QUATRIÈME JOUR
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MARDI 23 AVRIL 1912.
SOUS-COMITE DU COMITE AU COMMERCE,
SENAT DES ÉTATS-UNIS,
Washington, D.C.
Le sous-comité s’est réuni à 10 heures.
Présents : Sénateurs William Alden Smith (président), Perkins, Burton, Newlands, et Fletcher.
Sénateur SMITH. Lorsque nous avons terminé les audiences hier après-midi, Mr. Boxhall, le troisième [sic] officier du Titanic, était à la barre. Ce comité avait pour intention de le rappeler ce matin, et la raison pour laquelle il ne le fait pas est cette note :
23 avril 1912.
Ceci pour certifier que Mr. J. B. Boxhall, troisième officier Titanic, fait l’objet de mes soins professionnels et de mon attention et que, selon mon avis, il est physiquement incapable d’apparaître devant la commission d’enquête du Sénat ce jour.
CHARLES C. MARBURY, M.D.
Témoignage d’Herbert John Pitman – Rappelé.
Sénateur SMITH. Si je me souviens bien, Mr. Pitman, vous avez été examiné à New York uniquement en ce qui concerne le livre de bord ?
Mr. PITMAN. C’est exact, monsieur.
Sénateur SMITH. Aviez-vous, à ce moment, donné votre nom complet ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. Vous pouvez le répéter maintenant, s’il vous plait.
Mr. PITMAN. Herbert John Pitman.
Sénateur SMITH. Où habitez-vous, Mr. Pitman ?
Mr. PITMAN. Somerset, Angleterre.
Sénateur SMITH. Quel âge avez-vous ?
Mr. PITMAN. Trente-quatre ans.
Sénateur SMITH. Quelle est votre profession ?
Mr. PITMAN. Marin ; officier.
Sénateur SMITH. Depuis combien de temps êtes-vous engagé dans une carrière maritime ?
Mr. PITMAN. Environ 17 ans.
Sénateur SMITH. Aviez-vous eu une éducation maritime ou une instruction comme navigateur avant de commencer cette carrière ?
Mr. PITMAN. Aucune d’aucune sorte.
Sénateur SMITH. En quelle qualité avez-vous servi ?
Mr. PITMAN. Quatre ans comme apprenti ; trois ans comme officier d’un voilier.
Sénateur SMITH. Et décrivant vos emplois, voudrez-vous avoir la gentillesse de dire pour quelle compagnie ou sur quel navire vous avez servi ?
Mr. PITMAN. Oui. Quatre ans avec James Nourse (Ltd.), comme apprenti ; trois ans comme officier pour le même employeur ; environ douze mois pour la Blue Anchor Line, desservant l’Australie ; six mois pour la Shire Line, desservant le Japon ; et quatre ans avec la White Star.
Sénateur SMITH. En quelle qualité avez-vous servi avec la White Star ?
Mr. PITMAN. Deuxième, troisième et quatrième officier ; deuxième officier pendant deux mois.
Sénateur SMITH. Sur quels navires de la White Star Line avez-vous servi ?
Mr. PITMAN. Sur le Dolphin, le Majestic, et l’Oceanic.
Sénateur SMITH. Et le Titanic ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. Quand avez-vous vu pour la première fois le Titanic ?
Mr. PITMAN. À Belfast.
Sénateur SMITH. Pouvez-vous vous souvenir du jour ?
Mr. PITMAN. Je crois que c’était le 27 mars.
Sénateur SMITH. De cette année ?
Mr. PITMAN. De cette année.
Mr. BURLINGHAM. Je crois qu’il détient un brevet de capitaine, sénateur, également, si vous voulez mettre en évidence cela.
Sénateur SMITH. Avez-vous un brevet de capitaine ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur. Je l’ai depuis sept ans.
Sénateur SMITH. De qui ?
Mr. PITMAN. Du Board of Trade.
Sénateur SMITH. Vous dites que vous avez-vu le Titanic pour la première fois à Belfast ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur ; le 27 mars, si je me souviens bien.
Sénateur SMITH. Le 27 mars ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. Étiez-vous présent pendant les essais en mer du Titanic ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Y avez-vous joué un rôle particulier ?
Mr. PITMAN. Oui ; j’étais sur la passerelle la plupart du temps.
Sénateur SMITH. En quoi consistaient ces tests ?
Mr. PITMAN. Simplement naviguer dans les alentours et effectuer des évaluations.
Sénateur SMITH. Naviguer en cercles ?
Mr. PITMAN. Naviguer en cercles et ajuster le compas.
Sénateur SMITH. Combien de temps ont duré ces tests ?
Mr. PITMAN. Environ huit heures, monsieur.
Sénateur SMITH. Est-ce que les tests ont été faits en pleine mer, ou dans le Belfast Lough ?
Mr. PITMAN. Les deux, monsieur.
Sénateur SMITH. Quels tests ont été faits en pleine mer ?
Mr. PITMAN. Oh, simplement des essais de navigation.
Sénateur SMITH. Quels essais ?
Mr. PITMAN. Des essais de navigation [ou « de vapeur », steam peut signifier les deux ici, NdT].
Sénateur SMITH. Avez-vous testé sa vitesse ? Avez-vous testé la vitesse du navire ?
Mr. PITMAN. Ce n’était pas exactement un essai de vitesse ; car j’ai cru comprendre que nous n’en faisons pas à la White Star Line.
Sénateur SMITH. Donc il n’y a pas eu d’essai de vitesse à votre connaissance ?
Mr. PITMAN. Pas en ce qui concerne le mile chronométré.
Sénateur SMITH. Savez-vous combien de chaudières fonctionnaient ?
Mr. PITMAN. Je n’en ai aucune idée, monsieur.
Sénateur SMITH. Après que les essais ont été faits, où êtes-vous allé ensuite ?
Mr. PITMAN. Nous nous sommes rendus à Southampton.
Sénateur SMITH. Pendant les essais avez-vous vu un cadre ou directeur de la White Star Line, ou de l’International Co., à bord du navire ?
Mr. PITMAN. Je n’en connaissais aucun, monsieur ; donc je ne peux pas dire.
Sénateur SMITH. À quelle heure avez-vous atteint Southampton ?
Mr. PITMAN. À minuit le jeudi, le 29 mars.
Sénateur SMITH. À minuit le jeudi, le 29 mars ?
Mr. PITMAN. Je crois que c’est la bonne date.
Sénateur SMITH. Qu’est-ce qui a ensuite été fait avec le navire ?
Mr. PITMAN. Il a simplement été rapidement emmené à son emplacement.
Sénateur SMITH. Qu’avez-vous fait ?
Mr. PITMAN. J’ai conservé mon quart habituel.
Sénateur SMITH. Êtes-vous resté à bord du navire jusqu’à son départ de Southampton ?
Mr. PITMAN. Quand c’était mon quart, monsieur.
Sénateur SMITH. Et quand ce n’était pas votre quart vous vous occupiez d’autres manières ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Hors du navire ?
Mr. PITMAN. Exactement.
Sénateur SMITH. Je voudrais que vous disiez au comité les circonstances du départ du Titanic de Southampton – si le temps était clair, s’il y avait de la mer, et toute autre circonstance dont vous vous rappelez.
Mr. PITMAN. Nous avons quitté le quai à 12 h 15. Le temps était très beau.
Sénateur SMITH. Vous êtes partis à 12 h 15 du matin ?
Mr. PITMAN. De l’après-midi. Rien de particulier ne s’est produit.
Sénateur SMITH. 12 h 15 de quel jour ?
Mr. PITMAN. Mercredi 10 avril.
Rien d’excitant ne s’est produit, à l’exception de la rupture des amarres du New York, qui a été causée par les remous de notre hélice tribord. Nous avons réussi à nous en dégager et avons poursuivi vers Cherbourg.
Sénateur SMITH. Était-ce un contretemps sérieux ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur ; environ une demi-heure, monsieur ; c’est tout.
Sénateur SMITH. Est-ce que ça s’est produit immédiatement quand vous étiez prêts à partir ?
Mr. PITMAN. Nous étions déjà partis. Nous nous éloignions de notre quai.
Sénateur SMITH. Officier, quel était le temps ?
Mr. PITMAN. Un temps parfait. Un temps estival.
Sénateur SMITH. Est-ce que la météo a été bonne sur toute la route jusqu’au lieu de la collision ?
Mr. PITMAN. À partir du moment où nous avons quitté Southampton.
Sénateur SMITH. Vous n’avez pas eu de forte mer ?
Mr. PITMAN. Aucune, monsieur.
Sénateur SMITH. Pour autant que vous vous en souveniez, aviez-vous un ciel étoilé ?
Mr. PITMAN. Nous avions un ciel étoilé ; oui. Nous observions le ciel chaque nuit et chaque matin.
Sénateur SMITH. Vous connaissiez, bien entendu, l’officier Murdock ?
Mr. PITMAN. Bien, monsieur.
Sénateur SMITH. Le deuxième officier ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. Et seuls quatre des officiers du Titanic ont survécu ?
Mr. PITMAN. Quatre. C’est correct, monsieur.
Sénateur SMITH. Trois en plus de vous-même ?
Mr. PITMAN. Trois en plus de moi-même.
Sénateur SMITH. Je voudrais que vous expliquiez au comité quelles étaient vos tâches quand vous étiez de quart.
Mr. PITMAN. Mes tâches comprenaient du travail sur des observations célestes, déduire la déviation du compas, la supervision générale de ce qui se passait sur les ponts, et la surveillance des quartiers-maîtres ; aussi, relever la passerelle si nécessaire.
Sénateur SMITH. Cela faisait-il partie de vos tâches d’exercer les hommes ?
Mr. PITMAN. Non, pas exactement de les exercer, monsieur ; de leur donner du travail.
Sénateur SMITH. Cela faisait-il partie de vos fonctions d’aller vous entraîner avec les hommes ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur. Je leurs donnais du travail.
Sénateur SMITH. Vous leur donniez du travail ?
Mr. PITMAN. Je leur disais quoi faire ; les quartiers-maîtres seulement, monsieur.
Sénateur SMITH. Y a-t-il des moments précis fixés pour l’entraînement des hommes selon les habitudes de la White Star Line ?
Mr. PITMAN. Que voulez-vous dire, sénateur ? Vous parlez de l’exercice pour les canots, monsieur ?
Sénateur SMITH. Oui.
Mr. PITMAN. Oui. Nous avons toujours un essai des canots en partant de Southampton.
Sénateur SMITH. En partant de Southampton ?
Mr. PITMAN. Oui ; qui est observé par le Board of Trade. Nous avons aussi un essai de canots à Queenstown.
Sénateur SMITH. En quoi consiste cet exercice ?
Mr. PITMAN. Affaler deux ou trois canots et ramer.
Sénateur SMITH. Il consistait à affaler deux ou trois canots ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Étiez-vous présent quand cela a été fait ?
Mr. PITMAN. Cela n’a pas été fait cette fois, monsieur ; pas à Queenstown.
Sénateur SMITH. J’ai cru comprendre que vous avez parlé de Southampton ?
Mr. PITMAN. À Southampton ça a été fait.
Sénateur SMITH. Étiez-vous présent à cet exercice ?
Mr. PITMAN. J’y étais, monsieur.
Sénateur SMITH. Combien de canots ont été affalés ?
Mr. PITMAN. Deux, monsieur.
Sénateur SMITH. À bâbord ou à tribord ?
Mr. PITMAN. À tribord.
Sénateur SMITH. Les deux ?
Mr. PITMAN. Les deux à tribord ; oui.
Sénateur SMITH. Qu’est-ce qui a été fait d’autre lors de cet essai ?
Mr. PITMAN. Eh bien, rien, monsieur. Cet exercice a été fait simplement pour prouver au Board of Trade que les canots étaient en bon état, et que les hommes savaient comment manier un aviron.
Sénateur SMITH. Mais ce que je voudrais savoir, c’est simplement ce qu’il était nécessaire de faire pour satisfaire le Board of Trade.
Mr. PITMAN. Eh bien, placer un équipage d’hommes dans le canot, l’affaler jusqu’à l’eau, et le faire naviguer dans le port puis revenir une fois les officiels du Board of Trade satisfaits.
Sénateur SMITH. C’étaient les canots ?
Mr. PITMAN. Oui, les canots.
Sénateur SMITH. Et deux d’entre eux ont été affalés ?
Mr. PITMAN. Deux d’entre eux affalés.
Sénateur SMITH. Et pourvus en hommes ?
Mr. PITMAN. Et pourvus en hommes.
Sénateur SMITH. Et ont navigué ?
Mr. PITMAN. Et ont navigué dans le port, puis sont revenus. C’est fait à chaque voyage, et nous varions les canots.
Sénateur SMITH. Combien d’hommes étaient dans chaque canot ce jour-là ?
Mr. PITMAN. Environ huit.
Sénateur SMITH. Il y en avait huit dans chaque canot ce jour-là ?
Mr. PITMAN. Environ huit.
Mr. BURLINGHAM. M. le Président, puis-je suggérer que vous demandiez si les hommes à bord étaient assignés à divers canots ?
Sénateur SMITH. J’y viens. Dites-moi si d’autres moments ont été consacrés à l’exercice en plus de ce que vous avez décrit ?
Mr. PITMAN. Pas pour ce voyage précis. Il est habituel chaque dimanche de faire un exercice de sauvetage et un exercice d’incendie. Si nous ne pouvons le faire le dimanche, si le temps ne le permet pas, nous le faisons un autre jour.
Sénateur SMITH. Dans les faits, aucun autre exercice n’a eu lieu sur le Titanic après le départ de Southampton, n’est-ce pas ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Et cet exercice impliquait d’appeler combien d’officiers et d’hommes sur le pont ?
Mr. PITMAN. Tout le département du pont était là.
Sénateur SMITH. Et ils ont tous été témoins, et environ 16 d’entre eux ont participé au test pratique de deux canots ?
Mr. PITMAN. Exactement.
Sénateur SMITH. Était-ce deux canots, ou y étaient-ils de types différents ?
Mr. PITMAN. C’étaient deux canots.
Sénateur SMITH. Il n’y a donc pas eu de test des pliants ?
Mr. PITMAN. Non ; aucun.
Sénateur SMITH. Ou des plus petits canots ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Et ces deux canots ont été affalés depuis le côté tribord ?
Mr. PITMAN. Depuis le côté tribord.
Sénateur SMITH. Et vous les avez vus affalés ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Quels officiers en ont eu la responsabilité ?
Mr. PITMAN. Le cinquième et le sixième.
Sénateur SMITH. Qui constituait les équipages de ces canots ?
Mr. PITMAN. Des quartiers-maîtres et des marins. Je ne pourrais pas donner leurs noms.
Sénateur SMITH. C’étaient des marins ?
Mr. PITMAN. Des marins ; oui.
Sénateur SMITH. Je voudrais savoir si chaque officier avait un poste spécial et particulier qui lui était assigné sur le Titanic ?
Mr. PITMAN. Chaque homme de l’équipage avait un poste particulier sur le Titanic.
Sénateur SMITH. Et votre poste était ?
Mr. PITMAN. Le canot n°5.
Sénateur SMITH. Le canot n°5 ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous dites qu’ils étaient affectés. Vous étiez affecté au canot n°5, et aviez la responsabilité de ce canot quand vous étiez de quart en cas de problème ?
Mr. PITMAN. Oui. Cela ne voulait pas nécessairement dire que je devais partir dans le canot n°5.
Sénateur SMITH. Non ; mais vous étiez affecté à cet endroit ?
Mr. PITMAN. Oui ; c’était mon canot pour les exercices des canots et des incendies.
Sénateur SMITH. Pour les exercices des canots et des incendies. Y a-t-il eu un exercice d’incendie à bord du Titanic après que vous avez quitté Southampton ?
Mr. PITMAN. Il n’y en a pas eu, monsieur.
Sénateur SMITH. Et le seul exercice est celui que vous avez décrit ?
Mr. PITMAN. C’est tout.
Sénateur SMITH. Étiez-vous sur la passerelle pendant le samedi ou le dimanche précédent l’accident ?
Mr. PITMAN. Oh, oui ; une partie du temps, monsieur.
Sénateur SMITH. Quelle partie du samedi ?
Mr. PITMAN. Samedi après-midi de 12 à 16.
Sénateur SMITH. Durant ce temps avez-vous vu des icebergs ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Ou un champ de glace ?
Mr. PITMAN. Pas de glace du tout, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous entendu quoi que ce soit à propos de glaces le samedi ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Est-ce que vous avez entendu quoi que ce soit à propos d’un message radio du Californian ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Samedi ou dimanche ?
Mr. PITMAN. Si ; j’ai entendu quelque chose à propos d’un message radio d’un navire. Ou c’était peut-être la nuit de samedi ; je ne suis pas sûr.
Sénateur SMITH. Quand vous étiez de quart ?
Mr. PITMAN. Non ; je n’étais pas de quart.
Sénateur SMITH. Quand avez-vous entendu ça, aussi précisément que vous vous en souveniez ?
Mr. PITMAN. Je n’en ai pas la moindre idée, monsieur ; c’était soit dans la nuit de samedi soit dimanche matin.
Sénateur SMITH. Pas quand vous étiez de quart ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur ; parce que Mr.Boxhall a placé la position de l’iceberg sur la carte.
Sénateur SMITH. Et vous saviez-ça ?
Mr. PITMAN. Je le savais ; oui, monsieur.
Sénateur SMITH. L’avez-vous vu le faire ou avez-vous vu la carte ?
Mr. PITMAN. Oui ; j’ai vu la marque dessus.
Sénateur SMITH. Quel genre de marque était-ce ?
Mr. PITMAN. Il a simplement fait une croix et écrit « glace » à côté.
Sénateur SMITH. Ce qui indiquait de la glace ?
Mr. PITMAN. De la glace ; oui, monsieur.
Sénateur SMITH. C’était dimanche ?
Mr. PITMAN. Ça pourrait avoir été la nuit de samedi.
Sénateur SMITH. La nuit de samedi ou dimanche?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Maintenant, officier, avez-vous eu une discussion avec Mr. Boxhall ou Mr. Murdock ou Mr. Lowe concernant la proximité du Titanic avec de la glace ?
Mr. PITMAN. Non ; monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous eu une conversation avec le capitaine à ce propos ?
Mr. PITMAN. Ce n’était pas mon rôle de parler avec le capitaine de telles choses.
Sénateur SMITH. Je comprends ; mais je ne savais pas mais vous auriez pu le faire.
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Est-ce que le capitaine vous a parlé à ce propos ?
Mr. PITMAN. Il ne l’a pas fait, monsieur.
Sénateur SMITH. Étiez-vous à un moment avec le capitaine sur la passerelle le samedi après-midi ou le dimanche avant la collision ?
Mr. PITMAN. Oui ; il avait l’habitude de se rendre régulièrement sur la passerelle.
Sénateur SMITH. À quelle fréquence ?
Mr. PITMAN. Je n’y ai pas particulièrement fait attention.
Sénateur SMITH. Quelle fréquence environ ; combien de fois ?
Mr. PITMAN. Il pouvait s’être montré une demi-douzaine de fois en un quart.
Sénateur SMITH. Une demi-douzaine de fois en quatre heures ?
Mr. PITMAN. Quatre heures : oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et pendant ces visites à la passerelle vous ne pouvez-vous souvenir d’avoir entendu le capitaine parler de la proximité de la glace ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu de la glace vous-même, dimanche ? Avez-vous remarqué un changement de la température de l’eau ?
Mr. PITMAN. Oui. Cela n’indiquerait rien du tout, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous ne pensez-pas que cela signifierait quoi que ce soit ?
Mr. PITMAN. Non, car dans ce pays et dans notre propre pays on peut probablement ne pas vouloir de vêtements, et le jour suivant on peut vouloir des manteaux et des habits d’hiver, et ce n’est pas dû à la glace.
Sénateur SMITH. Vous avez été navigateur pour un bon nombre d’années ?
Mr. PITMAN. J’ai été officier pendant environ 14 ans.
Sénateur SMITH. Avez-vous déjà été sur les Grands Bancs avant ?
Mr. PITMAN. Les Bancs de Terre-Neuve ?
Sénateur SMITH. Oui ; en les traversant des mois d’août à janvier ? Les avez-vous déjà traversés avant le mois d’avril ?
