Enquête américaine – Jour 2 – Partie 2

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Témoignage d’Harold S. Bride.

     Le témoin a prêté serment devant le président.
     Sénateur SMITH.  Quel est votre nom complet ?
     Mr. BRIDE.  Harold S. Bride.
     Sénateur SMITH.  Où vivez-vous ?
     Mr. BRIDE.  À Londres.
     Sénateur SMITH.  Londres, en Angleterre ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quel âge avez-vous ?
     Mr. BRIDE.  Vingt-deux ans.
     Sénateur SMITH.  Quelle est votre profession ?
     Mr. BRIDE.  Opérateur radiotélégraphiste.
     Sénateur SMITH.  Depuis combien de temps exercez-vous ce métier ?
     Mr. BRIDE.  Depuis le début du mois de juillet dernier, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quel service avez-vous assuré durant cette période ?
     Mr. BRIDE.  J’ai fait la traversée pour l’Amérique, ici, trois fois, et pour le Brésil trois fois.
     Sénateur SMITH.  Sur quels navires ?
     Mr. BRIDE.  Je suis allé à Philadelphie sur le Haverford, deux fois à New York sur le Lusitania, une fois au Brésil sur le Lanfranc, et deux fois au Brésil sur l’Anselm.
     Sénateur SMITH.  Durant ce service vous étiez chef opérateur ?
     Mr. BRIDE.  Sur le Lusitania j’étais le second. Sur les autres navires j’étais le responsable, le seul opérateur.
     Sénateur SMITH.  Vous aviez une expérience préalable comme opérateur ?
     Mr. BRIDE.  Non, aucune.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous été employé par la Poste d’Angleterre ?
     Mr. BRIDE.  Non, j’ai été dans une école d’entraînement pour apprendre la télégraphie.
     Sénateur SMITH.  Quelle école ?
     Mr. BRIDE.  La British School of Telegraphy, sur Clapham Road.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous reçu un diplôme là-bas ?
     Mr. BRIDE.  J’ai un certificat du gouvernement.
     Sénateur SMITH.  Combien de temps y avez-vous été ?
     Mr. BRIDE.  Huit mois.
     Sénateur SMITH.  Qui était votre employeur le 10 avril ?
     Mr. BRIDE.  Le 10 avril de cette année, monsieur ?
     Sénateur SMITH.  Oui.
     Mr. BRIDE.  La Marconi Co., monsieur.
     Sénateur SMITH.  La Marconi Co. ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  En quelle qualité ?
     Mr. BRIDE.  Second opérateur du Titanic.
     Sénateur SMITH.  Quel salaire receviez-vous ?
     Mr. BRIDE.  4 £ par mois.
     Sénateur SMITH.  Et la traversée ?
     Mr. BRIDE.  Et la traversée ; oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous étiez second opérateur ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Qui était votre chef ?
     Mr. BRIDE.  Mr. Phillips.
     Sénateur SMITH.  Un homme plus âgé que vous ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Un homme plus expérimenté ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quel âge donneriez-vous à Mr. Phillips ?
     Mr. BRIDE.  Il avait environ 24 ans.
     Sénateur SMITH.  Et il avait plus d’expérience ?
     Mr. BRIDE.  Plus d’expérience.
     Sénateur SMITH.  Savez-vous quel salaire il recevait ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quelle était votre tâche comme opérateur assistant ?
     Mr. BRIDE.  Assurer la veille avec Mr. Phillips ; relever Mr. Phillips.
     Sénateur SMITH.  Comment ?
     Mr. BRIDE.  En assurant des quarts de six heures, monsieur.
     Sénateur SMITH.  En assurant des quarts de six heures. Et durant ce temps il y avait constamment quelqu’un aux instruments ?
     Mr. BRIDE.  Constamment à l’instrument ; oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Sur quel navire étiez-vous employé ?
     Mr. BRIDE.  Le Titanic.
     Sénateur SMITH.  Le Titanic ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Connaissiez-vous certains des officiers ou des membres d’équipage du Titanic quand vous avez pris votre service sur ce navire ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Aviez-vous navigué avec l’un d’entre eux auparavant ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Connaissiez-vous Mr. Phillips ?
     Mr. BRIDE.  Pas avant de le rencontrer à Belfast.
     Sénateur SMITH.  Il était à Belfast ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Cette fois-ci ou plus souvent ?
     Mr. BRIDE.  Je suis monté à Belfast pour rejoindre le Titanic.
     Sénateur SMITH.  Vous l’avez rejoint à Belfast ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Étiez-vous à bord du Titanic quand il a effectué ses essais en mer ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous êtes-vous intéressé à ces essais en mer ?
     Mr. BRIDE.  Nous étions plutôt occupés, monsieur.
     Sénateur SMITH.  À vos instruments ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous appelez ça la clé ? Vous n’appelez pas ça la clé. Qu’appelez-vous les instruments ?
     Mr. BRIDE.  L’appareil.
     Sénateur SMITH.  Et vous étiez occupés sur ces instruments ou appareils durant ces essais en mer ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous émettiez des communications à ce moment-là ?
     Mr. BRIDE.  Nous testions les appareils, monsieur. Ils venaient de quitter les mains des concepteurs. Nous faisions des tests avec les stations de télégraphie sans fil de Liverpool et Malin Head.
     Sénateur SMITH.  Pouvez-vous dire par votre propre connaissance combien de temps a été consacré à ces essais ?
     Mr. BRIDE.  Tout le lundi, pour ce que j’en sais, monsieur. Le lundi où nous avons quitté Belfast.
     Sénateur SMITH.  Vous ne savez pas par vous-même quand les essais ont cessé, je suppose ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous quitté le navire après avoir embarqué à Belfast ?
     Mr. BRIDE.  J’ai quitté le navire à Southampton, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Temporairement ?
     Mr. BRIDE.  Temporairement ; oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et vous êtes retourné au navire ?
     Mr. BRIDE.  Je suis revenu au navire la veille du départ, monsieur.
     Sénateur SMITH.  La veille du départ ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  C’est-à-dire le 9 avril ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  À quelle heure ?
     Mr. BRIDE.  Eh bien, nous sommes revenus à bord assez tard. Il était onze heures et demie du soir.
     Sénateur SMITH.  À quelle heure devait-il partir ?
     Mr. BRIDE.  Midi le jour suivant, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Maintenant, je voudrais que vous décriviez, avec autant de précision que possible, l’appareillage de télégraphie sans fil avec lequel le Titanic était équipé.
     Mr. BRIDE.  C’était un appareil de 5 kilowatts, avec un disque de déchargement équipé d’un détecteur magnétique, d’une valve et d’un récepteur et de bobines de secours.
     Sénateur SMITH.  Vous diriez plutôt que c’était un appareillage moderne ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur. C’était la seule installation en service en mer de la Marconi Co., qui possède un disque de déchargement.
     Sénateur SMITH.  Et vos tests de ces appareils ont été satisfaisants ?
     Mr. BRIDE.  Très satisfaisants, monsieur.
     Sénateur SMITH.  À quelle distance pouviez-vous communiquer, avec cet appareil ?
     Mr. BRIDE.  De jour, nous avons déterminé que nous pouvions atteindre 400 miles.
     Sénateur SMITH.  C’est une déclaration assez vague.
     Mr. BRIDE.  Quand on dit « sans limite », monsieur, on parle de messages que l’on peut capter par hasard. Nous étions au large de Linton quand nous venions de Belfast, quand nous avons échangé des messages avec Ténériffe et Port Saïd.
     Sénateur SMITH.  Presque tous les appareils peuvent recevoir des messages par hasard s’ils sont émis dans le rayon de cet instrument ?
     Mr. BRIDE.  Nous avions un émetteur spécial, qui doublait notre portée.
     Sénateur SMITH.  Quelle longueur d’onde pouviez-vous utiliser avec cet appareil ?
     Mr. BRIDE.  Six-cent et 300 mètres.
     Sénateur SMITH.  C’est la réglementation internationale ?
     Mr. BRIDE.  La réglementation ; oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et la réglementation prescrite par la Marconi Co. ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous eu l’occasion d’utiliser fréquemment la radio après avoir quitté Southampton ?
     Mr. BRIDE.  Très fréquemment ; oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Dans quel but ?
     Mr. BRIDE.  Du trafic commercial, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avec des stations côtières anglaises ?
     Mr. BRIDE.  Avec des stations côtières anglaises et avec d’autres navires.
     Sénateur SMITH.  Et des navires en mer ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Je voudrais que vous nous fassiez savoir, si vous le pouvez, à quel point ce travail vous occupait ?
     Mr. BRIDE.  Du départ de Southampton au moment où nous en avons terminé avec Cape Race, nous nous sommes occupés d’environ 250 télégrammes. C’était le soir où a eu lieu la collision. Nous en avions terminé avec Cape Race, nous avions transmis tout juste environ 250 télégrammes, depuis le départ de Southampton.
     Sénateur SMITH.  Jusqu’au moment de la collision ; jusqu’au moment où est survenu cet impact ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Le temps était-il favorable à ce genre de travail ?
     Mr. BRIDE.  Très favorable, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Y avait-il des officiels de la White Star Line à bord du Titanic ?
     Mr. BRIDE.  Le Titanic était commandé par des officiers de la White Star Line [NdT : la confusion vient du fait que le mot officer désigne en français à la fois un officier de navire et un cadre de l’entreprise].
     Sénateur SMITH.  Je comprends, mais des officiels importants ?
     Mr. BRIDE.  Des quoi, monsieur ?
     Sénateur SMITH.  Des officiels importants de la White Star Line ?
     Mr. BRIDE.  On avait entendu dire que Mr. Ismay était à bord, mais au-delà de ça, je ne sais rien.
     Sénateur SMITH.  Où avez-vous entendu dire ça ?
     Mr. BRIDE.  Mr. Phillips me l’a dit, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Votre chef vous l’a dit ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous a-t-il dit qui était Mr. Ismay ?
     Mr. BRIDE.  Je le connaissais de nom.
     Sénateur SMITH.  Vous saviez qui il était ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous l’aviez déjà vu ?
     Mr. BRIDE.  Pas avant, monsieur.
     Sénateur SMITH.  L’avez-vous vu durant ce voyage ?
     Mr. BRIDE.  Non, je ne pense pas, monsieur.
     Sénateur SMITH.  À aucun moment ?
     Mr. BRIDE.  Non, je ne le pense pas.
     Sénateur SMITH.  A-t-il envoyé ou reçu des messages par votre intermédiaire durant le voyage ?
     Mr. BRIDE.  Je crois que certains ont été transmis à son intention, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Des messages officiels ?
     Mr. BRIDE.  Ils nous les auront indiqués comme étant des messages officiels.
     Sénateur SMITH.  Avaient-ils un rapport avec la conduite ou la vitesse du navire ?
     Mr. BRIDE.  En venant de Belfast, il y a eu des messages transmis pour Mr. Ismay en rapport avec la vitesse du navire.
     Sénateur SMITH.  Il n’était pas à bord à ce moment ? Était-il à bord du navire entre Belfast et Southampton ?
     Mr. BRIDE.  Je crois que oui.
