alliez-vous à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. Je m’occupais des canots, vérifiais la répartition des hommes, faisais retirer les couvertures.
Sénateur SMITH. Vous dites que vous étiez à 15 pieds du dernier canot quand il a été descendu ?
Mr. LIGHTOLLER. Il n’a pas été descendu, monsieur. J’étais à cinq mètres de lui quand ils étaient en train de l’accrocher au bossoir.
Sénateur SMITH. Vous en êtes-vous approché plus que cela ?
Mr. LIGHTOLLER. Je n’en ai pas eu l’opportunité, monsieur.
Sénateur SMITH. Pourquoi pas ?
Mr. LIGHTOLLER. Le navire a coulé.
Sénateur SMITH. Le canot a-t-il jamais été descendu ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Il est resté accroché à son bossoir ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Quand avez-vous vu Mr. Ismay, en ce qui concerne la tentative de descendre ce canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Je n’ai vu Mr. Ismay qu’une fois, comme je vous l’ai dit, monsieur.
Sénateur SMITH. Seulement une fois ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et c’était environ 20 minutes après la collision ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et il n’y avait pas d’autres passagers sur le pont à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas que j’aie repérés. Je repérerais naturellement Mr. Ismay plus facilement que je ne repérerais d’autres passagers.
Sénateur SMITH. Pourquoi ?
Mr. LIGHTOLLER. Parce que je le connais.
Sénateur SMITH. Depuis combien de temps le connaissez-vous ?
Mr. LIGHTOLLER. Depuis que j’ai rejoint la compagnie.
Sénateur SMITH. Êtes-vous plutôt bien familier avec les cadres de cette compagnie ?
Mr. LIGHTOLLER. Je les connais naturellement de vue.
Sénateur SMITH. Vous connaissait-il ?
Mr. LIGHTOLLER. Oh, il me connaissait ; oui.
Sénateur SMITH. Vous a-t-il parlé ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Avec qui était-il à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. Personne.
Sénateur SMITH. Il n’a pas non plus parlé aux autres ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous a-t-il vu ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur. Je ne sais pas s’il m’a reconnu.
Sénateur SMITH. Savez-vous où était le capitaine à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais pas le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. L’avez-vous vu sur la passerelle ?
Mr. LIGHTOLLER. Avant cela, je l’avais vu sur la passerelle.
Sénateur SMITH. Combien de temps avant cela ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ trois minutes après l’impact.
Sénateur SMITH. A-t-il quitté la passerelle ou est-il resté là en vous laissant quitter votre lieu de travail ?
Mr. LIGHTOLLER. Je suis parti.
Sénateur SMITH. Vous êtes parti ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Où êtes-vous allé ?
Mr. LIGHTOLLER. De retour dans ma couchette.
Sénateur SMITH. Pourquoi faire ?
Mr. LIGHTOLLER. Personne ne me demandait sur le pont.
Sénateur SMITH. Personne ne vous demandait, ou il n’y avait rien à vous faire faire ?
Mr. LIGHTOLLER. Pour autant que je pouvais voir, personne n’avait besoin de moi, ou de tâche pour moi.
Sénateur SMITH. Vous voulez dire après le moment de l’impact ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Pensiez-vous que le navire était en danger ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous jugiez que ce n’était pas un accident sérieux ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pensais pas que c’était un accident sérieux.
Sénateur SMITH. Quelle était la force de l’impact ?
Mr. LIGHTOLLER. Une légère vibration et un grincement.
Sénateur SMITH. De devant ou du côté ?
Mr. LIGHTOLLER. Eh bien, naturellement, je jugerais que ça venait de devant, que j’aie pu le déterminer ou non.
Sénateur SMITH. Vous ne pourriez pas le dire exactement ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Y a-t-il eu un bruit ?
Mr. LIGHTOLLER. Très peu.
Sénateur SMITH. Très peu ?
Mr. LIGHTOLLER. Très peu.
Sénateur SMITH. Êtes-vous retourné à votre cabine avec l’impression que le navire n’avait pas été endommagé ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous ne l’avez pas dit à Mr. Ismay cette nuit-là ?
Mr. LIGHTOLLER. Je n’avais pas vu Mr. Ismay à ce moment.
Sénateur SMITH. Vous lui avez-dit cela depuis ?
Mr. LIGHTOLLER. Vraiment, je ne pourrais pas le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. Où étiez-vous quand l’impact est survenu ?
Mr. LIGHTOLLER. Dans ma couchette.
Sénateur SMITH. Endormi ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur, je commençais juste à m’endormir.
Sénateur SMITH. Vous vous êtes levé ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous êtes-vous habillé ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Qu’avez-vous mis, si vous avez mi quelque chose ?
Mr. LIGHTOLLER. Rien.
Sénateur SMITH. Vous êtes sorti de votre cabine ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Vers l’avant ?
Mr. LIGHTOLLER. Dehors sur le pont.
Sénateur SMITH. Sur le pont ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui ; J’ai marché vers l’avant.
Sénateur SMITH. Vous avez marché sur quelle distance ?
Mr. LIGHTOLLER. Une dizaine de pieds, jusqu’à ce que je voie distinctement la passerelle.
Sénateur SMITH. Vous pouviez voir la passerelle distinctement ; et le capitaine était sur la passerelle ?
Mr. LIGHTOLLER. Le capitaine et le premier officier.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu un autre des officiers à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne les ai pas remarqués.
Sénateur SMITH. Aucune alarme n’avait été donnée à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. Aucune.
Sénateur SMITH. Combien de temps s’est écoulé entre l’impact et votre apparition sur le pont ?
Mr. LIGHTOLLER. Je dirais deux ou trois minutes.
Sénateur SMITH. Deux ou trois minutes ?
Mr. LIGHTOLLER. Deux minutes.
Sénateur SMITH. Puis vous êtes reparti ? Combien de temps êtes-vous resté sur le pont ?
Mr. LIGHTOLLER Environ deux ou trois minutes.
Sénateur SMITH. À ce moment, qui d’autre était sur le pont à cet endroit?
Mr. LIGHTOLLER. Excepté sur la passerelle, je n’ai vu personne à part le troisième officier, qui a quitté sa couchette peu après moi.
Sénateur SMITH. Vous a-t-il rejoint ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Avez-vous parlé de ce qui s’était passé ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Qu’avez-vous conclu qu’il s’était passé ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas grand-chose.
Sénateur SMITH. Vous saviez qu’il y avait eu une collision ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas nécessairement une collision.
Sénateur SMITH. Vous saviez que vous aviez heurté quelque chose ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Que pensiez-vous que c’était ?
Mr. LIGHTOLLER. De la glace.
Sénateur SMITH. De la glace ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Pourquoi ?
Mr. LIGHTOLLER. C’est une conclusion à laquelle on arrive naturellement dans les environs des Bancs à cet endroit.
Sénateur SMITH. Aviez-vous vu des glaces avant ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Y avait-il eu des tests pour prendre la température de l’eau ?
Mr. LIGHTOLLER. On teste l’eau toutes les deux heures à partir du départ du navire jusqu’à ce qu’il regagne le port.
Sénateur SMITH. Savez-vous si ces tests ont été faits ?
Mr. LIGHTOLLER. Ils l’ont été.
Sénateur SMITH. Les avez-vous faits ?
Mr. LIGHTOLLER. Oh, non, monsieur.
Sénateur SMITH. Étaient-ils faits sous votre direction ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Comment savez-vous qu’ils ont été faits ?
Mr. LIGHTOLLER. C’est la routine du navire.
Sénateur SMITH. Vous supposez qu’ils ont été faits ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Mais vous ne pouvez pas dire de votre propre connaissance qu’ils l’ont été ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas de ce que j’ai moi-même vu ; non, monsieur.
Sénateur SMITH. Comment ces tests étaient-ils faits ?
Mr. LIGHTOLLER. En prélevant de l’eau par-dessus le bord dans un seau de toile et en plaçant un thermomètre dedans.
Sénateur SMITH. À quelle profondeur preniez-vous cette eau, essayez-vous de prendre de l’eau de la surface, ou essayez-vous de la prendre en dessous ?
Mr. LIGHTOLLER. C’est impossible de prendre de l’eau d’en dessous ; juste à la surface.
Sénateur SMITH. Vous ne prenez que de l’eau de la surface ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Ces tests ont-ils été faits ce jour-là ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. À intervalles de deux heures ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. C’était ce dimanche?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous entendu quelque chose à propos de la corde ou de la chaîne ou du fil auquel cette bassine de test était attachée qui n’atteindrait pas l’eau à un moment durant ces tests ?
Mr. LIGHTOLLER. Le seau, vous voulez dire ?
Sénateur SMITH. Oui.
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Une réclamation de ce genre vous parviendrait-elle si ça avait été le cas ?
Mr. LIGHTOLLER. Très vite, je pense, monsieur.
Sénateur SMITH. Comment cela viendrait-il jusqu’à vous ?
Mr. LIGHTOLLER. Par la personne qui l’a vu, je dirais.
Sénateur SMITH. Ce serait de son devoir de vous le rapporter ?
Mr. LIGHTOLLER. Indubitablement.
Sénateur SMITH. Directement à vous ?
Mr. LIGHTOLLER. Directement à l’officier en charge du navire à ce moment.
Sénateur SMITH. Qui était en charge du navire dimanche ?
Mr. LIGHTOLLER. Chaque officier a tenu son quart, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous été en charge ?
Mr. LIGHTOLLER. Pendant mon quart.
Sénateur SMITH. À quelles heures se déroulait votre quart ?
Mr. LIGHTOLLER. De six à dix heures.
Sénateur SMITH. La nuit ?
Mr. LIGHTOLLER. Et le matin.
Sénateur SMITH. De sorte que de six heures du soir dimanche –
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Jusqu’à dix heures, vous étiez en charge ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et durant cette période deux tests auraient dû être faits concernant la température de l’eau dans le but de savoir si vous étiez dans le voisinage d’icebergs ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Dans quels buts étaient faits ces tests ?
Mr. LIGHTOLLER. C’était la routine, monsieur. C’est la coutume de les faire.
Sénateur SMITH. Vous voulez-dire que vous faites ces tests quand vous n’êtes pas dans le voisinage des Grands Bancs ?
Mr. LIGHTOLLER. À partir du moment où nous quittons le port, n’importe quel port du monde, jusqu’au moment où nous entrons dans le port suivant dans n’importe quelle partie du monde, ces tests sont faits par la White Star Line.
Sénateur SMITH. Avez-vous fait ces tests quand vous étiez à proximité du Gulf Stream ?
Mr. LIGHTOLLER. Nous les faisons tout le temps ; toutes les deux heures.
Sénateur SMITH. Sans rapport avec le lieu ou les circonstances ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Ou les conditions ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur. J’excepterais les eaux resserrées, comme les chenaux ou les ports. Nous ne les faisons pas là.
Sénateur SMITH. Ce test est-il effectué dans le but de connaître la température de l’eau ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Principalement ?
Mr. LIGHTOLLER. Principalement.
Sénateur SMITH. Qu’indique la température de l’eau ?
Mr. LIGHTOLLER. Rien de plus que la température de l’air, monsieur.
Sénateur SMITH. Indique-t-elle la proximité d’une zone plus froide ou de conditions inhabituelles ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur. Elle indique quand l’eau est froide, monsieur, bien entendu.
Sénateur SMITH. Pouvez-vous nous dire à quel point l’eau était froide ?
Mr. LIGHTOLLER. Je sais à quel point elle l’était quand je me suis retrouvé dedans.
Sénateur SMITH. J’aimerais avoir votre estimation à ce sujet.
Mr. LIGHTOLLER. Je dirais qu’elle n’était pas loin de geler ; de combien, je ne pourrais le dire. Ça pourrait être 33 ou 34 [degrés Fahrenheit].
Sénateur SMITH. Pas loin du gel ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Que montraient les tests ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne sais pas, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous voulez-dire qu’on ne vous les a pas rapportés ?
Mr. LIGHTOLLER. Ils sont consignés dans un livre, monsieur.
Sénateur SMITH. Et les faits, ne vous sont pas communiqués directement après chaque test ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas à moins que je les demande.
Sénateur SMITH. Et vous n’avez pas jugé nécessaire de les demander cette nuit-là ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous saviez que vous étiez dans le voisinage d’icebergs ; n’est-ce pas ?
Mr. LIGHTOLLER. L’eau n’est absolument pas un indicateur pour les icebergs, monsieur.
Sénateur SMITH. Je ne vous demande pas cela. Saviez-vous que vous étiez à proximité d’icebergs ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Étiez-vous au courant du télégramme de l’Amerika au Titanic, vous avertissant que vous étiez à proximité d’icebergs ?
Mr. LIGHTOLLER. De l’Amerika au Titanic ?
Sénateur SMITH. Oui.
Mr. LIGHTOLLER. Je ne peux pas dire que j’ai vu ce message précis.
Sénateur SMITH. En avez-vous entendu parler ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais pas le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. Auriez-vous pu en entendre parler ?
Mr. LIGHTOLLER. Très probablement, monsieur.
Sénateur SMITH. Si ça avait été le cas ?