Mr. PITMAN. On ne l’a jamais fait, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous déjà vu de la glace dans cette partie de la mer, l’Atlantique Nord ?
Mr. PITMAN. Un petit iceberg.
Sénateur SMITH. Où ?
Mr. PITMAN. Je n’arrive pas à me souvenir exactement où c’était, monsieur.
Sénateur SMITH. Dans les faits, vous ne savez pas qu’avant qu’on voie la glace depuis le pont d’un navire, la glace indique souvent sa présence ? Est-ce que la réflexion des rayons du soleil ou de la lune ne donne pas des informations claires sur la proximité de glaces ?
Mr. PITMAN. Ça peut être le cas dans la région arctique, mais jamais dans l’Océan Atlantique.
Sénateur SMITH. Jamais dans l’Océan Atlantique Nord ?
Mr. PITMAN. Il n’y a pas assez de glace là-bas pour causer cela.
Sénateur SMITH. Par un jour clair, au-dessus de la glace à l’horizon, n’est-ce pas vrai que le ciel est d’une couleur plus pâle ou plus claire et qu’on peut la distinguer par ce biais ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Dans l’Atlantique Nord ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Par un jour clair les icebergs peuvent être vus à grande distance, n’est-ce pas ?
Mr. PITMAN. Cela dépend de leur taille.
Sénateur SMITH. S’ils font, disons, une centaine de pieds de haut.
Mr. PITMAN. Oh, oui.
Sénateur SMITH. Facilement ?
Mr. PITMAN. Oh, oui ; on peut les voir à une certaine distance. Bien entendu cela dépend de l’atmosphère, et de si le soleil brille ou non.
Sénateur SMITH. Est-ce qu’un temps brumeux fait une différence pour ce qui est de voir un iceberg ?
Mr. PITMAN. Bien entendu on ne le verrait pas de si loin.
Sénateur SMITH. Dans les faits, par temps brumeux, les icebergs ne peuvent-ils pas être vus à travers le brouillard par leur apparente noirceur ?
Mr. PITMAN. Cela se pourrait. Je ne les ai jamais vus, cela étant.
Sénateur SMITH. Vous ne les avez jamais vus. Y a-t-il d’autres signes connus des marins par lesquels les icebergs peuvent être découverts, ou leur proximité connue ?
Mr. PITMAN. Je ne crois pas qu’il y ait de signes du tout, monsieur.
Sénateur SMITH. N’est-ce pas un fait qu’il y a un écho dans le voisinage d’un iceberg ?
Mr. PITMAN. Je n’en ai jamais entendu parler, monsieur.
Sénateur SMITH. D’une sirène ou d’une corne de brume ?
Mr. PITMAN. Je n’en ai jamais fait l’expérience, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous entendu ce que Mr. Boxhall a dit hier à propos de savoir qu’il y avait des icebergs car il pouvait entendre le clapotis pendant qu’il était dans le canot entre le Titanic et le Carpathia ?
Mr. PITMAN. Oh, c’est tout à fait possible, car nous n’étions qu’à un demi-mile d’eux à ce moment, ou peut-être moins que ça. Il y avait un silence parfait.
Sénateur SMITH. Avez-vous déjà entendu de tels bruits ?
Mr. PITMAN. Jamais, monsieur.
Sénateur SMITH. Savez-vous comment la proximité d’un iceberg peut-être évaluée, mathématiquement ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. En avez-vous déjà entendu parler ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur. En ce qui concerne la température de l’eau, c’est totalement inutile.
Sénateur SMITH. La température de l’eau est totalement inutile ?
Mr. PITMAN. Absolument inutile.
Sénateur SMITH. À votre avis ?
Mr. PITMAN. Je l’ai démontré.
Sénateur SMITH. Est-ce que quelqu’un vous a déjà dit que, en connaissant le temps entre le son d’une sirène en mer et le son réfléchi la distance en pieds pouvait être connue en multipliant par un certain nombre ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Cinq-cent-cinquante ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Et aucun de ces signes ne vous est familier ?
Mr. PITMAN. Aucun ; du tout, monsieur.
Sénateur SMITH. Aviez-vous entendu quoi que ce soit à leur propos avant ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Qu’en est-il de l’explosion d’un iceberg ? Savez-vous que des icebergs explosent quand ils descendent de la région arctique et se heurtent au Gulf Stream plus chaud ; que le chaud et froid cause souvent une forte explosion ?
Mr. PITMAN. Les scientifiques le disent, mais nous n’en avons pas de preuve.
Sénateur SMITH. Vous ne l’avez jamais constaté ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Et vous n’avez jamais entendu ces explosions ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous jamais pensé que l’absence de houle ou de vagues par brise fraîche est un signe qu’il y a une terre ou de la glace dans le sens du vent du navire ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Considérez-vous la présence de troupeaux de phoques ou de groupes d’oiseaux comme un moyen d’indiquer la proximité de terre ?
Mr. PITMAN. Certainement pas.
Sénateur SMITH. Ou d’icebergs ?
Mr. PITMAN. Certainement pas. Nous en avons dans l’océan du sud pendant toute la traversée, sur des milliers de miles – des groupes d’oiseaux.
Sénateur SMITH. Avez-vous déjà vu de la glace dans l’océan du sud ?
Mr. PITMAN. Occasionnellement, monsieur.
Sénateur SMITH. En avez-vous déjà vu là-bas ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. De quelle taille, growler ou iceberg ?
Mr. PITMAN. J’en ai vu il y a environ 18 mois, et il y en avait trois, dans les faits –
Sénateur SMITH. Où les avez-vous vus ?
Mr. PITMAN. Au large des îles Malouines. L’un faisait environ 700 pieds de long et 600 de large et en tout 500 pieds de haut.
Sénateur SMITH. Étiez-vous surpris de les voir ?
Mr. PITMAN. Pas du tout, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous vous attendiez à les voir ?
Mr. PITMAN. Que voulez-vous dire ? Oh, je croyais que vous parliez de sa taille. Non ; nous ne nous attendions pas à voir de la glace.
Sénateur SMITH. Mais, c’est un fait, vous en avez trouvé ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur ; à la lumière du jour.
Sénateur SMITH. À quelle distance étiez-vous de cet iceberg dont vous parlez ?
Mr. PITMAN. Environ un mile, monsieur.
Sénateur SMITH. Quelle était sa couleur ?
Mr. PITMAN. Quand le soleil brillait dessus, il était d’un blanc parfait.
Sénateur SMITH. À quelle heure du jour ou de la nuit l’avez-vous vu en premier ?
Mr. PITMAN. Dans la matinée, vers 8 heures.
Sénateur SMITH. Est-ce que vous l’avez vu à un moment de la nuit ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur ; quand le soleil ne brillait pas dessus, il avait l’air d’un iceberg parfaitement noir, comme une grosse île, et c’est là que j’ai démontré que la température de l’eau n’est absolument pas une indication des icebergs.
Sénateur SMITH. Qu’en est-il de la température de l’air ?
Mr. PITMAN. Non ; elle n’était pas affectée du tout.
Sénateur SMITH. Vous voulez dire par là qu’elle n’est pas affectée par la prédominance de champs de glaces ou d’icebergs ?
Mr. PITMAN. Non ; je dirais qu’elle ne le serait pas, d’après mon expérience avec la glace.
Sénateur SMITH. N’est-ce pas un fait que la température de l’air chute quand la glace approche ?
Mr. PITMAN. Elle le peut.
Sénateur SMITH. Qu’en était-il de cet iceberg que vous avez vu dans les eaux du sud ?
Mr. PITMAN. Il n’affectait pas le moins du monde la température.
Sénateur SMITH. Quel côté du navire découvrirait la chute de la température en premier ?
Mr. PITMAN. Le côté du sens du vent [weather side].
Sénateur SMITH. Le côté sous le vent [leeward] ?
Mr. PITMAN. Non ; le côté du sens du vent ; le côté au vent.
Sénateur SMITH. Je vous demande si la température de l’eau de mer n’est pas parfois le signe de la proximité d’un iceberg ?
Mr. PITMAN. Je ne m’y fierais jamais moi-même, monsieur.
Sénateur SMITH. Savez-vous de votre propre connaissance que l’eau était tirée de la mer toutes les deux heures durant le voyage depuis Southampton jusqu’au lieu de l’accident ?
Mr. PITMAN. C’est cela, monsieur.
Sénateur SMITH. Pourquoi la prélevait-on ?
Mr. PITMAN. Eh bien, c’est l’habitude sur les navires.
Sénateur SMITH. Ce n’est pas juste une habitude, n’est-ce pas ; elle doit avoir un sens ?
Mr. PITMAN. Et c’est pour des observations météorologiques.
Sénateur SMITH. Savez-vous de votre propre connaissance si des tests de la température de cette eau étaient faits à bord du Titanic ?
Mr. PITMAN. Ils sont effectués toutes les deux heures, monsieur.
Sénateur SMITH. Je veux dire la température, l’eau est prise et ensuite la température testée ?
Mr. PITMAN. Toutes les deux heures, monsieur.
Sénateur SMITH. Savez-vous si c’était fait ?
Mr. PITMAN. Oui ; le quartier-maître fait ça toutes les deux heures.
Sénateur SMITH. L’avez-vous vu personnellement être fait pendant ce voyage ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur. J’ai vu les hommes partir le faire.
Sénateur SMITH. Comment le faisaient-ils ; en plongeant un seau dans l’eau ou en descendant une bouteille ?
Mr. PITMAN. On a habituellement un seau de toile qu’on fait descendre dans l’eau.
Sénateur SMITH. Est-ce que ce navire avait à bord un seau de toile ?
Mr. PITMAN. Non. Nous n’avons pas eu le temps d’en faire un. Ils en utilisaient un en fer.
Sénateur SMITH. À quoi était-il attaché ?
Mr. PITMAN. Un morceau de corde assez long pour atteindre l’eau.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu la corde ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Et vous n’avez pas vu le seau temporaire qui était mis à l’eau ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous avez déclaré il y a un moment que le deuxième officier, je crois, a signalé de la glace samedi dans la nuit ?
Mr. PITMAN. Non ; j’ai dit le quatrième officier.
Sénateur SMITH. Mr. Lowe ?
Mr. PITMAN. Mr. Boxhall.
Sénateur SMITH. Vous avez dit que Mr. Boxhall avait signalé de la glace la nuit de samedi, et qu’il l’avait marqué sur la carte avec une croix. Est-ce que cette marque sur la carte était sur ou près de la route du navire ?
Mr. PITMAN. Aussi loin que je puisse m’en souvenir, il était au nord de notre trajectoire ; au nord de notre route.
Sénateur SMITH. À quelle distance ?
Mr. PITMAN. Je ne l’ai pas mesuré, monsieur ; et je n’ai pas la moindre idée de sa position.
Sénateur SMITH. Le navire était-il sur son cap prévu ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Si je suis bien informé, le cap des navires qui vont en mer de port à port est standardisé en ce qui concerne les routes des traversées habituelles. Suis-je correct ?
Mr. PITMAN. Certaines entreprises.
Sénateur SMITH. Est-ce que ça s’applique à la White Star Line ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur ; une majorité de grosses compagnies à passagers se tiennent à cette route particulière.
Sénateur SMITH. Il a été dit que ce navire en particulier était sur la route du nord. À présent, donc, pourriez-vous dire au comité la différence que l’on fait généralement entre la route du nord et la route du sud ?
Mr. PITMAN. Eh bien, il y a deux pistes différentes. L’une est empruntée du 14 août au 14 janvier, et l’autre du 14 janvier au 14 août. Cette dernière est la route du sud.
Sénateur SMITH. L’une est empruntée par les navires allant vers l’est et l’autre par les navires allant vers l’ouest ?
Mr. PITMAN. C’est exact, monsieur. Il serait bien plus facile de l’expliquer sur une carte.
Sénateur SMITH. Comme une double voie ferrée ?
Mr. PITMAN. Exactement.
Sénateur SMITH. Ces deux routes, si je comprends bien, sont les routes reconnues et habituelles pour les navires à cette période de l’année, pour les principales compagnies maritimes ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur ; les principales compagnies qui vont en Amérique.
Sénateur SMITH. Juste avant le naufrage du Titanic, était-il sur la route habituellement prise par les navires allant de Southampton à New York, ou était-il sur la route habituellement prise par les navires allant de New York à Southampton ?
Mr. PITMAN. Il était sur la ligne suivie par les navires allant de la Manche à New York.
Sénateur SMITH. Faites-vous cette déclaration grâce à la position du navire au moment de la collision ?
Mr. PITMAN. Je ne vous comprends pas vraiment.
Sénateur SMITH. Vous connaissez la latitude et la longitude du navire quand il a heurté l’iceberg ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Est-ce que ça vous a indiqué qu’il était sur sa bonne trajectoire ?
Mr. PITMAN. Exactement. Il était précisément sur la ligne.
Sénateur SMITH. Donc quand la trajectoire a été placée sur la carte, ce que vous avez-vu, indiquant la présence de glace, est-ce qu’elle indiquait qu’elle était sur le cap que prenait votre navire ?
Mr. PITMAN. Oh, non. Elle était bien au nord.
Sénateur SMITH. À quelle distance au nord ?
Mr. PITMAN. Je n’ai pas mesuré la distance, et donc je ne peux pas le dire.
Sénateur SMITH. Bien, dans les faits, avez-vous vu de la glace dimanche ?
Mr. PITMAN. Je n’en ai pas vu, monsieur, avant lundi matin.
Sénateur SMITH. En avez-vous vu lundi matin ?
Mr. PITMAN. Au lever du jour ; oui.
Sénateur SMITH. Où étiez-vous quand vous en avez vu ?
Mr. PITMAN. Dans un bateau.
Sénateur SMITH. Dans un canot de sauvetage ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Où alliez-vous – du Titanic au Carpathia ?
Mr. PITMAN. À ce moment ; oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Quelle quantité de glace avez-vous vue à ce moment ?
Mr. PITMAN. Il y avait plusieurs icebergs autour de moi, peut-être une demi-douzaine ; mais ça ne m’intéressait pas assez pour que je les compte.
Sénateur SMITH. Est-ce que ces icebergs montaient haut au-dessus de l’eau ?
Mr. PITMAN. Certains oui.
Sénateur SMITH. Quelle hauteur ?
Mr. PITMAN. Certains pouvaient mesurer 100 ou 150 pieds.
Sénateur SMITH. Si haut au-dessus de l’eau ?
Mr. PITMAN. Si haut au-dessus de l’eau ; oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Quelle hauteur avait le Titanic, environ 70 pieds depuis le niveau de l’eau ?
Mr. PITMAN. Eh bien, le pont des embarcations l’était.
Sénateur SMITH. Le pont supérieur était à environ 70 pieds du niveau de l’eau ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Ces icebergs que vous avez vus à l’aube lundi matin après l’accident étaient, pour certains, aussi haut que 150 pieds de haut ?
Mr. PITMAN. J’aurais tendance à le penser, monsieur.
Sénateur SMITH. Combien des plus gros de cette sorte y avait-il ?
Mr. PITMAN. Je ne les ai pas comptés, monsieur. J’étais plus intéressé par les gens dans mon canot.
Sénateur SMITH. Bon, un ou deux ?
Mr. PITMAN. Je ne pourrais vraiment pas le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. Où étiez-vous dimanche soir juste avant la collision ?
Mr. PITMAN. Dans ma couchette ; au lit.
Sénateur SMITH. Quelles étaient vos heures de quart cette nuit-là ?
Mr. PITMAN. J’étais sur la passerelle de 18 à 20 heures.
Sénateur SMITH. Qui avez-vous vu sur la passerelle, le cas échéant, cette nuit-là entre 18 et 20 heures ?
Mr. PITMAN. Le commandant et le deuxième officier.
Sénateur SMITH. Le capitaine ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous l’appelez commandant dans ce contexte ?
Mr. PITMAN. Certains le font.
Sénateur SMITH. Je voulais juste être certain que vous parliez du capitaine. Combien de temps a-t-il été sur la passerelle ; tout le temps de votre quart ?
Mr. PITMAN. Non ; je ne pourrais le dire, monsieur, car j’étais à l’intérieur, en train de travailler sur des observations.
Sénateur SMITH. Quand vous êtes allé sur la passerelle, de 18 à 20 heures, vous souvenez-vous avoir vu le capitaine ?
Mr. PITMAN. Je l’ai vu une fois, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous souvenez-vous de l’heure ?
Mr. PITMAN. Avant 19 heures.
Sénateur SMITH. Vous ne l’avez pas vu après 19 heures sur la passerelle ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur, je ne l’ai pas vu ; car je ne suis pas allé sur la passerelle moi-même.
Sénateur SMITH. Qui était sur la passerelle ?
Mr. PITMAN. Le deuxième officier, monsieur.
Sénateur SMITH. Mr. Lightoller ?
Mr. PITMAN. Mr. Lightoller.
Sénateur SMITH. Avez-vous parlé avec Mr. Lightoller entre 18 et 20 heures cette nuit-là ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous appris de lui que le Californian avait prévenu le Titanic qu’il était à proximité d’icebergs ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur. Nous n’avons eu aucune conversation.
Sénateur SMITH. Avez-vous entendu quoi que ce soit à propos de la radio du Californian concernant des icebergs ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Personne ne vous l’a mentionné ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous eu une conversation avec le capitaine dimanche ?
Mr. PITMAN. Aucune, monsieur. Je n’en ai jamais eu.
Sénateur SMITH. Vous ne lui avez jamais parlé ?
Mr. PITMAN. Je ne lui ai jamais parlé ; non, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous a-t-il dit quoi que ce soit ?
Mr. PITMAN. Pas dimanche, non.
Sénateur SMITH. Mais vous lui aviez parlé avant, pendant le voyage ?
Mr. PITMAN. Oh, oui, monsieur ; au sujet du travail.
Sénateur SMITH. Mais vous ne l’avez pas fait dimanche ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Si je me souviens de ce que vous avez dit, vous avez vu des icebergs, ou des signes de glace, quand vous étiez de quart de 18 à 20 heures dimanche soir ?
Mr. PITMAN. Je n’en ai vu vraiment aucun, monsieur, jusqu’à ce que je sois dans le canot, et il était 3 heures et demie lundi matin. Ce sont les premières glaces que j’ai vues.
Sénateur SMITH. En avez-vous cherché ?
Mr. PITMAN. Nous avons observé une veille spéciale pour la glace.
Sénateur SMITH. Qui donc ?
Mr. PITMAN. L’officier de quart à partir de 22 heures.
Sénateur SMITH. Qui était l’officier de quart à partir de 22 heures ?
Mr. PITMAN. Mr. Murdock.
Sénateur SMITH. Comment savez-vous qu’il maintenait une veille spéciale ?
Mr. PITMAN. Parce qu’il avait été prévenu.
Sénateur SMITH. Qui l’a prévenu ?
Mr. PITMAN. Eh bien, je sais que Mr. Lightoller lui a passé le mot.
Sénateur SMITH. Comment le savez-vous ? Je veux surtout en venir au fait. Je ne vous presse pas pour me donner des détails non nécessaires.
Mr. PITMAN. Car j’ai entendu quelqu’un le mentionner.
Sénateur SMITH. Le mentionner avant la collision ou depuis ?
Mr. PITMAN. Oh, depuis.
Sénateur SMITH. Exactement. Qu’avez-vous fait après avoir quitté votre quart à 20 heures dimanche soir ?
Mr. PITMAN. Je suis allé au lit, monsieur.
Sénateur SMITH. Immédiatement ?
Mr. PITMAN. En juste quelques minutes.
Sénateur SMITH. À quelle heure avez-vous dîné ce soir-là ?
Mr. PITMAN. À 18 heures.
Sénateur SMITH. Juste avant de prendre votre quart ?
Mr. PITMAN. Oui. Enfin, non ; juste après que je suis allé sur la passerelle et ai quitté la passerelle, ensuite j’ai pris mon dîner.
Sénateur SMITH. Vous avez pris votre dîner où ?
Mr. PITMAN. Sur le pont des embarcations.
Sénateur SMITH. Y a-t-il une salle à manger là-bas, ou quelque chose de ce genre ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. Pour les officiers ?
Mr. PITMAN. Notre propre mess.
Sénateur SMITH. Après 20 heures vous vous êtes retiré ?
Mr. PITMAN. Exactement, monsieur.