     Sénateur SMITH.  Il y était ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  C’était pour les essais en mer ?
     Mr. BRIDE.  Pour le voyage de Belfast à Southampton, monsieur.
     Sénateur SMITH.  C’est-à-dire, les essais ont eu lieu dans quelles eaux ?
     Mr. BRIDE.  Le Belfast Lough.
     Sénateur SMITH.  Puis le navire est parti pour Southampton ?
     Mr. BRIDE.  Oui.
     Sénateur SMITH.  Et alors qu’il était en chemin ces messages de Mr. Ismay ont été envoyés ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et reçus ? Avez-vous eu une réponse ?
     Mr. BRIDE.  Je ne saurais vous le dire, monsieur.
     Sénateur SMITH.  À qui étaient-ils envoyés, vous souvenez-vous ?
     Mr. BRIDE.  Ils ont été envoyés aux bureaux de la White Star à Liverpool et Southampton.
     Sénateur SMITH.  Liverpool ou Londres ?
     Mr. BRIDE.  Liverpool et Southampton.
     Sénateur SMITH.  Pouvez-vous vous souvenir de ce que contenaient ces messages ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  De façon générale, savez-vous ce qu’ils disaient ?
     Mr. BRIDE.  De façon générale, monsieur, que les essais de vitesse du navire avaient été très satisfaisants.
     Sénateur SMITH.  Y a-t-il eu d’autres messages de Mr. Ismay au même moment ?
     Mr. BRIDE.  Je n’arrive pas à m’en souvenir, monsieur.
     Sénateur SMITH.  L’avez-vous vu à bord du the Titanic après avoir quitté Southampton ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous envoyé ou reçu des messages de ou pour lui après le départ de Southampton ?
     Mr. BRIDE.  Je ne pourrais vous le dire. Nous en avions trop pour nous souvenir de tous.
     Sénateur SMITH.  Si vous receviez un message pour le directeur général de la compagnie vous vous en souviendriez ?
     Mr. BRIDE.  Non ; certainement pas.
     Sénateur SMITH.  Vous ne pourriez pas le dire ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Est-il venu à la station radio durant ce voyage ?
     Mr. BRIDE.  Pas à ma connaissance.
     Sénateur SMITH.  Entre Southampton et le moment de la collision ?
     Mr. BRIDE.  Pas à ma connaissance, monsieur
     Sénateur SMITH.  Ou après la collision ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous a-t-il fait passer un mot entre Southampton et le moment de la collision ?
     Mr. BRIDE.  Pas à ma connaissance.
     Sénateur SMITH.  Ou après la collision ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Savez-vous s’il a envoyé ou reçu des messages pendant que Mr. Phillips était sur l’appareil ?
     Mr. BRIDE.  Je ne pourrais le dire, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous entendu s’il l’a fait ou non ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Ou s’il a fait appeler Mr. Phillips ou lui a communiqué un mot après la collision ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur ; il ne l’a pas fait, monsieur, après la collision.
     Sénateur SMITH.  Ou dimanche en général ?
     Mr. BRIDE.  Je ne pourrais vous le dire, monsieur. Nous avions beaucoup de trafic ce dimanche.
     Sénateur SMITH.  Vous ne pouvez pas vous rappeler si Mr. Ismay a envoyé ou reçu un message le dimanche ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Pouvez-vous vous rappeler si le capitaine du navire a reçu des messages le samedi ou le dimanche d’un cadre dirigeant de la White Star concernant le mouvement, la direction ou la vitesse du navire ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur ; il n’en a pas reçu.
     Sénateur SMITH.  Comment savez-vous que ce n’est pas le cas ?
     Mr. BRIDE.  Parce que j’aurais dû le lui apporter. Je voyais les messages du capitaine. Je les lui apportais de la part de Mr. Phillips.
     Sénateur SMITH.  Vous n’étiez pas au travail en permanence durant ces deux jours ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et quand Phillips était au travail, saviez-vous ce qu’il recevait ?
     Mr. BRIDE.  J’aurais fini par le savoir, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Fini ?
     Mr. BRIDE.  Quand j’aurais fait mon rapport.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous fait ces rapports ?
     Mr. BRIDE.  Pas pour dimanche, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Pas pour dimanche ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Ou pour samedi ?
     Mr. BRIDE.  Le rapport du samedi a été fait ; oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  C’est vous qui l’avez fait ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et vous êtes prêt à témoigner que le capitaine n’a reçu aucun message d’aucune source par radio qui ait modifié d’une quelconque manière la route du navire, sa direction ou sa vitesse ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Ou tout autre officier du navire ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  La même réponse s’appliquerait à tous ?
     Mr. BRIDE.  La même réponse ; oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Mr. Phillips vous a-t-il dit à un moment qu’un tel message avait été reçu ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur ; il ne l’a pas fait.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que le capitaine, ou tout autre officier du Titanic,a envoyé un message aux cadres de la White Star Line concernant la direction, la vitesse, la météo, la mer, ou sa proximité des Grands Bancs ?
     Mr. BRIDE.  Une communication avait été établie avec le Baltic dimanche après-midi et des compliments avaient été échangés entre les deux commandants, ainsi que les conditions météorologiques.
     Sénateur SMITH.  Quoi d’autre ? Rien à part l’état de la météo ?
     Mr. BRIDE.  Pas à ma connaissance.
     Sénateur SMITH.  Étiez-vous en service quand un message télégraphique a été reçu de l’Amerika concernant la proximité d’icebergs à cette longitude ?
     Mr. BRIDE.  Je n’ai pas connaissance d’un message télégraphique reçu de l’Amerika concernant un iceberg. Il a pu être reçu par Mr. Phillips, mais je ne l’ai pas vu moi-même.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous entendu dire qu’un tel message a été reçu ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que Mr. Phillips a dit qu’un tel message avait été reçu ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous parlé avec le capitaine d’un tel message ?
     Mr. BRIDE.  Il y a eu un message délivré au capitaine dans l’après-midi, monsieur, en fin d’après-midi, concernant –
     Sénateur SMITH.  Le dimanche ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Poursuivez.
     Mr. BRIDE.  Concernant le champ de glace.
     Sénateur SMITH.  De qui ?
     Mr. BRIDE.  Du  Californian, monsieur.
     Sénateur SMITH.  À quelle heure ce dimanche ?
     Mr. BRIDE.  Ce n’était peut-être pas le Californian, mais je peux vous donner l’indicatif du navire : c’est « M.W.L. ». Vous pourrez vérifier ça plus tard.
     Sénateur SMITH.  Allez-y.
     Mr. BRIDE.  J’ai reçu ce message moi-même et l’ai délivré au capitaine. Il disait qu’il y avait trois gros icebergs que le navire venait de dépasser, et il nous donnait leur position.
     Sénateur SMITH.  Quelle heure était-il ?
     Mr. BRIDE.  Tard dans l’après-midi, mais je ne peux pas donner l’heure précise.
     Sénateur SMITH.  Au crépuscule ?
     Mr. BRIDE.  C’était un message non-officiel.
     Sénateur SMITH.  De la part de qui ?
     Mr. BRIDE.  De ce navire.
     Sénateur SMITH.  Le Californian ?
     Mr. BRIDE.  Le navire qui avait cet indicatif – M. W. L.
     Sénateur SMITH.  Qu’était cet indicatif ?
     Mr. BRIDE.  L’indicatif du navire.
     Sénateur SMITH.  Êtes-vous familier avec ces indicatifs ?
     Mr. BRIDE.  J’en connais quelques-uns.
     Sénateur SMITH.  Savez-vous ce qu’ils signifient ?
     Mr. BRIDE.  Cet indicatif particulier signale un navire précis.
     Sénateur SMITH.  Oui. Je veux connaître ce navire.
     Mr. SAMMIS.  C’est le Californian. M. W. L. est l’indicatif du Californian.
     Sénateur SMITH.  Quel est votre nom ?
     Mr. SAMMIS.  Je suis l’ingénieur de la Marconi Co.
     Sénateur SMITH.  Quel est votre nom ?
     Mr. SAMMIS.  Sammis.
     Sénateur SMITH.  Quel est votre prénom ?
     Mr. SAMMIS.  Frederick.
     Sénateur SMITH.  Qui êtes-vous ?
     Mr. SAMMIS.  Je suis ingénieur de la compagnie américaine.
     Sénateur SMITH.  De la société américaine Marconi ?
     Mr. SAMMIS.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et vous dites que cet indicatif –
     Mr. SAMMIS.  Est l’indicatif du Californian.
     Sénateur SMITH.  C’était l’indicatif du Californian ?
     Mr. SAMMIS.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  C’est son signal ?
     Mr. SAMMIS.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  C’est un signal reconnu ?
     Mr. SAMMIS.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Parmi les marins ou dans le cadre de la télégraphie sans fil ?
     Mr. SAMMIS.  Parmi les opérateurs. Chaque navire a son propre indicatif, et c’est un indicatif distinct pour chacun.
     Sénateur SMITH.  Le Californian est équipé par la Marconi?
     Mr. SAMMIS.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et c’est son indicatif enregistré ?
     Mr. SAMMIS.  Oui, monsieur ; son indicatif d’appel.
     Sénateur SMITH.  Maintenant, je voudrais savoir précisément ce que disait le message.
     Mr. BRIDE.  Tout d’abord le Californian m’a appelé, monsieur, avec un signalement de glaces. J’étais assez occupé à cet instant et je ne l’ai pas pris. Il ne m’a pas rappelé. Il a transmis le signalement de glaces au Baltic, et alors qu’il le transmettait au Baltic je l’ai noté. Je l’ai apporté au capitaine ; mais il n’était pas officiel car il ne m’était pas directement destiné.
     Sénateur SMITH.  La première tentative vous était destinée ?
     Mr. BRIDE.  D’abord à moi ; oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et comme ils n’ont pas pu vous avoir, ils ont essayé avec le Baltic ?
     Mr. BRIDE.  C’est environ une demi-heure après qu’ils l’ont envoyé au Baltic.
     Sénateur SMITH.  Pourquoi n’ont-ils pas pu vous avoir ?
     Mr. BRIDE.  J’étais occupé à écrire à ce moment, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous voulez dire, à retranscrire des messages ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur, j’écrivais des rapports.
     Sénateur SMITH.  Vous écriviez des rapports ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Où ?
     Mr. BRIDE.  Sur la table de travail.
     Sénateur SMITH.  Sur la table de travail ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et les instruments étaient enlevés de votre tête à ce moment ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Étiez-vous au courant que le Californian essayait de vous joindre ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous avez continué à travailler sur les rapports, si je vous comprends bien ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et vous n’avez pas répondu à l’appel du Californian ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Pendant 30 minutes ?
     Mr. BRIDE.  Je ne pense pas que c’était tout à fait 30 minutes.
     Sénateur SMITH.  Pendant combien de temps ?
     Mr. BRIDE.  Ça pourrait l’avoir été. Ça pourrait avoir duré entre 20 et 30 minutes. Je ne peux pas le dire avec certitude.
     Sénateur SMITH.  Quelle heure était-il ?
     Mr. BRIDE.  Tard dans l’après-midi.