Mr. LIGHTOLLER. Très probablement, monsieur.
Sénateur SMITH. Dans les faits, ça aurait été le devoir de la personne recevant ce message de vous le communiquer, parce que vous étiez en charge du navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Sous les ordres du commandant, monsieur.
Sénateur SMITH. Mais vous n’avez reçu aucune communication de cette sorte ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne sais pas si j’ai reçu celle de l’Amerika ; je savais qu’un communiqué était venu d’un navire ; je ne peux pas dire si c’était l’Amerika.
Sénateur SMITH. Donnant la latitude et la longitude de ces icebergs ?
Mr. LIGHTOLLER. Non ; pas de latitude.
Sénateur SMITH. Et qu’ils étaient nombreux ?
Mr. LIGHTOLLER. Parlant des icebergs et donnant leur longitude.
Sénateur SMITH. Dites-nous juste, le cas échéant, ce que vous en avez entendu, et par qui, si vous le pouvez.
Mr. LIGHTOLLER. J’ai oublié de quel navire venait le message ; mais il contenait une information selon laquelle il y avait des glaces de 49° à 51°.
Sénateur SMITH. Comment savez-vous qu’il est arrivé ?
Mr. LIGHTOLLER. Parce que je l’ai vu.
Sénateur SMITH. Vous voulez dire, depuis la collision ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas que je sache.
Sénateur SMITH. L’avez-vous vu depuis la collision ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas que je sache. C’était peut-être le même message, ou peut-être pas. J’en ai vu un. Le même ou non, je ne sais pas. Je n’ai pas vu le même pour ce que je sais.
Sénateur SMITH. De qui teniez-vous cette information ?
Mr. LIGHTOLLER. Du capitaine.
Sénateur SMITH. Cette nuit-là ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. À quel moment avez-vous reçu cette information ?
Mr. LIGHTOLLER. Je pense que c’était dans l’après-midi.
Sénateur SMITH. À quelle heure ?
Mr. LIGHTOLLER. Vers une heure.
Sénateur SMITH. Où étiez-vous alors ?
Mr. LIGHTOLLER. Sur la passerelle.
Sénateur SMITH. Avec le capitaine ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Où était le navire, pour ce qui est de sa latitude ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais pas vous le dire sans le calculer, monsieur.
Sénateur SMITH. Quelle heure était-il ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ une heure.
Sénateur SMITH. Vous n’étiez pas de service à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. Je relevais pendant le déjeuner.
Sénateur SMITH. De sorte qu’à partir du moment où cette communication vous est venue vous n’étiez pas en charge du navire jusqu’à six heures cette nuit-là ?
Mr. LIGHTOLLER. Exactement.
Sénateur SMITH. Qui vous a succédé comme officier responsable du navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Le premier officier, Mr. Murdock [sic].
Sénateur SMITH. Lui avez-vous communiqué cette information que le capitaine vous avait donnée sur la passerelle ?
Mr. LIGHTOLLER. Je la lui ai rapportée quand je l’ai relevé à une heure.
Sénateur SMITH. Que lui avez-vous dit ?
Mr. LIGHTOLLER. Exactement ce qu’il y avait dans le télégramme.
Sénateur SMITH. Qu’a-t-il dit ?
Mr. LIGHTOLLER. « Très bien. »
Sénateur SMITH. Donc les officiers du navire – l’officier de quart, Mr. Murdock, était pleinement averti par vos soins que vous étiez à proximité de ces icebergs –
Mr. LIGHTOLLER. Je n’irais pas jusqu’à parler de proximité.
Sénateur SMITH. Pardonnez-moi et je vais compléter ma question. Et vous étiez averti par le capitaine que c’était le cas. Ou, pour inverser les choses, vous avez été averti par le capitaine, et de vive voix, et avez passé le mot à l’officier Murdoch, en charge du navire, à quoi il a répondu « Très bien. » ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous eu d’autres conversations à ce sujet ?
Mr. LIGHTOLLER. Avec le premier officier ? Non, monsieur.
Sénateur SMITH. À quelle vitesse filait le navire à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ 21 ou 22.
Sénateur SMITH. 21 ou 22 nœuds ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Était-ce votre vitesse maximale ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne sais pas, monsieur. Je ne pourrais le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. Savez-vous s’il est allé plus vite à aucun moment du voyage ?
Mr. LIGHTOLLER. Pour ce que nous avons compris, il aurait fini par aller plus vite que ça quand le navire aurait été rodé.
Sénateur SMITH. Mais c’était aussi vite qu’il l’avait été lors de ses essais en mer.
Mr. LIGHTOLLER. Je ne sais pas quelle était sa vitesse lors des essais en mer.
Sénateur SMITH. Je pensais que vous aviez indiqué qu’elle était dans ces environs. Était-il, cependant, à son maximum à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. Nous avions compris qu’il n’était pas à sa vitesse maximale.
Sénateur SMITH. Donc, vous avez compris qu’il avait toujours de la puissance en réserve à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Qui n’avait pas été utilisée ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Aviez-vous des instructions de quiconque pour utiliser cette puissance ?
Mr. LIGHTOLLER. Aucune.
Sénateur SMITH. Aviez-vous personnellement l’ambition de la voir utilisée ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, je dois le reconnaître.
Sénateur SMITH. Vous vouliez le voir filer aussi vite qu’il pouvait ?
Mr. LIGHTOLLER. À un moment ou un autre ; oui.
Sénateur SMITH. Était-ce un sentiment partagé parmi les officiers?
Mr. LIGHTOLLER. Oh, je ne pourrais le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. En ont-ils parlé ?
Mr. LIGHTOLLER. Naturellement nous avons parlé ; on se demandait quelle pourrait être finalement sa vitesse maximale.
Sénateur SMITH. Étiez-vous impatient à l’idée de l’éprouver ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas nécessairement impatient.
Sénateur SMITH. Intéressé, cependant ?
Mr. LIGHTOLLER. Intéressé ; oui.
Sénateur SMITH. Quand vous avez laissé le navire au deuxième officier, Mr. Murdock –
Mr. LIGHTOLLER. Au premier officier.
Sénateur SMITH. Quand vous avez laissé le navire au premier officier, Mr. Murdoch, où êtes-vous allé ?
Mr. LIGHTOLLER. De quel moment parlez-vous maintenant ?
Sénateur SMITH. Je parle des environs de midi ou une heure.
Mr. LIGHTOLLER. Je suis allé prendre mon déjeuner.
Sénateur SMITH. Et qu’avez-vous fait après cela ?
Mr. LIGHTOLLER. Je suis allé en bas.
Sénateur SMITH. Où ça ?
Mr. LIGHTOLLER. En bas, à ma couchette ou quoi que ça ait pu être. Nous appelons généralement nos quartiers « en bas ».
Sénateur SMITH. Avez-vous trouvé quiconque là quand vous êtes allés en bas ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui. L’homme de quart en bas, je suppose, était là.
Sénateur SMITH. Avez-vous eu une conversation avec lui à propos de ce que vous avait dit le capitaine ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous parlé de cela à quiconque ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; pas que je me souvienne. .
Sénateur SMITH. Pendant combien de temps êtes-vous resté dans votre cabine ?
Mr. LIGHTOLLER. Je dirais que je suis entré et sorti de ma cabine deux ou trois fois dans l’après-midi. Par la suite je me suis allongé dans l’après-midi pour dormir, puis me suis levé pour écrire quelques lettres, ou quelque chose de ce genre.
Sénateur SMITH. Puis vous avez pris votre place aux commandes du navire, ou plutôt, comme officier de quart, à six heures ?
Mr. LIGHTOLLER. À six heures.
Sénateur SMITH. À ce moment avez-vous dit quoi que ce soit aux autres officiers qui étaient en fonction à ce moment à propos de l’information que le capitaine vous avait donnée ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas que je me souvienne, monsieur.
Sénateur SMITH. La veille a-t-elle été accrue ce soir-là après que vous avez pris votre quart ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Qui formait l’effectif de votre navire cette nuit-là, en officiers ?
Mr. LIGHTOLLER. Vous voulez dire, sur le pont, monsieur ?
Sénateur SMITH. Oui, monsieur.
Mr. LIGHTOLLER. Moi-même et deux juniors.
Sénateur SMITH. Où étaient stationnés ces deux juniors ?
Mr. LIGHTOLLER. Ils avaient diverses tâches à accomplir, à différents endroits du navire ; parfois dans la timonerie ; à d’autre moments l’un d’eux devait faire une ronde dans tout le navire et voir si tout était en ordre.
Sénateur SMITH. Quand vous avez pris votre quart à six heures, le capitaine était-il sur la passerelle, ou l’avez-vous vu ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne l’ai pas vu à six heures.
Sénateur SMITH. Quand l’avez-vous vu par la suite ?
Mr. LIGHTOLLER. C’est à environ neuf heures moins cinq que je l’ai revu la fois suivante.
Sénateur SMITH. Vers neuf heures moins cinq ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. En son absence, qui était sur la passerelle ?
Mr. LIGHTOLLER. Moi-même.
Sénateur SMITH. Vous le releviez ?
Mr. LIGHTOLLER. Le capitaine ?
Sénateur SMITH. Oui.
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur. Le premier officier. Je vous demande pardon ; j’ai relevé le chef.
Sénateur SMITH. Vous avez relevé le chef ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et êtes allé sur la passerelle ?
Mr. LIGHTOLLER. J’ai relevé le chef. Le quart du chef était de deux à six heures. J’ai relevé le chef officier à six heures et ai tenu le quart jusqu’à dix heures.
Sénateur SMITH. Êtes-vous resté sur la passerelle ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. De six à dix heures ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Pendant ce temps, chaque officier ou homme était-il à son poste dans la partie avant du navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Qui était-là, et où étaient-ils stationnés ?
Mr. LIGHTOLLER. Deux hommes dans le nid-de-pie, un homme à la barre, un homme se tenant disponible.
Sénateur SMITH. Comment était le temps cette nuit-là ?
Mr. LIGHTOLLER. Clair et calme.
Sénateur SMITH. Appréhendiez-vous la proximité de ces icebergs ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Et pour cette raison vous n’avez pas jugé nécessaire d’augmenter le nombre de vigies ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Et cela n’a pas été fait ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. De six à dix heures, le capitaine est-il venu sur la passerelle ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Quand est-il arrivé ?
Mr. LIGHTOLLER. À neuf heures moins cinq.
Sénateur SMITH. Neuf heures moins cinq ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Mais il n’était pas là de six heures à neuf heures moins cinq ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne l’ai pas vu, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous l’auriez vu s’il avait été là, n’est-ce pas ?
Mr. LIGHTOLLER. S’il avait vraiment été sur la passerelle, oui, j’aurais dû le voir.
Sénateur SMITH. Vous ne l’avez pas vu ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne l’ai pas vu.
Sénateur SMITH. Et vous étiez-là pendant tout ce temps ?
Mr. LIGHTOLLER. Pendant tout ce temps.
Sénateur SMITH. Quand il est venu sur la passerelle à neuf heures moins cinq que vous a-t-il dit ou que vous lui avez-vous dit ? Qui a parlé en premier ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne saurais le dire, monsieur. Probablement que l’un de nous a dit « Bonsoir ».
Sénateur SMITH. Mais vous ne savez pas qui ?
Mr. LIGHTOLLER. Non.
Sénateur SMITH. Quelque chose d’autre a été dit ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui. Nous avons parlé du temps ; du calme de la mer ; la clarté du temps ; le temps qu’il nous faudrait pour arriver dans le voisinage d’icebergs et comment on les reconnaîtrait si on en voyait – on s’est rafraîchi la mémoire au sujet des indications que donne la glace sur sa proximité. Nous avons juste conféré, de façon générale, pendant 25 minutes.
Sénateur SMITH. Pour 20 ou 25 minutes ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Y’a-t-il eu mention du télégramme de l’Amerika pendant cette conversation ?
Mr. LIGHTOLLER. Le capitaine Smith a fait remarquer que si le temps s’embrumait ne serait-ce que légèrement, il faudrait sans aucun doute aller très lentement.
Sénateur SMITH. Vous avez ralenti ?
Mr. LIGHTOLLER. Ça, je ne le sais pas, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous l’auriez-su si cela avait été fait, n’est-ce pas, durant votre quart ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas nécessairement, monsieur.
Sénateur SMITH. Qui en donnerait l’ordre ?
Mr. LIGHTOLLER. Le commandant enverrait les ordres au chef mécanicien pour qu’il la réduise de tant de révolutions.
Sénateur SMITH. Par mégaphone ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; à la main.
Sénateur SMITH. Par tube acoustique ?
Mr. LIGHTOLLER. Non ; à la main ; par notes.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu faire quelque chose de la sorte ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; je n’ai pas vu ça sur la passerelle.
Sénateur SMITH. Et le capitaine était sur la passerelle ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Combien de temps est-il resté sur la passerelle après être venu à 9 heures moins cinq ?
Mr. LIGHTOLLER. Il est resté là jusque vers neuf heures vingt, ou quelque chose comme ça.
Sénateur SMITH. Environ neuf heures vingt ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ 25 minutes en tout.
Sénateur SMITH. Ensuite il a quitté la passerelle ?