Sénateur SMITH. Entre 18 et 20 heures avez-vous fait des observations ?
Mr. PITMAN. De quoi ?
Sénateur SMITH. Des observations astronomiques ?
Mr. PITMAN. Oui ; nous avons fait des observations stellaires et aussi des observations sur la déviation du compas.
Sénateur SMITH. Vous les avez faites vous-même ?
Mr. PITMAN. Je les ai faites moi-même. Non, monsieur ; je n’ai pas fait les observations stellaires moi-même. J’ai relevé l’heure pour elles, et Mr. Lightoller lui-même a fait les observations des constellations.
Sénateur SMITH. Combien de fois durant ce quart, vous en souvenez-vous ?
Mr. PITMAN. Combien de fois avons-nous fait des observations ?
Sénateur SMITH. Durant ce quart, oui ; combien d’observations ont été faites ?
Mr. PITMAN. Nous en avons juste fait une série au coucher du soleil, ou juste au crépuscule, quand les étoiles étaient visibles. Il était environ 18 ou 20 heures quand nous les avons faites.
Sénateur SMITH. Savez-vous comment ces observations situaient le navire ?
Mr. PITMAN. Est-ce que je sais quoi ?
Sénateur SMITH. Savez-vous comment ces observations situaient le navire ?
Mr. PITMAN. Oui ; pile sur la route.
Sénateur SMITH. Et c’est de là que vous avez tiré les éléments nécessaires pour déterminer la situation du navire ?
Mr. PITMAN. Exactement.
Sénateur SMITH. J’ai raison ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Pouvez-vous donner la position du navire à 20 heures cette nuit-là ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Ou à un autre moment entre 18 et 20 heures ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur ; j’ai oublié.
Sénateur SMITH. Pouvez-vous dire quelle était la vitesse du navire au moment de ces observations ?
Mr. PITMAN. Environ 21 ½.
Sénateur SMITH. Vingt-et-un et demi quoi ?
Mr. PITMAN. Nœuds.
Sénateur SMITH. Vingt-et-un nœuds et demi par heure ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. En miles cela signifierait ?
Mr. PITMAN. Il y a 6 080 pieds dans un mile nautique et il y en a 5 280 dans un mile terrestre.
Sénateur SMITH. À quelle heure précisément entre 18 et 20 heures avez-vous fait ces observations ?
Mr. PITMAN. Oh, oui.
Sénateur SMITH. J’ai dit, à quelle heure précisément. Vous ne les avez pas faites pendant que vous preniez votre dîner ?
Mr. PITMAN. Oh, non, monsieur ; vers 19 heures et demie. Entre 19 heures 30 et 20 heures moins vingt.
Sénateur SMITH. Vous et Mr. Lightoller ?
Mr. PITMAN. Oui ; nous avons fait une série de relevés.
Sénateur SMITH. Le deuxième officier a fait une série de –
Mr. PITMAN. (interrompant). Observations stellaires.
Sénateur SMITH. Et à ce moment la vitesse du navire était d’environ 21 nœuds ½ par heure ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Considériez-vous cela comme une plutôt bonne vitesse ?
Mr. PITMAN. Non ; rien à voir avec ce que nous attendions de lui.
Sénateur SMITH. Vous attendiez-vous à ce qu’il fasse plutôt mieux ?
Mr. PITMAN. Nous pensions qu’il lui était assez possible d’atteindre 24.
Sénateur SMITH. Étiez-vous en train d’essayer d’atteindre 24 nœuds ?
Mr. PITMAN. Non ; il nous fallait étudier le charbon. Nous n’avions pas le charbon pour le faire.
Sénateur SMITH. Vous n’aviez pas le charbon ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Savez-vous combien de chaudières fonctionnaient à ce moment ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Si je vous comprends bien, vous n’avez pas fait d’observations particulières pour des icebergs ?
Mr. PITMAN. Je n’en ai pas fait, monsieur ; non, monsieur.
Sénateur SMITH. Ce sont à des observations stellaires que vous avez fait allusion ?
Mr. PITMAN. Oui ; pour déterminer la position du navire.
Sénateur SMITH. Et avez-vous personnellement porté votre attention sur la question des icebergs ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Je crois que vous avez dit que Mr. Murdock y avait accordé une certaine attention ?
Mr. PITMAN. Non ; j’ai compris que Mr. Lightoller l’avait prévenu.
Sénateur SMITH. Cela vous l’avez compris depuis l’accident ?
Mr. PITMAN. Oh, non. Nous l’avions mentionné avant. Nous parlions de ça entre nous.
Sénateur SMITH. Quand ? Dimanche ?
Mr. PITMAN. Dimanche. Cela peut avoir été vers 20 heures. Je ne me souviens plus de l’heure.
Sénateur SMITH. 20 heures le dimanche ?
Mr. PITMAN. Cela se pourrait. Je ne parviens pas à m’en souvenir exactement.
Sénateur SMITH. Mais êtes-vous certain que vous en avez parlé avec vos collègues officiers ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous n’en avez-pas parlé avec le capitaine ?
Mr. PITMAN. Oh, non, monsieur.
Sénateur SMITH. Pendant cette discussion dont vous parlez, qu’est-ce qui a été dit et par qui, si vous pouvez vous en souvenir ?
Mr. PITMAN. Nous avons juste remarqué que nous devrions être à proximité de glace pendant le quart de Mr. Murdock.
Sénateur SMITH. Et le quart de Mr. Murdock a commencé à 22 heures ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et vous attendiez de la glace à cette heure ?
Mr. PITMAN. Eh bien, nous pourrions en voir.
Sénateur SMITH. Vous pourriez en voir à cette heure ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Étiez-vous tous d’accord là-dessus ?
Mr. PITMAN. Je n’avais rien à dire sur la question. Je n’étais pas concerné par ça.
Sénateur SMITH. Qui était présent pendant cette conversation ? S’est-elle produite au dîner, ou quand s’est-elle produite ?
Mr. PITMAN. Oh, je ne peux pas m’en souvenir maintenant, monsieur, de quand elle s’est produite, et je n’ai plus la moindre idée de qui était là.
Sénateur SMITH. Mais, pour autant que vous soyez concerné, la question s’est arrêtée là ?
Mr. PITMAN. Oui. J’ai juste entendu passer la remarque ; c’est tout.
Sénateur SMITH. Dites-moi, si vous pouvez, sur quelles bases vous fondez votre rapport d’une vitesse de 21 nœuds ½ ?
Mr. PITMAN. À partir du journal et des révolutions.
Sénateur SMITH. Combien de révolutions le navire faisait-il à ce moment ?
Mr. PITMAN. Je crois environ 75.
Sénateur SMITH. Et 75 indiqueraient que le navire allait à environ 21 nœuds ½ ?
Mr. PITMAN. Approximativement, oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Savez-vous s’il est allé plus vite que ça pendant ce voyage ?
Mr. PITMAN. Non ; je ne pense pas. Il n’a jamais dépassé les 76 révolutions à aucun moment du voyage.
Sénateur SMITH. N’avez-vous pas entendu un des officiers dire qu’il avait atteint 80 révolutions par minute ?
Mr. PITMAN. Non il n’a jamais atteint 80 révolutions.
Sénateur SMITH. Je peux me tromper à ce sujet, mais dans mon souvenir c’est soit Mr. –
Mr. Kirlin. C’était un passager, monsieur.
Mr. BURLINGHAM. C’était Mr. Toppin, un passager.
Sénateur SMITH. Filiez-vous tout droit sur une trajectoire droite quand vous avez fait ces observations ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur ; exactement.
Sénateur SMITH. Ou aviez-vous une course de vitesse qui vous entraînait dans une trajectoire incurvée ?
Mr. PITMAN. Non ; nous circulions sur la route établie par la compagnie.
Sénateur SMITH. Avez-vous parlé de la question de la vitesse du navire cette nuit-là avec vos collègues officiers, pendant le dîner ou à un autre moment ?
Mr. PITMAN. Nous ne l’avons pas fait, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous entendu quelqu’un d’autre dire à quelle vitesse il allait ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Mais vous faites vos calculs de la manière que vous avez décrite et nous la donnez du mieux que vous pouvez juger ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur ; 21 nœuds ½ et 75 révolutions ; 75 ou 76 révolutions.
Sénateur SMITH. Après avoir fait ces observations, qu’avez-vous fait ? Il était alors 20 heures moins 20.
Mr. PITMAN. Après cela j’ai commencé à faire des calculs à partir de ces observations.
Sénateur SMITH. Où ?
Mr. PITMAN. Dans la salle des cartes ; dans la pièce des cartes.
Sénateur SMITH. Qui y est allé avec vous ?
Mr. PITMAN. J’y ai été seul jusqu’à 20 heures.
Sénateur SMITH. Et vous avez travaillé sur ces observations, n’est-ce pas ?
Mr. PITMAN. Je ne les ai pas terminées. Mr. Boxhall a pris la relève et les a terminées.
Sénateur SMITH. Est-ce que lui et vous avez échangé des mots, pour voir si vous étiez d’accord à ce moment et sur la position et la vitesse du navire ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur ; nous ne l’avons pas fait.
Sénateur Smith. Lui avez-vous dit quoi que ce soit quand vous l’avez quitté ?
Mr. PITMAN. Oui ; je lui ai simplement dit « Voici une série d’observations pour toi, mon vieux. Vas-y. »
Sénateur SMITH. Et vous êtes parti.
Mr. PITMAN. Et je suis parti ; oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et, si je comprends bien, vous vous êtes retiré dans votre couchette ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et quand êtes-vous ensuite reparu hors de votre couchette ?
Mr. PITMAN. Vers minuit moins 10, ou minuit moins le quart, monsieur.
Sénateur SMITH. Quelle raison vous a fait lever à cette heure ?
Mr. PITMAN. Eh bien, la collision m’a réveillé.
Sénateur SMITH. Y a-t-il eu un impact spécial pour vous réveiller ?
Mr. PITMAN. Non ; il y a eu un bruit qui m’a paru être comme si le navire jetait l’ancre – la chaîne courant contre le treuil.
Sénateur SMITH. Est-ce que l’impact a ébranlé le navire ?
Mr. PITMAN. Non ; elle a juste suscité une petite vibration. J’étais à moitié réveillé et à moitié endormi. Elle ne m’a pas totalement réveillé.
Sénateur SMITH. Vous êtes-vous levé ?
Mr. PITMAN. Oui, après un peu de réflexion, en me demandant où nous jetions l’ancre.
Sénateur SMITH. Vous êtes resté au lit un moment après l’impact ?
Mr. PITMAN. Oh, oui.
Sénateur SMITH. Combien de temps ?
Mr. PITMAN. Peut-être trois ou quatre minutes.
Sénateur SMITH. Ensuite vous vous êtes levé et habillé ?
Mr. PITMAN. Non ; je me suis levé et ai marché sur le pont sans m’habiller.
Sénateur SMITH. Jusqu’où sur le pont ?
Mr. PITMAN. Je suis juste sorti de nos quartiers, ai jeté un œil aux alentours, et n’ai pu voir personne.
Sénateur SMITH. Où étaient vos quartiers ; sur quel pont ?
Mr. PITMAN. Sur le pont des embarcations, près de la passerelle.
Sénateur SMITH. Près de la passerelle ?
Mr. PITMAN. Près de la passerelle.
Sénateur SMITH. À l’avant ?
Mr. PITMAN. À l’avant, oui.
Sénateur SMITH. Jusqu’où avez-vous marché ?
Mr. PITMAN. Juste devant la porte, je dirais trois ou quatre pas sur le pont.
Sénateur SMITH. Qu’avez-vous fait quand vous êtes sorti là ; regardé autour ?
Mr. PITMAN. Oui. Je peux vous décrire ce que j’ai fait.
Sénateur SMITH. Faites, je vous prie.
Mr. PITMAN. J’ai jeté un œil aux alentours, et je ne pouvais rien voir, ni entendre un bruit, donc je suis retourné dans ma cabine et me suis assis et ai allumé ma pipe. J’ai pensé que rien ne s’était vraiment passé, que peut-être que ça avait été un rêve ou quelque chose comme ça. Quelques minutes après j’ai pensé que je ferais mieux de commencer à m’habiller, car mon quart approchait, donc j’ai commencé à m’habiller, et quand j’étais en partie habillé Mr. Boxhall est entré et m’a dit que la salle du courrier – il y avait de l’eau dans la salle du courrier. J’ai demandé « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Il a dit : « Nous avons heurté un iceberg ». Donc j’ai mis un manteau et suis allé sur le pont, et ai vu les hommes en train de découvrir les canots et de les préparer. J’ai marché vers l’extrémité arrière du pont des embarcations, et ai rencontré Mr. Moody, le sixième officier. Je lui ai demandé s’il avait vu l’iceberg. Il m’a dit que non ; mais il a dit « Il y a de la glace sur le pont du coffre avant ». Donc, pour satisfaire ma curiosité, j’y suis descendu moi-même.
Sénateur SMITH. Jusqu’où êtes-vous descendu ?
Mr. PITMAN. Sur le pont du coffre. Donc j’y ai vu un peu de glace. Je suis allé plus loin, au pont avant, pour voir s’il y avait des dégâts là-bas. Je n’ai pas pu en voir du tout. À mon retour, en émergeant de sous le pont avant, j’ai vu une foule de chauffeurs sortant avec leurs sacs, des sacs de vêtements. J’ai dit « Quel est le problème ? » Ils ont dit « L’eau rentre chez nous ». J’ai dit « C’est drôle. » J’ai regardé par l’écoutille numéro 1, ensuite, et ai vu de l’eau déborder de l’ouverture. Ensuite je suis immédiatement remonté sur le pont des embarcations et ai aidé à découvrir les canots et à les préparer pour les basculer à l’extérieur. Je suis resté près du canot n°5. Ils ne permettaient pas aux marins d’aller chercher quoi que ce soit, comme ils pensaient qu’on les récupérerait le matin. Pendant que je préparais ce canot un homme m’a dit, habillé dans une robe de chambre avec des pantoufles, il m’a dit très calmement : « Il n’y a pas de temps à perdre ». J’ai pensé qu’il ne savait rien du tout à ce propos. Donc nous avons continué notre travail de la manière habituelle.
Sénateur SMITH. Savez-vous qui c’était ?
Mr. PITMAN. Je ne le savais pas à ce moment.
Sénateur SMITH. Le savez-vous à présent ?
Mr. PITMAN. Je le sais maintenant.
Sénateur SMITH. Qui était-ce ?
Mr. PITMAN. Mr. Ismay. Je ne savais pas qui c’était à l’époque ; je n’avais jamais vu cet homme dans ma vie jusque-là. Donc j’ai continué à faire découvrir ce canot et à le basculer. Cela m’a frappé à ce moment comme le canot est sorti facilement, la grande amélioration que constituaient les bossoirs modernes par rapport aux anciens. J’avais environ cinq ou six hommes ici, et le canot a été sorti en environ deux minutes.
Sénateur SMITH. Vous parlez à présent du canot n°5 ?
Mr. PITMAN. Le canot n°5.
Sénateur SMITH. Le canot à votre poste ?
Mr. PITMAN. À mon poste ; oui. Le canot a été sorti en deux ou trois minutes. J’ai pensé à quel point c’était une sacrément belle idée, car avec les bossoirs à l’ancienne il aurait fallu environ une douzaine d’hommes pour le hisser, une douzaine d’hommes à chaque bout. Je l’ai fait passer par-dessus bord sans souci, et l’ai abaissé à niveau avec le bastingage.
Sénateur SMITH. Vous l’avez abaissé à niveau avec le bastingage du pont des embarcations ?
Mr. PITMAN. Du pont des embarcations ; oui. Ensuite cet homme en robe de chambre a dit que nous ferions mieux de le charger avec des femmes et des enfants. Donc j’ai dit « J’attends les ordres du commandant. » à quoi il a répondu « Très bien » ou quelque chose comme ça. J’ai ensuite réalisé que ça devait être Mr. Ismay, à en juger par la description qu’on m’en avait donnée. Donc je suis allé à la passerelle et ai vu le Capitaine Smith, et lui ai dit que je pensais que c’était Mr. Ismay qui voulait que je fasse partir mon canot, avec des femmes et des enfants dedans. Donc il a dit « Allez-y ; continuez ». Je suis reparti et monté dans mon canot. Je me suis tenu dessus et j’ai dit « Venez, mesdames. » Il y avait une grande foule. Mr. Ismay a aidé à les faire monter ; il a aidé par tous les moyens. Nous avons presque rempli le canot, et j’ai crié pour appeler plus de dames.
Sénateur SMITH. Vous avez crié ?
Mr. PITMAN. J’ai crié. Il n’y en avait pas en vue. Donc j’ai permis à quelques hommes de monter dedans. Ensuite j’ai sauté sur le navire à nouveau. Alors Murdock a dit « Tu pars comme responsable de ce canot. »
Sénateur SMITH. Murdock vous a dit ça ?
Mr. PITMAN. Oui ; il a dit « Tu pars dans ce canot, mon vieux, et vas vers la coupée arrière. » Je n’aimais pas du tout l’idée de partir, car je pensais qu’il valait mieux que je reste sur le navire.
Sénateur SMITH. C’est-à-dire, ces passagers le pensaient ou vous le pensaient ?
Mr. PITMAN. Je le pensais.
Sénateur SMITH. Vous pensiez qu’il valait mieux qu’ils restent sur le navire ?
Mr. PITMAN. Je pensais qu’il valait mieux que j’y reste.
Sénateur SMITH. Qu’il valait mieux que vous restiez sur le navire ?
Mr. PITMAN. Assurément.
Sénateur SMITH. Est-ce que les passagers étaient réticents pour monter dans ce canot ?
Mr. PITMAN. Oh, non ; j’ai rempli mon canot très facilement.
Sénateur SMITH. Combien ? Poursuivez simplement.
Mr. PITMAN. Environ 40.
Sénateur SMITH. Il y en avait environ 40 ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Combien d’hommes et combien de femmes ? Dites-le simplement de votre propre manière.
Mr. PITMAN. Je dirais environ une demi-douzaine d’hommes ici ; il n’y aurait pas eu autant d’hommes, s’il y avait eu des femmes aux alentours, mais il n’y en avait pas. Donc Murdock m’a parlé. Il a dit « Tu pars dans ce canot, et vas du côté de la coupée arrière. » Il m’a serré la main et m’a dit « Au revoir ; bonne chance. » et j’ai dit « Affalez. »
Sénateur SMITH. Murdock l’a fait ?
Mr. PITMAN. Murdock m’a serré la main en adieu, et a dit « Bonne chance à toi. »
Sénateur SMITH. L’avez-vous revu après ça ?
Mr. PITMAN. Jamais. Nous avons ensuite dégagé le canot et avons ramé à une distance sûre à l’écart du navire. Ce n’est qu’après une heure que j’ai réalisé qu’il allait couler – une heure après qu’on a été dans l’eau. Je pensais plutôt que nous retournerions sur le navire, peut-être au lever du soleil. Mon idée était que si le vent se levait nous dériverions loin du navire et ce serait un sacré travail d’y retourner.
Sénateur SMITH. Ce canot était le premier affalé ?
Mr. PITMAN. Oh, non, c’était le deuxième ; le deuxième à tribord.
Sénateur SMITH. Et avez-vous vu le premier être affalé ?
Mr. PITMAN. Oui ; c’était le canot à côté du mien.
Sénateur SMITH. Vous l’avez-vu affaler ?
Mr. PITMAN. Je l’ai vu affaler, oui.
Sénateur SMITH. Était-il rempli depuis le pont des embarcations ?
Mr. PITMAN. Tous les canots, pour ce que j’en sais, ont été remplis depuis le pont des embarcations.
Sénateur SMITH. Est-ce l’habitude ?
Mr. PITMAN. Eh bien, pour en embarquer un certain nombre, oui.
Sénateur SMITH. Est-ce que cela ne donne pas aux passagers du pont des embarcations un avantage net pour échapper au danger ?
Mr. PITMAN. J’avais quelques passagers du salon, de deuxième classe.
Sénateur SMITH. Qu’est-ce que c’est ?
Mr. PITMAN. Je ne crois pas que ça joue.
Sénateur SMITH. Je voulais juste votre avis. Qui étaient les hommes dans le canot n°5, à part vous ?
