Enquête américaine – Jour 2 – Partie 1

DEUXIÈME JOUR

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SAMEDI, 20 AVRIL 1912.

SOUS-COMITE DU COMITE AU COMMERCE,

 SÉNAT DES ÉTATS UNIS,

 New York, N. Y.

     Le sous-comité s’est rencontré à 10 heures 50 à l’hôtel Waldorf-Astoria, New York City.
     Présents: Sénateur William Alden Smith (président), et Sénateur Newlands.
     Aussi présents : Mr. George Uhler, Inspecteur Général Superviseur, Service d’Inspection des Vapeurs, Département du Commerce et du Travail ; Mr. J. Bruce Ismay, directeur général de l’International Mercantile Marine Co. ; Charles C. Burlingham, Esq., et J. Parker Kirlin, Esq., représentant la White Star Line ; Emerson E. Parvin Esq., secrétaire de l’International Mercantile Marine Co. ; Guglielmo Marconi, président de la Marconi Wireless Telegraph Co., et d’autres.
     Sénateur SMITH.  Messieurs, je suis vraiment désolé d’avoir reporté le début des auditions après l’heure fixée ce matin, mais une discussion entre mes collègues et moi-même l’a rendu nécessaire. Je vais commencer ce matin en demandant à Mr. Cottam, l’opérateur Marconi du Carpathia de reprendre la place du témoin.

Témoignage d’Harold T. Cottam – Rappelé.

     Sénateur SMITH.  Mr. Cottam, vous avez détaillé hier, lors de votre dernier interrogatoire par le comité, le travail que vous faisiez sur le Carpathia jusqu’au moment du dernier message reçu du Titanic.
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et vous avez répondu à ce message, sous la direction du capitaine ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Pouvez-vous nous rappeler le dernier message du capitaine au Titanic ?
     Mr. COTTAM.  Le capitaine a envoyé un message dans le but de leur faire préparer leurs canots. Nous avions préparé les nôtres et naviguions aussi vite que nous pouvions en direction de la position que le navire avait donnée.
     Sénateur SMITH.  Y a-t-il eu autre chose de dit ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et vous n’avez pas reçu de réponse à ce message ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous avez aussi détaillé le travail qui a été fait après avoir atteint le lieu de la collision et du naufrage du Titanic ?
     Mr. COTTAM.  Oui.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous reçu des communications d’une station côtière Marconi ou de toute autre station d’un cadre de la White Star Line ?
     Mr. COTTAM.  Vous voulez dire dès que nous avons atteint le lieu ?
     Sénateur SMITH.  Je veux dire à partir du moment où vous avez atteint le lieu de la catastrophe jusqu’à ce que vous arriviez au port de New York.
     Mr. COTTAM.  J’étais en communication avec un navire ou un autre tout ce temps, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous étiez en communication avec un navire ou un autre tout ce temps ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Est-ce qu’un message vous est parvenu officiellement signé par un cadre de la White Star Line ?
     Mr. COTTAM.  J’en ai eu un ou deux du Baltic, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Un ou deux du Baltic ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Dans quel but ?
     Mr. COTTAM.  Je ne me souviens plus, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Ils étaient signés ou plutôt transmis ?
     Mr. COTTAM.  C’était des messages officiels, monsieur ; mais je ne peux pas me rappeler s’ils étaient signés ou non.
     Sénateur SMITH.  Je voudrais que vous parliez un peu plus fort ; je n’arrive pas bien à vous entendre moi-même.
     Mr. COTTAM.  C’était des messages officiels, mais s’ils étaient ou non signés du capitaine du Baltic, je ne saurais le dire.
     Sénateur SMITH.  Vous souvenez-vous du contenu ?
     Mr. COTTAM.  Je ne parviens pas à me souvenir. Je n’ai pas le moindre souvenir d’aucun d’entre eux.
     Sénateur SMITH.  Était-ce des messages du Baltic, ou transmis par le Baltic depuis une station côtière ?
     Mr. COTTAM.  Il y avait communication entre le Baltic et le Carpathia tout le temps.
     Sénateur SMITH.  Et vous ne pouvez pas vous souvenir de ce qu’étaient ces messages ?