Mr. LIGHTOLLER. Il a quitté la passerelle.
Sénateur SMITH. Avec un ordre spécifique à votre encontre ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Qu’a-t-il dit ?
Mr. LIGHTOLLER. « Au moindre doute, prévenez-moi. »
Sénateur SMITH. Que lui avez-vous dit ?
Mr. LIGHTOLLER. « Très bien, monsieur. »
Sénateur SMITH. Vous avez maintenu le navire sur sa course ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et à environ la même vitesse ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur ; pour autant que je sache.
Sénateur SMITH. Quand avez-vous revu le capitaine ensuite ?
Mr. LIGHTOLLER. Quand je suis sorti des quartiers, après l’impact.
Sénateur SMITH. Vous voulez dire qu’il n’est pas revenu sur la passerelle avant la fin de votre quart ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Vers 10 heures ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous êtes parti ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et Murdock a pris les commandes ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Savez-vous où vous étiez, à l’heure où vous avez cédé la place à Mr. Murdock ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas maintenant, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous le saviez à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Pouvez-vous nous donner une idée ?
Mr. LIGHTOLLER. Quand j’ai terminé mon quart nous avons jugé que nous arriverions dans le voisinage de glaces, comme le rapportait le Marconigramme que j’ai vu, quelque part vers 11 heures.
Sénateur SMITH. Que vous seriez sur cette latitude ?
Mr. LIGHTOLLER. Longitude
Sénateur SMITH. À 11 heures.
Mr. LIGHTOLLER. Quelque part autour de 11 heures ; oui.
Sénateur SMITH. Avez-vous parlé avec Mr. Murdock à propos de ce moment quand vous avez terminé votre quart ?
Mr. LIGHTOLLER. À propos de quoi ?
Sénateur SMITH. Je disais, avez-vous parlé avec Mr. Murdock à propos de la situation des icebergs quand vous avez quitté votre quart ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous a-t-il demandé quelque chose à ce sujet ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Que vous êtes-vous dit ?
Mr. LIGHTOLLER. Nous avons fait des remarques sur le temps, sur le fait qu’il était calme, clair. Nous avons fait des remarques sur la distance à laquelle on pouvait voir. Nous pensions être capables de voir sur une longue distance. Tout était très clair. Nous pouvions voir les étoiles jusqu’à la ligne d’horizon.
Sénateur SMITH. Il faisait froid, n’est-ce pas ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Mordant ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. À quel point ?
Mr. LIGHTOLLER. Trente et un [Fahrenheit], monsieur.
Sénateur SMITH. Au-dessus de zéro ?
Mr. LIGHTOLLER. Trente-et-un degrés au-dessus de zéro, oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Est-ce inhabituellement froid pour cette longitude ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. À ce moment de l’année ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu Mr. Murdock après ça ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur ; je l’ai vu quand je suis sorti des quartiers après l’impact.
Sénateur SMITH. Où était-il ?
Mr. LIGHTOLLER. Sur la passerelle.
Sénateur SMITH. Avec le capitaine ?
Mr. LIGHTOLLER. Un d’un côté, et l’autre de l’autre côté de la passerelle ; un de chaque côté.
Sénateur SMITH. Lui avez-vous parlé après cela ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Je veux dire, après qu’il a pris son quart ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous ne lui avez jamais reparlé ensuite ?
Mr. LIGHTOLLER. Non ; monsieur.
Sénateur SMITH. Vous n’étiez pas ensemble quand vous avez finalement étés séparés du navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous l’avez vu sur la passerelle à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. Immédiatement après l’impact ; oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Est-il resté là jusqu’à la fin ?
Mr. LIGHTOLLER. Il faisait partir les canots du côté tribord par la suite.
Sénateur SMITH. Plus tard ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. L’avez-vous vu au travail ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; j’étais du côté bâbord.
Sénateur SMITH. Comment savez-vous qu’il l’a fait ?
Mr. LIGHTOLLER. Je l’ai vu au dernier canot.
Sénateur SMITH. À quelle heure précisément a-t-il quitté la passerelle, je suppose que vous ne savez pas ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Où avez-vous vu le capitaine pour la dernière fois ?
Mr. LIGHTOLLER. Sur le pont des embarcations, monsieur.
Sénateur SMITH. Sur le pont des embarcations ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Combien de temps avant que le navire ne coule ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais pas le dire, monsieur ; je l’ai vu aux alentours du pont des embarcations deux ou trois fois. Je n’ai pas eu l’occasion d’aller à lui.
Sénateur SMITH. Le navire s’est-il cassé en deux d’une façon ou d’une autre, ou intact ?
Mr. LIGHTOLLER. Absolument intact.
Sénateur SMITH. Sur les ponts ?
Mr. LIGHTOLLER. Intact, monsieur.
Sénateur SMITH. Quand vous êtes sorti de votre cabine après l’impact, avez-vous vu de la glace sur les ponts ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu ou entendu des exclamations de douleur ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Savez-vous si quiconque a été blessé ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Par de la glace sur le pont ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Dites-nous, aussi précisément que vous pouvez, où avez-vous vu le capitaine pour la dernière fois, par rapport au naufrage de ce navire.
Mr. LIGHTOLLER. Je pense que la passerelle est le dernier endroit où je l’ai vu, monsieur ; je ne suis pas certain. Je pense qu’il traversait la passerelle.
Sénateur SMITH. Que voulez-vous dire par cela ?
Mr. LIGHTOLLER. Qu’il marchait à travers.
Sénateur SMITH. D’un côté à l’autre ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; il la parcourait juste. Je ne l’ai qu’entrevu. J’ai un vague souvenir de l’avoir vu alors que je marchais. C’est dans mon souvenir que je le vois traverser la passerelle. Je pense que c’était la dernière fois.
Sénateur SMITH. Quel était la largeur de la passerelle ? Quelle était sa largeur sur le Titanic ?
Mr. LIGHTOLLER. Elle s’étend sur toute la largeur du navire, monsieur.
Sénateur SMITH. Elle s’étend sur toute la largeur du navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur ; et de 18 pouces de plus de chaque côté.
Sénateur SMITH. Et sur quelle longueur vers l’avant ?
Mr. LIGHTOLLER. Au milieu du navire, environ 20 pieds ; sur les ailerons, environ 10 pieds.
Sénateur SMITH. Quand vous l’avez vu, était-il en train de donner des ordres ?
Mr. LIGHTOLLER. Je n’étais pas assez près pour le savoir, monsieur.
Sénateur SMITH. À quelle distance étiez-vous ?
Mr. LIGHTOLLER. À environ 50 pieds de là.
Sénateur SMITH. Que semblait-il faire – les cent pas ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; pas les cent pas. Il marchait juste tout droit, comme s’il marchait droit vers quelque chose.
Sénateur SMITH. Il marchait d’un côté à l’autre ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur ; de tribord à bâbord.
Sénateur SMITH. Est-ce que ça lui donnait une vue totalement globale de la situation ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. S’il avait donné des ordres, les auriez-vous entendus ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et vous n’avez rien entendu de tel à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas à ce moment ; non, monsieur.
Sénateur SMITH. Quels sont les derniers ordres que vous l’avez entendu donner ?
Mr. LIGHTOLLER. Quand je lui ai demandé, « Dois-je faire monter les femmes et les enfants dans les canots ? » et qu’il a répondu : « Oui, et faites les descendre. » C’étaient les derniers ordres qu’il a donné.
Sénateur SMITH. Où était-il à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. À peu près au niveau du canot n°6.
Sénateur SMITH. Combien de temps était-ce avant que le navire ne coule ?
Mr. LIGHTOLLER. Approximativement vers 1 heure moins le quart, je dirais. Je ne sais pas quelle heure il était, monsieur. Ce n’est qu’une supposition.
Sénateur SMITH. Était-ce après l’impact ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Après la collision ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et combien de temps après ? À quel moment la collision s’est-elle produite ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne sais pas. J’ai compris – j’ai seulement entendu ça – que ça s’est produit peu avant minuit.
Sénateur SMITH. Quand vous l’avez entendue, avez-vous regardé votre montre ou pris en note ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Combien de temps le navire est-il resté à flot après cette collision ?
Mr. LIGHTOLLER. Cela je ne le sais pas non plus, seulement à partir de ce qu’on m’a dit.
Sénateur SMITH. Que vous a-t-on dit ?
Mr. LIGHTOLLER. On m’a dit qu’il a coulé à 2 h 20.
Sénateur SMITH. Qui vous l’a dit ?
Mr. LIGHTOLLER. Nous sommes arrivés à cette conclusion parmi les officiers, à partir de diverses indications.
Sénateur SMITH. Un officier vous a-t-il dit s’il savait le moment exact de l’impact ou de la collision ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais pas vous le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. Bien sûr vous aviez une montre avec vous ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous aviez une montre dans votre cabine ?
Mr. LIGHTOLLER. Dans ma cabine ; oui, monsieur.
Sénateur SMITH. L’avez-vous gardée ou a-t-elle disparu ?
Mr. LIGHTOLLER. Oh, elle a disparu, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous ne saviez pas si elle marchait ou s’était arrêtée ? Vous ne l’avez pas regardée ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne l’ai pas regardée, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous avez demandé au capitaine sur le pont des embarcations si les canots devaient embarquer les femmes et les enfants d’abord, si je vous comprends bien ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas tout à fait, monsieur ; je lui ai demandé : « Dois-je mettre les femmes et les enfants dans les canots ? » Le capitaine a répondu : « Oui et faites les descendre. »
Sénateur SMITH. Qu’avez-vous fait alors ?
Mr. LIGHTOLLER. J’ai exécuté ses ordres.
Sénateur SMITH. À l’exception de ce canot que vous n’avez pas pu faire descendre ?
Mr. LIGHTOLLER. Je parle du côté bâbord du navire. Je m’occupais du côté bâbord uniquement.
Sénateur SMITH. Tous les canots ont été abaissés du côté bâbord ?
Mr. LIGHTOLLER. Ils ont tous été abaissés à l’exception d’un d’entre eux, le dernier canot, qui était conservé sur le toit des quartiers des officiers. Nous n’avons pas eu le temps de le lancer ni de l’ouvrir.
Sénateur SMITH. Je n’ai pas entendu le premier mot, était-il endommagé ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; j’ai dit qu’il était entreposé sur le toit des quartiers des officiers. Et quand tous les autres canots ont été mis à la mer, j’ai appelé des hommes pour monter là-haut, leur ai dit de le détacher et de le faire descendre.
Sénateur SMITH. Comment se fait-il qu’il ait été conservé là-haut ? Était-ce un endroit inhabituel pour lui ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Eh bien, qu’est-il arrivé à ce canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Il a flotté à la dérive loin du navire, monsieur.
Sénateur SMITH. Il a flotté à la dérive ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Sans personne à bord ?
Mr. LIGHTOLLER. J’ai compris que les hommes qui étaient en haut, qui ont aidé à le lancer, ont sauté dedans alors qu’il était sur le pont et ont dérivé avec.
Sénateur SMITH. Quel type de canot était-ce ?
Mr. LIGHTOLLER. Un radeau pliable.
Sénateur SMITH. L’avez-vous revu par la suite ?
Mr. LIGHTOLLER. Finalement, oui. C’est le canot sur lequel je suis monté.
Sénateur SMITH. Finalement, c’est le canot sur lequel vous êtes monté ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur ; il était retourné.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu le capitaine après cet ordre au sujet des femmes et des enfants ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Où ?
Mr. LIGHTOLLER. En train de traverser la passerelle, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous eu une autre communication avec lui ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur, aucune.
Sénateur SMITH. Pour autant que vous sachiez, était-ce le dernier endroit où il a été vu ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous ne savez pas ce qui est arrivé au capitaine après cela ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Ce canot qui a été pris sur le toit du quartier des officiers, et que vous avez finalement atteint, contenait combien de personnes ?
Mr. LIGHTOLLER. Quand il a dérivé loin du navire ?
Sénateur SMITH. Oui.
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais dire combien.
Sénateur SMITH. Combien après que vous êtes monté dedans ?
Mr. LIGHTOLLER. Nous avons été rejetés deux fois. Il a été vidé ; c’était un radeau pliable plat. Quand j’y suis arrivé, il était retourné, et il n’y avait personne dessus.
Sénateur SMITH. Personne dessus ?
Mr. LIGHTOLLER. Et il était de l’autre côté du navire.
Sénateur SMITH. Qu’avez-vous fait quand vous y êtes arrivé ?
Mr. LIGHTOLLER. Je m’y suis accroché.
Sénateur SMITH. Vous avez principalement flotté avec ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Est-ce tout ce à quoi il a servi ? Est-ce tout ce que ce canot a fait ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur. Finalement, environ trente d’entre nous sommes montés dessus.
Sénateur SMITH. Dîtes-nous comment cela s’est passé.
Mr. LIGHTOLLER. À partir du moment où le navire a sombré, vous voulez dire ?
Sénateur SMITH. Non ; à partir du moment où vous avez trouvé ce canot retourné.