Mr. PITMAN. Que voulez-vous dire ; de l’équipage ?
Sénateur SMITH. Oui ; des hommes, qui qu’ils soient ; équipage ou passagers.
Mr. PITMAN. Cinq de l’équipage, et il devait y avoir cinq ou six passagers – passagers hommes.
Sénateur SMITH. Et le reste étaient –
Mr. PITMAN. Des femmes et des enfants.
Sénateur SMITH. Connaissiez-vous certains de ces gens ?
Mr. PITMAN. Je les connais de nom, désormais ; je ne les connaissais pas avant.
Sénateur SMITH. Avez-vous les noms des membres de l’équipage qui étaient dans ce canot ?
Mr. PITMAN. Je les ai quelque part, mais je ne peux pas me les rappeler pour l’instant.
Sénateur SMITH. Avez-vous entendu le témoignage du deuxième officier concernant le remplissage des canots de bâbord ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur ; je n’ai rien entendu de son témoignage.
Sénateur SMITH. Aviez-vous une responsabilité concernant le nombre de personnes qui étaient placées dans ce canot ?
Mr. PITMAN. Eh bien, pas à la fin, non, car Mr. Murdock était là et il était l’officier senior. C’était à lui de décider.
Sénateur SMITH. Mr. Lightoller, qui avait la responsabilité du chargement des canots à bâbord, a dit qu’il plaçait seulement deux membres d’équipage dans les canots qu’il chargeait. Comment se fait-il que vous ayez eu autant de membres d’équipage ?
Mr. PITMAN. Je pensais que je n’en avais que quatre à ce moment.
Sénateur SMITH. Vous pensiez que vous en aviez quatre ?
Mr. PITMAN. Quatre.
Sénateur SMITH. Mais vous avez découvert que vous en aviez plus que ça ?
Mr. PITMAN. Je n’ai pas découvert que j’en avais cinq jusqu’à un moment sur le Carpathia, pendant le voyage sur le Carpathia.
Sénateur SMITH. Il y en avait cinq en vous comptant ?
Mr. PITMAN. Non ; six.
Sénateur SMITH. Six avec vous-même. Donc, c’est un fait, il y avait six membres de l’équipage, officiers et équipage, dans le canot n°5 ?
Mr. PITMAN. Dans le canot n°5, oui.
Sénateur SMITH. Pouvez-vous nous donner les noms des six ?
Mr. PITMAN. Je ne peux pas maintenant, monsieur. Je peux vous les obtenir.
Sénateur SMITH. Ont-ils tous survécu jusqu’à ce qu’ils aient atteint le Carpathia ?
Mr. PITMAN. Oh, oui, monsieur.
Sénateur FLETCHER. Qu’il nous les donne du mieux qu’il peut ; qu’il les décrive.
Mr. PITMAN. Je ne peux pas donner les noms.
Sénateur FLETCHER. Officiers ou marins ou quoi ? Pouvez-vous donner leurs noms ?
Mr. PITMAN. Il y avait un marin, deux chauffeurs, deux stewards, et moi-même. Non, je n’ai pas leurs noms.
Sénateur SMITH. En plus d’eux vous aviez environ 30 passagers ?
Mr. PITMAN. J’avais environ 40 passagers.
Sénateur SMITH. En plus de l’équipage ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. C’était un grand canot, n’est-ce pas ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Est-ce que ce canot était pourvu en nourriture ?
Mr. PITMAN. Oui ; il y avait des biscuits et de l’eau à bord.
Sénateur SMITH. Avez-vous eu l’occasion de vous en servir ?
Mr. PITMAN. Non.
Sénateur SMITH. Comment savez-vous qu’il y en avait ; les avez-vous vus ?
Mr. PITMAN. On les y a mis à Southampton ; et nous avons aussi vérifié tous les canots sur le Carpathia.
Sénateur SMITH. Avez-vous découvert que c’était le cas ?
Mr. PITMAN. Qu’ils étaient pleins. Les canots avaient du pain et de l’eau.
Sénateur SMITH. Aviez-vous des lumières sur le canot n°5 ?
Mr. PITMAN. Je n’avais pas de lampe dans mon canot ; non.
Sénateur SMITH. Savez-vous si un des canots avait de la lumière à bord ?
Mr. PITMAN. Oui il y en avait plusieurs qui en avaient.
Sénateur SMITH. Mais tous n’avaient pas de lumières ?
Mr. PITMAN. Non.
Sénateur SMITH. Est-ce que les réglementations du Board of Trade britannique prescrivent des lumières ?
Mr. PITMAN. Oui ; monsieur.
Sénateur SMITH. Vous dites que vous êtes monté dans le canot et qu’il a été affalé et qu’on vous a dit d’y aller ?
Mr. PITMAN. D’aller à la coupée arrière.
Sénateur SMITH. L’avez-vous fait ?
Mr. PITMAN. Je l’ai fait autant que possible. Je suis resté à une distance sûre du navire, si quelque chose s’était passé.
Sénateur SMITH. Vous êtes resté assez éloigné pour que si quelque chose était survenu vous n’auriez pas été impliqué ? C’est l’idée ?
Mr. PITMAN. Exactement.
Sénateur SMITH. À quoi vous attendiez-vous ?
Mr. PITMAN. Je pensais qu’il avait toujours environ trois des compartiments et resterait encore à flot.
Sénateur SMITH. Et s’il ne flottait pas et coulait, vous attendiez-vous à une succion qui aurait emporté les canots ?
Mr. PITMAN. Eh bien, oui ; je pensais que nous pourrions être pris dans un beau remous.
Sénateur SMITH. Et vous cherchiez à l’éviter ?
Mr. PITMAN. Je cherchais à l’éviter ; oui.
Sénateur SMITH. Est-ce que des personnes, hommes, femmes ou enfants, ont tenté de monter dans votre canot depuis l’eau ?
Mr. PITMAN. Non.
Sénateur SMITH. Est-ce que quelqu’un a tenté d’en sortir ?
Mr. PITMAN. Aucun, monsieur ; et je n’ai eu aucun problème avec mon canot. Les femmes se sont toutes comportées admirablement.
Sénateur SMITH. Est-ce qu’une des femmes a manié les avirons, ou utilisé le gouvernail ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur ; même si elles le voulaient.
Sénateur SMITH. Ramer ?
Mr. PITMAN. Oui ; pour rester au chaud.
Sénateur SMITH. Il faisait très froid ce matin-là ?
Mr. PITMAN. Il faisait frais ; oui.
Sénateur SMITH. Pas de météo agitée ?
Mr. PITMAN. Oh, non.
Sénateur SMITH. Quelle température faisait-il ?
Mr. PITMAN. Ce devait être 40, 35 à 40 [en Fahrenheit, soit entre 1 et 4° C NdT].
Sénateur SMITH. Êtes-vous retourné au côté du Titanic ?
Mr. PITMAN. Non ; nous ne l’avons pas fait.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu le Titanic sombrer ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Décrivez, si vous pouvez, comment il a coulé ?
Mr. PITMAN. À en juger par ce que je pouvais voir à distance, il a progressivement disparu jusqu’à ce que le pont avant soit submergé jusqu’à la passerelle. Ensuite il a plongé d’un coup et coulé perpendiculairement.
Sénateur SMITH. À à peu près quel angle ?
Mr. PITMAN. Il a coulé droit.
Sénateur SMITH. Droit vers le bas ?
Mr. PITMAN. Absolument. C’est la dernière fois que je l’ai vu.
Sénateur SMITH. Semblait-il être cassé en deux ?
Mr. PITMAN. Oh, non.
Sénateur SMITH. Où était-il entièrement intact ? Avez-vous entendu des explosions ?
Mr. PITMAN. Oui ; quatre détonations.
Sénateur SMITH. Quel genre de détonations ?
Mr. PITMAN. On aurait plutôt dit le son d’un gros canon à distance.
Sénateur SMITH. Qu’avez-vous supposé que c’était ?
Mr. PITMAN. J’ai supposé que c’était les cloisons qui lâchaient, pour ma part.
Sénateur SMITH. Avez-vous entendu quoi que ce soit qui ressemble à une explosion de chaudières ?
Mr. PITMAN. Oui ; j’ai entendu beaucoup de gens dire ça ; mais j’ai des doutes à ce propos. Je ne vois pas pourquoi les chaudières exploseraient car il n’y avait pas de vapeur dedans. Elles devaient s’être arrêtées environ deux heures et demies plus tôt. Les feux n’avaient pas été alimentés, donc il n’y avait que très peu de vapeur.
Sénateur SMITH. Devons-nous comprendre que vous ne croyez pas que les chaudières ont explosé ?
Mr. PITMAN. Je ne le crois pas.
Sénateur SMITH. Et de la distance où vous étiez par rapport au navire, vous l’auriez su si c’était survenu ?
Mr. PITMAN. Je le pense.
Sénateur SMITH. Alors que le navire coulait, qu’avez-vous observé sur le pont arrière ou les ponts ?
Mr. PITMAN. Je ne pouvais pas voir ça, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous ne pouviez pas voir les gens ?
Mr. PITMAN. Oh, non.
Sénateur SMITH. De ce que vous avez vu des gens à bord de ce navire quand vous êtes parti et une fois que vous avez été dans l’eau, et quand vous avez fait le tour près de la poupe du navire, étaient-ils équipés de gilets de sauvetage ?
Mr. PITMAN. Tous ceux que j’ai vus avant de partir du navire portaient un gilet de sauvetage.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu quiconque sans gilet de sauvetage ?
Mr. PITMAN. Il a pu y avoir un membre de l’équipage isolé qui n’en avait pas.
Sénateur SMITH. Mais c’était quelque chose de rare ?
Mr. PITMAN. Oui. Je n’en avais pas moi-même ; je n’en voulais pas.
Sénateur SMITH. Combien de temps avant qu’il sombre y a-t-il eu les explosions ou bruits ?
Mr. PITMAN. Pas avant qu’il soit submergé.
Sénateur SMITH. Pas avant qu’il ne soit entièrement submergé ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. La partie arrière du navire tout autant que sa partie avant ?
Mr. PITMAN. Oui ; son intégralité.
Sénateur SMITH. Il était passé sous l’eau avant que ces explosions ne soient entendues ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et vous êtes plutôt certain que les explosions que vous avez entendues venaient du navire ?
Mr. PITMAN. Oh, oui ; parfaitement certain.
Sénateur SMITH. Quand avez-vous vu le capitaine pour la dernière fois ?
Mr. PITMAN. Quand je suis allé sur la passerelle et lui ai demandé si je devais remplir le canot n°5 de femmes et le faire partir.
Sénateur SMITH. Que-vous a-t-il dit ?
Mr. PITMAN. « Allez-y » ou des mots dans le même but.
Sénateur SMITH. L’avez-vous revu depuis ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Était-il visible quand le bateau a coulé ?
Mr. PITMAN. Je n’étais pas là jusqu’au bout, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous étiez incapable de le voir de votre point de vue ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Quand vous avez serré la main de Murdock et lui avez dit au revoir, vous attendiez-vous à le revoir un jour ?
Mr. PITMAN. Certainement ; oui.
Sénateur SMITH. Pensez-vous, à sa façon d’être, qu’il s’attendait à vous revoir ?
Mr. PITMAN. Apparemment pas. Je m’attendais à retourner sur le navire, peut-être deux ou trois heures après ça.
Sénateur SMITH. Mais lui, au vu de son attitude, ne s’y attendait pas ?
Mr. PITMAN. Apparemment pas.
Sénateur SMITH. Avez-vous pris congé d’un autre des officiers de la même manière ?
Mr. PITMAN. Non. Je ne l’ai pas fait, monsieur.
Sénateur SMITH. Quand vous étiez entre le flanc du Titanic et le Carpathia, avez-vous vu des gens dans l’eau – homme, femmes ou enfants ?
Mr. PITMAN. Aucun, monsieur.
Sénateur SMITH. Quand vous avez fait le tour de la partie arrière du navire ?
Mr. PITMAN. Arrière ? Je n’ai pas fait le tour de la poupe.
Sénateur SMITH. Vous n’êtes pas allé là à l’arrière ?
Mr. PITMAN. Non.
Sénateur SMITH. Dans quel but Murdock vous a-t-il dit d’aller à l’arrière ? Vous le savez ?
Mr. PITMAN. Juste pour être à disposition, je suppose.
Sénateur SMITH. À disposition pour récupération ?
Mr. PITMAN. Pour une nouvelle récupération ; pour récupérer le canot.
Sénateur SMITH. Et vous n’avez pas vu des gens dans l’eau ?
Mr. PITMAN. Aucun, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous entendu des cris de détresse ?
Mr. PITMAN. Oh, oui.
Sénateur SMITH. Qu’était-ce, des appels à l’aide ?
Mr. PITMAN. Des pleurs, des cris, des lamentations.
Sénateur SMITH. Depuis le navire ou depuis l’eau ?
Mr. PITMAN. Depuis l’eau, après que le navire a disparu ; pas de bruits avant.
Sénateur SMITH. Il n’y avait pas de bruits venant de l’équipage du navire, ou des officiers, ou des passagers, juste avant le naufrage ?
Mr. PITMAN. Aucun.
Sénateur SMITH. Immédiatement après le naufrage du navire vous avez entendu des cris de détresse ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. Mais, si je vous comprends bien, vous n’étiez pas à proximité de ceux qui poussaient ces cris ?
Mr. PITMAN. Je devais être à trois ou quatre-cents yards de là ; quatre ou cinq-cents yards de là.
Sénateur SMITH. Avez-vous tenté de vous approcher d’eux ?
Mr. PITMAN. Dès qu’il a disparu, j’ai dit : « Maintenant, les hommes, nous allons ramer vers l’épave ». Tout le monde dans le canot a dit que c’était une idée folle, car nous ferions bien mieux de sauver le peu que nous étions dans le canot plutôt que de revenir sur le lieu du naufrage et d’être engloutis par les foules qui s’y trouvaient.
Sénateur SMITH. Dans les faits ne savez-vous pas que votre canot aurait pu contenir 20 ou 25 personnes de plus ?
Mr. PITMAN. Mon canot aurait pu en contenir un peu plus, oui ; certainement.
Sénateur SMITH. Selon le témoignage de vos collègues officiers –
Mr. PITMAN. Mon canot aurait pu en contenir plus.
Sénateur SMITH. (continuant). Votre canot aurait pu contenir environ 60 ou 65 personnes.
Mr. PITMAN. Environ 60.
Sénateur SMITH. Parlez-nous de vos compagnons passagers sur ce canot. Vous dites qu’ils vous ont découragé de retourner ou d’aller dans la direction de ces cris ?
Mr. PITMAN. Ils l’ont fait. J’ai dit aux hommes de saisir leurs avirons, et de ramer vers le naufrage – le lieu du naufrage.
Sénateur SMITH. Oui.
Mr. PITMAN. J’ai dit « Nous devrions pouvoir en prendre quelques-uns de plus. »
Sénateur SMITH. Qui s’est opposé à ça ?
Mr. PITMAN. Toute la foule dans le canot. Un grand nombre d’entre eux l’ont fait.
Sénateur Smith. Les femmes ?
Mr. PITMAN. Je ne pouvais différencier si c’était des femmes ou des hommes. Ils ont dit que c’était une idée plutôt folle.
Sénateur SMITH. Je vous demande si une femme dans votre canot vous a demandé de retourner dans la direction d’où venaient les cris ?
Mr. PITMAN. Pas une.
Sénateur SMITH. Vous dites qu’aucune passagère de votre canot ne vous a pressé d’y retourner ?
Mr. PITMAN. Aucune.
Mr. BURLINGHAM. Cela aurait fait chavirer le canot, sénateur.
Sénateur SMITH. Pardonnez-moi, je ne suis pas en train de tirer d’injustes conclusions de tout ça. Un des officiers nous a dit qu’une femme de son canot l’avait pressé de retourner au flanc du navire. Je veux être tout à fait certain que cet officier n’a entendu aucune femme demandant la même chose. [Au témoin] Qui s’y est opposé, donc, dont vous vous souvenez spécifiquement ?
Mr. PITMAN. Je ne pourrais en nommer un en particulier.
Sénateur SMITH. Les hommes aux avirons ?
Mr. PITMAN. Non. Ils ne l’ont pas fait ; non. Ils ont commencé à obéir à mes ordres.
Sénateur SMITH. Vous étiez aux commandes. Ils devaient obéir à vos ordres ?
Mr. PITMAN. Et ils l’ont fait.
Sénateur SMITH. Ils ne l’ont pas fait, si vous leur avez dit de ramer vers le navire.
Mr. PITMAN. Ils ont commencé à ramer vers le navire, et les passagers dans mon canot ont dit que c’était une idée folle de ma part de ramer vers le navire, car si nous le faisions, nous serions engloutis avec la foule qui était dans l’eau, et ça ajouterait quarante autres à la liste des noyés, et j’ai décidé de ne pas revenir.
Sénateur SMITH. Officier, vous avez réellement détourné le canot n°5 pour aller dans la direction dont venaient les cris ?
Mr. PITMAN. Je l’ai fait.
Sénateur SMITH. Et vous avez été dissuadé de cette idée par votre équipage –
Mr. PITMAN. Non, pas l’équipage ; les passagers.
Sénateur SMITH. Un moment ; par votre équipage et par les passagers dans votre canot ?
Mr. PITMAN. Certainement.
Sénateur SMITH. Ensuite vous avez retourné le canot en direction de la mer ?
Mr. PITMAN. Non ; nous avons simplement rentré les avirons et sommes restés immobiles.
Sénateur SMITH. Vous voulez dire que vous avez dérivé ?
Mr. PITMAN. On a pu bouger un peu.
Sénateur SMITH. Dérivé sur vos avirons ?
Mr. PITMAN. On a pu un peu dériver. Nous restions simplement là sans rien faire.
Sénateur SMITH. Combien de ces cris y avait-il ? Était-ce un chœur, ou était-ce –
Mr. PITMAN. J’aurais préféré que vous ne parliez pas de ça.
Sénateur SMITH. Je voudrais savoir comment cela vous a fait impression.
Mr. PITMAN. Eh bien, je ne peux pas vraiment le décrire. Je préférerais que vous n’en parliez pas.
Sénateur SMITH. Je réalise que ce n’est pas un sujet plaisant, et malgré tout je voudrais savoir si ces cris étaient généraux et en chœur, ou isolés et occasionnels ?
Mr. PITMAN. Il y a eu une lamentation continue pendant environ une heure.
Sénateur SMITH. Et vous êtes resté à proximité de cette scène pendant environ une heure ?
Mr. PITMAN. Oh, oui ; nous étions dans le voisinage du naufrage tout ce temps.
Sénateur SMITH. Et avez dérivé ou avez reposé les avirons tout ce temps ?
Mr. PITMAN. Nous avons dérivé vers l’aube, car une petite brise s’est levée.
Sénateur SMITH. Est-ce que cette souffrance ou ces cris de détresse se sont éteints ?
Mr. PITMAN. Oui ; ils se sont éteints progressivement.
Sénateur SMITH. Ont-ils continué pendant le plus gros de cette heure ?
Mr. PITMAN. Oh, oui ; je pense. Cela peut avoir été plus court. Bien entendu je n’ai pas vérifié toutes les cinq minutes –
Sénateur SMITH. Je comprends ça, et je ne suis pas en train de vous questionner à propos de cinq minutes. C’est tout ce que vous voulez dire ?
Mr. PITMAN. Je préférerais que vous ayez laissé ça de côté de façon générale.
Sénateur SMITH. Je le sais ; mais je dois savoir quels efforts vous avez fait pour sauver les vies des passagers et membres d’équipage sous votre responsabilité. Si ce sont tous les efforts que vous avez fait, dites-le –
Mr. PITMAN. C’est tout, monsieur.
Sénateur SMITH. (continuant). Et j’arrêterai cette partie de l’examen.
Mr. PITMAN. C’est tout, monsieur ; ce sont tous les efforts que j’ai faits.
Sénateur SMITH. Vous avez parlé de chauffeurs montant sur le pont supérieur avec leurs affaires ou quelques choses dans leurs mains, disant que la salle du courrier se remplissait d’eau.
Mr. PITMAN. Non ; non. Le quatrième officier m’a dit que la salle du courrier se remplissait d’eau. C’était avant de voir les chauffeurs monter.