     Mr. COTTAM.  Non monsieur ; il y en avait trop, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Je vais vous demander précisément si vous avez reçu un message indiquant le désir ou la suggestion de garder le réel état des choses confidentiel ?
     Mr. COTTAM.  J’ai informé le Baltic de toute la catastrophe vers 10 heures et demie du matin, le matin après le naufrage.
     Sénateur SMITH.  À 10 heures et demie ?
     Mr. COTTAM.  Vers 10 heures et demie.
     Sénateur SMITH.  Le lundi suivant le naufrage du Titanic ?
     Mr. COTTAM.  Oui monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous avez communiqué les faits au Baltic ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Savez-vous à quelle distance était le Baltic à ce moment ; à quelle distance de vous ?
     Mr. COTTAM.  Je ne pourrais dire, monsieur ; mais il naviguait en direction du lieu du naufrage.
     Sénateur SMITH.  Il naviguait vers le lieu du naufrage ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Mais vous n’avez eu aucune communication avec une station côtière ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et pouvez-vous vous rappeler ce qui était dit dans le message de 10 h 30 lundi matin au Baltic ?
     Mr. COTTAM.  Je lui ai parlé du signal de détresse reçu plus tôt, ou la nuit précédente ; et lui ai dit que nous avions rejoint le lieu du naufrage et récupéré autant de passagers que nous avions pu trouver dans les canots, et que nous retournions à New York.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous dit quoi que ce soit dans ce message à propos de Halifax ?     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Ou à tout autre moment ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur. Si ; je crois que j’ai effectivement mentionné quelque chose à propos de Halifax, monsieur, simplement parce que le capitaine se dirigeait d’abord vers Halifax, puis a changé d’avis et est parti pour New York. J’ai pu mentionner Halifax. Je ne me souviens pas vraiment si j’ai mentionné Halifax dans un premier temps.
     Sénateur SMITH.  Vous dites que le capitaine se dirigeait vers Halifax ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Comment le savez-vous ?
     Mr. COTTAM.  Je suis allé le demander au capitaine, monsieur. Trois ou quatre navires aux alentours voulaient savoir où nous allions, et le capitaine m’a dit qu’il n’avait pas décidé, il pensait qu’il irait à Halifax ; mais plus tard dans la matinée, il a changé d’avis.
     Sénateur SMITH.  À quelle heure ?
     Mr. COTTAM.  Je ne me souviens pas de l’heure.
     Sénateur SMITH.  Vers quelle heure ? Était-ce près de midi ?
     Mr. COTTAM.  Ça pourrait être vers midi.
     Sénateur SMITH.  Était-il nécessaire de changer son cap, en changeant d’avis ?
     Mr. COTTAM.  Légèrement, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous, à n’importe quel moment lundi, envoyé un message au Baltic, ou à n’importe quel autre poste, disant que tous les passagers avaient été sauvés et que le Titanic était remorqué à Halifax ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Ou quoi que ce soit ressemblant à ça ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Donc vous n’avez en aucune façon tenté de cacher les faits exacts concernant le naufrage du Titanic ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Est-ce qu’un message vous a atteint sur le Carpathia lundi, dans la nuit de lundi, ou mardi, quelle qu’en soit la source, indiquant une rumeur de cette sorte ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  La seule référence à Halifax était la référence faite dans votre premier message au Baltic ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur. J’ai pu avoir envoyé le même à d’autres navires ; je n’arrive pas à me souvenir. Il y avait trois ou quatre navires dans les environs ; le Virginian, le Californian, et le Baltic. J’ai pu envoyer le même message aux trois ; je n’arrive pas à en être certain.
     Sénateur SMITH.  Mais vous n’avez pas envoyé depuis le Carpathia un rapport indiquant que les passagers et l’équipage du Titanic étaient sauvés, et que le navire, très endommagé, était remorqué à Halifax ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Ou quoi que ce soit de ce genre ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et, si je vous comprends bien, on ne vous a pas demandé de le faire ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Par qui que ce soit ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Qu’il soit opérateur, ou officier, ou une autre personne ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous n’avez pas reçu à votre instrument une telle déclaration d’une autre source ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Saviez-vous qu’une déclaration de ce genre était en train d’être imprimée ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous n’avez pas envoyé de communication qui était suffisamment vague pour être interprétée ainsi ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous êtes tout à fait certain de ça ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Cela aurait été faux, n’est-ce pas ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et à votre propre connaissance, vous saviez que ce serait faux ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Si la White Star Line a envoyé le télégramme suivant, daté du 15 avril à New York –

      J. A. HUGHES,
                Huntington, W. Va.:
      Titanic se dirige vers Halifax. Passagers y débarqueront probablement mercredi. Tous sauvés.