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur. Immédiatement après avoir trouvé ce canot retourné, et quand je me suis hissé sur son flanc, il y avait un bon nombre d’entre nous dans l’eau aux alentours en train de se préparer à monter dessus.
Sénateur SMITH. Avec des gilets de sauvetage ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur. Puis la cheminée avant est tombée.
Sénateur SMITH. Y-avait-il des gens sans gilet de sauvetage ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur. Pas que je sache. La cheminée avant est tombée, elle est tombée le long du canot, à environ 4 pouces de lui.
Sénateur SMITH. Qu’est-ce qui est tombé ?
Mr. LIGHTOLLER. La cheminée avant.
Sénateur SMITH. A-t-elle touché le canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Elle a raté le canot.
Sénateur SMITH. Puis que s’est-il passé ?
Mr. LIGHTOLLER. Elle est tombée sur tous les gens qui étaient à côté du canot, s’il y en avait à cet endroit.
Sénateur SMITH. Certains d’entre-eux ont-ils été blessés gravement ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. A-t-elle tué qui que ce soit ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. Le navire coulait-il plutôt rapidement à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. Assez-vite, monsieur.
Sénateur SMITH. Connaissiez-vous certains des hommes qui étaient dans l’eau quand vous y étiez et qui sont montés sur le canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Donnez leurs noms.
Mr. LIGHTOLLER. Mr. Thayer, un passager de première classe ; le deuxième opérateur Marconi – je vais vous dire son nom dans une minute – Bride.
Sénateur SMITH. Était-ce le canot sur lequel le colonel Gracie –
Mr. LIGHTOLLER. Oh, oui ; et le colonel Gracie.
Sénateur SMITH. Le colonel Gracie de l’armée des États-Unis ?
Mr. LIGHTOLLER. Je crois que j’ai sa carte.
Sénateur SMITH. C’était le colonel Gracie, de toute façon ?
Mr. LIGHTOLLER. Le colonel Gracie était sur le canot retourné avec moi ; oui.
Sénateur SMITH. Était-il sur le canot retourné avant que vous ne le redressiez ?
Mr. LIGHTOLLER. Nous ne l’avons jamais redressé.
Sénateur SMITH. Vous ne l’avez jamais redressé ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur, nous ne pouvions pas.
Sénateur SMITH. Qui d’autre était là ?
Mr. LIGHTOLLER. Je pense que le reste était composé de chauffeurs repêchés dans l’eau, monsieur. Ce sont les seuls passagers que je connaisse.
Sénateur SMITH. Pas d’autres passagers ?
Mr. LIGHTOLLER. Il y en avait deux ou trois qui sont morts. Je pense qu’il y en a eu trois ou quatre qui sont morts durant la nuit.
Sénateur SMITH. Sur ce canot avec vous ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur ; je pense que le chef opérateur Marconi était sur le canot et est mort. L’assistant opérateur Marconi m’a dit que le chef était sur ce canot et est mort.
Sénateur SMITH. De froid ?
Mr. LIGHTOLLER. Vraisemblablement.
Sénateur SMITH. Pas du coup de ce –
Mr. LIGHTOLLER. Non ; pas que je sache.
Sénateur SMITH. Combien de personnes en tout ?
Mr. LIGHTOLLER. Je les estimerais à environ 30. Il était recouvert de gens debout de la proue à la poupe au lever du jour.
Sénateur SMITH. Y a-t-il eu des tentatives d’autres pour monter à bord ?
Mr. LIGHTOLLER. Nous avons pris à bord tous ceux que nous pouvions.
Sénateur SMITH. Je comprends bien, mais je voulais savoir si d’autres ont tenté de monter à bord ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas que j’aie vu.
Sénateur SMITH. Il devait y avoir un grand nombre de personnes dans l’eau ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas près de nous. Ils étaient à une certaine distance de nous.
Sénateur SMITH. Combien environ ?
Mr. LIGHTOLLER. Il semblait environ un demi-mile.
Sénateur SMITH. Ce n’était pas le seul radeau ou canot en vue ?
Mr. LIGHTOLLER. Il faisait noir, monsieur.
Sénateur SMITH. Oui. Mais c’était la seule chose sur laquelle on pouvait monter à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. À l’exception des débris.
Sénateur SMITH. À l’exception des restes du navire qui flottaient ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. À l’état de débris ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu le colonel Gracie ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne sais pas si je l’ai vu, monsieur. Je l’ai rencontré par la suite sur le Carpathia, bien entendu.
Sénateur SMITH. Vous souvenez-vous de l’avoir vu dans l’eau ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Qui a pris le commandement de ce canot retourné ?
Mr. LIGHTOLLER. Je l’ai fait, pour autant qu’un commandement ait été nécessaire.
Sénateur SMITH. Votre jugement a-t-il dirigé la conduite de ceux qui étaient à bord ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur ; c’est pourquoi je dis que je pense que la plupart appartenaient à l’équipage du navire, à cause de leur obéissance tacite.
Sénateur SMITH. Quand vous avez quitté le navire, avez-vous vu des femmes ou des enfants à bord ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, aucun.
Sénateur SMITH. Pourriez-vous nous donner une estimation du nombre de passagers de première et deuxième classe qui étaient à bord quand le navire a sombré ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Étaient-ils sur ce qu’on nomme le pont des embarcations ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Y’en avait-il un bon nombre, à votre avis ?
Mr. LIGHTOLLER. Un certain nombre de personnes – ce qu’ils étaient, première, deuxième, troisième, équipage ou chauffeurs, je ne pourrais le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. Mais il y avait beaucoup de monde encore sur le navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et, pour autant que vous ayez pu l’observer, pourriez-vous dire s’ils étaient équipés de gilets de sauvetage ?
Mr. LIGHTOLLER. Pour autant que j’aie pu voir, parmi tous les passagers, ou l’ensemble de l’équipage, chacun était équipé d’un gilet de sauvetage, car j’y ai été particulièrement attentif.
Sénateur SMITH. A-t-on dit aux passagers sur ces ponts à un moment ou à un autre d’aller d’un côté ou de l’autre du navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Que savez-vous de cela ?
Mr. LIGHTOLLER. Quand le navire a commencé à prendre une forte gîte – pas une forte gîte – mais il prenait une certaine gîte sur bâbord, l’ordre a été donné, je crois, par le chef officier. « Tout le monde à tribord pour le redresser », que j’ai répété.
Sénateur SMITH. Combien de temps avant que vous ne quittiez le navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. Environ combien de temps ?
Mr. LIGHTOLLER. Une demi-heure ou trois quarts d’heure.
Sénateur SMITH. Avant que vous ne partiez ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Comment les passagers étaient-ils sélectionnés pour monter dans les canots ?
Mr. LIGHTOLLER. Par leur sexe.
Sénateur SMITH. Chaque fois que vous voyiez une femme ?
Mr. LIGHTOLLER. Précisément.
Sénateur SMITH. Elle était invitée à monter dans ces canots ?
Mr. LIGHTOLLER. À l’exception des hôtesses. Nous en avons renvoyées plusieurs.
Sénateur SMITH. À l’exception des employées ?
Mr. LIGHTOLLER. À l’exception des hôtesses, oui.
Sénateur SMITH. Et avez-vous assisté à des tentatives de faire monter dans les canots des femmes qui ont refusé de partir ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Combien ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. Plusieurs ?
Mr. LIGHTOLLER. Quelques-unes.
Sénateur SMITH. Quelle raison ont-elles données pour ne pas venir ?
Mr. LIGHTOLLER. Je n’avais pas le temps ; je n’ai pas relevé. Globalement elles ne voulaient pas venir.
Sénateur SMITH. Ont-elles demandé à ce que leurs familles viennent avec elles ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui ; une ou deux.
Sénateur SMITH. Et des familles ont été embarquées, à votre connaissance ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas à ma connaissance.
Sénateur SMITH. Le canot qui était sur le toit du quartier des officiers et s’est retourné, et celui qui était coincé sur son bossoir ont tous deux servis d’une façon ou d’une autre, ou seulement un ?
Mr. LIGHTOLLER. Seulement un.
Sénateur SMITH. Donc en tout, combien de canots ont effectivement servi ?
Mr. LIGHTOLLER. Dix-neuf.
Sénateur SMITH. Combien ont finalement été récupérés par le Carpathia ?
Mr. LIGHTOLLER. Tous ceux qui ont été dénombrés.
Sénateur SMITH. Un, cependant, a été sérieusement endommagé, et un autre canot a pris ses passagers, n’est-ce pas ?
Mr. LIGHTOLLER. C’était le canot retourné sur lequel j’étais.
Sénateur SMITH. C’était le canot retourné sur lequel vous étiez ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et ils vous ont pris dans un autre canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Tous ceux qui étaient avec vous ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Le canot était-il plein à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. J’ai compté 65 têtes, sans me compter ni aucun de ceux qui étaient dans le fond du canot. J’ai grossièrement estimé qu’il y avait 75 personnes dans le canot.
Sénateur SMITH. Le canot était-il en sécurité avec ce nombre de personnes à bord ?
Mr. LIGHTOLLER. En sécurité dans des eaux calmes seulement.
Sénateur SMITH. Combien de ces canots avez-vous aidé à charger ?
Mr. LIGHTOLLER. Tous à l’exception d’un ou deux sur le côté bâbord.
Sénateur SMITH. Qui déterminait le nombre de personnes qui devraient monter dans les canots ?
Mr. LIGHTOLLER. Moi.
Sénateur SMITH. Comment avez-vous conclu le nombre de personnes qui devaient être autorisées à monter à bord ?
Mr. LIGHTOLLER. Par mon propre jugement sur la robustesse des bossoirs.
Sénateur SMITH. Combien de personnes avez-vous mises dans chaque canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Dans le premier canot, j’ai mis environ 20 ou 25 personnes. Vingt, monsieur.
Sénateur SMITH. Combien d’hommes ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas d’hommes.
Sénateur SMITH. Combien de marins ?
Mr. LIGHTOLLER. Deux.
Sénateur SMITH. Dans le premier canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Était-ce suffisant pour s’occuper du canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Nous les voulions sur le pont.
Sénateur SMITH. Dans quel but ?
Mr. LIGHTOLLER. Faire descendre les canots.
Sénateur SMITH. Vous voulez dire qu’il n’y aurait pas eu assez d’hommes sur le pont et pour diriger les canots en même temps ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas en en plaçant plus de deux par canots, monsieur. Ce ne serait pas sûr.
Sénateur SMITH. Ce n’est pas le nombre requis habituellement, n’est-ce pas – deux par canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Tout à fait suffisant dans ces conditions.
Sénateur SMITH. Dans les faits, des femmes ont été obligées de ramer dans ces canots pendant des heures ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, beaucoup l’ont fait, à ce que je sais.
Sénateur SMITH. Ceci indiquait qu’ils n’étaient pas totalement équipés ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas nécessairement, monsieur.
Sénateur SMITH. Combien d’avirons dans un canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Je pense qu’il y en avait 16, l’équipement total.
Sénateur SMITH. Combien de personnes peuvent utiliser un aviron en même temps ? Je ne veux pas dire combien le pouvaient, mais combien le devraient en temps normal ?
Mr. LIGHTOLLER. Voulez-vous dire pendant un entraînement, par exemple ?
Sénateur SMITH. Je voudrais savoir combien pendant les entraînements et je voudrais savoir combien en situation de vrai danger comme dans ce cas-là.
Mr. LIGHTOLLER. Nous sortirions environ cinq avirons par côté. Dans le canot où j’étais, nous ne pouvions utiliser que trois avirons.
Sénateur SMITH. Vous ne pouviez pas ramer du tout, n’est-ce pas, sur votre canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Nous avons réussi à maintenir notre cap en mer avec trois rames.
Sénateur SMITH. Vous voulez dire que vous avez mis la main sur trois rames après que ce canot a été retourné ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur. Celui qui nous a récupérés après coup.
Sénateur SMITH. Vous n’aviez pas de moyen de propulser votre embarcation avant d’être récupérés sur ce canot retournés ?
Mr. LIGHTOLLER. Deux bouts de bois que nous avons récupérés, uniquement.
Sénateur SMITH. Vous parliez de cinq hommes par côté ?
Mr. LIGHTOLLER. Pour autant que je m’en souvienne, cinq par côté.
Sénateur SMITH. Cela signifie qu’un homme seul maniera un aviron ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas nécessairement. On peut faire ce qu’on appelle un double ou triple banc.
Sénateur SMITH. Dites-moi de quoi il s’agit.
Mr. LIGHTOLLER. Deux ou trois tirant en face d’un autre, un tenant un aviron ici, un autre ici, et un autre là.
Sénateur SMITH. En face ?
Mr. LIGHTOLLER. En face, une autre paire devant eux leur faisant face et poussant l’aviron.
Sénateur SMITH. Poussant ?
Mr. LIGHTOLLER. Poussant, se levant dans le canot.
Sénateur SMITH. Donc il est tout à fait possible et même souvent le cas qu’un homme fasse face à un autre en maniant ces avirons ?
Mr. LIGHTOLLER. Précisément.
Sénateur SMITH. Et de fait, dans le cas d’un canot avec son plein chargement d’hommes, un homme pourrait être dans une position où il peut voir le navire, ramant dos à la mer, et un autre avec le dos au navire faisant face à la mer ?