     Sénateur SMITH.  Du dimanche ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur. Je dirais qu’il était environ cinq heures.
     Sénateur SMITH.  Environ six heures avant que le drame se produise ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous continué à travailler pendant 20 à 30 minutes sur les rapports ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Après avoir terminé, qu’avez-vous fait ?
     Mr. BRIDE.  Je suis resté de quart jusqu’à l’heure du dîner.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous eu d’autres communications radio au sujet de la proximité d’icebergs ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  L’information que vous avez eue du Californian était la première ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et vous l’avez reçue vers environ cinq heures et demie l’après-midi du dimanche ?
     Mr. BRIDE.  Je dirais qu’on était plus près des 5 heures, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quand vous l’avez prise ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Donc, quand le premier appel a été émis il devait être environ quatre heures et demie ?
     Mr. BRIDE.  Oui.
     Sénateur SMITH.  Le navire était en marche et se déplaçait tout ce temps ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quand vous avez eu cet appel du Californian qui était destiné au Baltic, qu’avez-vous fait ?
     Mr. BRIDE.  J’ai simplement attendu qu’il informe le Baltic. C’était un avis de glace. Alors j’ai su que ce serait le même qu’il avait pour moi, donc je l’ai écrit.
     Sénateur SMITH.  Et délivré ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur. J’en ai informé le Californian avant de le délivrer.
     Sénateur SMITH.  Vous l’avez informé ?
     Mr. BRIDE.  J’en ai accusé réception.
     Sénateur SMITH.  Combien de temps s’est écoulé pendant que vous attendiez de confirmer ce rapport par le biais du Baltic ?
     Mr. BRIDE.  Je ne l’ai pas confirmé par le biais du Baltic. Je l’ai confirmé directement au Californian.
     Sénateur SMITH.  Confirmé avec le Californian ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quand vous avez accusé réception ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Combien de temps s’est-il écoulé ?
     Mr. BRIDE.  Je dirais environ quatre minutes.
     Sénateur SMITH.  Qu’avez-vous dit pour confirmer ce rapport au Californian ?
     Mr. BRIDE.  J’ai donné l’accusé de réception standard, « R. D. », le signal Marconi.
     Sénateur SMITH.  R. D. signifie « reçu » ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et vous n’avez rien dit de plus ?
     Mr. BRIDE.  Rien de plus.
     Sénateur SMITH.  Mais vous êtes certain que le Californian savait que vous aviez eu ce message ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Ont-ils répondu directement ?
     Mr. BRIDE.  Ils ont simplement envoyé le signal de conclusion habituel, « T. I. S. » – « M. L. W. »
     Sénateur SMITH.  Après que vous avez envoyé le « R. D. » ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Afin que vous sachiez qu’ils étaient au courant du fait que vous aviez reçu ce message ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Maintenant, une nouvelle fois je voudrais que vous nous disiez exactement ce que disait ce message.
     Mr. BRIDE.  Il disait que le Californian avait dépassé trois gros icebergs, et donnait leur latitude et longitude.
     Sénateur SMITH.  Qu’ils avaient passé trois gros icebergs ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et ils donnaient leur latitude et longitude ?
     Mr. BRIDE.  Oui ; qu’il était passé très près d’eux.
     Sénateur SMITH.  Vous souvenez-vous de quelles latitude et longitude il s’agissait ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur ; vraiment pas.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous établi une archive de cette communication ? 
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur, je l’ai notée sur un bout de papier et l’ai remis à la passerelle.
     Sénateur SMITH.  En comptent en faire une archive permanente ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous n’êtes pas obligé de les archiver ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  La raison pour laquelle vous n’avez pas archivé ce message est qu’il n’était pas officiel ?
     Mr. BRIDE.  Il n’était pas officiel, monsieur. Si nous gardions une archive de tous ces messages, nous ne serions jamais en mesure de faire notre travail.
     Sénateur SMITH.  S’il avait été officiel, vous l’auriez préservé ?
     Mr. BRIDE.  J’aurais dû le préserver.
     Sénateur SMITH.  Et en auriez fait une archive permanente ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous avez apporté ce message au capitaine ?
     Mr. BRIDE.  À l’officier sur la passerelle ?
     Sénateur SMITH.  Qui était l’officier sur la passerelle ?
     Mr. BRIDE.  Je ne pourrais le dire, monsieur ; je ne connais pas les officiers, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Était-ce Mr. Lightoller ?
     Mr. BRIDE.  Je ne pourrais pas vous le dire.
     Sénateur SMITH.  Vous ne savez pas si c’était le premier ou le deuxième officier ?
     Mr. BRIDE.  Je ne connaissais aucun des officiers là-bas ; je ne savais pas comment étaient organisés leurs quarts.
     Sénateur SMITH.  Vous ne saviez pas comment étaient organisés leurs quarts ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous l’avez porté à l’officier sur la passerelle ?
     Mr. BRIDE.  Oui ; sur la passerelle.
     Sénateur SMITH.  À quelle heure ?
     Mr. BRIDE.  Un peu après cinq heures, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Un peu après cinq heures ?
     Mr. BRIDE.  Oui.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que cet officier était Murdock ?
     Mr. BRIDE.  Je ne pourrais vous le dire, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Connaissez-vous Mr. Murdock ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur ; je connais les officiers de vue, mais je ne connais pas leurs noms.
     Sénateur SMITH.  Mr. Murdoch était le premier officier et était en charge de la veille à ce moment. Pouvez-vous vérifier ça d’une manière ou d’une autre ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous communiqué ce message au capitaine ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur ; je l’ai donné à l’officier de quart, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Je voulais juste savoir si vous l’aviez communiqué au capitaine, vous-même ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous l’avez communiqué à l’officier en charge du quart, qui était responsable du navire à ce moment-là ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous reçu d’autres communications concernant des icebergs ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  De n’importe quel navire, cet après-midi ou ce soir-là ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que Mr. Phillips a reçu un message de l’Amerika ?
     Mr. BRIDE.  Pas à ma connaissance, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous n’en avez pas reçu un de l’Amerika ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous en êtes tout à fait certain ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Êtes-vous aussi tout à fait certain que le seul message que vous avez reçu concernant des icebergs venait du Californian ?
     Mr. BRIDE.  Personnellement ; oui, monsieur. En ce qui concerne ce que Mr. Phillips a reçu, je ne peux le dire.
     Sénateur SMITH.  Non ; je ne vous demande pas ça. Maintenant, une nouvelle fois : est-ce que Mr. Phillips vous a dit à un moment qu’il avait reçu un message d’un autre navire à ce sujet ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Qui était de quart à la station radio entre six heures le dimanche soir et la collision ou l’impact ?
     Mr. BRIDE.  J’ai été de service pendant une demi-heure, monsieur, pendant que Mr. Phillips était parti prendre son dîner.
     Sénateur SMITH.  À quelle heure ?
     Mr. BRIDE.  À partir de sept heures jusqu’à la demie.
     Sénateur SMITH.  Où étiez-vous après ça, jusqu’à l’heure de la collision ?
     Mr. BRIDE.  À l’heure de la collision ?
     Sénateur SMITH.  Jusqu’à l’heure de la collision.
     Mr. BRIDE.  J’étais au lit.
     Sénateur SMITH.  Vous vous étiez retiré ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Dans une pièce adjacente aux appareils ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que Mr. Phillips et vous occupiez tous deux cette pièce ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  À quelle distance était-elle des appareils ?
     Mr. BRIDE.  Juste à côté.
     Sénateur SMITH.  Avec une porte entre les deux ?
     Mr. BRIDE.  Il y avait une porte entre les deux ; oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Pouviez-vous entrer immédiatement de la pièce avec les appareils, ou la salle d’opération, jusqu’à la chambre ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous vous êtes retiré à quelle heure ?
     Mr. BRIDE.  Il était tout juste huit heures.
     Sénateur SMITH.  Étiez-vous au lit quand la collision est survenue ? 
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous dormiez ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous a-t-elle réveillé ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Comment vous-êtes-vous réveillé ?
     Mr. BRIDE.  Je me suis levé de moi-même.
     Sénateur SMITH.  Personne ne vous a réveillé après l’impact ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Combien de temps êtes-vous resté au lit après la collision ?
     Mr. BRIDE.  Je ne pourrais vous le dire, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Mr. Phillips ne vous a pas réveillé ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Ou il n’a pas essayé de le faire ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Savez-vous à quelle heure vous avez quitté votre lit ?
     Mr. BRIDE.  Il devait être environ minuit moins le quart ; environ minuit moins cinq, à l’heure du navire.
     Sénateur SMITH.  Cinq minutes avant minuit, à l’heure du navire ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  À quelle heure est survenue la collision ?
     Mr. BRIDE.  Je ne pourrais le dire, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous-êtes resté au lit jusqu’à minuit cinq ?
     Mr. BRIDE.  Je pense que c’était de l’autre côté de minuit, monsieur ; il était environ minuit moins cinq.
     Sénateur SMITH.  Alors vous avez dû être quelque peu réveillé par l’impact ?
     Mr. BRIDE.  Non ; j’avais promis de relever Mr. Phillips plus tôt qu’à l’habitude, vous voyez.
     Sénateur SMITH.  Plus tôt qu’à l’habitude cette nuit-là ?
     Mr. BRIDE.  Oui.
     Sénateur SMITH.  Et vous vous êtes réveillé de vous-même ?
     Mr. BRIDE.  Oui.
     Sénateur SMITH.  Vous êtes-vous levé immédiatement ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et habillé ?
     Mr. BRIDE.  Je suis allé lui parler avant de m’habiller. Je ne portais que mon pyjama.
     Sénateur SMITH.  Avant de mettre vos vêtements ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Que lui avez-vous dit ?
     Mr. BRIDE.  Je lui ai demandé comment il s’en sortait.
     Sénateur SMITH.  Qu’a-t-il dit ?
     Mr. BRIDE.  Il avait un gros tas de télégrammes de Cape Race qu’il venait juste de terminer.         
     Sénateur SMITH.  Il vous a dit ça ?
     Mr. BRIDE.  Oui.
     Sénateur SMITH.  Avait-il fini son travail ?
     Mr. BRIDE.  Oui.
     Sénateur SMITH.  C’était après la collision ?
     Mr. BRIDE.  Après la collision.
     Sénateur SMITH.  Vous êtes resté dans la salle de radio ?
     Mr. BRIDE.  Je me suis d’abord habillé.
     Sénateur SMITH.  Vous êtes retourné dans votre chambre et vous êtes habillé ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Durant cette période, est-ce que Mr. Phillips vous a dit que le navire avait été endommagé ?
     Mr. BRIDE.  Il m’a dit qu’il pensait qu’il avait été endommagé d’une certaine façon et qu’il s’attendait à ce qu’on doive retourner chez Harland & Wolff.
     Sénateur SMITH.  Ce sont les constructeurs, à Belfast ?
     Mr. BRIDE.  Oui.
     Sénateur SMITH.  Qu’avez-vous fait ensuite ?
     Mr. BRIDE.  J’ai pris mon quart à sa suite.