                                                               White Star Line.

ils n’ont pas obtenu cette information de vous ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Ni, à votre connaissance, d’un autre opérateur du Carpathia ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous étiez de service lundi ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Combien de temps lundi ?
     Mr. COTTAM.  Toute la journée, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Toute la journée ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Que voulez-vous dire par « journée » ? Donnez les heures.
     Mr. COTTAM.  Tout le temps, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Donnez l’heure où vous avez pris votre service et celle à laquelle vous êtes parti.
     Mr. COTTAM.  Je ne me souviens plus quand je l’ai pris, et je ne l’ai plus quitté pendant deux jours après m’y être mis.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous quitté le service entre dimanche soir et lundi soir ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur ; je ne l’ai jamais quitté.
     Sénateur SMITH.  Jamais de pause ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Donc vous étiez à votre équipement ?
     Mr. COTTAM.  Oui ; tout le temps.
     Sénateur SMITH.  Tout le temps ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  La nuit de dimanche, et toute la journée de lundi, et si je vous ai bien compris hier, toute la nuit de lundi ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et mardi toute la journée ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et la nuit de mardi, toute la nuit ?
     Mr. COTTAM.  La nuit de mardi ou la nuit de mercredi. Je n’arrive pas à me souvenir si c’était la nuit de mardi ou de mercredi – j’ai pris deux ou trois heures de sommeil.
     Sénateur SMITH.  Vous êtes tombé de sommeil ?
     Mr. COTTAM.  Oui.
     Sénateur SMITH.  Et vous ne savez pas quand vous êtes allé dormir ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous vous êtes levé aux aurores ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Le mercredi matin ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Je suppose que vous étiez épuisé ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et que vous avez involontairement sombré dans le sommeil ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Assis à votre poste ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quand Mr. Bride, l’opérateur radio survivant du Titanic, vous a-t-il relevé ?
     Mr. COTTAM.  Je crois que c’est mercredi après-midi qu’on l’a amené.
     Sénateur SMITH.  Mercredi après-midi ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous avez-dormi tôt le matin jusqu’à l’aube ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  De mercredi ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et n’avez pas été relevé jusqu’à l’après-midi de mercredi ?
     Mr. COTTAM.  Je pense que c’était mercredi après-midi, monsieur. Je ne me souviens pas des jours, en étant tout le temps debout, je ne me souviens pas de quel jour il était. Je sais que je n’ai que 10 heures de sommeil depuis que nous avons quitté le lieu du naufrage jusqu’à notre arrivée à New York.
     Sénateur SMITH.  Vous êtes affirmatif, cependant, pour dire que vous étiez responsable des appareils dimanche, la nuit de dimanche, toute la nuit ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Lundi, la nuit de lundi, toute la nuit ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  C’était le jour suivant cette calamité ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Mardi et la nuit de mardi ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur. Je crois que c’est la nuit de mardi que je suis tombé de sommeil, et j’ai dormi environ trois heures.
     Sénateur SMITH.  C’est ce que vous avez déclaré, la nuit de mardi. Et vous vous êtes réveillé à l’aube mercredi matin ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quand vous vous êtes réveillé, vous-êtes-vous retrouvé devant vos instruments ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Tout habillé ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et vous n’avez pas été relevé jusqu’à ce que Mr. Bride vienne vous remplacer pendant l’après-midi du mercredi, ce même jour ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vers quelle heure Mr. Bride est-il venu à votre secours ?
     Mr. COTTAM.  C’était tard dans l’après-midi ; je dirais cinq heures de l’après-midi, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et combien de temps avez-vous été absent de votre poste ?
     Mr. COTTAM.  Une fois que Bride est venu dans la cabine ?
     Sénateur SMITH.  Oui.