Mr. LIGHTOLLER. Précisément.
Sénateur SMITH. Vous dites qu’il y avait environ 25 personnes dans ce premier canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ.
Sénateur SMITH. Et qu’il a été chargé sous vos ordres ?
Mr. LIGHTOLLER. Sous mes ordres.
Sénateur SMITH. Qu’est-il arrivé à ce canot, le premier chargé ?
Mr. LIGHTOLLER. Il a été chargé et envoyé loin du navire.
Sénateur SMITH. Il n’est pas revenu au navire comme il était à moitié chargé ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas à ma connaissance, monsieur.
Sénateur SMITH. Dans les faits il n’était pas beaucoup plus qu’à moitié chargé, non ?
Mr. LIGHTOLLER. Vous voulez dire en capacité de flottaison ?
Sénateur SMITH. Oui.
Mr. LIGHTOLLER. En capacité de flottaison ; non.
Sénateur SMITH. Comment se fait-il que vous n’ayez pas mis plus de monde dans ce canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Car je ne considérais pas cela comme étant sûr.
Sénateur SMITH. Dans une situation de grande urgence comme ça, où il y avait des moyens limités, n’auriez-vous pas pu tenter de mettre plus de monde dans ce canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne savais pas que c’était urgent à ce moment. Je n’avais aucune idée de l’urgence.
Sénateur SMITH. Vous ne saviez pas que c’était urgent ?
Mr. LIGHTOLLER. Rien de ce genre.
Sénateur SMITH. En supposant que vous ayez su que c’était urgent, qu’auriez-vous fait ?
Mr. LIGHTOLLER. J’aurais fait ce que j’aurais jugé le meilleur à ce moment-là.
Sénateur SMITH. Dites-moi ce que vous auriez jugé sage.
Mr. LIGHTOLLER. J’aurais pris plus de risques. Je n’aurais pas considéré comme sage de mettre plus de monde dans les canots, mais j’aurais pu prendre plus de risques.
Sénateur SMITH. Dans les faits, ces canots ne sont pas construits pour embarquer 40 personnes ?
Mr. LIGHTOLLER. Soixante-cinq à l’eau, monsieur.
Sénateur SMITH. Soixante-cinq à l’eau, et 40 pendant qu’on les fait descendre dans l’eau ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Comment ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; tout dépend de vos bossoirs, monsieur. Si c’était un vieux navire, vous tenteriez difficilement d’en mettre 25 dedans.
Sénateur SMITH. Mais c’était un nouveau ?
Mr. LIGHTOLLER. Et par conséquent, j’ai par la suite pris des risques avec lui.
Sénateur SMITH. Vous avez fait monter 25 dedans ?
Mr. LIGHTOLLER. Dans le premier.
Sénateur SMITH. Et deux hommes ?
Mr. LIGHTOLLER. Et deux hommes.
Sénateur SMITH. Comment ces deux hommes ont-ils été sélectionnés ; par vous de façon arbitraire ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur. Ils ont été choisis par moi ; oui.
Sénateur SMITH. Qui étaient-ils ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais pas le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. Comment en êtes-vous arrivées à choisir ces hommes en particulier ?
Mr. LIGHTOLLER. Parce qu’ils se tenaient non loin.
Sénateur SMITH. Voulaient-ils partir ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne leur ai pas demandé.
Sénateur SMITH. Vous n’avez pas appelé de volontaires ?
Mr. LIGHTOLLER. Ils sont partis sur mon ordre.
Sénateur SMITH. Vous avez ordonné que ça soit fait ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Et ils sont montés dedans ?
Mr. LIGHTOLLER. Ils l’ont fait.
Sénateur SMITH. Avec 23 autres personnes ?
Mr. LIGHTOLLER. Je dirais environ 24 ; quelque chose comme ça.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu un canot revenir vers le navire et prendre des passagers supplémentaires ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Combien de personnes contenait le deuxième canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ 30.
Sénateur SMITH. Combien d’hommes ?
Mr. LIGHTOLLER. Deux.
Sénateur SMITH. Combien de femmes et d’enfants ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ 30.
Sénateur SMITH. Des femmes ou des femmes et enfants ?
Mr. LIGHTOLLER. Je dirais, facilement trente, et probablement adultes.
Sénateur SMITH. De quel côté chargiez-vous ?
Mr. LIGHTOLLER. Sur le côté bâbord, monsieur.
Sénateur SMITH. Ces 30 personnes ont-elles été descendues ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui ; descendues et parties.
Sénateur SMITH. Depuis quel pont ?
Mr. LIGHTOLLER. Du pont des embarcations.
Sénateur SMITH. Vous ne savez pas, je suppose, s’il s’agissait de passagers de première ou deuxième classe ?
Mr. LIGHTOLLER. Non.
Sénateur SMITH. Il y avait deux hommes ?
Mr. LIGHTOLLER. Deux hommes, pour autant que je m’en souvienne, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous revu ce navire revenir le long du navire ou où que ce soit ailleurs ?
Mr. LIGHTOLLER. Près du Titanic, monsieur ?
Sénateur SMITH. Oui.
Mr. LIGHTOLLER. Non ; pas à ma connaissance.
Sénateur SMITH. Combien de personnes contenait le troisième canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Au moment où je suis arrivé au troisième canot j’étais au courant que ça devenait sérieux, et j’ai commencé à prendre des risques.
Sénateur SMITH. Combien de temps cela prenait-il pour descendre un canot – le remplir et le descendre ?
Mr. LIGHTOLLER. Seulement le remplir et le descendre, et pas le découvrir ?
Sénateur SMITH. Remplir et descendre et découvrir ?
Mr. LIGHTOLLER. Nous le découvrons en premier, puis nous le sortons par-dessus bord, puis l’abaissons à niveau avec le bastingage, et ensuite commençons à y faire monter les gens. Avant cela, il nous faut enlever toutes les couvertures, hisser tous les cordages et les enrouler proprement.
Sénateur SMITH. Combien de temps fallait-il pour découvrir et faire descendre ce canot ?
Mr. LIGHTOLLER. C’est difficile à dire, monsieur ; 15 ou 20 minutes.
Sénateur SMITH. Y’avait-il des canots que l’on descendait de l’autre côté au même moment ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne sais pas, monsieur.
Sénateur SMITH. Comment se fait-il que vous ayez été chargé de cette démarche ?
Mr. LIGHTOLLER. Parce que j’en ai pris la charge.
Sénateur SMITH. Vous avez pris la charge de cela ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et il y avait Mr. Murdock au même moment ?
Mr. LIGHTOLLER. Pour autant que je sache, il était en charge du côté tribord.
Sénateur SMITH. Combien de passagers le troisième canot contenait-il ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne peux que supposer. Je l’ai rempli autant que je le pouvais, et l’ai fait descendre aussi rempli que je l’osais.
Sénateur SMITH. Combien de marins ?
Mr. LIGHTOLLER. Deux.
Sénateur SMITH. Vous avez suivi cette règle ?
Mr. LIGHTOLLER. J’ai suivi cette règle tout du long.
Sénateur SMITH. Vous l’avez entièrement rempli ?
Mr. LIGHTOLLER. Aussi plein que je pouvais l’oser.
Sénateur SMITH. Avez-vous eu des difficultés pour le faire ?
Mr. LIGHTOLLER. De quelle sorte ?
Sénateur SMITH. Les gens étaient-ils prêts à y aller ?
Mr. LIGHTOLLER. Parfaitement tranquilles et prêts.
Sénateur SMITH. Des bousculades, poussées, cohues ?
Mr. LIGHTOLLER. En aucune façon.
Sénateur SMITH. Les hommes se sont tous retenus d’utiliser leur force et de repousser en arrière les femmes et les enfants ?
Mr. LIGHTOLLER. Ils n’auraient pas pu être plus calmes s’ils avaient été à l’église.
Sénateur SMITH. Si vous aviez rempli ce troisième canot totalement, combien de personnes se seraient trouvées à l’intérieur ?
Mr. LIGHTOLLER. Que voulez-vous dire par « plein » ?
Sénateur SMITH. À sa capacité totale.
Mr. LIGHTOLLER. Soixante-cinq.
Sénateur SMITH. Je vous demande pardon ?
Mr. LIGHTOLLER. Soixante-cinq, monsieur.
Sénateur SMITH. Pensez-vous qu’il y en avait tant que ça dedans ?
Mr. LIGHTOLLER. Certainement pas, monsieur.
Sénateur SMITH. Combien en aviez-vous ?
Mr. LIGHTOLLER. Trente-cinq, je dirais, monsieur.
Sénateur SMITH. Trente-cinq ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ.
Sénateur SMITH. Et deux hommes ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Puis le quatrième canot. Y’avait-il un quatrième canot de ce côté ?
Mr. LIGHTOLLER. Il y avait huit canots de chaque côté.
Sénateur SMITH. Pour ce quatrième canot, vous avez suivi la même procédure ?
Mr. LIGHTOLLER. Le même ordre ; les mêmes conditions.
Sénateur SMITH. Vous avez mis deux hommes dans chaque ?
Mr. LIGHTOLLER. Je pense que j’étais sur le point d’être à court d’hommes, si je me souviens bien. J’ai commencé à mettre un marin et un steward à bord.
Sénateur SMITH. Un marin et un steward ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui. C’était le canot dans lequel j’ai mis un passager masculin. Je ne pouvais trouver qu’un marin. J’avais commencé à faire descendre le canot. Je devais mettre deux marins dedans et j’en voulais deux pour l’abaisser. Il est absolument nécessaire d’avoir un marin à chaque câble. Personne d’autre ne peut faire descendre un canot. J’appelais des marins, et un des marins a sauté hors du canot et commencé à le faire descendre. Le canot était à mi-chemin quand les femmes ont appelé et dit qu’il n’y avait qu’un homme dans le canot. Je n’avais que deux marins et ne pouvais m’en séparer, et j’étais plutôt coincé pour décider quoi faire, quand un passager m’a appelé et a dit : « Si vous voulez, j’irai. »
Sénateur SMITH. Vous le connaissiez ?
Mr. LIGHTOLLER. Non.
Sénateur SMITH. C’était un officier du navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; un passager de première classe.
Sénateur SMITH. Vous ne saviez pas qui c’était ?
Mr. LIGHTOLLER. J’ai découvert qui c’était depuis.
Sénateur SMITH. Qui est-ce ?
Mr. LIGHTOLLER. Le Major Pusey. [Sic, en réalité Major Arthur Peuchen]
Sénateur SMITH. De Toronto ?
Mr. LIGHTOLLER. De Toronto. C’est le nom, oui.
Sénateur SMITH. C’est un officier de l’Armée Britannique ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne sais pas ce qu’il est. Ce n’est pas un Britannique, en tout cas.
Sénateur SMITH. S’est-il porté volontaire ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Qu’a-t-il dit ?
Mr. LIGHTOLLER. Il a dit en gros : « J’irai si vous voulez ». J’ai dit : « Êtes-vous un marin ? » et il a dit « je suis un yachtsman ». J’ai dit : « Si vous êtes assez marin pour y aller grâce à ce câble » – c’est une chose difficile à faire, au-dessus du flanc du navire, à 8 pieds de là, et ça implique un long balancement dans la nuit noire – « si vous êtes assez marin pour le faire, vous pouvez y descendre » Et il a prouvé qu’il l’était, en descendant. Et par la suite, il s’est révélé être un homme courageux, également.
Sénateur SMITH. À quel propos ?
Mr. LIGHTOLLER. D’après les récits que j’ai entendus de lui après notre sauvetage.
Sénateur SMITH. Vous voulez dire en ce qui concerne sa conduite ?
Mr. LIGHTOLLER. En ce qui concerne sa conduite.
Sénateur SMITH. Dans le canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Dans le canot.
Sénateur SMITH. Quel âge avait cet homme, environ ?
Mr. LIGHTOLLER. Quarante-cinq ou cinquante.
Sénateur SMITH. Avait-il de la famille avec lui ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. L’aviez-vous déjà vu avant ?
Mr. LIGHTOLLER. Jamais.
Sénateur SMITH. L’avez-vous vu depuis ?
Mr. LIGHTOLLER. Je l’ai vu sur le Carpathia. J’avais décidé de le trouver.
Sénateur SMITH. Combien dites-vous qu’il y avait de personnes dans le canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Trente-cinq ; à peu près ça, pour autant que je me souvienne.
Sénateur SMITH. C’est le quatrième. Qu’en est-il du cinquième ?
Mr. LIGHTOLLER. Pour autant que je sache, les conditions étaient les mêmes.
Sénateur SMITH. Avez-vous eu à appeler quiconque parmi les passagers ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; je ne peux me souvenir de quoi que ce soit de particulier concernant ce canot.
Sénateur SMITH. À propos du cinquième ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; aucun incident particulier ne me revient. J’allais alors aussi vite que je le pouvais. J’étais trop pressé pour m’occuper de détails.
Sénateur SMITH. De combien de femmes vous occupiez-vous ? Combien en aviez-vous à bord du navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais le dire.
Sénateur SMITH. Savez-vous si elles ont toutes été prises en charge ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. Toutes celles qui étaient prêtes à partir ?