     Sénateur SMITH.  Vous avez pris votre quart à sa suite ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Où est-il allé ?
     Mr. BRIDE.  Il était sur le point de se retirer, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Il s’est retiré ?
     Mr. BRIDE.  Il est entré dans l’autre pièce au moment où le capitaine est entré.
     Sénateur SMITH.  Le capitaine est entré ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  En personne ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Dans la salle radio ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Qu’a dit le capitaine ?
     Mr. BRIDE.  Il a dit que nous ferions bien de trouver des secours.
     Sénateur SMITH.  Pouvez-vous nous le dire avec ses mots ?
     Mr. BRIDE.  C’est exactement ce qu’il a dit. Il a dit : « Vous feriez bien de nous trouver des secours. » Quand Mr. Phillips l’a entendu il est sorti et lui a demandé s’il voulait qu’il utilise le signal de détresse. Il a dit : « Oui, vite. »
     Sénateur SMITH.  Qui a envoyé ce signal ?
     Mr. BRIDE.  Mr. Phillips.
     Sénateur SMITH.  Il répondait aux désirs du capitaine ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et vous lui avez rendu le contrôle de l’appareil ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Le message a été envoyé immédiatement ?
     Mr. BRIDE.  Immédiatement.
     Sénateur SMITH.  Savez-vous quel message c’était ?
     Mr. BRIDE.  Oui.
     Sénateur SMITH.  S’il vous plait, énoncez-le.
     Mr. BRIDE.  C. Q. D. environ une demi-douzaine de fois ; M. G. Y. une demi-douzaine de fois.
     Sénateur SMITH.  Voulez-vous nous expliquer ce que signifient ces lettres ou ce code ?
     Mr. BRIDE.  C. Q. D. est un appel de détresse reconnu ; M. G. Y. est le code d’appel du Titanic.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que le C. Q. D. en lui-même est composé des initiales de trois mots, ou est-ce simplement un code ?
     Mr. BRIDE.  Simplement un code, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Mais un qui est reconnu par les opérateurs comme étant important et un appel de détresse ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Combien de temps s’est-il écoulé après l’envoi avant que vous ayez une réponse ?
     Mr. BRIDE.  Pour ce que j’en sais, immédiatement, monsieur.
     Sénateur SMITH.  En deux ou trois minutes ?
     Mr. BRIDE.  Vous voyez, je pouvais lire ce que Mr. Phillips envoyait, mais j ne pouvais pas avoir les réponses car il portait les écouteurs.
     Sénateur SMITH.  Vous saviez ce qu’il avait envoyé, mais pas ce qu’il recevait en réponse ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Juste un instant, je vais demander à Mr. Marconi s’il peut nous dire ce que C. Q. D. signifie, littéralement.
     Mr. MARCONI.  C’est un signal conventionnel.
     Sénateur SMITH.  Vous voulez dire, en accord avec la convention internationale ?
     Mr. MARCONI.  Non ; ce n’est pas le cas. C’est un signal conventionnel qui a été introduit à l’origine par ma compagnie pour exprimer un état de danger ou de péril pour le navire qui l’envoie.
     Mr. UHLER.  C’est un signal arbitraire ?
     Mr. MARCONI.  Il est arbitraire mais conventionnel. Tout le monde le comprend. « C.Q. » signifie « À toutes les stations », n’est-ce pas, Mr. Bride ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Mr. MARCONI.  C. Q. est l’appel à toutes les stations. Si vous utilisez C. Q. sur un navire, ça signifie « Toutes les stations se tiennent à l’écoute et répondent. » Je n’ai pas créé un signal original. Je suppose que l’idée était d’indiquer, d’une certaine manière, à toutes les stations qu’un danger ou péril existait.
     Mr. KIRLIN.  Ou une situation de détresse ?
     Mr. MARCONI.  Ou une situation de détresse, oui.
     Je devrais ajouter que le signal de danger international, introduit ou décidé par la convention de Berlin, est S. O. S.
     Sénateur SMITH.  Que signifie-t-il ?
     Mr. MARCONI.  Je ne sais pas ce qu’il signifie. Il indique un danger ou la détresse. Je crois qu’il a été envoyé, aussi, depuis le Titanic ; mais, bien entendu, Mr. Bride vous le dira, si c’est exact.
     Sénateur SMITH.  Quel est le signal demandant le silence ?
     Mr. MARCONI.  Je ne le connais pas, personnellement.
     Sénateur SMITH.  Selon la convention internationale, je veux dire.
     Mr. MARCONI.  Je ne le connais pas.
     Mr. BRIDE.  C’est D. D. D.
     Mr. MARCONI.  D. D. D.
     Sénateur SMITH.  C’est le signal demandant le silence ?
     Mr. MARCONI.  Oui, monsieur ; ça signifie « fermez-la ».
     Sénateur SMITH.  Toutes les autres stations doivent cesser ?
     Mr. MARCONI.  Toutes les autres stations doivent cesser.
     Sénateur SMITH.  Mais le signal de danger, C. Q. D., est le signal reconnu pour un navire en détresse ?
     Mr. MARCONI.  Oui.
     Sénateur SMITH.  Vous avez reçu une réponse dans les trois ou quatre minutes, mais vous ne le savez que par ce que –
     Mr. BRIDE.  Mr. Phillips m’a dit.
     Sénateur SMITH.  Que vous a-t-il dit, exactement ?
     Mr. BRIDE.  Il m’a dit d’aller voir le capitaine et de signaler le Frankfurt.
     Sénateur SMITH.  Qu’entendez-vous par le Frankfurt ?
     Mr. BRIDE.  Il était en communication avec le Frankfurt, monsieur, il avait envoyé au Frankfurt notre position.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que le Frankfurt était le premier navire à recevoir le C. Q. D. ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et vous avez délivré le message au capitaine ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Personnellement ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Où était-il à ce moment ?
     Mr. BRIDE.  Il était sur le pont des embarcations, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Sur le pont des embarcations ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Pas sur la passerelle ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Le pont des embarcations étant le sun deck, ou le pont supérieur ?
     Mr. BRIDE.  Étant le pont où sont les canots ?
     Sénateur SMITH.  Où sont les canots.
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Qu’a-t-il dit en réponse quand vous lui avez remis ce message ?
     Mr. BRIDE.  Il voulait savoir où il était, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Sa latitude ?
     Mr. BRIDE.  Et longitude, monsieur. Je lui ai dit que nous trouverions ça dès que nous le pourrions.
     Sénateur SMITH.  Qu’avez-vous fait ensuite ?
     Mr. BRIDE.  Je suis retourné dans la cabine avec Mr. Phillips.
     Sénateur SMITH.  Que lui avez-vous dit ?
     Mr. BRIDE.  Je lui ai dit que j’avais fait mon rapport au capitaine.
     Sénateur SMITH.  Et que le capitaine voulait que la position du navire soit confirmée ?
     Mr. BRIDE.  Mr. Phillips attendait la position du navire à ce moment, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quel a été le message suivant reçu par Mr. Phillips ?
     Mr. BRIDE.  Une réponse du Carpathia.
     Sénateur SMITH.  Une réponse au C. Q. D. ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Du Carpathia ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Le Carpathia a-t-il donné sa position ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur ; après l’avoir obtenu de la passerelle.
     Sénateur SMITH.  Que disait le message du Carpathia ?
     Mr. BRIDE.  Il envoyait sa latitude et sa longitude et disait qu’il venait aussi vite que possible. Il avait fait demi-tour et venait à pleine vitesse, ou des mots qui avaient ce sens-là.
     Sénateur SMITH.  Qu’il avait fait demi-tour ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et qu’il filait à toute vitesse en direction du Titanic ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Qu’a-t-il été fait de ce message ?
     Mr. BRIDE.  Il a été apporté au capitaine, monsieur. Je l’ai apporté au capitaine.
     Sénateur SMITH.  Où l’avez-vous trouvé, à ce moment ?
     Mr. BRIDE.  Il était dans la timonerie.
     Sénateur SMITH.  Comment ?
     Mr. BRIDE.  Dans la timonerie, sur la passerelle.
     Sénateur SMITH.  Dans la cabine du pilote ?
     Mr. BURLINGHAM.  La timonerie.
     Sénateur SMITH.  La timonerie ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Sur la passerelle ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Il pouvait entrer dans la timonerie depuis la passerelle ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Qu’a dit le capitaine quand vous avez délivré le message ?
     Mr. BRIDE.  Il est revenu avec moi dans la cabine, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Il est revenu avec vous dans la cabine ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Que s’est-il passé ?
     Mr. BRIDE.  Il a demandé à Mr. Phillips avec quels autres navires il était en communication, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Il a demandé à Mr. Phillips avec quels autres navires il était en communication ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et qu’est-ce qui a été dit ?
     Mr. BRIDE.  Il a interrompu Mr. Phillips quand Mr. Phillips était en train d’établir la communication avec l’Olympic, dont on lui a dit que l’Olympic était là.
     Sénateur SMITH.  Puis que s’est-il passé, Mr. Bride ?
     Mr. BRIDE.  Eh bien, il a calculé la différence entre la position du Carpathia et la nôtre, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Qui ça ?
     Mr. BRIDE.  Le capitaine.
     Sénateur SMITH.  Le capitaine a calculé la différence ?
     Mr. BRIDE.  Il l’a grossièrement estimée.
     Sénateur SMITH.  Il a calculé la différence entre la position du Carpathia et celle de l’Olympic ?
     Mr. BRIDE.  Non ; du Titanic.
     Sénateur SMITH.  Entre la position du Carpathia et celle du Titanic ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et alors, que s’est-il passé ?
     Mr. BRIDE.  Il est sorti de la cabine, alors, et nous avons poursuivi l’échange.
     Sénateur SMITH.  Il est sorti de la cabine ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et l’opérateur a continué à quoi ?
     Mr. BRIDE.  À échanger des messages, monsieur.
     Sénateur SMITH.  À échanger des messages ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quel fut le message suivant, pour autant que vous puissiez vous en souvenir ?
     Mr. BRIDE.  Eh bien, après l’Olympic, monsieur, nous n’avons pas eu de réponse, et j’ai demandé à Mr. Phillips de sortir – enfin, il est allé dehors voir comment ils s’en sortaient, et j’ai pris les écouteurs.
     Sénateur SMITH.  J’ai cru comprendre que la première réponse au signal de détresse C. Q. D. venait du Frankfurt ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quelle compagnie de navigation ?
     Mr. BRIDE.  Une compagnie allemande, pour autant que je m’en souvienne, monsieur.
     Mr. MARCONI.  La North German Lloyd.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous reçu une autre communication du Frankfurt ?
     Mr. BRIDE.  Pas à ce moment, monsieur. Nous avions transmis notre position au Frankfurt, mais nous n’avions rien reçu en retour.
     Sénateur SMITH.  Vous avez transmis au Frankfurt votre position en mer ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et n’avez pas reçu d’autre confirmation ?
     Mr. BRIDE.  Il nous a dit de rester à l’écoute, monsieur. Ça signifie d’attendre.
     Sénateur SMITH.  Le Frankfurt vous a dit de rester à l’écoute ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Cela signifie-t-il « Je viens » ?