     Mr. COTTAM.  Je n’ai pas été absent du tout, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous n’avez pas été absent du tout ?
     Mr. COTTAM.   Non.
     Sénateur SMITH.  Vous étiez allongé dans la pièce mitoyenne de votre équipement ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous étiez allongé dans la pièce ?
     Mr. COTTAM.  Pas quand Mr. Bride est venu. J’ai maintenu la veille toute la nuit, la nuit où Bride était là. J’étais debout toute la nuit.
     Sénateur SMITH.  Vous êtes resté éveillé toute la nuit de mercredi pour assister Mr. Bride ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Ce que je voudrais savoir, c’est quelle quantité de repos vous avez pris mercredi, ou mercredi après-midi ?
     Mr. COTTAM.  Je ne me souviens pas, monsieur, ce que j’ai pris comme repos ; je sais que j’ai seulement eu huit ou dix heures, je pense, depuis le moment où nous sommes arrivés sur le lieu du naufrage jusqu’au moment où nous sommes arrivés à New York.
     Sénateur SMITH.  Pendant ce temps, Mr. Bride s’occupait-il des équipements ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur, nous étions tous les deux ici pendant tout le temps.
     Sénateur SMITH.  Mais pendant le temps où vous vous reposiez, l’avez-vous laissé derrière les instruments ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Mais vous ne les avez pas quittés vous-même jusqu’à mercredi après-midi ?
     Mr. COTTAM.  Je n’ai pas quitté les appareils mercredi après-midi.
     Sénateur SMITH.  Bien, vous vous êtes reposé mercredi, vous dites ?
     Mr. COTTAM.  Je ne me souviens pas si je l’ai fait ou non.
     Sénateur SMITH.  Quand Mr. Bride était à votre poste, vous sentiez-vous responsable du service ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous ne lui avez pas transmis cette responsabilité ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Qu’a-t-il fait pour vous ?
     Mr. COTTAM.  Il s’est chargé du travail, monsieur, quand je n’étais pas là.
     Sénateur SMITH.  Étiez-vous à votre poste quand le message du Chester a été reçu ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous avez pris ce message ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous y avez répondu ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  De la manière que vous avez décrite hier ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous n’avez pas jugé avoir autorité – vous n’aviez pas autorité – pour indiquer sa tâche à Mr. Bride ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur ; ses services étaient entièrement spontanés, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Ses services étaient spontanés ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quelle était sa condition physique ?
     Mr. COTTAM.  Il ne pouvait pas marcher – il ne pouvait pas se tenir debout, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Il ne pouvait pas marcher et il ne pouvait pas se tenir debout ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  À cause de blessures ?
     Mr. COTTAM.  À cause de blessures ; oui, monsieur ; des blessures reçues au moment du naufrage.
     Sénateur SMITH.  Au moment du naufrage ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quelle était sa condition mentale ? Semblait-il lucide ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur. Non, monsieur ; il semblait aller parfaitement.
     Sénateur SMITH.  Comment ?
     Mr. COTTAM.  Il semblait aller parfaitement.
     Sénateur SMITH.  Je veux dire, il semblait aller très bien, n’est-ce pas, d’un point de vue mental ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et a-t-il reçu des messages, à votre connaissance ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et il leur a répondu ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Connaissez-vous le contenu de ceux qu’il a envoyés ou reçus ?
     Mr. COTTAM.  C’est Mr. Bride qui a envoyé les noms des troisièmes classes au Chester, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Un autre message ?
     Mr. COTTAM.  Je n’en ai pas de rapport ici, monsieur ; les archives sont toutes sur le Carpathia.
     Sénateur SMITH.  Aucun autre message dont vous vous souvenez ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur. Il en a envoyé certains, monsieur, mais je ne peux me souvenir de quand ou de ce qu’ils disaient.
     Sénateur SMITH.  Le saviez-vous à ce moment ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et s’il avait envoyé des messages comme celui que j’ai indiqué, disant que le Titanic était remorqué à Halifax et que tous les passagers étaient saufs, vous l’auriez su, n’est-ce pas ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et vous ne l’auriez pas permis ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  C’est un fait qu’il ne l’a pas envoyé ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Envoyé un tel message ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Pouvez-vous nous dire combien de temps Mr. Bride est resté sur les appareils ?