Mr. LIGHTOLLER. Dans le cas du dernier canot que j’ai fait partir, j’ai eu la plus grande difficulté à trouver des femmes. C’était le tout dernier des canots, après avoir fait partir tous les canots nous sommes allés à l’avant pour sortir les radeaux pliants. Entre-temps, le canot de secours avant avait été mis à l’eau par un des autres officiers. Donc nous avons remis en place les appareils de levage et préparé le radeau pliable à sa descente. Ensuite j’ai demandé des femmes et n’ai pu en réunir. Quelqu’un a dit : « Il n’y a pas de femmes ». Sur ce, quelques hommes –
Sénateur SMITH. Qui a dit ça ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne sais pas, monsieur.
Sénateur SMITH. Sur quel pont était-ce ?
Mr. LIGHTOLLER. Sur le pont des embarcations.
Sénateur SMITH. Toutes les femmes étaient-elles sensées être sur le pont des embarcations ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui monsieur, elles étaient sensées l’être.
Sénateur SMITH. Pourquoi ?
Mr. LIGHTOLLER. Parce que les canots étaient là. Je dois dire qu’avant de descendre ce canot Berthon nous avions fait partir un canot du pont A, un pont en dessous. C’était par ma faute. C’était le premier canot que j’avais descendu. Je comptais faire monter les passagers par le pont A. En le faisant descendre j’ai constaté que les vitres étaient fermées. J’ai donc envoyé quelqu’un en bas pour ouvrir les fenêtres et j’ai continué avec les autres canots, mais j’ai décidé que ce n’était pas la peine de les descendre, que je pouvais le faire aussi bien depuis le pont des embarcations. Quand je suis venu à l’avant depuis les autres canots, j’ai chargé ce canot depuis le pont A en faisant monter les femmes par les fenêtres. Mon idée pour remplir les canots par-là était qu’il y avait un câble d’aussière courant le long du navire à des fins d’approvisionnement en charbon, et qu’il était pratique d’attacher le canot à cela, pour le maintenir de façon à ce que personne ne puisse tomber entre le côté du canot et le navire.
Sénateur SMITH. Quel canot était-ce ?
Mr. LIGHTOLLER. C’est le n° 4 ; le canot n°4.
Sénateur SMITH. Qui a été rempli par-là ?
Mr. LIGHTOLLER. Qui a été rempli par-là, chargé et envoyé au large. Ensuite nous sommes allés à ce canot Berthon.
Sénateur SMITH. Dans le cinquième canot ; combien y avait-il de marins ?
Mr. LIGHTOLLER. Pour autant que je me souvienne, deux marins.
Sénateur SMITH. Deux ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Combien de personne avez-vous fait monter dedans ?
Mr. LIGHTOLLER. J’ai pu en mettre pas mal de plus ; je l’ai rempli autant que je pouvais. Quand je suis allé vers le cinquième canot, c’était à l’arrière.
Sénateur SMITH. Vous vous fiiez toujours à votre meilleur jugement ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne me servais pas vraiment de mon jugement à ce moment ; je les remplissais juste.
Sénateur SMITH. À ce moment vous sentiez –
Mr. LIGHTOLLER. Je savais que c’était une question de la plus grande urgence, de faire partir les canots.
Sénateur SMITH. De les faire partir ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Dans cette situation vous êtes plutôt certain qu’ils étaient remplis à pleine capacité ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur. Je ne dis pas à leur capacité de flottaison, je ne dis pas 65.
Sénateur SMITH. Mais il y avait environ le même nombre de personnes dans chaque canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Je dirais 35 ou 40.
Sénateur SMITH. Le sixième a-t-il été chargé de la même manière ?
Mr. LIGHTOLLER. Je pense que le sixième abaissé était celui du pont A dont j’ai parlé – non, le cinquième serait celui du pont A. Je pense que le chef officier a, sous son contrôle direct, abaissé un canot tout à fait à l’arrière. Bien sûr, je ne peux en être absolument certain. Mais quand je suis revenu à l’avant, comme je l’ai dit, j’ai fait descendre celui du pont A dont je vous ai parlé. Ensuite nous sommes allés au canot Berthon, qui est le dernier canot bâbord, le canot pliable.
Sénateur SMITH. Le cinquième canot a été abaissé de la même manière ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur. Je pense que c’était le cinquième, depuis le pont A.
Sénateur SMITH. Avec deux marins ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Et les femmes.
Mr. LIGHTOLLER. Femmes et enfants.
Sénateur SMITH. Femmes et enfants ? Jusque-là, pour autant que vous vous en souveniez, aucun homme n’avait été accepté à bord de ces canots ?
Mr. LIGHTOLLER. Aucun n’avait tenté d’y monter ; non, monsieur.
Sénateur SMITH. Qu’en est-il du sixième canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Vous voulez dire le pliable, le radeau ?
Sénateur SMITH. Oui, le pliable. Avez-vous fait de même avec celui-là ?
Mr. LIGHTOLLER. C’est un canot nettement plus petit.
Sénateur SMITH. Combien de marins y avez-vous mis ?
Mr. LIGHTOLLER. Je pense qu’il y avait un marin et un steward. Je ne pourrais le dire.
Sénateur SMITH. Vous souvenez-vous s’il y avait des lampes dans ces canots ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; je ne cherchais pas de lampes.
Sénateur SMITH. Vous souvenez-vous si Mrs. Douglas, de Minneapolis, était dans ce canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne la connais pas du tout, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous eu une conversation avec elle à ce propos ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne lui ai jamais parlé, ni ne l’ai vue, à ma connaissance.
Sénateur SMITH. Combien de personnes ont été placées dans ce sixième canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Quinze ou peut-être 20. Entre 15 et 20.
Sénateur SMITH. Et deux marins ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne sais pas quels marins –
Sénateur SMITH. Où un ?
Mr. LIGHTOLLER. Je pense un marin, probablement, si j’avais un marin à ce moment. Peut-être deux stewards. Je ne sais pas, monsieur.
Sénateur SMITH. Les deux stewards auraient-ils rempli le même rôle ?
Mr. LIGHTOLLER. Ils auraient eu à le remplir, oui.
Sénateur SMITH. Avez-vous choisi les hommes à placer dans le canot comme vous l’aviez fait avant ?
Mr. LIGHTOLLER. Vous voulez dire : est-ce que je leur ai ordonné de monter ?
Sénateur SMITH. Oui.
Mr. LIGHTOLLER. Je leur ai ordonné de monter.
Sénateur SMITH. Mais vous ne parvenez pas à vous rappeler de qui ils étaient ?
Mr. LIGHTOLLER. J’y pensais à l’instant. Non, à aucun degré de certitude.
Sénateur SMITH. Est-ce que l’un d’entre eux était un officier ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous eu des difficultés à le remplir ?
Mr. LIGHTOLLER. Avec des femmes ; oui, monsieur ; de grandes difficultés.
Sénateur SMITH. Mais vous l’avez rempli à sa capacité ?
Mr. LIGHTOLLER. Je l’ai rempli avec environ 15 ou 20 personnes en comptant large. Ça a pris plus de temps de remplir ce canot que pour les autres, bien que les autres aient contenu plus de monde. Par deux fois les hommes ont pensé qu’il n’y avait plus de femmes et ont commencé à monter puis on en a trouvé une ou deux de plus et ils sont ressortis.
Sénateur SMITH. Combien de temps pensez-vous qu’il vous a fallu pour charger ces six canots ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne sais pas, monsieur.
Sénateur SMITH. Si cela prenait 15 à 20 minutes pour un canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ une heure et demie.
Sénateur SMITH. Environ une heure et demie ?
Mr. LIGHTOLLER. C’est à peu près ça.
Sénateur SMITH. Le navire devait être en train de couler ?
Mr. LIGHTOLLER. J’ai fait descendre le dernier canot de 10 pieds et il était dans l’eau.
Sénateur SMITH. Vous l’avez abaissé de 10 pieds et il était dans l’eau ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Quand vous avez commencé à abaisser, le canot était à environ 60 pieds au-dessus de l’eau ?
Mr. LIGHTOLLER. Soixante-dix pieds.
Sénateur SMITH. Depuis l’eau ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Je veux dire le pont.
Mr. LIGHTOLLER. Depuis le pont ; exactement, monsieur.
Sénateur SMITH. Qu’avez-vous fait avec le septième canot ?
Mr. LIGHTOLLER. C’était le final.
Sénateur SMITH. Qu’était-ce ?
Mr. LIGHTOLLER. Le septième canot était celui qui était sur le toit des quartiers.
Sénateur SMITH. C’était le dernier canot à être mis à l’eau sous vos ordres ?
Mr. LIGHTOLLER. C’était le dernier. Il n’a pas été mis à l’eau.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu Mr. Ismay à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. Mr. Ismay, pour ce que j’en sais, de ce que j’ai appris depuis, était du côté tribord du pont tout du long, à aider.
Sénateur SMITH. Il n’est pas entré dans un canot du côté bâbord ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Combien de personnes pensez-vous qu’il y avait dans le septième canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Il n’y avait personne dedans.
Sénateur SMITH. Je veux dire le sixième canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Le dernier canot pliable ?
Sénateur SMITH. Oui.
Mr. LIGHTOLLER. Je dirais environ 15.
Sénateur SMITH. Il n’en supporterait pas plus que cela ?
Mr. LIGHTOLLER. Peut-être 20. Ils n’en supporteraient pas beaucoup. Ils sont en toile. Ils ne tiendront pas beaucoup.
Sénateur SMITH. Ils ne tiendront pas beaucoup ?
Mr. LIGHTOLLER. Oh, non, monsieur.
Sénateur SMITH. Donc ils ne remplissent pas vraiment le rôle de canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Ils ne sont pas aussi bons qu’un canot, non, monsieur.
Sénateur SMITH. Ils n’en ont ni la capacité ni la résistance ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur. Ils sont surtout rangés dans un espace moindre. On peut peut-être ranger au moins trois de ceux-ci là où on rangerait un seul canot. On peut les ranger l’un sur l’autre.
Sénateur SMITH. Pour autant que vous sachiez, les embarcations du côté bâbord consistaient en combien de canots et combien de ces canots de toile ?
Mr. LIGHTOLLER. Sept canots, un canot de secours, qui était sur le même principe que les canots, en pratique, mais en plus petit et plus maniable, et deux canots pliants.
Sénateur SMITH. Celui qui était dans les bossoirs était le dernier canot que vous avez cherché à abaisser à bâbord ?
Mr. LIGHTOLLER. Le canot pliable ?
Sénateur SMITH. Oui.
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Combien de ces canots pliables y avait-il en tout sur le navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Quatre.
Sénateur SMITH. Et 16 d’un autre type ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous avez dû être douloureusement conscient qu’il n’y avait pas assez de canots pour prendre en charge cette grande liste de passagers, n’est-ce pas ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Savez-vous qui était en charge du chargement et de la mise à l’eau des canots à tribord ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur. Surtout ce qu’on m’en a dit.
Sénateur SMITH. Que vous a-t-on dit là-dessus. On peut peut-être en tirer quelque chose.
Mr. LIGHTOLLER. Pour autant que je sache, et je pense que c’est vrai, Mr. Murdock. Mr. Murdock était à tribord. J’étais à bâbord et Mr. Murdock était du côté tribord et le chef officier supervisait de façon générale, et a mis à l’eau un ou deux canots lui-même.
Sénateur SMITH. De qui tenez-vous cette information ?
Mr. LIGHTOLLER. Bien sûr, j’ai vu Mr. Murdock à cet endroit quand j’en ai finalement terminé à bâbord.
Sénateur SMITH. Vous êtes allé à tribord ?
Mr. LIGHTOLLER. En haut ; oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Dans le but de mettre à l’eau ce –
Mr. LIGHTOLLER. Je suis allé voir si je pouvais aider.
Sénateur SMITH. Et vous l’avez vu là ?
Mr. LIGHTOLLER. Je l’ai vu à cet endroit.
Sénateur SMITH. À partir de tout ce qu’on vous a dit, a-t-il suivi la même méthode du côté tribord pour ce qui concerne le chargement des canots, et l’effectif de marins, que vous ?
Mr. LIGHTOLLER. Ça, je ne pourrais pas le dire.
Sénateur SMITH. Y avait-t-il une règle sur ce point ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Concernant le nombre de marins ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; à part pour les exercices. Bien sûr, ce n’était pas un exercice.
Sénateur SMITH. À combien s’élevait l’équipage du navire ?
Mr. LIGHTOLLER. De marins ?
Sénateur SMITH. Oui.
Mr. LIGHTOLLER. Environ 71 marins.
Sénateur SMITH. Qu’est-ce qui composait l’équipage en plus des marins ?
Mr. LIGHTOLLER. Des chauffeurs et des stewards.
Sénateur SMITH. Et leur effectif ? [NdT : En anglais, le mot utilisé, « their force », peut sous-entendre leur grand nombre, ce qui explique la réponse très affirmative de Lightoller]
Mr. LIGHTOLLER. Oh, oui. En tout ils devaient être quelque chose comme 800, peut-être un peu moins, peut-être un peu plus. Quelque part autour de 800. Environ 800, approximativement, chauffeurs et stewards. Un peu moins de 800. L’équipage tout entier est de 850 ou 860 personnes ; je veux dire, en comptant les marins, les chauffeurs et les stewards.
