Session de l’Après-Midi.
À la fin de la pause les audiences ont repris.
Sénateur SMITH. Mr. Bride, l’opérateur radio du Titanic, est-il présent ?
Mr. MARCONI. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Où est-il allé ?
Mr. MARCONI. Il est parti dans une maison en ville, où on va s’occuper de lui, monsieur.
Sénateur SMITH. Il est allé dans un hôpital ?
Mr. SAMMIS. Non, sénateur, il est allé au domicile d’un de ses proches. Je vous ai entendu dire que vous ne lui poseriez plus de questions aujourd’hui, donc je l’ai renvoyé.
Sénateur SMITH. J’aurais aimé lui poser quelques questions supplémentaires cet après-midi, mais ce sera impossible s’il n’est pas là.
Mr. SAMMIS. Je suis désolé, sénateur. Nous avons compris, de ce que vous disiez, que vous en aviez fini avec lui pour aujourd’hui.
Sénateur SMITH. Au vu de sa condition physique, je pense que son interrogatoire ultérieur peut être repoussé.
Mr. SAMMIS. Vous vous souvenez avoir dit, sénateur, que vous ne le questionneriez pas plus aujourd’hui.
Sénateur SMITH. Oui. Je ne vous tiens pas du tout pour responsables pour son absence actuelle.
Mr. MARCONI. Nous pensions que vous en aviez fini avec lui pour aujourd’hui.
Sénateur SMITH. Tout va bien. Vous n’en êtes pas du tout responsable. Je pensais juste que s’il était là je lui aurais bien posé une question. L’autre opérateur est ici ?
Mr. SAMMIS. Oui monsieur ; et il restera ici si vous le désirez.
Sénateur SMITH. Est-ce que le deuxième officier du Titanic est ici ?
Mr. BURLINGHAM. Il n’est pas dans la salle, sénateur. Il est sorti aux alentours de l’hôtel, quelque part, monsieur. Vous parlez de Lightoller ?
Sénateur SMITH. Oui.
Mr. BURLINGHAM. Mr. Lightoller n’est pas présent, apparemment, mais il reviendra bientôt.
Sénateur SMITH. Je voulais demander à Mr. Lightoller si le journal de bord du navire avait été sauvé.
Mr. BURLINGHAM. N’importe lequel des autres officiers pourra vous le dire tout aussi bien. Mr. Pitman est ici, par exemple.
Sénateur SMITH. Très bien.
Mr. Pitman, je vais vous faire prêter serment comme témoin, dans un instant, juste pour le procès-verbal.
Témoignage d’Herbert John Pitman.
Mr. Pitman a prêté serment au président.
Sénateur SMITH. Donnez votre nom complet, je vous prie.
Mr. PITMAN. Herbert John Pitman.
Sénateur SMITH. Où résidez-vous ?
Mr. PITMAN. En Angleterre.
Sénateur SMITH. À quel endroit ?
Mr. PITMAN. Dans le Somerset.
Sénateur SMITH. Dans le Somerset, en Angleterre ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Quel âge avez-vous ?
Mr. PITMAN. Trente-quatre ans
Sénateur SMITH. Quel est votre profession ?
Mr. PITMAN. Marin.
Sénateur SMITH. Depuis combien de temps servez-vous comme marin ?
Mr. PITMAN. Seize ans.
Sénateur SMITH. En quelle qualité ?
Mr. PITMAN. D’apprenti à officier.
Sénateur SMITH. Je voudrais savoir si vous êtes suffisamment informé, de votre propre connaissance, pour dire si le livre de bord a été préservé, ou emporté du Titanic ?
Mr. PITMAN. Pas à ma connaissance ; je ne suis pas allé dans la salle des cartes, donc je ne sais pas.
Sénateur SMITH. Savez-vous si Mr. Lightoller, le deuxième officier, Mr. Boxhall, le quatrième officier, ou Mr. Lowe, le cinquième officier, ont pris possession du livre de bord ?
Mr. PITMAN. Je ne peux le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. Je vais faire une courte déclaration pour les rapporteurs officiels et pour la presse. Après une réunion avec mes collègues du comité, nous avons décidé d’appeler à comparaître Mr. J. Bruce Ismay, Mr. P. A. S. Franklin, Mr. Harold Bride, Mr. H. T. Cottam, Mr. C. L. Lightoller, deuxième officier ; Mr. H. J. Pitman, troisième officier ; Mr. J. G. Boxhall, quatrième officier ; Mr. H. G. Lowe, cinquième officier ; et d’autres ; ceux-ci étant les seuls officiers survivants du Titanic ; ainsi que d’autres membres de l’équipage.
Nous avons aussi appelé à comparaître W. Perkis, E. Archer, W. H. Taylor, W. Brice, E. J. Buley, S. S. Hemming, F. O. Evans, T. Jones, Frank Osman, G. Moore, A. Cunningham, A. Olliver, F. Fleet, G. A. Hogg, A. Crawford, W. Burke, Edward Wheelton, F. Clench, Fred D. Ray, G. F. Crowe, C. E. Andrews, J. Widgery, H. S. Etches, G. T. Rowe, John Collins, A. J. Bright, G. Symons, J. Hardy, et Albert Haines, de l’équipage du navire.
Tous ces témoins ont été appelés à se présenter à Washington lundi matin à 10 heures, et à ce moment l’enquête reprendra, et aucun autre témoignage ne sera pris durant cette audience.