     Mr. BRIDE.  Ça signifie « attendez » ; il revient.
     Sénateur SMITH.  Où se dirigeait le Frankfurt ?
     Mr. BRIDE.  Je crois qu’il allait vers l’est, monsieur ; mais je ne peux le dire avec certitude.
     Sénateur SMITH.  Aviez-vous été en communication avec le Frankfurt durant cette journée ou la précédente ?
     Mr. BRIDE.  Je ne peux pas me prononcer, monsieur, à ce sujet.
     Sénateur SMITH.  Quel est votre meilleur souvenir à ce sujet ?
     Mr. BRIDE.  Je ne peux pas le dire, monsieur. Nous avons été en communication avec plusieurs navires durant l’après-midi et la soirée.
     Sénateur SMITH.  Il vous est impossible de vous rappeler si vous avez reçu une communication du Frankfurt, ou si vous êtes entré en contact avec lui, à un moment du voyage entre Southampton et le lieu de cette collision ?
     Mr. BRIDE.  Je ne pense pas qu’il y ait eu de communication établie avec le Frankfurt avant que nous ayons émis le signal de détresse, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous reçu un message du Frankfurt destiné à un autre opérateur ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Savez-vous quelle était la position du Frankfurt quand il a reçu votre C. Q. D. ?
     Mr. BRIDE.  C’est ce que nous attendions, monsieur. 
     Sénateur SMITH.  En avez-vous eu la confirmation, finalement ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que vous vous souvenez avoir entendu quelqu’un dire qu’il pensait que le Frankfurt était plus proche du Titanic que tout autre navire ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur ; Mr. Phillips me l’a dit.
     Sénateur SMITH.  Qui a dit ça ?
     Mr. BRIDE.  Mr. Phillips m’a dit que, à en juger par la puissance des signaux qu’il a reçus des deux navires, le Frankfurt était le plus proche.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que Mr. Phillips vous a dit qu’il essayait d’établir une communication avec le Frankfurt afin de le faire venir à votre secours ?
     Mr. BRIDE.  Eh bien, Mr. Phillips avait l’impression que quand le Frankfurt avait entendu le C. Q. D. et eu notre position, il l’aurait fait immédiatement savoir à son commandant et prendrait de nouvelles mesures. Apparemment, il ne l’a pas fait.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que le capitaine du Titanic vous a fait en personne référence à ce sujet, ou de ce que vous avez entendu, ou à Mr. Phillips ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur ; il nous a demandé où était le Frankfurt, mais nous lui avons dit que nous ne pouvions pas le lui dire.
     Sénateur SMITH.  Mais de la force du signal, Mr. Phillips a déduit que le Frankfurt était le navire le plus proche ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et le fait qu’il ait été le premier à répondre serait susceptible de confirmer ça ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur ; ça ne serait pas le cas.
     Sénateur SMITH.  Ça ne serait pas le cas ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Est-ce qu’un des officiers du Titanic a exprimé à un moment l’espoir que le Frankfurt serait le premier à venir à leur secours ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous établi une autre communication avec le Frankfurt après que ce navire a répondu à l’appel de détresse ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  De quoi s’agissait-il ?
     Mr. BRIDE.  Il nous a rappelés un bon moment après ça et nous a demandé quel était le problème.
     Sénateur SMITH.  Combien de temps après ?
     Mr. BRIDE.  Je dirais que c’était bien plus de 20 minutes après.
     Sénateur SMITH.  Vingt minutes après le message qui donnait votre position, la position du Titanic
     Mr. BRIDE.  Et le C. Q. D.
     Sénateur SMITH.  (continuant) : Et l’appel de détresse C. Q. D., vous avez eu un autre message du Frankfurt, disant « Quel est le problème ? »
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Est-ce qu’ils ont dit quelque chose d’autre ?
     Mr. BRIDE.  Il nous a simplement questionnés, monsieur, pour savoir quel était le problème de notre côté.
     Sénateur SMITH.  Qu’avez-vous répondu à ce message ?
     Mr. BRIDE.  Je crois que Mr. Phillips a répondu de façon assez précipitée.
     Sénateur SMITH.  Qu’a-t-il dit ? Je voudrais savoir ?
     Mr. BRIDE.  Eh bien, il lui a fait comprendre qu’il était un peu idiot.
     Sénateur SMITH.  Dites-le nous simplement avec ses mots.
     Mr. BRIDE.  Eh bien, il lui a dit qu’il était idiot, monsieur.
     Sénateur SMITH.  C’est tout ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Est-ce qu’il a accompagné ce mot de quelque chose de plus sévère ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que Mr. Phillips lui a dit ensuite quel était le problème ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Est-ce qu’il a établi d’autres communications avec le Frankfurt ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur. Il lui a dit de rester à l’écoute, monsieur – fin.
     Sénateur SMITH.  Dans l’intervalle vous êtes entré en communication avec le Carpathia ?
     Mr. BRIDE.  Et l’Olympic.
     Sénateur SMITH.  Et l’Olympic ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Les deux vous ont assuré qu’ils venaient ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  À votre secours ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  À quelle compagnie appartient l’Olympic ?
     Mr. BRIDE.  La White Star, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et le Carpathia appartient à la Cunard Line ?
     Mr. BRIDE.  La Cunard ; oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous fini par connaître la position du Frankfurt ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Après qu’il a répondu la première fois à votre appel ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que Mr. Phillips l’a demandée ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Combien de fois ?
     Mr. BRIDE.  Quand il a répondu pour la première fois à notre C. Q. D. il a dit, « Allez chercher votre position ». Le Frankfurt a répondu « Restez à l’écoute ».
     Sénateur SMITH.  Est-ce que le Frankfurt connaissait votre position à ce moment ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quelle fut votre interprétation de ce « Restez à l’écoute » dans ce contexte ?
     Mr. BRIDE.  Qu’il fallait attendre sa position et ce qu’il allait faire à ce sujet.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous fini par avoir la position du Frankfurt ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et Mr. Phillips ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que Mr. Phillips et vous en avez parlé ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Que vous êtes-vous dit à ce sujet ?
     Mr. BRIDE.  Nous avons exprimé notre opinion de l’opérateur du Frankfurt.
     Sénateur SMITH.  Était-elle critique ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et peu flatteuse ?
     Mr. BRIDE.  Très.
     Sénateur SMITH.  Était-elle fondée sur votre connaissance ou soupçon que l’opérateur était personnellement négligeant dans son travail ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Était-elle fondée sur votre soupçon que le Frankfurt n’avait pas répondu à l’appel de détresse comme il l’aurait dû ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Était-ce un sujet de profonde déception entre Mr. Phillips et vous ?
     Mr. BRIDE.  Eh bien, c’est au moment où le Frankfurt nous a demandé quel était notre problème, car nous avons réalisé ce qui nous arrivait, ce qui était arrivé au navire.
     Sénateur SMITH.  Mais vous avez réalisé à ce moment que toutes les vies sur ce navire dépendaient du secours que vous recevriez d’un autre bâtiment ?
     Mr. BRIDE.  Au moment où le Frankfurt nous a demandé quel était notre problème ; oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Après lui avoir dit qu’il était idiot, lui avez-vous dit que le navire coulait ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur ; nous lui avons dit de rester à l’écoute, monsieur, de se tenir à l’écart.
     Sénateur SMITH.  Se tenir à l’écart de quoi ?
     Mr. BRIDE.  De ne pas interférer avec son instrument, monsieur ; car nous étions en contact avec le Carpathia, et nous savions que le Carpathia était notre meilleure chance.
     Sénateur SMITH.  L’avez-vous dit à l’opérateur du Frankfurt ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quand vous avez dit « Tenez-vous à l’écart », est-ce qu’on pouvait l’interpréter comme une modification du premier appel de détresse ?
     Mr. BRIDE.  On lui a simplement dit de ne pas interférer avec nos communications.
     Sénateur SMITH.  Il n’avait pas répondu comme vous pensiez qu’il aurait dû ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Il n’a pas indiqué qu’ils venaient ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Il vous avait marqué par son manque de compréhension de votre situation ? Arrêtez-moi si je ne vous interprète pas correctement ; je résume ce que vous avez dit. Suis-je correct en disant ça ?
     Mr. BRIDE.  C’est ce qui m’a marqué – qu’il ne semblait pas comprendre dans quelle position nous étions.
     Sénateur SMITH.  Et vous êtes bien certain de lui avoir donné toutes les informations nécessaires ?
     Mr. BRIDE.  Nous le lui avons dit très clairement.
     Sénateur SMITH.  Vous voulez dire, en lui expliquant dans quelle situation vous étiez, vous avez parlé du naufrage du Titanic ?
     Mr. BRIDE.  Quand on utilise le C. Q. D. et qu’on donne notre position, il n’y a pas besoin pour un autre navire de demander plus d’informations à ce sujet, s’il vient à votre aide, car on n’utiliserait pas le C. Q. D. si on n’avait pas besoin d’aide.
     Sénateur SMITH.  Donc, le C. Q. D. était le plus puissant moyen que vous pouviez utiliser selon les règlements télégraphiques pour signaler à toutes les stations que vous aviez besoin d’aide immédiatement ; c’est bien ça ?
     Mr. BRIDE.  Tout opérateur entendant un C. Q. D., donnant la position d’un navire, alors qu’il est en service, devrait immédiatement, et sans demander plus d’informations sur le sujet, aller voir son capitaine et l’informer. Ce serait une perte de temps de demander quoi que ce soit à ce sujet. Moins on passe de temps à parler, plus on peut en passer à arriver jusqu’au navire.
     La dernière question a été lue par le rapporteur.
     Mr. BRIDE.  Nous ne pouvions pas envoyer plus que le C. Q. D.
     Sénateur SMITH.  Après que vous avez dit à cet opérateur qu’il était idiot, et que vingt minutes ont passé, lui avez-vous dit que votre navire était en train de couler ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Lui avez-vous donné des informations supplémentaires ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur. Il n’aurait pas dû en vouloir, en premier lieu.
     Sénateur SMITH.  Au vu des informations que vous lui avez données, êtes-vous prêt à dire si le navire a répondu ou non ?
     Mr. BRIDE.  Il n’aurait pas dû avoir le moindre doute à propos des informations que nous lui avons données, du tout ; il aurait dû savoir quoi en faire immédiatement.
     Sénateur SMITH.  De ce que vous savez, le Frankfurt n’a pas répondu ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Voulez-vous nous dire quelle confirmation vous avez que l’opérateur du Frankfurt a reçu votre C. Q. D. correctement ?
     Mr. BRIDE.  Mr. Phillips avait les écouteurs à ce moment-là, monsieur. Il a émis le « C. Q. D. ». Le Frankfurt a répondu. Il a donné au Frankfurt notre position. Il a dit « Venez vite. » Le Frankfurt a dit « Restez à l’écoute ». Nous avons attendu, et ce sont les dernières choses que nous avons entendues du Frankfurt jusqu’à ce qu’il dise « Quel est votre problème ? » un long moment après.
     Sénateur SMITH.  Quand il a dit « Quel est votre problème », qu’est-ce qui a été dit ensuite ?