     Mr. COTTAM.  Il allait et venait sur les appareils, et prenait occasionnellement son quart, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Il prenait son quart occasionnellement ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous assuré le quart seul tout le temps, à l’exception du moment où vous êtes tombé de sommeil et au moment où vous avez été relevé par Mr. Bride, de dimanche soir jusqu’à votre arrivée à New York ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et vous aviez la responsabilité du travail effectué avec la radio du Carpathia ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que quiconque qui était à bord vous a parlé, depuis que vous êtes à New York, d’un message qui a été envoyé ou reçu ?
     Mr. COTTAM.  On m’a parlé du message de la rumeur, au sujet du Titanic se dirigeant vers Halifax, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Dîtes-nous ce qu’on vous a demandé.
     Mr. COTTAM.  Quelqu’un me l’a demandé de l’extérieur, je ne parviens pas à me souvenir qui c’était, ni si j’ai envoyé le message ou non.
     Sénateur SMITH.  Est-ce Mr. Ismay qui vous l’a demandé ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Était-ce un officier du Carpathia ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Était-ce un membre de l’équipage ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Ou l’un des passagers ?
     Mr. COTTAM.  Je crois que j’en ai entendu parler après notre arrivée à New York, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Après votre arrivée au quai de la Cunard, on vous a posé cette question ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Savez-vous qui vous a interrogé ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur ; je ne sais pas. Je n’arrive pas du tout à me souvenir, monsieur. J’étais trop occupé à ce moment-là.
     Sénateur SMITH.  Reconnaîtriez-vous l’homme si vous le voyiez ?
     Mr. COTTAM.  Je ne pense pas que je le pourrais, monsieur ; je n’avais rien relevé à son sujet à ce moment.
     Sénateur SMITH.  L’avez-vous vu depuis ?
     Mr. COTTAM.  Je ne sais pas, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Combien de temps après votre arrivée sur le quai de la Cunard vous a-t-on posé cette question ?
     Mr. COTTAM.  Je ne peux le dire. Je ne me souviens de rien du tout concernant cette question.
     Sénateur SMITH.  Était-ce immédiatement après votre arrivée sur le quai ?
     Mr. COTTAM.  Je ne me souviens de rien à ce propos ; seulement qu’on me l’a demandé après notre arrivée à New York, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Que vous a-t-on demandé ? Dîtes juste ce qu’on vous a dit et votre réponse.
     Mr. COTTAM.  On m’a demandé si j’avais envoyé un message à la terre ferme disant que le Titanic était remorqué à Halifax, et bien entendu, j’ai dit que je ne l’avais pas fait.
     Sénateur SMITH.  Que vous ne l’aviez pas fait ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous dit quelque chose de plus ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que la personne qui s’est adressée à vous a dit quelque chose de plus ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur. Je pense que c’était un journaliste. Je ne parviens pas à me souvenir, monsieur. Je crois que c’était un journaliste.
     Sénateur SMITH.  Vous ne savez pas qui c’était ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur ; je ne m’en souviens pas du tout.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous eu une conversation avec Mr. Bride à ce sujet ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur ; ce n’est pas le cas. Je n’ai jamais parlé de ça avec lui.
     Sénateur SMITH.  A-t-il eu une conversation avec vous à ce sujet ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  J’ai cru comprendre que vous avez dit hier que l’appareil radio du Carpathia était plutôt dépassé ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et pas en très bon état ?
     Mr. COTTAM.  L’appareil en lui-même est en bon état pour ce qu’il est, monsieur ; mais c’est un vieux modèle.
     Sénateur SMITH.  Un vieux modèle ?
     Mr. COTTAM.  Oui.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous un moyen de savoir à quelle distance vous pourriez communiquer clairement avec cet appareil ?
     Mr. COTTAM.  Environ 250 miles, je dirais, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quand vous dites que c’était un vieux modèle, vous dites qu’il était limité en puissance ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quelle était la longueur d’onde maximale qui puisse être employée avec cet appareil ?
     Mr. COTTAM.  Je ne connais pas la longueur d’onde, mais j’utilisais la longueur d’onde standard de tous les navires en service.