Sénateur SMITH. Et vous aviez un effectif complet pour ce voyage ?
Mr. LIGHTOLLER. Pour autant que je sache.
Sénateur SMITH. Comment expliquez-vous votre incapacité à avoir plus de neuf marins pour diriger ces canots du côté bâbord ?
Mr. LIGHTOLLER. Plus tôt, et avant que je ne réalise qu’il y avait du danger, j’ai dit au bosco de prendre quelques hommes – je n’ai pas dit combien, laissant l’homme faire selon son propre jugement, de descendre et d’ouvrir les portes de coupée pour que certains canots puissent venir s’y ranger et être remplis à pleine capacité. Il s’est conformé à l’ordre, et, pour autant que je sache, est descendu, et je ne l’ai plus revu par la suite. Cela nous a pris un certain nombre d’hommes, et nous avons détaché deux hommes pour chaque canot et deux pour les faire descendre.
Sénateur SMITH. Mais vous n’aviez pas deux homme pour chaque canot, officier. Vous aviez seulement –
Mr. LIGHTOLLER. Pour autant qu’ils puissent partir.
Sénateur SMITH. Vous n’aviez que neuf marins pour sept canots ?
Mr. LIGHTOLLER. Enfin, je ne vous l’ai rapporté que de façon approximative. Pour autant que j’aie pu j’ai mis deux marins par canot. Si je n’avais pas de marin à disposition, je devais y mettre un steward.
Sénateur SMITH. Je comprends ça.
Mr. LIGHTOLLER. Parfois il pouvait y avoir trois marins dans un canot. Dès que les canots étaient descendus au niveau du bord, je désignais un homme pour sauter dedans et manier le gouvernail, un homme pour préparer les avirons, et un homme pour vérifier que le bouchon de nable est en place, et cela prenait trois hommes.
Sénateur SMITH. Vous avez dit que vous choisissiez ces hommes et que quand le canot est basculé du navire et descendu il est censé avoir son plein effectif d’officiers et de marins, n’est-ce pas ?
Mr. LIGHTOLLER. Il est basculé et abaissé au niveau du bord, monsieur.
Sénateur SMITH. À niveau avec le bord mais pas contre le bord ?
Mr. LIGHTOLLER. Non.
Sénateur SMITH. Quand vous faites descendre le canot, vous êtes sensé l’avoir rempli à sa pleine capacité ?
Mr. LIGHTOLLER. Pour le faire descendre ensuite depuis le bord. Vous voyez, il nous faut tout d’abord le basculer puis l’abaisser jusqu’à ce qu’il soit de niveau avec le bord, pour que les gens puissent avoir un pied sur le pont et l’autre pour entrer dans le canot. Ils doivent être de niveau.
Sénateur SMITH. Quand vous avez appelé le Maj. Pusey, vous n’aviez pas de marins ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas qu’on puisse voir, et je ne pouvais perdre de temps à les chercher.
Sénateur SMITH. Quand vous avez fait monter les deux officiers, si je vous comprends bien –
Mr. LIGHTOLLER. Pas d’officiers.
Sénateur SMITH. Des stewards ?
Mr. LIGHTOLLER. Des stewards.
Sénateur SMITH. Quand vous avez fait monter les deux stewards dans le canot, vous n’aviez pas de marins ?
Mr. LIGHTOLLER. Si je faisais monter deux stewards. Comme je l’ai dit, j’ai pu y mettre deux stewards s’il n’y avait pas de marins.
Sénateur SMITH. Combien de membres de l’équipage ont survécu ?
Mr. LIGHTOLLER. De marins ?
Sénateur SMITH. De marins et autres affiliés ou employés ?
Mr. LIGHTOLLER. Quarante-trois marins, 96 stewards et hôtesses, et 71 chauffeurs.
Sénateur SMITH. Soixante-et-onze chauffeurs ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Et combien de marins ?
Mr. LIGHTOLLER. Quarante-trois.
Sénateur SMITH. De sorte que vous avez perdu 28 marins ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Et combien de membres d’équipage ont été sauvés en tout ? Combien ont survécu, en tout ?
Mr. LIGHTOLLER. Deux-cent-dix.
Sénateur SMITH. Si la même méthode était appliquée du côté tribord avec les canots que celle que vous avez menée à bâbord, comment ces hommes ont-ils été sauvés ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne sais pas, monsieur. Je sais qu’un grand nombre a été tiré de l’eau. J’ai moi-même spécialement pris l’initiative d’enquêter, et pour autant que j’aie pu le constater, pour six personnes sorties de l’eau, cinq seront des chauffeurs ou des stewards. Sur notre canot, comme je l’ai dit avant, il y avait le Col. Gracie et le jeune Thayer. Je pense que c’étaient les deux seuls passagers.
Sénateur SMITH. Il n’y avait pas de femmes sur le canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Non. Je parle du canot retourné.
Sénateur SMITH. C’est à ça que je fais référence. Il n’y avait pas de femmes sur votre canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; ils ont tous été tirés de l’eau et c’étaient des chauffeurs et autres membres d’équipage.
Sénateur SMITH. Combien y en avait-il sur ce canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Approximativement, environ 30. Je tiens ça de ma propre estimation et de l’estimation de quelqu’un qui observait depuis la passerelle du Carpathia.
Sénateur SMITH. En considérant qu’il y avait 24 de ceux-ci tirés de l’équipage ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Cela laisserait encore 190 personnes à compter dans ces autres canots qui étaient chargés de femmes et d’enfants ?
Mr. LIGHTOLLER. Certains de ces canots sont revenus et ont recueilli des personnes sur des débris après la disparition du navire, principalement des chauffeurs et stewards.
Sénateur SMITH. Quels canots ?
Mr. LIGHTOLLER. Certains des canots.
Sénateur SMITH. Certains des canots sont revenus ?
Mr. LIGHTOLLER. C’est ce que j’ai compris ; bien sûr, je ne sais pas.
Sénateur SMITH. À quelle distance seraient-ils partis ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne sais pas, monsieur. Je ne fais que rapporter ce que j’ai entendu dire en ce moment.
Sénateur SMITH. Ils n’auraient pas pu aller bien loin. Vous vous souvenez que le capitaine du Carpathia dit que le Carpathia ne s’est attardé dans les environs du lieu de la collision qu’une demi-heure ?
Mr. LIGHTOLLER. Ils n’auraient pas pu aller très loin.
Sénateur SMITH. Ces canots ne seraient pas allés bien loin pour revenir à la scène du naufrage ? Vous ne savez pas si à votre propre connaissance l’un de ces canots a été ramené vers la scène du naufrage par quelqu’un?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Dans les faits, après avoir ramé dans ces canots aussi loin qu’ils étaient obligés de les emmener, dans certains cas pendant plusieurs heures, auraient-ils eu assez de force pour revenir, en supposant que les hommes fassent le travail ?
Mr. LIGHTOLLER. Je sais qu’ils sont revenus, parce que des hommes m’ont dit qu’ils avaient été récupérés sur des débris par les canots qui sont revenus.
Sénateur SMITH. De votre propre connaissance vous ne savez rien à propos de ces canots qui sont revenus ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. De ce que vous nous avez dit, vous avez totalement opéré la sélection en faveur des passagers – les femmes et les enfants d’abord – en remplissant ces canots ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Pourquoi avez-vous fait cela ? Par ordre du capitaine, ou à cause de la loi de la mer ?
Mr. LIGHTOLLER. La loi de la nature humaine.
Sénateur SMITH. La loi de la nature humaine ? Et il n’y avait pas de but réfléchi, pour autant que vous sachiez, de sauver l’équipage ?
Mr. LIGHTOLLER. Absolument pas.
Sénateur SMITH. Le fait que vous n’ayez mis que neuf marins dans les canots que vous avez fait descendre, ce qui est la moitié de l’effectif complet –
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Un tiers ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ un tiers ; peut-être un peu plus d’un tiers ; pas la moitié.
Sénateur SMITH. Un peu plus de la moitié quand on considère que vous n’avez pas rempli le canot qui était sur les quartiers des officiers qui a été projeté à la mer sans passagers ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et l’autre était si empêtré dans les bossoirs qu’il était inutile ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Ce qui en laisse 18 ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Vous-ai-je bien compris lorsque vous avez dit qu’un des 18 a été endommagé ?
Mr. LIGHTOLLER. (Interrompant). Oui, vous avez raison ; je vous demande pardon.
Sénateur SMITH. Donc ça en faisait bien un peu plus de la moitié ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pensais pas que j’en avais sorti la moitié car j’ai l’impression que le chef officier en a sorti deux à l’arrière de mon pont en plus de superviser. Il a manifestement constaté qu’il avait le temps, et sorti deux de ces canots, et il a aussi fait descendre le canot de secours ; donc je pense qu’il en a sorti 3, sur 10 de ce côté.Ça m’en laissait 7. Je pense que c’est à peu près ce que j’ai sorti ; 7.
Sénateur SMITH. Vous-ai-je demandé combien de femmes et enfants se trouvaient à bord du navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Vous l’avez fait, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous répondu ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne sais pas.
Sénateur SMITH. Y a-t-il un registre disponible ici avec le nombre exact de passagers – hommes, femmes et enfants ? Mr. Franklin, avez-vous ça ?
Mr. FRANKLIN. Ce sera fourni.
Sénateur SMITH. Mais vous êtes tout à fait sûr quand vous dîtes qu’il n’y avait plus de femme que l’on pouvait faire monter dans le dernier canot pour le remplir ?
Mr. LIGHTOLLER. Pas que je puisse voir ou entendre.
Sénateur SMITH. Vous étiez sur le pont des embarcations ?
Mr. LIGHTOLLER. Je me tenais dans le canot. Oh, je sais qui est le steward qui est monté dans le canot maintenant.
Sénateur SMITH. Dites-moi qui il est.
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pense pas pouvoir vous dire son nom. S’il était ici maintenant, je pourrais le reconnaître en le voyant.
Sénateur SMITH. C’était dans le quatrième canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Non ; le dernier canot à être descendu avec les bossoirs ; le tout dernier à être descendu avec les bossoirs.
Sénateur SMITH. Le sixième canot ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur. Je ne pourrais vous dire son nom maintenant, mais je sais qu’il y avait un steward à cet endroit.
Sénateur SMITH. A-t-il survécu ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Avez-vous relevé la présence d’Américains ?
Mr. LIGHTOLLER. Un grand nombre.
Sénateur SMITH. Se tenant près de vous ?
Mr. LIGHTOLLER. En quantité.
Sénateur SMITH. Quand vous faisiez descendre les femmes ?
Mr. LIGHTOLLER. En quantité. Ils m’ont apporté toute l’assistance qu’ils pouvaient, quelle que soit leur nationalité.
Sénateur SMITH. Avez-vous entendu certains de leurs noms ?
Mr. LIGHTOLLER. Que voulez-vous dire ? À ce moment-là, monsieur ?
Sénateur SMITH. Oui.
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Est-ce que certains d’entre eux ont tenté de vous donner leurs noms ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous souvenez-vous, par quoi que ce soit que vous ayez entendu à bord, des noms de quiconque que vous ayez pu voir ?
Mr. LIGHTOLLER. Non ; nous ne sommes pas amenés du tout à être en contact avec les passagers à part lorsque nous faisons nos rondes.
Sénateur SMITH. Est-ce une habitude, ou était-ce une habitude de votre compagnie d’imprimer une liste des passagers importants ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Ou des passagers dans un petit livret ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Le premier ou le deuxième jour de traversée ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Cela a-t-il été fait ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui ; c’est fait dès que possible avant que nous quittions le port.
Sénateur SMITH. Mais ce n’est pas publié avant que le navire ne soit en mer pour un jour ou deux, n’est-ce pas ?
Mr. LIGHTOLLER. Je pense que c’est peut-être publié le jour du départ, monsieur, mais vraiment ; je ne pourrais répondre à cette question.
Sénateur SMITH. Je me demande si nous pouvons en obtenir un.
Mr. FRANKLIN. Il y en a toujours un de publié le jour du départ, et il y a une version corrigée par la suite. Nous pouvons vous donner celui qui est sorti le jour du départ.
Sénateur SMITH. C’est celui que je voudrais.
Mr. FRANKLIN. La question de savoir si nous pouvons vous obtenir la version corrigée ou non reste en suspens.
Sénateur SMITH. Je vais vous demander de quel type de bossoirs le Titanic était-il équipé ?
Mr. LIGHTOLLER. Ce qui est connu sous le nom de brevet Welin.
Sénateur SMITH. Où étaient assemblés ces passagers ou personnes quand vous avez vu le Titanic pour la dernière fois ? Étaient-ils groupés ensemble dans une partie spéciale du navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. En coulant, le navire s’est-il incliné ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Vers l’avant ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. De combien ?
Mr. LIGHTOLLER. Eh bien, approximativement, le nid-de-pie était au niveau de l’eau quand la passerelle est passée sous l’eau.