     Mr. BRIDE.  Nous lui avons dit qu’il était idiot, monsieur.
     Sénateur SMITH.  C’était la dernière chose que vous lui avez dite ?
     Mr. BRIDE.  Au Frankfurt, oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous vous souvenez que vous lui avez ensuite dit de se tenir à l’écart, de ne pas interférer avec vous, ou –
     Mr. BRIDE.  Nous lui avons dit de rester à l’écart et de ne pas interférer avec nos communications.
     Sénateur SMITH.  Tout ça dans cet unique message ?
     Mr. BRIDE.  Tout ça dans cet unique message.
     Sénateur SMITH.  « Vous êtes un idiot. Restez à l’écart et n’interférez pas avec nos communications. »
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Tout ça dans cet unique message ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et c’est la dernière chose que vous avez dite au Frankfurt ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Maintenant, avez-vous vu le Frankfurt dans les environs du naufrage du Titanic, ou après que vous avez été pris à bord du Carpathia ?
     Mr. BRIDE.  Le seul navire que j’ai vu, monsieur, c’était le Carpathia.
     Sénateur SMITH.  Savez-vous si le Carpathia a eu des communications d’aucune sorte avec le Frankfurt ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur ; je ne peux le dire.
     Sénateur SMITH.  Vous ne pourriez pas le dire ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quand vous étiez sur votre télégraphe, ou vos appareils, aucun message n’a été reçu du  Frankfurt ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Je pense que maintenant, je voudrais poser à Mr. Cottam une ou deux questions.

Témoignage d’Harold T. Cottam – Rappelé.

     Sénateur SMITH.  Avez-vous reçu un message du Frankfurt ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur ; aucun, d’aucune sorte.
     Sénateur SMITH.  À aucun moment ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous connaissance d’aucun message envoyé du Carpathia au Frankfurt ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH. Vous n’avez pas capté de message parasite ?
     Mr. COTTAM.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Très bien.

Témoignage d’Harold S. Bride – Repris.

     Sénateur SMITH.  Mr. Bride, savez-vous si l’opérateur du Frankfurt comprenait l’anglais ?
     Mr. BRIDE.  Il n’y avait aucune nécessité pour lui de comprendre l’anglais, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Car cet appel –
     Mr. BRIDE.  Était un appel international.
     Sénateur SMITH.  Et C. Q. D. signifie la même chose en allemand, et en français, et en anglais ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et c’est le signal de détresse en code international ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Selon la convention de Berlin ?
     Mr. BRIDE.  Je ne peux le dire, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Selon les règlements de la Marconi Co. ?
     Mr. BRIDE.  Il est reconnu par les opérateurs de tous les navires comme étant un signal de détresse.
     Sénateur SMITH.  Mr. Bride, je veux que ce rapport soit aussi complet que possible, et je voudrais savoir pourquoi, après avoir reçu un message du Frankfurt demandant « Quel est le problème ? » vous n’avez pas répondu « Nous coulons et les vies de nos passagers et membres d’équipage sont en danger ? »
     Mr. BRIDE.  Vous comprenez, il faut un certain temps pour transmettre cette information, monsieur. Si l’homme avait compris correctement, comme il aurait dû, le C. Q. D. aurait été suffisant, monsieur. Le C. Q. D. dit tout en un instant, vous voyez ?
     Sénateur SMITH.  Oui ; mais ça n’a pas semblé le faire bouger.
     Mr. BRIDE.  Eh bien, il ne connaissait pas son métier, c’est tout, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Mais dans une telle situation d’urgence, ne pensez-vous pas qu’une déclaration plus détaillée aurait pu être envoyée ? Prenez, par exemple le message du Titanic au Carpathia disant que les salles des chaudières se remplissaient d’eau et que le navire coulait ; cela aurait pu être envoyé de façon tout à fait adaptée à un navire se trouvant à proximité, non ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur ; je ne pense pas que ça aurait pu, dans ces circonstances.
     Sénateur SMITH.  Vous voulez dire que les règlements selon lesquels vous travaillez sont tels que dans une situation de cette sorte vous avez toute discrétion pour laisser de côté une demande de ce type –
     Mr. BRIDE.  On utilise notre bon sens.
     Sénateur SMITH.  (continuant) : Sans autre forme de procès ?
     Mr. BRIDE.  On utilise notre bon sens, et l’homme à bord du Frankfurt n’utilisait visiblement pas le sien à ce moment.
     Sénateur SMITH.  Je sais, mais la théorie qui vous mettait en colère est que le Frankfurt était plus près de vous que tout autre navire ?
     Mr. BRIDE.  Le Frankfurt était le premier. Nous n’avions pas sa position. Nous ne pouvions pas dire qu’il était le plus proche. Les signaux étaient plus puissants.
     Sénateur SMITH.  Maintenant, Mr. Bride, je voudrais vous demander si votre rejet de la demande quelque peu tardive du Frankfurt pourrait être liée au fait que vous étiez en communication constante avec le Carpathia ; vous me comprenez ?
     Mr. BRIDE.  Eh bien, il semblait à Mr. Phillips et moi-même, monsieur, que le Carpathia était notre seul espoir au moment où nous avons dit au Frankfurt de se tenir à l’écart de tout ça.
     Sénateur SMITH.  En d’autres termes, vous vous êtes tenus à ce qui était certain plutôt qu’à une incertitude ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Les résultats de vos communications avec le Carpathia étaient tels qu’ils vous ont conduits à penser que l’opérateur sur le Carpathia et les officiers du navire avaient pleinement compris votre position et le danger où vous vous trouviez ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et ils venaient à vous à pleine vitesse ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Dans cette situation, si le Frankfurt avait été 20 miles plus près du Titanic que le Carpathia, auriez-vous toujours pensé, de ce que vous saviez de l’état du navire, qu’il était sage de limiter vos communications au Carpathia ?
     Mr. BRIDE.  Si nous avions connu la position du Frankfurt, ayant déjà la position du Carpathia, nous aurions fait appel à notre jugement, et si le Frankfort avait été à une distance raisonnable plus proche nous aurions informé le Frankfurt de toute l’affaire et répété chaque mot que nous lui avions envoyé une douzaine de fois pour être certains qu’il comprenne.
     Sénateur SMITH.  Sa position, cependant, était matière à spéculation ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et votre seule raison de penser que le Frankfurt était plus proche, si je vous comprends bien, était la puissance de ses émissions radio ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et le fait qu’il ait répondu en premier ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  La puissance du signal ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Je voudrais que vous nous disiez, juste pour que ce soit contenu dans le rapport, comment vous distinguez la vitesse des émissions en télégraphie sans fil, la force des signaux.
     Mr. BRIDE.  Quand un navire utilise sa T.S.F., il n’y a pas de problème pour lire ses signaux. On peut lire les signaux à travers un écouteur. Quand un des écouteurs est éteint, vous pouvez les lire avec l’autre. Quand le navire est à 100 miles, il faut porter les deux écouteurs et y prêter toute attention ; et plus le navire s’éloigne, plus il devient difficile de lire ses signaux et plus leur puissance décroît.
     Sénateur SMITH.  Décroît ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Cela doit dépendre quelque peu de l’équipement ou des appareils –
     Mr. BRIDE.  Certainement.
     Sénateur SMITH.  Avec lesquels le Frankfurt était équipé ?
     Mr. BRIDE.  Certainement.
     Sénateur SMITH.  Savez-vous quoi que ce soit du type d’appareils radio du Frankfurt ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Savez-vous quelle compagnie l’équipait ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous ne savez pas si c’était la Marconi Co. ou pas ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Mr. Marconi, savez-vous comment le Frankfurt est équipé ?
     Mr. MARCONI.  Le Frankfurt est, je crois, un navire appartenant à la North German Lloyd. Il est équipé par une entreprise allemande, nommée la Debed Co. Ça signifie quelque chose en Allemand, chaque lettre, que je ne vais pas énoncer, et dont je suis administrateur.
     Sénateur SMITH.  Vous êtes administrateur de la société allemande ?
     Mr. MARCONI.  Oui.
     Sénateur SMITH.  Et vous êtes familier avec son équipement ou appareillage télégraphique ?
     Mr. MARCONI.  Je ne suis pas familier de l’équipement télégraphique de ce navire en particulier.
     Sénateur SMITH.  Donc vous seriez incapable de faire une déclaration comparative – de faire une comparaison entre l’équipement ou l’appareil du Carpathia et l’appareil du Frankfurt ?
     Mr. MARCONI.  Je serais incapable de le faire, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que le fait que le Frankfurt soit équipé d’un appareil de type allemand a pu d’une façon ou d’une autre réduire l’intérêt qu’ils ont accordé à des appels venant d’une machine ou d’un appareil Marconi ?
     Mr. MARCONI.  Non ; car c’est un appareil Marconi. Il est fabriqué en Allemagne, mais il est conçu selon mes brevets dans le cadre d’un accord que nous avons avec des entreprises allemandes.
     Sénateur SMITH.  Permettez-moi de vous demander : Est-ce que les réglementations en Allemagne, en rapport avec l’usage de la télégraphie sans fil, sont en parfaite harmonie avec la convention de Berlin ?
     Mr. MARCONI.  Absolument. Elles ont été adoptées à Berlin et la plupart ont été inspirées par le Gouvernement allemand.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que ces appels qui sont reconnus sont prescrits par la convention de Berlin ?
     Mr. MARCONI.  Le signal de la convention de Berlin, qui a été introduit tout récemment seulement, est le S. O. S., mais les compagnies Marconi utilisaient et utilisent le C. Q. D. Le Frankfurt, qui était équipé de télégraphie sans fil, appartenait à ce que je pourrais appeler une compagnie Marconi, car je ne serais pas directeur de la compagnie si elle n’était pas associée avec nous.
     Sénateur SMITH.  Pensez-vous qu’une confusion pourrait apparaître, avec cet accord international sur un signal et le signal Marconi ?
     Mr. MARCONI.  Non ; je devrais déclarer que le signal international est extrêmement moins connu que le signal de la Marconi Co..
     Sénateur SMITH.  Donc le C. Q. D. doit avoir été compris dans tout son sens par l’opérateur du Frankfurt ?
     Mr. MARCONI.  Je n’en ai pas le moindre doute.
     Sénateur SMITH.  Et selon ces régulations ce serait suffisant ?
     Mr. MARCONI.  Ce serait suffisant.
     Sénateur SMITH.  Pour apporter des secours ?
     Mr. MARCONI.  Oui.
     Sénateur SMITH.  Je voudrais savoir ceci, avant de passer à autre chose. Je veux savoir si les communications entre le Titanic et le Carpathia n’étaient pas aussi dans le rayon de réception du Frankfurt ? Je voudrais savoir si ces communications ont pu être interceptées par le Frankfurt ?
     Mr. BRIDE.  Elles pourraient certainement l’avoir été.
     Sénateur SMITH.  Si l’opérateur du Frankfurt s’était montré vigilant.
     Mr. BRIDE.  Certainement. Il aurait pu entendre tous les mots que nous avons échangés.