     Sénateur SMITH.  Vous dîtes la longueur d’onde standard. Quelle est-elle, 600 mètres ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et vous pouviez utiliser 600 mètres, n’est-ce pas ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et vous comprenez que c’est la longueur d’onde standard que les navires britanniques, ou les navires sous pavillon des pays qui adhèrent au traité international, recommandent ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous le savez, n’est-ce pas ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Comment le savez-vous ?
     Mr. COTTAM.  Je sais qu’il y a une règle établie par la convention internationale qui a pour effet que les navires marchands ne sont pas autorisés à utiliser des longueurs d’ondes autres que 600 et 300 mètres.
     Sénateur SMITH.  Les navires marchands ont un maximum de 600 et un minimum de 300 ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Est-ce vrai, Mr. Marconi ?
     Mr. MARCONI.  Oui, monsieur ; c’est vrai.
     Sénateur SMITH.  Et vous étiez capable de vous plier à ces règles avec vos appareils, de façon satisfaisante ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur ; la plupart du temps, je n’utilisais pas un appareil réglé du tout. C’était une antenne simple émettant des oscillations non réglées.
     Sénateur SMITH.  Expliquez-cela.
     Mr. COTTAM.  Il n’y a pas de longueur d’onde du tout pour ce qu’on appelle l’antenne simple, monsieur. Tout navire dans un rayon de 250 miles ou moins le recevra ; peu importent les réglages qu’ils utilisent.
     Sénateur SMITH.  Est-ce fiable ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  C’est simplement une transmission générale à toutes les stations dans un rayon limité ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Je crois que vous avez-dit que vous aviez 21 ans ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et que vous êtes opérateur depuis quatre ou cinq ans ?
     Mr. COTTAM.  Environ trois ans.
     Sénateur SMITH.  Environ trois ans ?
     Mr. COTTAM.  Environ trois ans.
     Sénateur SMITH.  Et que votre salaire est de 4 £ l0 s. ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur ; par mois.
     Sénateur SMITH.  Et l’embarquement ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et qu’une cabine vous était attribuée dans votre station.
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Je ne suis pas vraiment satisfait par votre déclaration d’hier disant qu’il n’y a pas d’heures de veille prescrites par vos régulations.
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur ; l’opérateur fait selon son opinion propre, mais est responsable si quelque chose se passe mal.
     Sénateur SMITH.  Bien, que faites-vous de votre temps quand vous êtes loin de votre appareil ? Comment passez-vous le temps ; où le passez-vous ? Vous ne pouvez pas trouver beaucoup de compagnie à l’endroit du navire où se trouve votre bureau.
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Où allez-vous ; que faites-vous – vous mêlez-vous à l’équipage ?
     Mr. COTTAM.  Je me mêle à l’équipage ou je vais sur le pont.
     Sénateur SMITH.  Où ?
     Mr. COTTAM.  Sur le pont ou dans leurs pièces.
     Sénateur SMITH.  Sur le pont ou dans leurs pièces ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et le nombre de fois où vous allez dans votre bureau et devant vos instruments est à votre discrétion ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur ; la Marconi Co. produit des cartes montrant quand des navires passent dans les environs, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Donc quand vous avez reçu le message du Titanic, le signal de détresse, vous ne l’avez pas reçu parce que vous étiez là en vertu d’un règlement de votre compagnie à ce moment particulier ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Mais plutôt par accident ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Je crois que vous avez dit que vous aviez les écouteurs sur les oreilles quand vous avez commencé à vous déshabiller et à vous préparer pour vous retirer pour la nuit ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous avez gardé cet écouteur à l’oreille, afin de ne rien rater avant de vous mettre au lit ?
     Mr. COTTAM.  Je venais d’appeler le Parisian et j’attendais sa réponse, pour voir s’il y en aurait une.
     Sénateur SMITH.  Si cette réponse du Parisian avait été reçue, cela aurait mis fin à votre travail pour la nuit, n’est-ce pas ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur. J’aurais pu répondre à nouveau ; j’aurais pu arrêter pour la nuit.
     Sénateur SMITH.  C’était une communication commerciale ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur ; ça l’aurait été si j’avais réussi à avoir le Parisian, mais je ne l’ai pas eu ; apparemment, il était couché.