Sénateur SMITH. Ces chauffeurs sont montés de la salle des chaudières ?
Mr. PITMAN. Oh, non ; de leurs quartiers.
Sénateur SMITH. Donc ils n’étaient pas en service ?
Mr. PITMAN. Non ; ces hommes ne l’étaient pas.
Sénateur SMITH. C’étaient des hommes qui étaient hors de leur service à ce moment ?
Mr. PITMAN. Exactement.
Sénateur SMITH. Sont-ils montés jusqu’au pont des embarcations ?
Mr. PITMAN. Non ; ils sont montés depuis sous le pont avant.
Sénateur SMITH. Combien y en avait-il ?
Mr. PITMAN. Je ne pourrais le dire précisément ; ils montaient en permanence, chaque homme portant son paquetage.
Sénateur SMITH. Vous avez dit que vous avez entendu des bruits comme des explosions. Je voudrais savoir si vous avez entendu des détonations [le mot utilisé, « reports », peut aussi désigner un « rapport », un « récit », ce qui peut prêter à confusion ici. NdT] qui indiquaient l’effondrement d’une des cloisons ?
Mr. PITMAN. Oui ; quatre détonations.
Sénateur SMITH. Je pense que vous avez dit que les détonations indiquaient ça ?
Mr. PITMAN. Il y a eu quatre détonations que j’ai entendus qui se rapportaient à des cloisons cédant.
Sénateur SMITH. Savez-vous si un échec dans le fonctionnement des portes étanches avait quelque chose à voir avec le fait que le navire se soit rempli si rapidement ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur ; les portes étanches ont marché comme il fallait.
Sénateur SMITH. Comment le savez-vous ?
Mr. PITMAN. Parce que je les ai vues marcher. Je les ai vues marcher à Belfast.
Sénateur SMITH. Avant le départ ?
Mr. PITMAN. Avant le départ.
Sénateur SMITH. Pendant les essais ?
Mr. PITMAN. Avant qu’on parte pour les essais.
Sénateur SMITH. Je veux que mes associés sachent où se trouve le levier, si un levier est utilisé, ou où se trouve le dispositif électrique qui ferme ces compartiments étanches ? D’où opère-t-on cela ; quel pont ; quelle partie du bateau ?
Mr. PITMAN. Les portes étanches sont opérées depuis la passerelle par un levier proche de la barre.
Sénateur SMITH. Par qui ?
Mr. PITMAN. Par un levier proche de la barre.
Sénateur SMITH. J’ai compris, mais par qui ?
Mr. PITMAN. Opéré par l’officier de quart.
Sénateur SMITH. L’officier de quart ?
Mr. PITMAN. Exactement.
Sénateur SMITH. Donc si vous étiez officier de quart quand la collision est survenue, ce serait votre devoir de fermer ces portes ?
Mr. PITMAN. Immédiatement.
Sénateur SMITH. Je crois que j’ai compris que vous avez dit que Mr. Murdock a fermé ces portes, ou était-ce Mr. Boxhall ?
Mr. PITMAN. Mr. Boxhall l’a dit, car il l’a vu.
Sénateur SMITH. Vous ne le savez pas vous-même ?
Mr. PITMAN. Non.
Sénateur SMITH. Vous dites que vous avez vu ces portes fonctionner à Belfast ?
Mr. PITMAN. À Belfast.
Sénateur SMITH. Les avez-vous vues fonctionner après ça ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Combien y avait-il de ces portes ?
Mr. PITMAN. Je ne pourrais le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. Environ combien ?
Mr. PITMAN. Bien entendu, elles ne sont pas toutes opérées par l’électricité. Ce sont seulement celles au fond du navire qui sont opérées depuis la passerelle.
Sénateur SMITH. Celles au fond du navire sont opérées par depuis la passerelle ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Comment les autres sont-elles ouvertes ou fermées ?
Mr. PITMAN. À la main.
Sénateur SMITH. Avec un verrou et une clé, et une clé de serrage ?
Mr. PITMAN. Avec une manivelle et une tige.
Sénateur SMITH. Et elles sont fermées avec une clé ?
Mr. PITMAN. Personne ne pouvait les déverrouiller sans une clé ou une tige – une clé en laiton.
Sénateur SMITH. Je comprends ; mais je voudrais savoir si elles étaient fermées avec une clé, ou s’il fallait une clé de serrage pour les tourner ou les déverrouiller ?
Mr. PITMAN. Elles nécessitent une grosse clé – une manivelle.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu une grosse clé de serrage ou clé sur ces portes de compartiments étanches ?
Mr. PITMAN. Elles étaient gardées dans un casier à proximité.
Sénateur SMITH. Les avez-vous vues ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Où ça ?
Mr. PITMAN. Dans les installations des passagers, monsieur.
Sénateur SMITH. À Belfast ?
Mr. PITMAN. À Belfast. Elles étaient dans les installations des passagers en mer.
Sénateur SMITH. Vous aviez plutôt satisfaction qu’elles soient là ?
Mr. PITMAN. Tout à fait, monsieur. C’était notre tâche de nous assurer que tout le matériel soit là.
Sénateur SMITH. Mais vous n’avez pas vérifié que vos lampes étaient dans vos canots ?
Mr. PITMAN. Mais nous avions les lampes.
Sénateur SMITH. Mais elles n’étaient pas dans les canots, ou toutes ne l’étaient pas, si je vous comprends bien. Mais ces clés et manivelles des compartiments étanches étaient à leur emplacement prévu ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. Même si vous ne les avez jamais revues après avoir quitté Belfast, vous saviez qu’elles étaient là ?
Mr. PITMAN. Parce qu’elles ne relevaient pas de notre département ; elles sont dans le département des passagers.
Sénateur SMITH. Très bien ; je voulais juste savoir si vous saviez cela par votre propre connaissance. Y a-t-il un moyen pour un officier de quart de savoir si les portes se ferment effectivement quand il active le levier de la passerelle ?
Mr. PITMAN. Non ; je ne crois pas qu’il y en ait.
Sénateur SMITH. Afin de faire un test parfait, il serait nécessaire d’avoir quelqu’un en bas, n’est-ce pas ?
Mr. PITMAN. Je ne peux pas le dire ; je ne suis pas très familier de ces portes étanches. C’est la première fois que j’ai interagi avec elles –
Sénateur SMITH. Avez-vous déjà opéré un levier de porte de compartiment étanche ?
Mr. PITMAN. Depuis la passerelle ?
Sénateur SMITH. Oui.
Mr. PITMAN. Non, monsieur ; jamais.
Sénateur SMITH. Mais il apparaît raisonnable, et votre avis de navigateur est, qu’en opérant le levier depuis la passerelle vous ne pouvez pas dire avec exactitude si les portes se sont fermées en bas ou non ?
Mr. PITMAN. Non. De toute façon, les portes étanches étaient de bien peu d’aide à ce moment.
Sénateur SMITH. Que voulez-vous dire par là ?
Mr. PITMAN. Eh bien, parce que la glace avait arraché le flanc du navire.
Sénateur SMITH. L’impact était de quel côté –
Mr. PITMAN. Le côté tribord.
Sénateur SMITH. Le côté tribord ; et à environ quelle distance de la proue ?
Mr. PITMAN. Je dirais que jusqu’au milieu du navire son fond a été arraché, ou du moins son flanc, au niveau de l’eau.
Sénateur SMITH. Du point où cet iceberg a heurté le navire, ou le navire a heurté l’iceberg, il a arraché le flanc ?
Mr. PITMAN. Eh bien, je dirais la quille de roulis.
Sénateur SMITH. Sur quelle distance ?
Mr. PITMAN. Oh, à la moitié du navire.
Sénateur SMITH. Et cela a rendu les compartiments étanches inutiles ?
Mr. PITMAN. Dans cette partie du navire, oui.
Sénateur SMITH. Quel est votre jugement au sujet de ce qu’il en serait, si cet impact s’était produit de front –
Mr. PITMAN. Il serait encore à flot.
Sénateur SMITH. (continuant). Le bateau aurait survécu ?
Mr. PITMAN. Certainement.
Sénateur SMITH. Donc c’était une erreur de le toucher par le côté, si ça avait pu être évité ?
Mr. PITMAN. C’était assez naturel de tenter de l’éviter.
Sénateur SMITH. Bien entendu je comprends cela. Je ne critique pas ça. Je dis juste qu’un navire comme celui-ci est conçu dans le but d’affronter les plus durs impacts à la proue ?
Mr. PITMAN. Je ne sais pas. Si deux ou trois vapeurs l’avaient heurté il n’aurait pas coulé.
Sénateur SMITH. S’ils l’avaient heurté avec leur proue ?
Mr. PITMAN. Oui ; avec leur proue.
Sénateur SMITH. Mais supposons qu’un vapeur l’ait heurté au point de contact où l’iceberg l’a heurté, est-ce que cela aurait eu le même effet ?
Mr. PITMAN. Non ; il aurait fallu environ six vapeurs pour obtenir le même effet que celui qu’a eu l’iceberg.
Sénateur SMITH. Six vapeurs de la taille du Titanic ?
Mr. PITMAN. La taille est sans importance.
Sénateur SMITH. Bon, le tonnage ?
Mr. PITMAN. Sans distinction de tonnage.
Sénateur SMITH. Savez-vous quelle partie du navire a été inondée la première ?
Mr. PITMAN. Visiblement la salle du courrier.
Sénateur SMITH. Avez-vous eu un rapport spécial au sujet de la cale n°2, à votre connaissance ?
Mr. PITMAN. Pas à ma connaissance, monsieur.
Sénateur SMITH. Est-ce que la salle du courrier était à tribord ?
Mr. PITMAN. Non ; elle occupait une partie du navire d’un flanc à l’autre, si je me souviens bien.
Sénateur SMITH. Vers le centre ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. D’un flanc à l’autre, tout du long ?
Mr. PITMAN. Pour autant que je me souvienne. Je ne me rappelle pas. J’y suis seulement descendu une fois moi-même.
Sénateur SMITH. Vous avez parlé des services rendus par Mr. Ismay aux femmes et aux enfants, aidant au chargement, etc.
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. Et avez-vous laissé Mr. Ismay sur le pont quand vous avez été affalé ?
Mr. PITMAN. Mr. Ismay était sur le pont quand j’ai été affalé, oui. La fois suivante où je l’ai vu était pendant la montée sur le Carpathia.
Sénateur SMITH. Vous ne l’avez pas revu après avoir été mis à l’eau ?
Mr. PITMAN. Pas avant le matin.
Sénateur SMITH. Et vous dites qu’il était habillé, ou partiellement habillé ; qu’il portait une robe de chambre ?
Mr. PITMAN. J’ai été frappé par le fait qu’il était en robe de chambre et pyjama.
Sénateur SMITH. Combien de temps êtes-vous resté là près du canot n°5 ?
Mr. PITMAN. Juste la durée qu’il m’a fallu pour sortir le canot, et –
Sénateur SMITH. Le vôtre était le deuxième canot à partir ?
Mr. PITMAN. À tribord.
Sénateur SMITH. Et le premier canot était à bâbord ?
Mr. PITMAN. Oh, non.
Sénateur SMITH. Eh bien ?
Mr. PITMAN. Je ne sais pas combien de canots étaient partis de bâbord. Le mien était le premier à tribord. Le n°7 est parti en premier, puis le n°5.
Sénateur SMITH. Qui a chargé le premier canot ?
Mr. PITMAN. Mr. Murdock, je crois.
Sénateur SMITH. Avez-vous aidé ?
Mr. PITMAN. Non.
Sénateur SMITH. Est-ce qu’un autre officier a aidé ?
Mr. PITMAN. Non ; pas que je sache ; je ne peux pas le dire.
Sénateur SMITH. Vous restiez là quand ce canot était chargé ?
Mr. PITMAN. Le n°5 ; oui.
Sénateur SMITH. Non ; le premier canot.
Mr. PITMAN. Le n°7 ?
Sénateur SMITH. Le premier ?
Mr. PITMAN. Oh, non ; je préparais le n°5 au même moment où le n°7 partait.
Sénateur SMITH. Vous prépariez le n°5 et quelqu’un d’autre préparait le n°7 ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. Juste à côté du vôtre ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur ; juste à côté.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu le canot n°7 être pourvu en hommes ?
Mr. PITMAN. Non ; je n’ai rien eu à voir du tout avec le canot n°7.
Sénateur SMITH. Savez-vous qui est parti dans le n°7 ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Savez-vous si Mr. Boxhall est parti dedans ?
Mr. PITMAN. Il ne l’a pas fait, monsieur.
Sénateur SMITH. Ou Mr. Lightoller ?
Mr. PITMAN. Il n’y avait pas d’officier dans ce canot, car je l’ai fait attacher au mien pendant quelques temps après que nous nous sommes éloignés du navire.
Sénateur SMITH. A-t-il été affalé au même moment que le vôtre ?
Mr. PITMAN. Deux ou trois minutes avant.
Sénateur SMITH. Alors, vous pouvez dire si Mr. Ismay était dans le canot n°7 ?
Mr. PITMAN. Je sais qu’il n’y était pas, car il est parti dans un canot pliant.
Sénateur SMITH. Et ce canot, le n°7, était un canot de grande taille ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et le vôtre était le n°5. Savez-vous s’il y avait plus d’hommes que de femmes dans le canot n°7 ?
Mr. PITMAN. Je ne peux pas le dire.
Sénateur SMITH. Mais il n’y avait pas d’officier dans le n°7 ?
Mr. PITMAN. Pas d’officier dans le n°7.
Sénateur SMITH. Savez-vous combien de marins se trouvaient dans le n°7 ?
Mr. PITMAN. Je ne le sais pas, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous jamais vu le n°7 après qu’il a été mis à la mer ?
Mr. PITMAN. Oui ; je l’ai fait s’attacher à moi. Comme il n’y avait pas d’officier dans le canot, j’ai dit « Regardez ici, attachez-vous à moi et nous resterons ensemble jusqu’au lever du soleil, comme l’eau est calme, et au lever du jour nous mettrons nos voiles, et nous serons plus susceptibles d’être récupérés si nous sommes ensemble que si l’un de nous est ici et l’autre là-bas. »
Sénateur SMITH. Après vous être rejoints, vous avez attaché la proue du n°7 à la poupe du n°5 avec une corde ?
Mr. PITMAN. Par une corde – une amarre.
Sénateur SMITH. Et à quelle proximité avez-vous amené le n°7 du n°5 ?
Mr. PITMAN. Nous étions à côté, proches à côté l’un de l’autre pendant un moment ; côte à côte pendant un moment.
Sénateur SMITH. Dans cette situation avez-vous relevé combien de membres de l’équipage du Titanic étaient dans ce canot ?
Mr. PITMAN. Je ne pouvais le dire, monsieur ; il faisait trop sombre.
Sénateur SMITH. Avez-vous relevé si ce canot était plein de gens ?
Mr. PITMAN. Je ne pense pas qu’il y en avait autant que dans mon canot. Je ne suis pas sûr.
Sénateur SMITH. Seriez-vous prêt à dire qu’il y en avait plus que 25 ?
Mr. PITMAN. Oh, oui.
Sénateur SMITH. Combien de plus ?
Mr. PITMAN. Je dirais qu’il y en avait plus de 30, entre 30 et 40, dedans.
Sénateur SMITH. Entre 30 et 40, selon votre estimation ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Est-ce que quelqu’un dans votre canot ou dans l’autre canot a compté ces gens ?
Mr. PITMAN. Oui, nous les avons comptés, mais j’ai oublié combien il y en avait réellement dans ce canot. J’ai transféré une femme, un enfant et deux hommes de mon canot dans ce canot.
Sénateur SMITH. Après que vous les avez attachés vous avez équilibré le chargement ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Donc il y avait effectivement de la place dans le n°7 pour plus de gens qu’il n’en avait pris quand il a été mis à l’eau ?
Mr. PITMAN. Oui, ils auraient pu en prendre un peu plus.
Sénateur SMITH. Combien de plus, en toute sécurité ?
Mr. PITMAN. Eh bien, cela dépendrait beaucoup de la condition de l’eau.
Sénateur SMITH. Je sais, mais nous avons conclu que l’eau était calme et le temps très bon. Dans ces circonstances, avec un temps agréable tout du long, combien ce canot aurait-il pu en contenir en sécurité ?
Mr. PITMAN. Ils sont tous censés contenir soixante personnes.
Sénateur SMITH. Mais aucun n’en contenait 60 ?
Mr. PITMAN. Je ne peux pas le dire, monsieur.
Sénateur SMITH. Ces deux canots, le n°7 et le n°5, ne contenaient pas 60 personnes chacun ?
Mr. PITMAN. Non. Ils auraient pu en contenir plus, mais il n’y avait pas de femme dans les environs quand ces canots ont été affalés.
Sénateur SMITH. Et pas d’homme ?
Mr. PITMAN. Il y avait peut-être quelques hommes dans les environs.
Sénateur SMITH. Y en avait-il ?
Mr. PITMAN. Il y en avait quelques-uns ; oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Pourquoi n’ont-ils pas été pris ?
Mr. PITMAN. Je ne peux pas dire pourquoi ils n’ont pas été pris dans le n°7, mais j’ai pensé que j’en avais suffisamment dans mon canot pour être en sécurité pendant l’affalement.
Sénateur SMITH. Y a-t-il un danger quand on affale un canot avec les bossoirs et les autres équipements utilisés ? Y a-t-il un tel danger pour affaler un canot que vous ne pouvez pas le remplir à sa pleine capacité ?
Mr. PITMAN. Je n’aimerais pas remplir un canot avec 60 personnes et l’affaler suspendu par les deux extrémités.
Sénateur SMITH. Avez-vous déjà vu 60 personnes dans un canot ?
Mr. PITMAN. Non ; je ne peux pas dire que je l’ai vu, même si certains d’entre eux en avaient près de 60 quand ils sont venus le long du Carpathia.
Sénateur SMITH. Avez-vous entendu témoigner Mr. Bride, l’opérateur radio du Titanic ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous entendu Mr. Lightoller témoigner ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Mr. Lightoller a dit que sur le canot pliant, retourné le fond vers le haut, il y avait 35 personnes. Si un canot pliant retourné peut supporter 35 personnes assises sans protection, quel serait votre avis sur la capacité d’un canot comme le n°5 ou le n°7, flottant de sa manière habituelle ; est-ce que 60 personnes serait la limite ?
Mr. PITMAN. Je le penserais, monsieur. Il n’y a pas de place pour bouger avec 60 personnes dedans.
Sénateur SMITH. Pas de place pour bouger ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur. Il pourrait en supporter bien plus s’il avait chaviré et que les gens dans l’eau se contentaient de s’accrocher à lui, bien entendu.
Sénateur SMITH. Je veux à nouveau attirer votre attention sur quelque chose à quoi je suppose que vous n’apprécierez pas que je revienne, mais je veux savoir, car je veux que le procès-verbal contienne ce fait. À quelle heure après que vous avez quitté le Titanic est-ce que le canot n°7 a été attaché au n°5 ?
Mr. PITMAN. Ce devait être entre 1 heure et 2 heures et demie.
Sénateur SMITH. Pendant quelle part de cette heure où vous avez laissé reposer les avirons ces canots se sont-ils trouvés ensemble ?
Mr. PITMAN. Cela pouvait être une heure, cela pouvait en être deux.
Sénateur SMITH. Où vous étiez ensemble ?
Mr. PITMAN. Où nous étions ensemble ; oui.
Sénateur SMITH. C’est-à-dire, avant que vous ayez été récupérés par le Carpathia ?
Mr. PITMAN. Oh, oui. Nous avions largué les amarres avant que le Carpathia soit en vue.
Sénateur SMITH. Vous vous étiez séparés l’un de l’autre ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. Mais combien de temps avez-vous été attachés ?
Mr. PITMAN. Peut-être deux heures. Je ne suis pas vraiment certain de ça.
Sénateur SMITH. Deux heures ? Pendant ces deux heures vous avez fait sortir certaines personnes de votre canot et les avez mises dans l’autre canot ?
Mr. PITMAN. Oui. C’est correct.
Sénateur SMITH. Trois personnes, si je vous comprends ; hommes ou femmes ?
Mr. PITMAN. Les deux, et un enfant.
Sénateur SMITH. Combien d’hommes ?
Mr. PITMAN. Je crois deux hommes, une dame et un enfant.