     Sénateur SMITH.  Quand vous lui avez dit de rester à l’écart vous cherchiez à l’en empêcher ?
     Mr. BRIDE.  Nous nous préservions contre ses interférences dans d’autres communications que nous pourrions établir et que nous avions déjà établies.
     Sénateur SMITH.  Comment pourrait-il interférer avec vous ?
     Mr. BRIDE.  Parce qu’on ne peut pas lire deux navires en même-temps.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous une raison de croire que les signaux envoyés par le Titanic au Carpathia et les réponses du Carpathia ou de l’Olympic ont été reçus par le Frankfurt ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous n’avez pas de raison de penser que c’était le cas ?
     Mr. BRIDE.  Je ne pourrais le dire. S’il écoutait, il les aurait entendus. S’il n’écoutait pas, il ne pouvait pas les entendre.
     Sénateur SMITH.  Aucun message n’est venu, dans la conversation ou autrement, qui indiquerait que le Frankfurt avait reçu d’autres informations que celles que vous lui avez données en premier ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Afin que le rapport contienne la réponse, je voudrais savoir s’il aurait été plus long ou s’il aurait demandé plus d’efforts pour vous d’envoyer le même message au Frankfurt que celui que vous avez envoyé au Carpathia quand vous avez réalisé que vous étiez en danger imminent ? Y a-t-il un signal codé pour dire « idiot » ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Cela n’aurait pas pris plus de temps de faire connaître au Frankfurt votre condition de plus en plus périlleuse depuis l’envoi du C. Q. D. ?
     Mr. BRIDE.  Il n’en a pas accusé réception quand nous lui avons dit qu’il était idiot et devait se tenir à l’écart.
     Sénateur SMITH.  Dans les faits cela n’aurait pas pris plus de temps de dire « nous coulons » qu’il n’en fallait pour lui dire « vous êtes un idiot » ?
     Mr. BRIDE.  Je suppose que Mr. Phillips a pensé que s’il n’avait pas compris notre premier C. Q. D., qui a été envoyé lentement et avec précaution par Mr. Phillips, il ne comprendrait rien d’autre.
     Sénateur SMITH.  Vous pensez qu’il a compris votre message disant qu’il était idiot ?
     Mr. BRIDE.  J’en doute. Je pense qu’il a été envoyé trop vite pour lui.
     Sénateur SMITH.  Je déduis de ce que vous dites que vous ne croyez pas vraiment à la compétence de l’opérateur du Frankfurt ?
     Mr. BRIDE.  Il aurait dû n’y avoir aucune question, monsieur, au sujet de ce qu’il aurait dû faire en recevant notre C. Q. D..
     Sénateur SMITH.  Mr. Bride, vous êtes restés combien de temps avec Mr. Phillips aux appareils ?
     Mr. BRIDE.  Tout le temps.
     Sénateur SMITH.  Après que les chaudières ont été submergées, après que le générateur principal a été submergé, vous aviez un générateur de secours sur le Titanic ?
     Mr. BRIDE.  Le générateur principal n’a pas été submergé.
     Sénateur SMITH.  Pas submergé ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur ; pas submergé.
     Sénateur SMITH.  À aucun moment ?
     Mr. BRIDE.  Pas à ma connaissance.
     Sénateur SMITH.  Y avait-il un générateur de secours ?
     Mr. BRIDE.  Il y avait un générateur de secours sur le pont supérieur.
     Sénateur SMITH.  Mais vous n’avez pas eu l’occasion de vous en servir ?
     Mr. BRIDE.  Le moteur et l’alternateur qui faisaient tourner notre station radio fonctionnaient encore quand nous avons quitté la cabine, 10 minutes avant que le navire sombre.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous continué à envoyer des messages, ou Mr. Phillips, jusqu’au moment où vous avez quitté la cabine ?
     Mr. BRIDE.  Quand nous avons terminé avec le Frankfurt, et que nous avons soigneusement informé le Carpathia de notre position, Mr. Phillips est à nouveau sorti pour voir comment les choses se passaient dehors. J’ai tenté d’établir une communication avec le Baltic, et ce n’était pas très satisfaisant, et j’ai jugé moi-même, vu la qualité de ses signaux, qu’il était bien trop loin pour faire quoi que ce soit et qu’il ne valait pas la peine de s’embêter, et je lui ai dit que nous coulions vite et qu’il n’y avait pas d’espoir de sauver le navire.
     Sénateur SMITH.  Dit à qui ?
     Mr. BRIDE.  Au  Baltic.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que Mr. Phillips est revenu du pont ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Dans la cabine ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et que vous a-t-il dit alors ?
     Mr. BRIDE.  Il a dit qu’il pensait que le moment était venu de mettre nos gilets de sauvetage.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous agi selon cette suggestion ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et vous avez tous les deux mis vos gilets de sauvetage ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  À ce moment, tous les canots avaient été descendus ?
     Mr. BRIDE.  Je ne pourrais le dire, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous n’avez pas fait attention aux canots ?
     Mr. BRIDE.  Mr. Phillips m’a dit que les choses avaient l’air très bizarre dehors. À part ça je ne sais rien.
     Sénateur SMITH.  Comment avez-vous interprété le mot « bizarre » ?
     Mr. BRIDE.  Plus tôt on en serait sorti, mieux ce serait.
     Sénateur SMITH.  Qu’avez-vous fait ensuite, Mr. Bride?
     Mr. BRIDE.  Mr. Phillips s’est à nouveau assis avec les écouteurs et a lancé un C. Q. D. général, mais je crois que nos lampes étaient à plat, nous n’avons pas eu d’étincelle. Nous ne pouvions pas le savoir, car l’étincelle de notre radio était dans une salle close. Nous ne pouvions entendre si elle fonctionnait.
     Sénateur SMITH.  Quand Mr. Phillips s’est assis à son instrument, avait-il un gilet de sauvetage sur lui, et en avez-vous mis un ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et en avez-vous mis un ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Immédiatement ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Mais après avoir mis le gilet de sauvetage il a essayé et réussi, si je vous comprends, à envoyer un dernier message, et ce message était un C. Q. D. ; et quelque chose d’autre ?
     Mr. BRIDE.  Un  C. Q. D., M. G. Y. général ; en attendant que quelqu’un réponde.
     Sénateur SMITH.  Qu’avez-vous fait ensuite, Mr. Bride ?
     Mr. BRIDE.  À la demande de Mr. Phillips j’ai commencé à rassembler son argent et mis un autre manteau, et fait des préparatifs divers pour quitter le navire.
     Sénateur SMITH.  Comment vous attendiez-vous à quitter le navire ?
     Mr. BRIDE.  Nous devions attendre que le capitaine nous le dise, pour commencer.
     Sénateur SMITH.  Vous deviez attendre que le capitaine vous le dise ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur. Il est venu peu de temps après et nous a dit que nous ferions mieux de nous occuper de nous-mêmes.
     Sénateur SMITH.  Vous avez attendu que le capitaine vous dise que vous pouviez quitter le navire ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Combien de temps était-ce avant que le navire disparaisse ?
     Mr. BRIDE.  Je dirais que c’était juste environ un quart d’heure.
     Sénateur SMITH.  Environ 15 minutes ?
     Mr. BRIDE.  Environ 15 minutes.
     Sénateur SMITH.  Et le capitaine a dit que vous feriez mieux de prendre soin de vous ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  A-t-il précisé ce qu’il allait faire ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Où était-il quand il a dit ça ?
     Mr. BRIDE.  Il est passé dans la cabine pour dire ça.
     Sénateur SMITH.  Il est venu dans la cabine ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Y avait-il quelqu’un d’autre sur le pont ?
     Mr. BRIDE.  Oh, il y avait d’autres gens sur le pont.
     Sénateur SMITH.  Avec vous ?
     Mr. BRIDE.  Oui ; ils couraient dans tous les sens.
     Sénateur SMITH.  Couraient comment ?
     Mr. BRIDE.  Des gens cherchaient des gilets de sauvetage et des rafraîchissements.
     Sénateur SMITH.  Je voudrais situer exactement la position de votre salle d’opération par rapport au pont des embarcations ou pont supérieur. Est-elle à l’arrière du pont A ou B ?
     Mr. BRIDE.  Je crois que sur le Titanic, monsieur, le pont des embarcations était appelé le pont A. Il n’y avait pas de pont au-dessus de ça à part un petit pont qui couvrait les toits des pièces qui se trouvaient sur le pont A.
     Sénateur SMITH.  Ces gens qui couraient d’après vos dires, couraient partout sur ces ponts, tous ?
     Mr. BRIDE.  Les quartiers des officiers étaient situés au même endroit que la cabine Marconi, les cabines des officiers et d’autres endroits, et les gens couraient autour de ces cabines. Nous avons eu une femme qui s’est évanouie dans notre cabine.
     Sénateur SMITH.  Une femme dans votre cabine qui s’est évanouie ?
     Mr. BRIDE.  Et nous lui avons donné un verre d’eau et une chaise. Nous l’avons assise sur une chaise, ce dont elle avait absolument besoin, puis son mari l’a ramenée dehors.
     Sénateur SMITH.  Vous lui avez donné un verre d’eau, l’avez ravivée, et son mari l’a ramenée ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avaient-ils des gilets de sauvetage ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Mais certains de ces passagers ou personnes n’avaient pas de gilet de sauvetage à ce moment et en cherchaient ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous et votre assistant portiez vos gilets de sauvetage, et après ce message final, C. Q. D. et M. G. Y., c’est la dernière fois que vous avez vu les appareils radio ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous vu des canots après ça ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Savez-vous s’il en restait sur le navire à ce moment ?
     Mr. BRIDE.  Il n’y avait pas de gros canots sur le navire à ce moment. Il y avait un canot pliant sur le pont supérieur à côté de la cheminée avant.
     Sénateur SMITH.  Vous voulez dire au-dessus des quartiers des officiers ?
     Mr. BRIDE.  Au-dessus des cabines des officiers, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Savez-vous ce qui en a été fait ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Qu’en a-t-on fait ?
     Mr. BRIDE.  Il a été poussé par-dessus le bord jusque sur le pont des embarcations.
     Sénateur SMITH.  Qu’en a-t-on fait ensuite ?
     Mr. BRIDE.  Il a été passé par-dessus bord.
     Sénateur SMITH.  Vous ne l’avez jamais revu ?
     Mr. BRIDE.  Si ; je suis parti avec.
     Mr. BURLINGHAM.  Il dit qu’il est passé par-dessus bord.
     Sénateur SMITH.  Je comprends ce que le second officier a dit à ce sujet. Je veux savoir si vous l’avez revu ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur ; il est passé par-dessus le bord du navire. Il a été balayé par une vague.
     Sénateur SMITH.  Il a été balayé du navire par une vague ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et il est tombé à l’eau ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Le fond vers le haut ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et à quelle distance étiez-vous de l’eau quand vous avez vu ce canot tomber ?
     Mr. BRIDE.  J’étais dans le canot.
     Sénateur SMITH.  Vous étiez dans le canot ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Il est tombé, le fond vers le haut ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Qu’êtes-vous devenu ?
     Mr. BRIDE.  J’étais dans le canot.