     Sénateur SMITH.  Apparemment, l’opérateur du Parisian était allé au lit ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous avez supposé qu’il était allé au lit ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quelle heure était-il ?
     Mr. COTTAM.  Il était environ 23 heures, monsieur, heure de New York.
     Sénateur SMITH.  Vous avez gardé les écouteurs sur les oreilles afin de recevoir une réponse du Parisian, si possible, avant que vous vous couchiez ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Maintenant, alors que vous aviez ces écouteurs sur la tête, et que vous vous prépariez pour aller au lit, vous avez reçu cette communication du Titanic ?
     Mr. COTTAM.  Pas immédiatement, monsieur ; c’était environ cinq minutes après.
     Sénateur SMITH.  Environ cinq minutes ?
     Mr. COTTAM.  Après.
     Sénateur SMITH.  Après que vous avez tenté d’avoir une réponse du Parisian ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Si vous n’aviez pas eu ces écouteurs sur les oreilles, et que vous vous étiez préparé pour aller au lit, y avait-il quoi que ce soit sur l’appareil qui vous aurait alerté ou appelé au bureau ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur ; rien d’aucune sorte.
     Sénateur SMITH.  Rien d’aucune sorte ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Donc la communication du Titanic vous a atteint plutôt par accident ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  De façon providentielle ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et le premier message – répétez-le juste au rapporteur.
     Mr. COTTAM.  Le premier message disait : « Venez immédiatement. C’est un C.Q.D. mon vieux. » C’est l’appel de détresse. Puis il a envoyé sa position.
     Sénateur SMITH.  Qu’était ce « mon vieux » ? Qu’est-ce que cela signifiait ?
     Mr. COTTAM.  C’est simplement une expression amicale habituelle dans la télégraphie-sans-fil.
     Sénateur SMITH.  Le moment était plutôt sérieux pour des expressions amicales, non ? L’avez-vous transmis au capitaine dans la forme sous laquelle il était venu ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur ; il n’y avait pas de nécessité de le mettre, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous avez enlevé le « mon vieux » ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur ; mais je l’ai rapporté verbalement.
     Sénateur SMITH.  Ce « mon vieux » vous était destiné ?
     Mr. COTTAM.  À moi, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous vous êtes appropriés ces deux mots, et vous ne les avez pas mentionnés devant le capitaine ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  À partir de cette minute, vous avez été en communication avec le Titanic jusqu’à ce que le dernier message vienne entre 1 et 2 heures du matin ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur ; il était 23 h 55, heure de New York, quand j’ai reçu le dernier message du Titanic.
     Sénateur SMITH.  23 h 55 ?
     Mr. COTTAM.  Oui.
     Sénateur SMITH.  C’était le message qui disait que la salle des chaudières se remplissait d’eau ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  « Venez », ou quoi que ce soit ?
     Mr. COTTAM.  Il disait « Venez aussi vite que possible. » Il disait « Il prend l’eau, elle atteint les chaudières. »
     Sénateur SMITH.  Vous avez apporté ce message au capitaine ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et le capitaine a répondu ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Afin de l’avoir je vais prendre le risque d’une répétition. Nous aimerons que vous nous donniez la réponse du capitaine.
     Mr. COTTAM.  Le capitaine m’a dit d’y aller et de dire au Titanic qu’il venait vers la position indiquée aussi vite que possible ; qu’il avait doublé le quart dans la salle des machines et que nous faisons un bon 15, ou peut-être même 16 nœuds. Il m’a dit de leur dire de préparer leurs canots, comme nous avions préparés tous les nôtres.
     Sénateur SMITH.  Les canots de sauvetage ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous envoyé un autre message après ça ?
     Mr. COTTAM.  Oui, monsieur ; j’ai répété le message de nombreuses fois, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous avez répété le message de nombreuses fois ?
     Mr. COTTAM.  Oui.
     Sénateur SMITH.  Mais vous avez eu une réponse ?
     Mr. COTTAM.  Je n’ai pas eu de réponse ; non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et vous n’avez jamais reçu de réponse à ce dernier message ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous avez eu une réponse à ce dernier message par un autre navire ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Ou une autre station ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Je pense que c’est tout. Vous pouvez y aller. Je vais demander à M. Bride de venir à la barre.

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