Sénateur SMITH. Quatre personnes ?
Mr. PITMAN. Je le crois.
Sénateur SMITH. Et vous les avez faites sortir et les avez placées dans le canot n°7 ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. Quand vous faisiez ça, étiez-vous au courant qu’il y avait des cris de détresse, et que de nombreuses personnes étaient dans l’eau non loin ?
Mr. PITMAN. Non ; il n’y en avait pas alors. Le navire n’avait pas disparu alors.
Sénateur SMITH. Quand ça a été fait le navire n’avait pas disparu ?
Mr. PITMAN. Non.
Sénateur SMITH. Et ces cris n’ont pas été entendus par vous à ce moment ?
Mr. PITMAN. Non. Il n’y avait pas de cris à ce moment, ou jusqu’à après que le navire a disparu.
Sénateur SMITH. Et vous n’avez pas transféré ces quatre passagers après que le navire a sombré ?
Mr. PITMAN. Oh, non. Quelques temps avant que le navire ne disparaisse.
Sénateur SMITH. Et ensuite le canot n°7 a été libéré ?
Mr. PITMAN. Oui. Ils ont fait glisser ma corde.
Sénateur SMITH. Qu’avez-vous fait alors ?
Mr. PITMAN. Je suis simplement resté immobile, juste comme nous étions.
Sénateur SMITH. Vous êtes resté immobile, là-bas ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu le feu du Carpathia, ou su qu’il approchait ?
Mr. PITMAN. Nous avons vu ses feux vers 3 heures et demie, pour autant que je m’en souvienne.
Sénateur SMITH. Avez-vous ramé vers le feu ?
Mr. PITMAN. Eh bien, nous avons attendu jusqu’à ce que nous soyons certains que c’était un vapeur, puis nous avons ramé vers lui.
Sénateur SMITH. À quelle distance l’avez-vous vu, pensez-vous ?
Mr. PITMAN. On pouvait voir le feu du mât de tête à 5 miles par nuit claire.
Sénateur SMITH. Quand le Carpathia était à environ 5 miles vous avez ramé vers lui ?
Mr. PITMAN. Non ; j’ai attendu d’être certain que c’était un vapeur, jusqu’à ce que je puisse voir ses deux feux de mât.
Sénateur SMITH. Vous saviez que c’était un objet ?
Mr. PITMAN. Oui ; mais je ne savais pas ce que c’était. Ça aurait pu être une étoile.
Sénateur SMITH. Est-ce que cela aurait pu être une étoile – est-ce que cela aurait pu être pris pour une étoile ?
Mr. PITMAN. Oh, c’est tout à fait possible.
Sénateur SMITH. Mais quand vous avez pu conclure du nombre de feux que c’était un navire de secours –
Mr. PITMAN. Nous avons ramé vers lui.
Sénateur SMITH. Vous avez ramé vers lui. À ce moment, y avait-il des gens dans l’eau ?
Mr. PITMAN. Il n’y avait pas de bruits ; pas de sons alors.
Sénateur SMITH. Toutes les lamentations et les cris de détresse avaient cessé ?
Mr. PITMAN. Oui ; ce devait être vers 4 heures.
Sénateur SMITH. Au lever du jour ?
Mr. PITMAN. Le jour se levait juste ; oui.
Sénateur SMITH. Alors que vous ramiez vers le Carpathia j’ai cru comprendre que vous dites avoir vu des icebergs ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Plusieurs. Avez-vous vu des corps dans l’eau ?
Mr. PITMAN. Aucun, monsieur.
Sénateur SMITH. Après ce moment ?
Mr. PITMAN. Aucun, à aucun moment.
Sénateur SMITH. Avez-vous, à un moment pendant que vous étiez à l’arrêt en attendant la suite, vu des feux d’une autre sorte que ceux du Titanic ou du Carpathia ?
Mr. PITMAN. Oui ; certains de nos canots avaient des lampes et des feux verts.
Sénateur SMITH. À part les canots, avez-vous vu d’autres feux ?
Mr. PITMAN. J’ai vu une lumière blanche.
Sénateur SMITH. Où ?
Mr. PITMAN. Loin à l’horizon. Nous n’avons rien pu en tirer.
Sénateur SMITH. À quelle heure ?
Mr. PITMAN. Vers 1 heure et demie.
Sénateur SMITH. Pendant que vous aviez reposé les avirons ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. Dans le canot ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. Quelle était sa position ?
Mr. PITMAN. C’était à l’ouest. Droit devant –
Sénateur SMITH. Droit sur le cap du Titanic ?
Mr. PITMAN. Exactement.
Sénateur SMITH. Avez-vous entendu le témoignage de Mr. Boxhall à ce sujet ?
Mr. PITMAN. Non, je ne l’ai pas entendu. Je l’ai entendu en parler.
Sénateur SMITH. Décrivez ce que vous avez vu de vos propres yeux.
Mr. PITMAN. J’ai juste vu une lumière blanche, et c’est tout. J’ai dit « Ça ne sert à rien de ramer vers elle avant qu’on sache ce que c’est. » Nous avons vu la lumière, mais j’ai dit « Quel est l’intérêt de ramer jusqu’à elle ? » Cela aurait pu être un de nos propres canots avec à bord une lumière blanche.
Sénateur SMITH. Un de vos propres canots ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu ces feux à un moment avant de quitter le Titanic ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu des fusées ou d’autres signaux de détresse envoyés du Titanic, selon ce qu’on appelle les réglementations Morse ?
Mr. PITMAN. Oh, non ; la lampe Morse est quelque chose de très différent des fusées.
Sénateur SMITH. Je comprends, je vais diviser la question. Avez-vous vu des signaux Morse émis par le Titanic avant que vous ne quittiez son flanc, ou pendant que vous reposiez les avirons dans le canot ?
Mr. PITMAN. Non ; je n’ai pas remarqué le Morse –
Sénateur SMITH. Avez-vous vu des fusées ?
Mr. PITMAN. Je dirais qu’environ une douzaine de fusées ont été allumées.
Sénateur SMITH. Qu’avez-vous vu ? Qu’ont-elles fait ?
Mr. PITMAN. Elles ont été tirées depuis le bastingage. Elles détonnent en quittant le bastingage, puis il y a aussi une explosion dans les airs, et elles projettent des étoiles, bien entendu, dans les airs.
Sénateur SMITH. De couleur rouge ?
Mr. PITMAN. De couleurs variées.
Sénateur SMITH. Vous avez vu ces signaux de détresse, n’est-ce pas, du Titanic ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. Et vous en avez-vu environ une douzaine ?
Mr. PITMAN. Ce pouvait être une douzaine ou ça pouvait être plus, monsieur.
Sénateur SMITH. Quand était-ce ? Quand les avez-vous vues pour la première fois ; avant de quitter le Titanic ?
Mr. PITMAN. Non ; peu après.
Sénateur SMITH. En avez-vous vu pendant que vous étiez à bord du Titanic, de cette sorte ?
Mr. PITMAN. Aucune n’a été tirée.
Sénateur SMITH. Aucune n’a été tirée ?
Mr. PITMAN. Non.
Sénateur SMITH. Vous ne savez pas, de votre propre connaissance, si des signaux de détresse Morse ont été émis ?
Mr. PITMAN. Il n’y a pas de signaux de détresse Morse.
Sénateur SMITH. Eh bien, je veux dire, des signaux Morse. Je veux dire une communication du Titanic –
Mr. PITMAN. À ce navire supposé ?
Sénateur SMITH. À ce navire supposé, sur votre chemin ?
Mr. PITMAN. Oui ; j’ai entendu dire qu’ils l’ont appelé en Morse ; c’est tout. Je ne le sais pas avec certitude.
Sénateur SMITH. Vous en avez entendu parler, mais vous n’avez rien vu de la sorte ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Et ne savez rien à ce sujet de votre propre connaissance ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Est-ce que vous portiez une montre quand vous êtes entré dans le canot ?
Mr. PITMAN. En effet, monsieur.
Sénateur SMITH. Pouvez-vous déterminer le moment exact où le Titanic a disparu ?
Mr. PITMAN. 2 h 20 exactement, heure du navire. J’ai sorti ma montre au moment où il a disparu, et j’ai dit « Il est 2 heures 20. », et les passagers autour de moi l’ont entendu.
Sénateur SMITH. 2 h 20 du matin 22 220 22zzzzzz?
Mr. PITMAN. 2 h 20 du matin, le 15 avril.
Sénateur SMITH. Est-ce que la mise à feu des fusées faisait un bruit comme le son d’un pistolet ?
Mr. PITMAN. Comme le son d’une arme.
Sénateur SMITH. Avez-vous entendu, à bord du Titanic, quoi que ce soit sur la proximité du Frankfurt, de la North German Lloyd, ou tout autre navire ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Savez-vous à quelle heure le Helig Olav – connaissez-vous un navire de ce nom ?
Mr. PITMAN. Non ; je n’en connais pas.
Sénateur SMITH. Vous ne savez rien du tout sur un navire de ce nom ?
Mr. PITMAN. Il peut y en avoir un.
Sénateur SMITH. Mais vous ne le savez pas ?
Mr. PITMAN. Non ; je ne sais pas.
Sénateur SMITH. J’ai négligé de vous demander si, quand vous avez fixé l’heure à laquelle le Titanic a disparu sous les eaux, vous m’avez donné l’heure du navire ?
Mr. PITMAN. Oui ; c’est l’heure du navire.
Sénateur SMITH. Vous aviez une heure du navire à jour ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Quand étaient réglées les horloges du navire ; le savez-vous ?
Mr. PITMAN. On les règle à minuit chaque nuit.
Sénateur SMITH. Elles étaient réglées à minuit ?
Mr. PITMAN. Chaque nuit.
Sénateur SMITH. Et ont-elles été réglées à minuit la nuit de dimanche ?
Mr. PITMAN. Non ; nous avions autre chose à penser.
Sénateur SMITH. Exactement ; donc vous aviez l’heure du navire ?
Mr. PITMAN. L’heure du navire.
Sénateur SMITH. De samedi à minuit ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. Et votre montre –
Mr. PITMAN. Était juste.
Sénateur SMITH. Était juste ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur FLETCHER. Midi ou minuit, a-t-il dit ?
Sénateur SMITH. Minuit.
Sénateur FLETCHER. Minuit de la nuit de samedi ?
Mr. PITMAN. On les corrige dans la matinée, peut-être une demi-minute ou d’une minute ; c’est tout.
Sénateur SMITH. Qu’y a-t-il, Mr. Lightoller ?
Mr. LIGHTOLLER. Les horloges sont réglées à minuit, mais c’est selon la position approximative du midi du jour suivant. Ainsi dimanche midi les horloges seront à jour.
Sénateur SMITH. C’est Mr. Lightoller, le deuxième officier. [Au témoin :] Quelle était l’heure de Greenwich comparée à celle du navire ?
Mr. PITMAN. Je ne peux pas le dire.
Sénateur SMITH. Pouvez-vous le dire, Mr. Lightoller ?
Mr. LIGHTOLLER. Je peux vous donner l’heure de Greenwich.
Sénateur SMITH. Je serais heureux que vous le fassiez.
Mr. LIGHTOLLER. 5 h 47 – 2 h 20. 5 h 47 heure de Greenwich : 2 h 20 heure apparente du navire.
Sénateur PERKINS. Capitaine, quelle était la certification du Titanic concernant le nombre de ses passagers et membres d’équipage ?
Mr. PITMAN. Je ne sais pas, monsieur.
Sénateur PERKINS. Il en avait plus de 2 000, n’est-ce pas ?
Mr. PITMAN. Passagers et équipage ?
Sénateur PERKINS. Oui.
Mr. PITMAN. Je le crois.
Sénateur PERKINS. Et vous aviez des canots pour en abriter seulement 1 200 au plus ?
Mr. PITMAN. Je ne pourrais pas dire combien ils étaient censés en abriter.
Sénateur PERKINS. Vingt canots, avec une capacité d’environ 60 personnes, un canot de mer, et un pliant – mettons une moyenne de 60 ; cela ferait environ 1 200 passagers et membres d’équipage qu’ils pouvaient transporter ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur PERKINS. Ainsi il y avait des dispositifs de sauvetage pour seulement la moitié des passagers et de l’équipage ?
Mr. PITMAN. Tous ces détails peuvent être obtenus des constructeurs, je suppose.
Sénateur PERKINS. Il avait un certificat du Board of Trade à Londres ou à Liverpool, n’est-ce pas ?
Mr. PITMAN. Le Board of Trade britannique, émis depuis Londres, je suppose.
Sénateur BURTON. Êtes-vous tout à fait certain, Mr. Pitman, que vous avez vu une lumière blanche droit devant ?
Mr. PITMAN. Oui ; mais je ne suis pas certain de ce à quoi elle était attachée. Cela aurait pu être un de nos propres canots.
Sénateur BURTON. C’est-à-dire, un des canots qui avaient été libérés ?
Mr. PITMAN. Oui ; un des canots.
Sénateur BURTON. Ne pouviez-vous pas dire si c’était un vapeur ou un voilier venant vers vous, ou si c’était un canot flottant là, juste à portée ?
Mr. PITMAN. Non ; car il ne bougeait pas, pas de mouvement.
Sénateur BURTON. Quoi que c’ait été, il ne bougeait pas ?
Mr. PITMAN. Ne bougeait pas.
Sénateur BURTON. Combien de temps a-t-il été visible ?
Mr. PITMAN. Je ne pourrais vraiment pas le dire ; je n’en ai vraiment pas pris note.
Sénateur BURTON. Quand l’avez-vous vu pour la première fois ?
Mr. PITMAN. C’était peut-être à une heure ou une heure et demie. Un de mes hommes a attiré mon attention sur une lumière blanche par là-bas.
Sénateur BURTON. À quelle distance semblait-elle être ?
Mr. PITMAN. Elle était peut-être à 3 miles.
Sénateur BURTON. Vous n’avez pas vu le feu rouge à tribord ?
Mr. PITMAN. Non ; je ne l’ai pas vu.
Sénateur BURTON. Vous ne pensiez pas, alors, que c’était un vapeur ou un voilier qui s’approchait ?
Mr. PITMAN. Non ; monsieur.
Sénateur BURTON. Je crois que c’est tout.
Sénateur NEWLANDS. Quel est le navire le plus rapide sur lequel vous avez jamais navigué ?
Mr. PITMAN. Le Titanic, monsieur.
Sénateur FLETCHER. Qui était le chef officier sur le Titanic ?
Mr. PITMAN. Mr. Wilde.
Sénateur FLETCHER. Et il y avait combien d’autres officiers ?
Mr. PITMAN. Six.
Sénateur FLETCHER. Vous les désignez comme le chef officier, puis le premier, deuxième, troisième, quatrième, cinquième et sixième ?
Mr. PITMAN. Exactement.
Sénateur FLETCHER. Quelles sont les fonctions du chef officier ?
Mr. PITMAN. Il assure son quart comme les autres, comme le premier et le second, monsieur.
Sénateur FLETCHER. Qu’est-il devenu ?
Mr. PITMAN. Il est parti avec les autres.
Sénateur FLETCHER. Quand l’avez-vous vu pour la dernière fois, et où ?
Mr. PITMAN. Je n’arrive pas à me souvenir de l’avoir vu du tout, monsieur.
Sénateur FLETCHER. Vous ne vous rappelez pas du tout l’avoir vu la nuit de dimanche ?
Mr. PITMAN. Pas après 20 heures.
Sénateur FLETCHER. Était-il en service à un moment ?
Mr. PITMAN. Non ; pas après 18 heures. Il devait prendre son quart à 2 heures.
Sénateur FLETCHER. Et il a quitté son quart quand ?
Mr. PITMAN. À 18 heures.
Sénateur FLETCHER. Vous ne l’avez pas vu sur le navire du tout après l’accident ?
Mr. PITMAN. Je ne l’ai pas vu, monsieur ; non.
Sénateur FLETCHER. Et ensuite le premier officier était qui ?
Mr. PITMAN. Mr. Murdock.
Sénateur FLETCHER. Et vous avez témoigné l’avoir vu pour la dernière fois quand vous avez affalé le canot n°5 ?
Mr. PITMAN. Exactement.
Sénateur FLETCHER. Quand a-t-il pris ses fonctions cette nuit-là ?
Mr. PITMAN. Il était en fonction à ce moment, au moment de l’accident ; à 22 heures il est venu.
Sénateur FLETCHER. Qui était le deuxième officier ?
Mr. PITMAN. Mr. Lightoller.
Sénateur FLETCHER. Quand a-t-il pris son service ?
Mr. PITMAN. Il a quitté la passerelle à 22 heures ; il était en service de 18 à 22.
Sénateur FLETCHER. Vous l’avez vu sur les ponts après l’accident ?
Mr. PITMAN. Non ; je ne peux pas dire que je l’ai vu, car il était du côté opposé à moi sur le navire. J’étais à tribord et il était à bâbord. Je l’ai vu une fois à bâbord ; oui.
Sénateur FLETCHER. Que faisait-il quand vous l’avez vu ?
Mr. PITMAN. Il supervisait la préparation des canots.
Sénateur FLETCHER. L’avez-vous vu à un autre moment à part ce moment où il supervisait la préparation des canots ?
Mr. PITMAN. Non ; je ne l’ai pas vu après ça. La fois suivante où je l’ai vu était quand nous sommes arrivés le long du Carpathia.
Sénateur FLETCHER. Quelles étaient ses fonctions ?
Mr. PITMAN. Les mêmes que le premier.
Sénateur FLETCHER. Où était-il affecté à ce moment ? Quelle était sa place spécifique sur le navire ?
Mr. PITMAN. Au moment de l’accident ?
Sénateur FLETCHER. Oui.
Mr. PITMAN. Il n’était pas en service à ce moment ; il était au lit.
Sénateur FLETCHER. Ses quartiers étaient-ils proches des vôtres ?
Mr. PITMAN. La porte à côté.
Sénateur FLETCHER. Vous ne l’avez pas vu quand il s’est levé et est sorti, quand vous avez entendu pour la première fois parler de l’accident ?
Mr. PITMAN. Je l’ai vu en revenant ; à mon retour.
Sénateur FLETCHER. L’avez-vous entendu donner des ordres ou des consignes ou des instructions, ou qui que ce soit lui donner des instructions ou des ordres ?
Mr. PITMAN. Non ; nous étions à l’intérieur de nos propres quartiers à ce moment.
Sénateur FLETCHER. Mais après ça ?
Mr. PITMAN. Non ; je ne l’ai pas vu. Je n’étais pas en sa compagnie après ça.
Sénateur FLETCHER. L’officier suivant était qui ?
Mr. PITMAN. Moi-même.
Sénateur FLETCHER. Vous étiez chargé du canot n°5 ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur FLETCHER. Quelles étaient vos fonctions en lien avec ce canot ?
Mr. PITMAN. Simplement de le sortir et de faire monter des gens dedans, et de le faire partir.
Sénateur FLETCHER. Est-ce que l’officier en charge du canot est censé partir avec le canot s’il quitte le navire ?
Mr. PITMAN. Pas nécessairement.
Sénateur FLETCHER. Est-ce son devoir de vérifier que le canot est convenablement chargé ?
Mr. PITMAN. L’officier senior vérifiera cela, supervisant le chargement des canots.
Sénateur FLETCHER. Qui était l’officier senior cette nuit-là ?
Mr. PITMAN. Mr. Murdock était l’officier senior de ce côté.
Sénateur FLETCHER. Une fois que le canot est affalé et commandé par l’officier qui est placé à son commandement, il est de son devoir de diriger les mouvements de ce canot, n’est-ce pas ?
Mr. PITMAN. Exactement.
Sénateur FLETCHER. Sans égards pour les suggestions ou demandes des passagers et membres d’équipage ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur FLETCHER. Pouvez-vous dessiner simplement un schéma sommaire montrant l’emplacement de ces canots sur le navire ?
Mr. PITMAN. Je peux vous montrer une photographie de ça qui sera meilleure qu’un dessin. Je ne suis pas très bon à ça.
Sénateur FLETCHER. Vous pouvez montrer une photographie montrant l’emplacement des canots, et leur nombre ?
Mr. PITMAN. Je le peux. [Saisit une photographie.]
Sénateur FLETCHER. Commencez, par exemple –
Mr. PITMAN. Par l’avant ?