     Sénateur SMITH.  Vous étiez sous le canot ?
     Mr. BRIDE.  Oui.
     Sénateur SMITH.  Combien de temps êtes-vous resté dans le canot ?
     Mr. BRIDE.  Je ne pourrais vous le dire.
     Sénateur SMITH.  Combien de temps environ ?
     Mr. BRIDE.  Ce qui m’a paru une éternité, réellement.
     Sénateur SMITH.  Je comprends, mais je voudrais savoir, si possible, si à un moment vous êtes monté sur le canot ?
     Mr. BRIDE.  Je suis monté dessus finalement.
     Sénateur SMITH.  Finalement ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avant que quiconque puisse monter dessus ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Qui était sur le canot quand vous êtes monté ?
     Mr. BRIDE.  Il y avait une grosse foule sur le dessus quand je suis monté. Il m’avait fallu réussir à sortir de sous le fond.
     Sénateur SMITH.  Vous êtes resté sous le canot combien de temps ?
     Mr. BRIDE.  Je dirais environ trois quart d’heure, ou une demi-heure.
     Sénateur SMITH.  Il y avait de quoi respirer sous le canot quand il était retourné de la sorte ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Donc vous en êtes sorti aussi vite que vous avez pu ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous vous en êtes libéré, ou vous vous y êtes accroché, en vous hissant sur le bord ?
     Mr. BRIDE.  Je m’en suis libéré et m’en suis éloigné.
     Sénateur SMITH.  Comment y êtes-vous retourné, ensuite ?
     Mr. BRIDE.  J’y ai nagé, finalement.
     Sénateur SMITH.  De quel côté du navire était-il, à bâbord ou à tribord ?
     Mr. BRIDE.  Sur le côté tribord du Titanic.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous entendu le deuxième officier dire hier que ce canot est passé de tribord vers bâbord ?
     Mr. BRIDE.  Je n’étais pas ici hier.
     Sénateur SMITH.  Vous ne pouvez pas vous prononcer à ce sujet ?
     Mr. BRIDE.  Il est passé directement par-dessus le côté bâbord, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Il est passé directement par-dessus le côté bâbord ?
     Mr. BRIDE.  Il était du côté bâbord de la cheminée avant. Nous l’avons poussé du côté bâbord du pont des embarcations, puis il est passé par-dessus le flanc bâbord du Titanic.
     Sénateur SMITH.  S’est-il trouvé à un moment du côté tribord ?
     Mr. BRIDE.  Pas à ma connaissance.
     Sénateur SMITH.  Vous dites qu’il y avait un certain nombre de personnes sur le canot, sur le fond du canot qui était retourné quand vous y êtes arrivé ?
     Mr. BRIDE.  Oui.
     Sénateur SMITH.  Vous en connaissez certains ?
     Mr. BRIDE.  J’ai entendu après-coup que l’opérateur senior était à bord.
     Sénateur SMITH.  Mr. Phillips ?
     Mr. BRIDE.  Mr. Phillips.
     Sénateur SMITH.  Était sur le canot ?
     Mr. BRIDE.  Oui ; je l’ai entendu dire après.
     Sénateur SMITH.  Il n’a pas survécu, cependant ?
     Mr. BRIDE.  Il n’a pas survécu.
     Sénateur SMITH.  Savez-vous s’il est mort en allant du Titanic au Carpathia ?
     Mr. BRIDE.  Il est mort en chemin ; oui. Il est mort sur le canot retourné.
     Sénateur SMITH.  Qu’est devenu son corps ?
     Mr. BRIDE.  Pour ce que j’en sais, il a été pris à bord du Carpathia et enterré depuis le Carpathia.
     Sénateur SMITH.  Enterré en mer ?
     Mr. BRIDE.  Enterré depuis le Carpathia.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que quelqu’un d’autre est mort sur le canot entre le naufrage et le Carpathia ?
     Mr. BRIDE.  Il y avait un homme étendu à l’arrière dont ils disent qu’il est mort quand ils l’ont pris sur le canot du navire.
     Sénateur SMITH.  Qu’ont-ils fait du corps ?
     Mr. BRIDE.  Il a été pris sur le Carpathia, pour ce que j’en sais.
     Sénateur SMITH.  Ils ont pis son corps sur le Carpathia ?
     Mr. BRIDE.  Oui.
     Sénateur SMITH.  Combien de gens étaient sur le canot ?
     Mr. BRIDE.  On a estimé le nombre entre 30 et 40.
     Sénateur SMITH.  Y avait-il des femmes sur le canot ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Combien de personnes étaient dans le canot ou sur le canot quand il est tombé du pont supérieur sur le pont inférieur ?
     Mr. BRIDE.  Il n’y avait personne dedans. Il a été poussé volontairement.
     Sénateur SMITH.  Était-il attaché aux bossoirs ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur ; il reposait dans son logement là-bas dans ce but.
     Sénateur SMITH.  Comment êtes-vous monté dedans ?
     Mr. BRIDE.  Quand il a été poussé sur le pont A, nous sommes descendus tant bien que mal [scrambled down] pour revenir sur le pont A.
     Sénateur SMITH.  Vous vous êtes tous bousculés [scrambled in] ?
     Mr. BRIDE.  Nous ne nous sommes pas bousculés. Nous avons dégringolé sur le pont A et nous préparions à le lancer proprement.
     Sénateur SMITH.  Que s’est-il passé ensuite ?
     Mr. BRIDE.  Il a été balayé par-dessus bord avant qu’on ait eu le temps de le lancer.
     Sénateur SMITH.  Le canot a été balayé ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous êtes tombé avec lui ?
     Mr. BRIDE.  Il se trouve que j’étais le plus proche de lui et je l’ai agrippé.
     Sénateur SMITH.  Vous l’avez agrippé et êtes tombé avec lui ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.      
     Sénateur SMITH.  Est-ce que quelqu’un d’autre l’a agrippé ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous êtes tombé seul avec lui ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Il est tombé de telle sorte que vous étiez en-dessous de lui ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Vous dites qu’il n’y avait pas de femme sur le canot ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Quand il a atteint le Carpathia ou à tout autre moment ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et il y avait environ 35 ou 40 personnes en tout ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Connaissez-vous quiconque qui était sur le canot à part de Mr. Phillips et vous-même ?
     Mr. BRIDE.   Il y avait un officier, je pense, sur le canot.
     Sénateur SMITH.  Un officier ?
     Mr. BRIDE.  Et il y avait un passager ; je ne pouvais pas voir s’il était de première, deuxième ou troisième.
     Sénateur SMITH.  Un homme qui ressemblait à quoi ?
     Mr. BRIDE.  Je ne pourrais le dire, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous appris qui c’était ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur ; je l’ai entendu dire à ce moment qu’il était un passager.
     Sénateur SMITH.  C’était le Col. Gracie ?
     Mr. BRIDE.  Je ne pourrais le dire. Il a juste dit qu’il était passager.
     Sénateur SMITH.  Comment est-il monté ?
     Mr.  BRIDE.  Je ne pourrais le dire. J’étais le dernier homme qu’ils ont invité à bord.
     Sénateur SMITH.  Il y avait d’autres gens qui luttaient pour monter ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Combien ?
     Mr. BRIDE.  Des douzaines
     Sénateur SMITH.  Des douzaines. Dans l’eau ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avec des gilets de sauvetage ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que cet homme était le seul passager ?
     Mr. BRIDE.  Je ne pourrais pas dire.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que quelqu’un vous a dit que quelqu’un d’autre était un passager ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur, nous n’avions pas grand-chose à nous dire.
     Sénateur SMITH.  Vous ne parliez pas entre vous ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Savez-vous si d’autres occupants de ce canot étaient des officiers, des marins, des stewards ou des employés ?
     Mr. BRIDE.  Je dirais que c’était des employés. Ils faisaient tous partie de l’équipage du bateau.
     Sénateur SMITH.  Ils étaient tous dans l’eau ?
     Mr. BRIDE.  Ils avaient tous été dans l’eau à un moment ou un autre.
     Sénateur SMITH.  Ils avaient été dans l’eau à un moment ou un autre quand ils sont montés sur le canot retourné ?
     Mr. BRIDE.  Oui.
     Sénateur SMITH.  Quand avez-vous vu le capitaine pour la dernière fois ? Quand il vous a dit de vous occuper de vous-même ?
     Mr.  BRIDE.  La dernière fois que je l’ai vu, il passait par-dessus bord depuis la passerelle, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Avez-vous vu le Titanic couler ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Et le capitaine était sur la passerelle à ce moment ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Que voulez-vous dire par « par-dessus bord » ?
     Mr. BRIDE.  Il a sauté par-dessus bord depuis la passerelle. Il a sauté par-dessus bord depuis la passerelle quand nous lancions le canot pliant.
     Sénateur SMITH.  J’en déduis de ce que vous dites que c’était trois ou quatre minutes avant que le bateau coule.
     Mr. BRIDE.  Oui. Ça devait être juste environ cinq minutes avant que le bateau coule.
     Sénateur SMITH.  Environ 5 minutes ?
     Mr. BRIDE.  Oui.
     Sénateur SMITH.  Savez-vous si le capitaine avait un gilet de sauvetage ?
     Mr. BRIDE.  Il n’en avait pas quand je l’ai vu pour la dernière fois.
     Sénateur SMITH.  Il n’en avait pas ? 
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Est-ce que la passerelle est passée sous l’eau à peu près au même moment ?
     Mr. BRIDE.  Oui, monsieur. Tout le navire était pratiquement dans l’eau jusqu’à la cheminée avant, et quand je l’ai vu passer sous l’eau la poupe est sortie et il a glissé vers l’avant et l’arrière.
     Sénateur SMITH.  Le capitaine n’est à aucun moment parti jusqu’à ce que le vaisseau coule ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Il est parti avec le navire ?
     Mr. BRIDE.  Dans les faits ; oui, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Je voudrais vous demander, avant que j’oublie, si quand le navire a coulé il y a eu un effet de succion ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Il n’y en a pas eu ?
     Mr. BRIDE.  Non, monsieur.
     Sénateur SMITH.  Le fait que si peu de passagers et membres d’équipage aient été récupérés par le Carpathia avec des gilets de sauvetage pourrait indiquer qu’ils ont été aspiré par les vagues ou l’eau quand le navire a disparu. Quel est votre jugement à ce sujet ?
     Mr. BRIDE.  J’estime que j’étais à 150 pieds du Titanic ; je nageais quand il a sombré, et je n’ai senti pratiquement aucune succion, du tout.
     Sénateur SMITH.  Mr. Bride, j’ai bien conscience que vous n’allez pas bien. Je veux vous remercier chaleureusement pour votre attitude agréable et sans complainte. Je ne vous presserai pas plus de questions aujourd’hui, mais je voudrais que vous vous teniez à disposition de ce comité et soyez prêt à répondre si nous voulons vous revoir.
     Puis-je avoir cet accord, Mr. Marconi ?
     Mr. MARCONI.  Très bien.
     Sénateur SMITH.  Nous allons faire une pause jusqu’à trois heures.
     À 13 h 45, le comité a pris une pause jusqu’à 15 h.

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