On m’a demandé de faire une déclaration publique. Avant de le faire, je demande qu’aucun représentant de la presse ou une autre personne ne me pose une question avant, pendant ou après ma déclaration. J’attends que ce que je dis soit rapporté fidèlement, et je souhaite que le public sache que cette déclaration est la seule intervention officielle que je ferai avant la reprise de notre enquête à Washington :
La venue de ce comité à New York au moment de l’arrivée du Carpathia était justifiée par notre désir d’obtenir nous-mêmes de première main l’information des protagonistes directs de cette triste affaire. Notre déplacement n’a été guidé que par ce but – obtenir des informations fiables sans délais.
Nous avions été informés que certains des officiers du Titanic, et le directeur exécutif de la White Star Line, qui sont sujets britanniques, résidant en Angleterre, désiraient et prévoyaient de regagner leurs foyers immédiatement après leur arrivée dans ce port. Nous avons conclu qu’il serait pour le moins gênant que nous soyons privés de leur témoignage pour une période indéfinie, et avons senti que leur mise hors de portée de la juridiction de notre autorité pourrait compliquer, et potentiellement annihiler notre effort.
Nous avons rejoint le Carpathia aussitôt après son arrivée, avons été reçus courtoisement par le capitaine et les officiers de ce navire et avons pu avoir un rapide entretien avec le directeur exécutif et le vice-président de la White Star Line.
Nous avons demandé la présence de ces cadres, des officiers survivants, et des membres d’équipage qui pourraient se tenir à nos ordres. Nous avons vu avec satisfaction que nous pouvions croire dans les promesses de Mr. Ismay et de Mr. Franklin, avons été assurés de leur présence le vendredi matin, et n’avons pas ressenti le besoin de faire appel à des mesures plus drastiques pour obtenir ce résultat.
Mr. Ismay avait pour intention de regagner l’Angleterre aussitôt après, mais est resté ici à notre demande, de même que les autres officiers et membres de l’équipage.
Il est apparu nécessaire de prendre le témoignage du Capt. Rostron, du Carpathia, immédiatement, afin qu’il ne soit pas plus gêné pour le départ de son navire, à destination de la Méditerranée, après sa conduite des plus appréciables dans l’urgence la plus criante, qui mérite les plus grands éloges. Nous avons jugé que ce ne serait pas un témoignage de notre appréciation de sa galanterie, de son volontarisme et de son efficacité de les retenir, lui, son navire et ses passagers, plus longtemps après avoir volontairement conduit les survivants du Titanic au port.
Les survivants du Titanic et leurs amis à travers le monde ont une dette de gratitude envers le Capt. Rostron qui ne pourra jamais être remboursée. Sa promptitude à répondre à l’appel de détresse a permis le sauvetage de nombreuses vies qui, sans lui, aurait été impossible ; et, me faisant la voix de mes compatriotes, je le remercie en leur nom et au nom du gouvernement des États-Unis pour son comportement altruiste et sa noble contribution à la cause de l’humanité.
Nous avons interrogé le deuxième officier du Titanic, Mr. Lightoller, car il était responsable durant les heures qui ont immédiatement précédé la collision, aussi avons-nous jugé sage de prendre son témoignage immédiatement.
Mr. Bride le télégraphiste du Titanic, qui a survécu, a été blessé, et ne pouvait être acceptablement déplacé de New York, et, comme le témoignage de l’opérateur radio du Carpathia était très intimement lié au témoignage de l’opérateur rescapé du Titanic, nous avons décidé de prendre les témoignages des deux au plus vite ; et afin d’avoir, sans conteste, le témoignage de Mr. Ismay officiellement dans nos archives, nous avons décidé de prendre son témoignage immédiatement.
À la fin de leur examen tous les témoins se sont vus notifier le fait que nous n’avions pas terminé avec eux, et qu’ils restaient sujets aux ordres du comité.
Après réunion avec mes associés, nous avons décidé d’exercer notre autorité et d’appeler formellement à comparaître tous les officiers survivants du Titanic, comprenant ceux qui viennent d’être mentionnés et d’autres qui n’ont pas encore prêté serment, ainsi qu’une trentaine de membres de l’équipage du navire. Cela a été fait, et des témoignages ultérieurs seront reçus à Washington, où tous les membres du sous-comité pourront être présents.
En convoquant les passagers rescapés, dont beaucoup étaient faibles et en état de grande détresse, certains assez malades et d’autres blessés, nous avons jugé sage de précéder avec précaution et considération pour leur condition physique et mentale. Nombre d’entre eux ont déjà été appelés à comparaître, mais les réponses ne sont pas encore arrivées, et je suis toujours incapable de donner les noms de ceux qui sont appelés à comparaître à la presse à ce jour.
En conclusion de cette déclaration, je voudrais faire part de notre gratitude aux représentants de la presse pour leur considération et leur courtoisie dans cette situation très éprouvante, et je désire leur assurer que tout ce qui a transparu d’intérêt public s’est fait entièrement en leur présence, et les choses se poursuivront de la sorte, pour ce qui me concerne, durant les futures auditions de ce comité.
Sur ce, à 15 h 30, le sous-comité a été ajourné, pour se réunir à Washington à 10 h 30 lundi 22 avril 1912.