Sénateur FLETCHER. Par l’avant. On regarde vers la poupe ici, n’est-ce pas ? Comment sont numérotés les canots à tribord ?
Mr. PITMAN. Nombres pairs d’un côté, et impairs de l’autre.
Sénateur FLETCHER. Lesquels sont lesquels ?
Mr. PITMAN. Le côté bâbord serait le n°2.
Sénateur SMITH. Témoin, numérotez juste les canots sur ce schéma [tend un schéma au témoin].
Sénateur FLETCHER. Comment sont-ils numérotés ?
Mr. PITMAN. Numéros pairs à bâbord, impairs à tribord.
Sénateur FLETCHER. En commençant à tribord, on débute avec le n°1, le canot de secours, n’est-ce pas ?
Mr. PITMAN. Avec le n°1.
Sénateur FLETCHER. C’est le canot de secours, n’est-ce pas ?
Mr. PITMAN. De secours ; oui.
Sénateur FLETCHER. Le canot qui est basculé hors du navire ?
Mr. PITMAN. Il est toujours basculé vers l’extérieur.
Sénateur FLETCHER. Ensuite le suivant serait le n°3, c’est un canot ?
Mr. PITMAN. N° 3, 5, 7, 9, 11, 13, et 15 ; c’est le côté tribord.
Sénateur FLETCHER. Du côté bâbord on commencerait avec le n°2, le canot de secours ?
Mr. PITMAN. N°2, 4, 6, 8, 10, 12, 14, 16. Aucun numéro n’est donné aux pliants.
Sénateur FLETCHER. Où sont placés les canots pliants ?
Mr. PITMAN. Près de la passerelle.
Sénateur FLETCHER. Sous quels numéros ?
Mr. PITMAN. Sous les n°1 et 2.
Sénateur FLETCHER. Les pliants sont placés sous les n°1 et 2 ?
Mr. PITMAN. Deux d’entre eux le sont.
Sénateur FLETCHER. Donc il y en a quatre ?
Mr. PITMAN. Oui ; les deux autres sont près de la cheminée.
Sénateur FLETCHER. Sous les n°4 et 6 ?
Mr. PITMAN. Au niveau des n°3 et 4.
Sénateur FLETCHER. Sur le toit ?
Mr. PITMAN. Sur le toit du quartier des officiers.
Sénateur FLETCHER. Quel officier avait la charge du n°7 ?
Mr. PITMAN. Il n’y avait pas d’officier dans ce canot.
Sénateur FLETCHER. Quel officier était assigné au n°7 ?
Mr. PITMAN. Aucun officier n’y était assigné – un sous-officier.
Sénateur FLETCHER. De qui était-il le poste ?
Mr. PITMAN. Je ne peux pas me souvenir de tous.
Sénateur FLETCHER. Vous avez déclaré à une occasion que le cinquième et le sixième officier avaient été mis en charge de canots, n’est-ce pas ?
Mr. PITMAN. C’était à Southampton.
Sénateur FLETCHER. Qu’en était-il pendant le voyage ?
Mr. PITMAN. On nous attribuait un canot à chacun.
Sénateur FLETCHER. Vous ne vous souvenez pas à quel officier était attribué le n°7 ?
Mr. PITMAN. Non.
Sénateur FLETCHER. Vous avez témoigné que Mr. Murdock a supervisé le chargement du n°7, n’est-ce pas ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur FLETCHER. Qui a-t-il placé en charge du canot quand il a été chargé ?
Mr. PITMAN. Un quartier-maître, je pense.
Sénateur FLETCHER. Est-ce qu’il est resté en charge ? Est-il parti avec le canot ?
Mr. PITMAN. Oh, oui.
Sénateur FLETCHER. Il est parti avec le canot ?
Mr. PITMAN. Il est parti avec le canot.
Sénateur FLETCHER. Quels assistants avait-il dans ce canot ?
Mr. PITMAN. Deux ou trois autres de l’équipage étaient avec lui. Quel était leur grade, je ne peux le dire.
Sénateur FLETCHER. J’ai cru comprendre que vous avez dit qu’après que vous avez atteint l’eau et trouvé le canot n°7 et attaché votre canot à lui, il n’y avait pas d’officier en charge de lui – personne capable de le manœuvrer ?
Mr. PITMAN. Je ne l’ai pas dit, monsieur. Non ; j’ai dit qu’il n’y avait pas d’officier.
Sénateur FLETCHER. Je parle du n°7, le canot.
Mr. PITMAN. Il y avait un quartier-maître en charge.
Sénateur FLETCHER. Qui étaient les gens dans le n°7 ?
Mr. PITMAN. Que voulez-vous dire – passagers ou équipage ?
Sénateur FLETCHER. Tout le monde.
Mr. PITMAN. Je n’ai pas la moindre idée de qui étaient les gens à bord.
Sénateur FLETCHER. L’avez-vous vu le matin suivant ?
Mr. PITMAN. Oui ; mais je ne connais pas un seul passager sur un millier.
Sénateur FLETCHER. Non ; mais j’entends, en parlant de façon générale, par rapport aux hommes, femmes et enfants, combien étaient dans le canot ?
Mr. PITMAN. Je ne pourrais vraiment pas le dire.
Sénateur FLETCHER. J’ai cru comprendre que vous avez dit que quand le n°7 a touché l’eau vous l’avez ensuite attaché à votre canot, car il n’y avait personne dedans pour manœuvrer le n°7.
Mr. PITMAN. Non ; pas pour le manœuvrer. Mon idée de nous attacher ensemble avait pour but que nous restions ensemble, pour que si rien ne venait en vue avant le lever du jour nous puissions nous stabiliser et être bien plus repérables qu’un seul canot et avec bien plus d’espoir d’être récupérés. C’était l’idée que j’avais en nous attachant ensemble.
Sénateur FLETCHER. Savez-vous combien de rameurs il y avait dans le n°7 ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur FLETCHER. Y avait-il plein de rameurs compétents dans le n°7 pour le faire naviguer ?
Mr. PITMAN. Je ne sais rien du tout de l’équipage du n°7.
Sénateur FLETCHER. Nonobstant le fait qu’il était juste à côté de vous ?
Mr. PITMAN. Non ; je ne sais pas.
Sénateur FLETCHER. L’avez-vous remarqué quand il était déchargé sur le Carpathia ?
Mr. PITMAN. Non ; ce n’est pas le cas, monsieur.
Sénateur FLETCHER. Combien de temps après que votre canot a atteint le Carpathia s’est-il écoulé avant que le n°7 ait été atteint ?
Mr. PITMAN. Ce pouvait être 20 minutes. Je n’ai pas assisté au déchargement du n°7.
Sénateur FLETCHER. Pourquoi avez-vous placé deux hommes dans le n°7, comme vous l’avez déclaré ?
Mr. PITMAN. C’étaient deux passagers.
Sénateur FLETCHER. Deux passagers ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur FLETCHER. Pourquoi avez-vous fait ça ?
Mr. PITMAN. Seulement pour les égaliser un peu.
Sénateur FLETCHER. Vous aviez beaucoup de place pour tous ceux que vous aviez, et pour plus ?
Mr. PITMAN. J’aurais pu en prendre un peu plus dans mon canot.
Sénateur FLETCHER. Et malgré tout vous avez insisté pour que le n°7 prenne deux de vos hommes et une femme et un enfant ?
Mr. PITMAN. Je n’ai pas insisté. Ils souhaitaient le faire, et donc je les ai laissés partir.
Sénateur FLETCHER. Ils ont demandé à faire ça ?
Mr. PITMAN. Ils ont demandé.
Sénateur FLETCHER. Savez-vous qui était chargé du n°7, alors ; qui commandait le n°7 ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur ; je ne le sais pas.
Sénateur FLETCHER. Était-ce un membre de l’équipage ?
Mr. PITMAN. Oh, oui ; un membre de l’équipage ; un quartier-maître, pour autant que je m’en souvienne.
Sénateur FLETCHER. Vous ne vous rappelez pas son nom ?
Mr. PITMAN. Tous les hommes m’étaient inconnus, pratiquement.
Sénateur FLETCHER. Ils ne voulaient pas ces hommes pour aider à manier les avirons du n°7, donc ?
Mr. PITMAN. Non ; il n’y avait rien à faire avec les avirons, de toute manière ; ils ne savaient pas dans quelle direction ramer à ce moment.
Sénateur FLETCHER. La nuit de samedi, ou dimanche matin, vous avez dit que vous aviez entendu parler d’iceberg. Est-ce que le commandant n’a pas posté une note ou un avertissement au sujet des icebergs dans la salle des cartes, où les officiers pouvaient la voir ?
Mr. PITMAN. Il l’a fait dans sa propre salle de navigation, et a aussi donné certaines positions à reporter sur la carte, ce que Mr. Boxhall a fait, je pense.
Sénateur FLETCHER. Est-ce que les marconigrammes sont généralement envoyés dans la salle des cartes ?
Mr. PITMAN. Ils sont toujours accessibles.
Sénateur FLETCHER. À tous les officiers ?
Mr. PITMAN. De façon générale, oui. Chaque commandant a un système différent.
Sénateur FLETCHER. N’y a-t-il pas une sorte de journal de pont gardé par les officiers ?
Mr. PITMAN. Oh, si.
Sénateur FLETCHER. Où ces questions, les avertissements concernant des icebergs, et les choses de ce genre, seraient-elles notées ?
Mr. PITMAN. Elles sont collées sur le panneau d’affichage. Nous avons un panneau d’affichage, un tableau noir. Ils les y collent.
Sénateur FLETCHER. Vous souvenez-vous si une telle note ou avertissement a été épinglé sur ce tableau noir avant dimanche ou pendant le dimanche ?
Mr. PITMAN. Pas à ma connaissance.
Sénateur FLETCHER. Vous ne vous en souvenez pas ?
Mr. PITMAN. Il y a une position qu’ils ont placée sur la carte. Je me souviens de ça.
Sénateur FLETCHER. Cette position a été indiquée sur la carte par Mr. Boxhall ?
Mr. PITMAN. Je pense que c’était Mr. Boxhall.
Sénateur FLETCHER. Vous ne vous souvenez pas exactement quand ça a été fait ?
Mr. PITMAN. Non.
Sénateur FLETCHER. Vous souvenez vous si les cartes montraient les icebergs hors du cap ou de la route ?
Mr. PITMAN. Oui ; loin au nord de la route.
Sénateur FLETCHER. Comment savez-vous quelle était la bonne route ou cap du navire ?
Mr. PITMAN. Comment je le sais ?
Sénateur FLETCHER. Oui.
Mr. PITMAN. Elle est simplement tracée pour nous.
Sénateur FLETCHER. Tracée sur la carte ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur FLETCHER. Et comment savez-vous que vous étiez précisément là où la carte montrait qu’était la route ?
Mr. PITMAN. Car nous avons fait des observations à 19 heures et demie cette nuit-là.
Sénateur FLETCHER. Vous le saviez par vos observations ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur FLETCHER. Et vous pouviez voir que cet iceberg, comme il était noté, était hors de la course, et hors de la route où vous voyagiez ?
Mr. PITMAN. Hors de la route.
Sénateur FLETCHER. Mais vous ne savez pas à quelle distance ?
Mr. PITMAN. Si ; nous avions sa position exacte.
Sénateur FLETCHER. À quelle distance était-il ?
Mr. PITMAN. Je ne pourrais vraiment pas le dire à moins d’avoir la position de l’iceberg ici et maintenant et de la reporter sur la carte.
Sénateur FLETCHER. Y avait-il seulement un iceberg d’indiqué, ou est-ce que la croix avec le mot « glace » indiquait la présence de glace de manière générale ?
Mr. PITMAN. Je crois qu’il n’y en avait qu’un.
Sénateur FLETCHER. Savez-vous comment il en est venu à noter celui-ci sur la carte ?
Mr. PITMAN. Oui ; nous l’avons eu par marconigramme d’un navire.
Sénateur FLETCHER. Vous ne vous rappelez pas avoir vu ce marconigramme ?
Mr. PITMAN. Non ; pas du tout. Je me souviens que le Capitaine Smith a montré la position à l’officier de quart, ou au moins à un des officiers junior, et il a dit « Prenez cette position », et il l’a prise et l’a placée sur la carte et a coincé la feuille dans un casier. Il l’a écrite sur une sorte de papier et l’a coincé sur le cadre.
Sénateur FLETCHER. Vous ne vous souvenez pas exactement quand ça a été fait ?
Mr. PITMAN. Non. C’était à un moment dimanche.
Sénateur FLETCHER. Avez-vous entendu autre chose à propos d’icebergs être discuté entre les officiers, quelle que soit la manière ?
Mr. PITMAN. Non.
Sénateur FLETCHER. Quel officier avait la charge du journal du navire ?
Mr. PITMAN. Eh bien, le cinquième et le sixième le tenaient généralement. De quel journal parlez-vous ? Nous en tenons deux ou trois. Le scrap log [« journal de brouillon » NdT] est tenu sur la passerelle ; le cinquième et le sixième s’en occupent. Le journal du chef officier est copié à partir de lui. Duquel parlez-vous ?
Sénateur FLETCHER. Tous.
Mr. PITMAN. Le cinquième et le sixième tiennent le scrap log, selon tout ce qui se produit sur la passerelle : changements de cap, déviations, et ce genre de chose, et il est recopié de là dans le journal du chef officier, qui est vraiment le journal officiel.
Sénateur FLETCHER. Savez-vous si un de ces journaux a été sauvé ?
Mr. PITMAN. Aucun, monsieur. Nous avions autre chose à penser que les journaux de bord, monsieur.
Sénateur FLETCHER. Vous dites que le navire allait à environ 22 nœuds ?
Mr. PITMAN. Environ 21 ½.
Sénateur FLETCHER. Vingt-et-un nœuds et demi par heure. Et vous dites que vous aviez à étudier la question du charbon ? Qu’entendez-vous par là ? Preniez-vous en compte la quantité de charbon que vous aviez ?
Mr. PITMAN. Oui ; j’ai cru comprendre que nous en avions pas tout à fait assez ; il n’y en avait pas assez à bord pour le pousser à pleine vitesse.
Sénateur FLETCHER. Comment savez-vous ça ?
Mr. PITMAN. Je le tenais d’un des mécaniciens.
Sénateur FLETCHER. Lui avez-vous demandé s’il avait assez de charbon pour le pousser à pleine vitesse ?
Mr. PITMAN. Je savais que ce n’était pas le cas ; il m’a dit que nous n’en avions pas tout à fait assez.
Sénateur FLETCHER. Quelle vitesse espériez-vous atteindre ?
Mr. PITMAN. Nous avions pour but d’arriver à New York mercredi matin.
Sénateur FLETCHER. Quand avez-vous appris que c’était le but recherché ?
Mr. PITMAN. Dès le début du voyage.
Sénateur FLETCHER. Au début du voyage ; et de qui ?
Mr. PITMAN. C’était l’avis général à bord du navire.
Sénateur FLETCHER. Afin de faire cela, combien de nœuds par heure auriez-vous dû atteindre ?
Mr. PITMAN. Environ 20 nœuds et quart – 21 nœuds.
Sénateur FLETCHER. Aviez-vous accru la vitesse après avoir quitté Southampton ?
Mr. PITMAN. Nous l’avons fait après avoir quitté Queenstown.
Sénateur FLETCHER. De combien aviez-vous accru votre vitesse la nuit de dimanche ?
Mr. PITMAN. Jusqu’à 21 nœuds ½.
Sénateur FLETCHER. Quelle augmentation cela représentait par rapport à la vitesse que vous aviez avant cela ?
Mr. PITMAN. Seulement un nœud environ.
Sénateur FLETCHER. Vous alliez à environ 20 nœuds ½ ?
Mr. PITMAN. Oui, 20 nœuds ¼ et 20 nœuds ½ d’abord, après que nous avons quitté Queenstown.
Sénateur FLETCHER. Pendant combien de temps cela a continué ?
Mr. PITMAN. Le jour suivant, 21.
Sénateur FLETCHER. Et vous avez continué à accroître jusqu’à 21 nœuds ½, ce qui fait qu’au moment où l’iceberg a été heurté vous alliez à la vitesse la plus élevée que vous ayez atteinte durant le voyage ?
Mr. PITMAN. Oh, non ; la même vitesse à laquelle nous allions depuis 24 heures.
Sénateur FLETCHER. La même vitesse ?
Mr. PITMAN. La même vitesse.
Sénateur FLETCHER. Vous aviez entendu dire, dites-vous, par un mécanicien, que vous n’aviez pas assez de charbon pour aller à une vitesse plus élevée que ça ?
Mr. PITMAN. Il a remarqué que nous n’avions pas assez de charbon à bord pour le pousser à pleine vitesse sur toute la traversée.
Sénateur FLETCHER. Avez-vous modifié le cap du navire après avoir quitté Queenstown ?
Mr. PITMAN. Changé le cap du navire ?
Sénateur FLETCHER. Oui.
Mr. PITMAN. Un certain nombre de fois.
Sénateur FLETCHER. Quand le dernier changement de cap a-t-il été effectué ?
Mr. PITMAN. 5 heures 50 la nuit de dimanche.
Sénateur FLETCHER. La nuit de dimanche ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur FLETCHER. Où a été effectué ce changement ?
Mr. PITMAN. Je ne me souviens pas de la position.
Sénateur FLETCHER. Avant cela, circuliez-vous le long de la route du sud ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur FLETCHER. Et ensuite vous avez changé pour cette trajectoire plus au nord ?
Mr. PITMAN. Non. Nous sommes restés sur la route que nous étions supposés suivre du 14 janvier au 14 août, bien conformément à l’accord établi par les grandes compagnies maritimes.
Sénateur FLETCHER. Est-ce ce qui est connu comme la route du nord ?
Mr. PITMAN. C’est ce qui est connu comme la route du sud.
Sénateur FLETCHER. Qu’est-ce qui est connu comme la route du sud ?
Mr. PITMAN. Celle sur laquelle nous étions.
Sénateur FLETCHER. Connue comme la route du sud ?
Mr. PITMAN. Oui. Nous parlons de la route du nord pour la route que nous suivons entre le 14 août et le 14 janvier. Nous parlons de celle-là comme la route du nord.
Sénateur FLETCHER. Il n’y a pas de route, au sud de celle où vous circuliez, qui est utilisée pour le trafic ?
Mr. PITMAN. Si, je crois qu’il y en a.
Sénateur FLETCHER. Sur quelle route étiez-vous, si vous vous en souvenez, à 17 h 50 dimanche ?
Mr. PITMAN. Non, je ne peux m’en souvenir. Si j’avais la véritable route, je pourrais le faire.
Sénateur FLETCHER. Quelle était l’ampleur du changement de cap que vous avez fait à 17 h 50, ou ce moment environ, dimanche ?
Mr. PITMAN. Je n’en suis pas absolument certain.
Sénateur FLETCHER. Connaissez-vous une appellation telle que « le coin » ?
Mr. PITMAN. Oui, nous étions censés être au coin à 17 h 50.
Sénateur FLETCHER. Qu’entendez-vous par là ?
Mr. PITMAN. C’est à 47° ouest et 42° nord.
Sénateur FLETCHER. À 17 h 50 vous avez tourné à ce que vous appelez « le coin » ?
Mr. PITMAN. Le coin, oui.
Sénateur FLETCHER. Et vous avez fait un virage à un angle presque droit, n’est-ce pas ?
Mr. PITMAN. Oh, non.
Sénateur FLETCHER. Vous faites un changement de cap considérable lorsque vous tournez au coin ?
Mr. PITMAN. Non, ce n’est pas une grosse affaire ; pas le moins du monde un virage à angle droit.
Sénateur FLETCHER. Où ce changement vous conduit-il, au nord de le la direction où vous alliez ?
Mr. PITMAN. Non ; la route où nous étions lors de la collision –
Sénateur FLETCHER. De combien de degrés avez-vous varié ?
Mr. PITMAN. Je ne peux m’en souvenir. Si j’avais une carte ici, je pourrais vous le dire dans la minute. Sud 84 ou 86 ouest serait le cap réel que nous avions après 17 h 50 ; sud 84 ou 86, je ne suis pas certain duquel, était notre cap réel.
Sénateur FLETCHER. Vous souvenez-vous du cap avant cela ?
Mr. PITMAN. Non ; je n’arrive pas à m’en souvenir.