Sénateur SMITH. Le nid-de-pie, à l’avant ?
Mr. LIGHTOLLER. C’est sur le mât avant. La cage des vigies.
Sénateur SMITH. Le nid-de-pie est le point le plus élevé ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Il était dans l’eau ?
Mr. LIGHTOLLER. Il était juste au niveau de l’eau.
Sénateur SMITH. Quand la passerelle a été submergée ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et quel était environ l’angle ?
Mr. LIGHTOLLER. J’ai bien peur de difficilement pouvoir vous dire l’angle, monsieur.
Mr. KIRLIN. Prenez le plan et trouvez la hauteur du nid-de-pie au-dessus du pont, et cela devrait vous le donner.
Mr. LIGHTOLLER. Le plan montrant la hauteur du nid-de-pie et de la passerelle vous le donnerait, approximativement.
Sénateur SMITH. Je vous le demande à nouveau. Il devait y avoir un grand nombre de passagers et de membres d’équipage toujours sur le bateau, la partie du bateau qui n’était pas submergée, probablement sur le point le plus élevé, aussi loin que possible. Étaient-ils groupés ensembles ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais le dire, monsieur. Il ne me semblait pas. Je ne pourrais le dire, monsieur ; je ne l’ai pas remarqué ; il y en avait un grand nombre ; il y en avait un grand nombre, je le sais, mais pour ce qui est de leur situation, groupés ou non, je ne sais pas.
Sénateur SMITH. Ont-ils effectué une quelconque manifestation ?
Mr. LIGHTOLLER. Aucune.
Sénateur SMITH. Y-avait-il des lamentations ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; pas un signe.
Sénateur SMITH. Il devait y avoir environ 2 000 personnes sur cette partie – la partie non submergée du navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Tous les mécaniciens et autres hommes et beaucoup de chauffeurs étaient en bas et ne sont jamais venu sur le pont.
Sénateur SMITH. Ils ne sont jamais venus sur le pont ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; ils n’ont jamais été vus. Cela réduirait d’un grand nombre.
Sénateur SMITH. Après cet impact, avez-vous entendu une explosion d’aucune sorte ?
Mr. LIGHTOLLER. Aucune d’aucune sorte, monsieur.
Sénateur SMITH. Quel serait l’effet de l’eau à environ zéro –
Mr. LIGHTOLLER. (s’interposant) Sur le point de geler ?
Sénateur SMITH. Que serait l’effet de l’eau sur le point de geler sur les chaudières ?
Mr. LIGHTOLLER. C’est un débat ouvert. J’ai entendu dire qu’elles exploseraient, et d’autres disent que non.
Sénateur SMITH. Avez-vous jamais eu connaissance d’un cas ?
Mr. LIGHTOLLER. D’un cas de quoi ?
Sénateur SMITH. Où elles auraient explosé ?
Mr. LIGHTOLLER. J’ai été aspiré vers le fond, et j’ai été éjecté par quelque chose d’assez puissant quand le navire a coulé.
Sénateur SMITH. Après que le navire a coulé ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui.
Sénateur SMITH. Décrivez juste ça un peu plus en détail. Vous avez été aspiré vers le fond ?
Mr. LIGHTOLLER. J’ai tout d’abord été aspiré contre le ventilateur. Comme je l’ai dit, j’étais sur le toit des quartiers des officiers, et il n’y avait rien de plus à faire. Le navire a fait un plongeon, et je me suis tourné vers l’avant et ai plongé aussi.
Sénateur SMITH. De quel côté ?
Mr. LIGHTOLLER. Du toit, presque au milieu du navire ; un peu sur le côté tribord, où j’étais allé ; et j’ai été attiré en arrière contre un ventilateur – qui est une grosse chose de cette forme [indique] qui fait face à l’avant pour prendre le vent et qui descend ensuite vers la soute. Mais il y a un grillage à cet endroit, et c’était contre ce grillage que j’ai été aspiré par l’eau et maintenu là.
Sénateur SMITH. Votre tête était-elle au-dessus de l’eau ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous étiez sous l’eau ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur. Et puis cette explosion, ou quoi que ce soit, est survenue. Certainement, je pense que les chaudières ont explosé. Il y a eu une terrible expulsion d’air et d’eau, et j’ai été soufflé au loin.
Sénateur SMITH. Y’avait-il des débris qui ont été projetés à la surface ?
Mr. LIGHTOLLER. Cela, je ne pourrais le dire.
Sénateur SMITH. Au moins vous avez sorti la tête de l’eau ?
Mr. LIGHTOLLER. Je suis remonté au-dessus de l’eau ; oui.
Sénateur SMITH. Et à quelle distance du navire naufragé avez-vous été projeté ?
Mr. LIGHTOLLER. Cela m’a à peine projeté ; à peine projeté, puisque je suis redescendu contre ces grillages du haut de la chaufferie juste à côté de la cheminée au-dessus de la soute.
Sénateur SMITH. Est-ce que quelqu’un d’autre a été aspiré à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. Le col. Gracie, je crois, a été aspiré vers le fond exactement de la même manière. Il a été aspiré contre le grillage des chaufferies.
Sénateur SMITH. Il a dû y avoir un effet de succion considérable ?
Mr. LIGHTOLLER. C’était l’eau qui se précipitait vers le fond alors qu’il sombrait.
Sénateur SMITH. Qui s’écoulait dans le navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Exactement.
Sénateur SMITH. Comment en avez-vous été libéré ?
Mr. LIGHTOLLER. Oh, je ne sais pas, monsieur. Je pense que c’était encore les chaudières, mais je ne me souviens pas distinctement. Je ne sais pas.
Sénateur SMITH. Où vous êtes-vous trouvé ensuite ?
Mr. LIGHTOLLER. Près du radeau.
Sénateur SMITH. Où ?
Mr. LIGHTOLLER. Près du canot retourné qui avait été lancé de l’autre côté.
Sénateur SMITH. Où étiez-vous allé à ce moment ? Étiez-vous allé autour du navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; le canot avait fait le tour.
Sénateur SMITH. Y-avait-il quelqu’un dessus ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pense pas. Je pense qu’ils étaient autour de lui.
Sénateur SMITH. Votre position n’avait pas changé, mais la position de canot, oui ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Y’avait-il des compartiments étanches dans ce navire ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Combien ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais le dire spontanément, monsieur ; 40 ou 50.
Sénateur SMITH. Près de 50 ?
Mr. LIGHTOLLER. J’ai dit 40 ou 50 ; je ne peux vous le dire spontanément.
Sénateur SMITH. Comment étaient-ils construits ?
Mr. LIGHTOLLER. C’était des cloisons de séparation ; et des portes étanches, manœuvrées par électricité ou mécaniquement.
Sénateur SMITH. Ces compartiments étanches étaient-ils connus des passagers ou de l’équipage ?
Mr. LIGHTOLLER. Ils doivent l’avoir été.
Sénateur SMITH. Comment le sauraient-ils ?
Mr. LIGHTOLLER. Par les plans répartis dans le navire.
Sénateur SMITH. Ont-ils été informés à aucun moment qu’il y avait des compartiments étanches – environ combien ?
Mr. LIGHTOLLER. Quarante ou cinquante.
Sénateur SMITH. Ont-ils été informés qu’il y avait 40 ou 50 compartiments étanches ?
Mr. LIGHTOLLER. Je ne pourrais le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous n’avez rien entendu de la sorte et n’avez pas donné vous-même d’avertissement de ce genre ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Êtes-vous capable de dire si des membres d’équipage ou des passagers ont rejoint ces compartiments étanches supérieurs comme ultime, dernier recours ; je veux dire comme endroit où mourir ?
Mr. LIGHTOLLER. Je suis assez incapable de le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. Est-ce probable ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; très improbable.
Sénateur SMITH. Vous-même, vous préfériez tenter votre chance en pleine mer ?
Mr. LIGHTOLLER. Indubitablement.
Sénateur SMITH. Où étaient ces compartiments par rapport au pont des embarcations ?
Mr. LIGHTOLLER. En dessous du pont des embarcations, monsieur.
Sénateur SMITH. À quelle distance en dessous ?
Mr. LIGHTOLLER. Ils s’étendent du bas du navire jusqu’à environ quatre ponts au-dessus.
Sénateur SMITH. S’élèveraient-ils jusqu’à 50 pieds ?
Mr. LIGHTOLLER. Environ.
Sénateur SMITH. Au-dessus de l’eau ?
Mr. LIGHTOLLER. Oh, ils sont au-dessus de la ligne de flottaison ; ils s’étendent au-dessus de la ligne de flottaison.
Sénateur SMITH. Sont-ils tout au-dessus de la ligne de flottaison ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; du fond du navire jusqu’à au-dessus de la ligne de flottaison.
Sénateur SMITH. Êtes-vous allés dans un des compartiments étanches du Titanic ?
Mr. LIGHTOLLER. J’ai été dans chacun d’eux.
Sénateur SMITH. De quoi sont faites ces portes ?
Mr. LIGHTOLLER. Pour ce que j’ai compris, de métal conçu à cet effet.
Sénateur SMITH. Comment sont-elles maintenues en place ? Sont-elles fermées par une barre, ou un verrou, ou une clé ?
Mr. LIGHTOLLER. La partie inférieure des portes étanches avant et arrière du navire sont opérées par l’électricité et elles se ferment automatiquement, et ne peuvent être touchées tant que le courant est activé.
Sénateur SMITH. Comment peuvent-elles être ouvertes ?
Mr. LIGHTOLLER. En coupant le courant et en les ouvrant à la main, en bas.
Sénateur SMITH. S’il n’y a pas de courant, comment peuvent-elles être ouvertes ?
Mr. LIGHTOLLER. À la main.
Sénateur SMITH. De quelle manière ?
Mr. LIGHTOLLER. Avec des cliquets et des vis, des leviers et roues dentées.
Sénateur SMITH. Une personne devrait être plutôt familière avec leur disposition pour les ouvrir ?
Mr. LIGHTOLLER. Non, monsieur ; la poignée est juste à côté de chaque porte, et la manière de les ouvrir est évidente.
Sénateur SMITH. Mais quand les portes sont fermées et que le courant est activé ?
Mr. LIGHTOLLER. Je parle seulement de celles au fond du navire.
Sénateur SMITH. Montons un peu plus haut, et parlez-moi des portes, et de leur constitution à cet endroit.
Mr. LIGHTOLLER. Elles sont manœuvrées à la main, fermées par un levier. Elles peuvent être fermées du pont au-dessus, ou du pont sur lequel vous êtes. Il y a une clé spécialement conçue qui s’insère dans le pont au-dessus. Quand vous la tournez, la porte se ferme. Un homme peut la fermer ou l’ouvrir.
Sénateur SMITH. Il faut d’abord avoir une clé ?
Mr. LIGHTOLLER. Oui ; les clés sont toujours conservées près des portes. Quand la porte est fermée elle enclenche un système ou des séries de cales qui la rendent étanche.
Sénateur SMITH. À quoi servent ces compartiments étanches ?
Mr. LIGHTOLLER. À empêcher l’eau d’entrer, à la retenir dans un compartiment, pour l’empêcher d’aller à l’avant et à l’arrière du navire.
Sénateur SMITH. Quelle proportion du navire était passée sous l’eau quand vous l’avez quitté ?
Mr. LIGHTOLLER. Je suis passé sous l’eau sur le toit des quartiers des officiers, immédiatement à l’avant de la première cheminée ; donc il était sous l’eau jusqu’à l’avant de la première cheminée.
Sénateur NEWLANDS. Vous dites que lorsque vous êtes remonté vous vous êtes accroché à ce radeau, la cheminée est tombée sur ceux qui étaient d’un côté du radeau ?
Mr. LIGHTOLLER. Je dis que la cheminée est tombée, et que si quelqu’un était de ce côté du radeau elle est tombée sur lui.
Sénateur NEWLANDS. Alors à ce moment la totalité du navire n’était pas submergée ?
Mr. LIGHTOLLER. Oh, grands dieux, non ; loin de là.
Sénateur NEWLANDS. Quelle portion du navire était hors de l’eau à ce moment ?
Mr. LIGHTOLLER. La poupe du navire était complétement hors de l’eau.
Sénateur SMITH. Elle était hors de l’eau, à un certain angle ?
Sénateur NEWLANDS. Oui, je vois.
Sénateur SMITH. Quels autres officiers à part vous ont survécu ?
Mr. LIGHTOLLER. Le troisième, le quatrième, et le cinquième, monsieur.
Sénateur SMITH. Auriez-vous la gentillesse de nous donner leurs noms ?
Mr. LIGHTOLLER. Mr. Pitman, troisième officier ; Mr. Boxhall, quatrième officier ; et Mr. Lowe, cinquième officier.
Sénateur SMITH. Vous devriez nous donner leurs initiales.
Mr. LIGHTOLLER. Mr. H. J. Pitman, troisième officier ; Mr. J. G. Boxhall, quatrième officier ; et Mr. G. Lowe, cinquième officier.
Sénateur SMITH. Nous tiendrons une séance en soirée, débutant à huit heures et demie.
Sur ce, à 19 heures 20, une pause a été prise jusqu’à 20 heures 30.