Sénateur FLETCHER. Vous souvenez-vous si vous avez augmenté la vitesse après avoir tourné à ce coin ?
Mr. PITMAN. Non ; nous ne l’avons pas fait, monsieur.
Sénateur FLETCHER. Si je comprends bien, vous dites que Mr. Ismay vous a dit que vous feriez mieux de monter avec les femmes et les enfants ?
Mr. PITMAN. Non, non. Il m’a fait la remarque : « Vous feriez-mieux d’y aller et de faire monter les femmes et les enfants » et j’ai répondu que j’attendrais les ordres du commandant. Je ne savais pas que c’était Mr. Ismay à ce moment.
Sénateur FLETCHER. Lui avez-vous dit ce que Mr. Ismay avait dit ?
Mr. PITMAN. J’ai dit que je pensais que c’était Mr. Ismay.
Sénateur FLETCHER. Et vous lui avez dit ce que Mr. Ismay avait dit ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur FLETCHER. Qu’a dit le commandant ?
Mr. PITMAN. « Poursuivez ».
Sénateur FLETCHER. Cela signifiait que vous deviez obéir aux ordres de Mr. Ismay ?
Mr. PITMAN. Non ; d’aucune manière.
Sénateur FLETCHER. Que cela signifiait-il ?
Mr. PITMAN. Cela signifiait que je devais remplir le canot de femmes.
Sénateur FLETCHER. Et affaler le canot ? Est-ce que c’était inclus ?
Mr. PITMAN. Oh, oui. Nous ne recevons d’ordres de personne à part du commandant.
Sénateur FLETCHER. Il a dit « Poursuivez » et cela signifiait que vous deviez continuer et charger le canot et l’affaler et faire partir les gens, les femmes et les enfants ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur FLETCHER. Comment expliquez-vous le fait qu’à ce moment il n’y avait pas même de femmes et d’enfants visibles dans les environs, encore moins en train de demander à monter dans le canot ?
Mr. PITMAN. Je ne peux expliquer cela, monsieur.
Sénateur FLETCHER. En avez-vous vu essayant de monter dans le n°7 ?
Mr. PITMAN. Non, je n’en ai pas vu, monsieur.
Sénateur FLETCHER. En avez-vous vu essayer de monter dans un autre canot du côté tribord ?
Mr. PITMAN. Non. C’étaient les deux seuls canots qui partaient à ce moment – le n°5 et le n°7.
Sénateur FLETCHER. Les autres étaient-ils partis ?
Mr. PITMAN. Non ; le n°7 était le premier à partir.
Sénateur FLETCHER. Et vous êtes parti avec le n°5, le suivant.
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur FLETCHER. Avez-vous vu l’un des autres après que le n°7 a été mis à l’eau ?
Mr. PITMAN. À distance.
Sénateur FLETCHER. Saviez-vous s’ils étaient chargés ou non ? Pouviez-vous dire s’ils étaient pleins ?
Mr. PITMAN. Je ne pouvais pas, monsieur. J’ai aidé à les décharger quand ils sont arrivés au Carpathia, mais je n’ai pas noté combien il y en avait dedans.
Sénateur FLETCHER. Combien de temps cela prenait-il de descendre un canot après avoir fait monter les gens dedans ?
Mr. PITMAN. Cela pouvait prendre une minute ou deux.
Sénateur FLETCHER. Combien d’hommes faut-il pour faire descendre le canot ?
Mr. PITMAN. Deux hommes.
Sénateur FLETCHER. Quelle distance le canot doit-il parcourir pour atteindre l’eau ?
Mr. PITMAN. Eh bien, nous avons dû parcourir 70 pieds.
Sénateur FLETCHER. Est-ce que, si je vous comprends bien, vous dites que vous ne jugeriez pas cela sûr de charger un canot à pleine capacité le long du bastingage avant de le faire descendre ?
Mr. PITMAN. Non ; je ne pense pas qu’il serait sage de faire ça.
Sénateur FLETCHER. Bon, dans les conditions réunies ici, où il n’y avait pas assez de canots pour prendre en charge plus du tiers des passagers, ne risqueriez-vous pas de charger le canot à sa pleine capacité avant de le faire descendre ?
Mr. PITMAN. Non ; je ne crois pas qu’il serait sage de le faire.
Sénateur FLETCHER. Supposons que le canot puisse transporter 65 personnes ; combien de personnes jugeriez-vous sûr de mettre dans le canot avant de le faire descendre ?
Mr. PITMAN. Cela dépendrait beaucoup de l’état du canot, de si c’est un canot ancien ou neuf.
Sénateur FLETCHER. Soit, je parle des conditions qui étaient réunies cette nuit-là et de ces gens.
Mr. PITMAN. Je pense que 40 serait un chargement tout à fait sûr. Je ne pense pas que ces canots aient jamais été conçus pour être chargés depuis le bastingage.
Sénateur FLETCHER. Comment avez-vous calculé le remplissage du canot ?
Mr. PITMAN. C’était selon le nombre de personnes prêtes à y monter.
Sénateur FLETCHER. Comment vous attendiez-vous à les remplir ?
Mr. PITMAN. Avec une échelle.
Sénateur BURTON. C’est-à-dire, les faire descendre à l’eau puis les remplir grâce à une échelle ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur FLETCHER. Depuis le pont E ?
Mr. PITMAN. Non ; pas depuis le E. Je dirais vers le D ou le C ; le pont C, je dirais.
Sénateur FLETCHER. Il est prévu et attendu, donc, de remplir les canots en descendant d’abord le canot puis en faisant descendre les gens par des échelles ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur FLETCHER. Ou par des portes ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur FLETCHER. Pourquoi n’a-t-on pas procédé de la sorte dans cette situation ?
Mr. PITMAN. Eh bien, c’était un nouveau navire, et tout était nouveau, bien entendu. Cela implique certains risques. C’était une manière bien plus rapide, aussi.
Sénateur FLETCHER. Quelle est la manière la plus rapide ?
Mr. PITMAN. Celle qu’on a employée.
Sénateur FLETCHER. Vous dites que vous n’avez pas vu de canots descendus du côté bâbord ?
Mr. PITMAN. Pas un, non.
Sénateur FLETCHER. Quel cap avez-vous pris après que votre canot a été descendu dans l’eau ? Êtes-vous allé vers la poupe du Titanic, vers la proue, ou en vous en éloignant ?
Mr. PITMAN. Nous avons juste ramé loin de lui, dans cette direction [indique].
Sénateur FLETCHER. Quelle direction ?
Mr. PITMAN. Vers le nord.
Sénateur FLETCHER. Vers le nord à quelle distance ?
Mr. PITMAN. Cela devait bien faire trois ou quatre cents yards.
Sénateur FLETCHER. Puis là, vous avez reposé les avirons ?
Mr. PITMAN. Oui, en attendant la suite des événements.
Sénateur FLETCHER. Et le n°7 –
Mr. PITMAN. A fait de même.
Sénateur FLETCHER. Et est resté proche de vous jusqu’à un moment de la matinée, quand il a largué votre amarre et s’est pris en charge seul ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur FLETCHER. Vers quelle heure dans le matin était-ce ?
Mr. PITMAN. Ce devait être vers trois heures moins le quart ou trois heures.
Sénateur FLETCHER. Juste avant que vous ayez vu le Carpathia ?
Mr. PITMAN. Oh, une heure avant que nous l’ayons vu, approximativement.
Sénateur FLETCHER. Vous avez vu le Carpathia vers 3 h 30, vous dites ?
Mr. PITMAN. À peu près à ce moment.
Sénateur FLETCHER. Avez-vous jugé adapté de prendre dans votre canot deux chauffeurs et deux stewards ; étaient-ils d’une quelconque utilité comme marins ?
Mr. PITMAN. Oui ; ils l’étaient.
Sénateur FLETCHER. Pourquoi avez-vous pris ces deux chauffeurs et deux stewards alors que vous n’aviez besoin que de quatre hommes pour ramer dans le canot et que vous pouviez vous-même prendre la place de l’un d’entre eux ?
Mr. PITMAN. Je voulais quelqu’un dans le canot qui s’y connaisse.
Sénateur FLETCHER. Comprenaient-ils ce genre de travail ?
Mr. PITMAN. Trois d’entre eux, oui, et probablement le quatrième ; mais je ne l’ai jamais testé.
Sénateur FLETCHER. Et vous aviez un marin ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur FLETCHER. Vous aviez un marin, deux chauffeurs et deux stewards ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur FLETCHER. Et cinq ou six passagers masculins en plus d’eux ?
Mr. PITMAN. Eh bien, ces trois passagers masculins.
Sénateur FLETCHER. Après que la proue du Titanic a sombré, avez-vous entendu ces explosions ?
Mr. PITMAN. Non ; je ne les ai pas entendues avant que le navire ait totalement disparu.
Sénateur FLETCHER. Après que la proue du Titanic a sombré, il a tenu une position presque verticale ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur FLETCHER. Combien de temps après avoir atteint cette position a-t-il entièrement disparu ?
Mr. PITMAN. Je pense que ce devait être une question de secondes.
Sénateur FLETCHER. Et ensuite sont venues les explosions ?
Mr. PITMAN. Ensuite sont venues les explosions.
Sénateur FLETCHER. Et après que la proue a été submergée, la passerelle a été submergée. Combien de temps s’est écoulé avant qu’il ne coule entièrement ?
Mr. PITMAN. Je ne pourrais le dire.
Sénateur FLETCHER. Combien de temps s’est-il écoulé entre le moment où votre canot était dans l’eau et le moment où il a sombré, aussi précisément que vous pouvez le déterminer ?
Mr. PITMAN. Combien de temps avant ?
Sénateur FLETCHER. Combien de temps s’est-il écoulé entre le moment où votre canot a été mis à l’eau et l’heure où le Titanic a sombré, à 2 h 20 ?
Mr. PITMAN. Je dirais une heure et demie.
Sénateur FLETCHER. Vous avez dit à vos hommes : « Sortez les avirons et ramez vers le lieu du naufrage » ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur FLETCHER. Les avirons n’étaient pas déjà sortis ?
Mr. PITMAN. Il y en avait peut-être un de sorti, mais les autres avaient été rentrés et rangés dans le canot. Bien entendu il faisait tellement sombre que je ne pourrais totalement l’affirmer.
Sénateur FLETCHER. Savez-vous quoi que ce soit à propos de la vitesse du Titanic après 20 heures dimanche ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur FLETCHER. Vous voulez dire que vous n’avez pas fait d’observations vous-même, après cette heure ?
Mr. PITMAN. J’étais au lit, monsieur.
Sénateur BURTON. En parlant de changement de cap, ne parlez-vous pas d’un changement de direction, comme indiqué par les pointes du compas ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur BURTON. Et cela suit la route tracée, pour laquelle il y a des changements de direction, comme indiqué par le compas. C’est exact, n’est-ce pas ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur BURTON. Maintenant, à propos de cette lumière – une minute ou deux. Vous étiez à tribord la plupart du temps ?
Mr. PITMAN. Oui ; tout le temps.
Sénateur BURTON. S’il y avait eu une lumière à bâbord, vous n’auriez pas pu la voir ?
Mr. PITMAN. Cela dépend d’où elle était.
Sénateur BURTON. Si c’était à 5 miles ou plus près ?
Mr. PITMAN. Non ; je n’aurais pas pu.
Sénateur BURTON. Vous n’avez pas été là assez longtemps pour vous rendre compte ne serait-ce que du fait qu’elle ait pu être là ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur BURTON. Vous pensez que cette lumière blanche que vous avez vue était stationnaire ?
Mr. PITMAN. Je le pense.
Sénateur BURTON. Et c’était à environ 3 miles de là ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur BURTON. N’aurait-il pas été impossible pour l’un des canots d’aller si loin au moment où vous l’avez vue ?
Mr. PITMAN. Impossible d’atteindre cette lumière ? Eh bien, je ne sais pas. Je ne pense pas.
Sénateur BURTON. Pendant combien de temps l’avez-vous vue ?
Mr. PITMAN. Je ne pourrais pas vraiment le dire. Je n’ai pas prêté une attention particulière à cette lumière ; elle ne m’intéressait pas.
Sénateur BURTON. C’est-à-dire que vous ne considérez pas cela comme quelque chose qui puisse vous apporter son aide ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur BURTON. Vous ne pensiez pas que c’était un vapeur ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur ; c’est seulement ce que j’ai entendu depuis.
Sénateur NEWLANDS. Vous dites que vous étiez sur la route du sud ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur NEWLANDS. À quelle distance étiez-vous de la route du nord ?
Mr. PITMAN. Eh bien, cela varie.
Sénateur NEWLANDS. À quelle distance environ ?
Mr. PITMAN. À la position où nous étions quand nous avons coulé je dirais 50 miles. Vous pouvez le mesurer sur la carte pour le savoir précisément.
Sénateur NEWLANDS. Vous souvenez-vous de si l’iceberg, tel que noté sur la carte, était situé sur la route du nord ?
Mr. PITMAN. Non ; il était au nord de la route du sud.
Sénateur NEWLANDS. Était-il au nord de la route du nord ?
Mr. PITMAN. Oh, non ; il était au sud de la route du nord. Je crois qu’il y a plus de 60 miles de différence là.
Sénateur NEWLANDS. Donc, selon la carte, il était à moins de 60 miles de distance de la route du sud ?
Mr. PITMAN. Je ne peux pas vous le dire avec précision, mais vous pouvez le déduire ici, monsieur, au mile près.
Sénateur NEWLANDS. Ce que je veux déterminer avec certitude est ce fait : est-ce que l’iceberg, tel que situé sur la carte, était entre les routes du nord et du sud, ou était-il au nord de la route du nord ?
Mr. PITMAN. Entre les routes du nord et du sud.
Sénateur NEWLANDS. Vous souvenez-vous de quelle route il était le plus proche ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur NEWLANDS. Durant votre expérience en mer, est-ce qu’il a été fréquent d’informer par marconigramme de la localisation des icebergs ?
Mr. PITMAN. Oui ; nous faisons toujours circuler cela de l’un à l’autre.
Sénateur NEWLANDS. Quelle est l’habitude des navires qui reçoivent un avertissement de ce genre ; est-il habituel de ralentir ou de maintenir leur vitesse ?
Mr. PITMAN. De maintenir la vitesse, monsieur.
Sénateur NEWLANDS. De maintenir la vitesse ?
Mr. PITMAN. Certainement.
Sénateur NEWLANDS. Sur quoi misent-ils pour éviter les accidents ?
Mr. PITMAN. Le repérage de ces icebergs ; en règle générale, ils sont vus.
Sénateur NEWLANDS. Ils sont plus facilement vus, bien entendu, durant la journée ; et qu’en est-il de la nuit ?
Mr. PITMAN. Je n’en ai jamais vu de nuit, et je ne peux donc rien dire.
Sénateur NEWLANDS. Est-ce l’habitude de nuit ; est-il habituel de maintenir la vitesse même dans ce cas, de simplement se reposer sur le fait de repérer les icebergs, comme vous dites ?
Mr. PITMAN. Je le crois.
Sénateur NEWLANDS. À quelle vitesse les icebergs voyagent-ils ? Leur cap général, bien entendu, est vers le sud. Avez-vous une idée d’à quelle vitesse ils vont ?
Mr. PITMAN. Cela dépendrait de la question du courant et du vent.
Sénateur FLETCHER. En ce qui concerne les icebergs, j’ai compris que vous avez dit avoir vu lundi matin un certain nombre d’icebergs dans ces environs ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur FLETCHER. Et certains d’entre eux s’élevaient aussi haut que cent pieds au-dessus de l’eau ?
Mr. PITMAN. C’est ce que je dirais ; à peu près cela.
Sénateur FLETCHER. Qu’est-ce que cela impliquerait du point de vue de l’étendue sous la surface de l’eau ?
Mr. PITMAN. On dit que les deux tiers d’un iceberg sont immergés.
Sénateur FLETCHER. En conséquence si l’iceberg que le Titanic a heurté mesurait 30 pieds au-dessus de la surface, combien y en aurait-il eu sous la surface ?
Mr. PITMAN. Les deux tiers.
Sénateur FLETCHER. Savez-vous si vous avez pu voir cet iceberg en particulier le matin suivant ?
Mr. PITMAN. Personne ne pourrait dire cela – qu’il a vu cet iceberg en particulier.
Sénateur FLETCHER. Vous ne pourriez dire, d’où vous étiez quand l’aube est venue, précisément dans quelle direction par rapport à vous se trouvait le Titanic quand il a coulé ?
Mr. PITMAN. Non ; je ne pourrais pas.
Sénateur FLETCHER. Vous ne pourriez pas faire ça ?
Mr. PITMAN. Non.
Sénateur FLETCHER. Il n’y avait aucun moyen pour que vous puissiez le déterminer, que ce soit par les débris, ou quoi que ce soit d’autre à la surface ?
Mr. PITMAN. Non ; on ne pouvait pas dire précisément ce qu’il en était.
Sénateur FLETCHER. À quelle distance étiez-vous à ce moment de l’endroit où le Titanic a sombré ?
Mr. PITMAN. Ce serait difficile à dire.
Sénateur FLETCHER. Vous n’aviez pas beaucoup ramé ?
Mr. PITMAN. Non ; nous avions dérivé avec un léger vent.
Sénateur FLETCHER. Et il n’y avait pas beaucoup de vent ?
Mr. PITMAN. Non ; nous avons eu un petit vent à quatre heures ; une petite brise à quatre heures.
Sénateur FLETCHER. Et il n’y avait pas de brouillard cette nuit-là ?
Mr. PITMAN. Non ; pas de brouillard.
Sénateur FLETCHER. Et vous ne pouvez pas nous donner une idée d’à quelle distance vous étiez à l’aube le matin suivant par rapport à l’endroit où le Titanic a sombré ?
Mr. PITMAN. Non ; car il n’y avait rien pour m’indiquer où le Titanic avait sombré.
Sénateur FLETCHER. Vous saviez si vous vous étiez efforcés de progresser dans une direction ou l’autre, si vous aviez ramé ou dérivé ?
Mr. PITMAN. Je dirais que nous avons pu parcourir une mile.
Sénateur FLETCHER. Pouviez-vous voir l’iceberg dans la direction de ce que vous supposiez être l’endroit où le Titanic a coulé ?
Mr. PITMAN. Oh, oui. Il y en avait plusieurs aux alentours, mais je ne pourrais pas dire avec certitude lequel c’était.
Sénateur FLETCHER. Vous pouviez en voir plusieurs, c’est cela ?
Mr. PITMAN. Oh, oui ; à la lumière du jour, avec l’éclat du soleil sur eux.
Sénateur FLETCHER. En ce qui concerne la fermeture des compartiments étanches, y avait-il besoin d’un levier ou d’une clé pour le faire ? Ces portes ne se fermeraient-elles pas automatiquement ?
Mr. PITMAN. Oui ; depuis la passerelle ; celles des cales inférieures.
Sénateur FLETCHER. Expliquez comment c’était opéré. Le président vous a questionné à ce sujet, et ce n’est pas clair, je crois, dans le procès-verbal, à propos de quelqu’un y allant et utilisant une clé, et ce genre de chose, par rapport à ces portes. Comment marchent-elles ?
Mr. PITMAN. Je ne peux pas expliquer comment elles fonctionnent en bas.
Sénateur NEWLANDS. Comment les fermez-vous ?
Mr. PITMAN. Il y a un levier de 7 ou 8 pouces de long –
Sénateur FLETCHER. Où est-il ?
Mr. PITMAN. Sur la passerelle ; près de l’homme de barre. Tout ce que vous avez à faire est de le tirer juste comme ça [indique en décrivant un arc de cercle].
Sénateur FLETCHER. Quel effet cela a-t-il ?
Mr. PITMAN. Cela ferme électriquement les portes.
Sénateur FLETCHER. Elles descendent immédiatement ?
Mr. PITMAN. Elles descendent immédiatement.
Sénateur FLETCHER. Elles descendent directement, et elles ne s’ouvrent et ferment pas, en battant ?
Mr. PITMAN. Oh, non ; elles tombent de cette manière [indique]. Il y a une cloche électrique à l’intérieur. Vous la sonnez quelques minutes avant de fermer, pour donner à quiconque une chance de se mettre hors du chemin s’ils se trouvent dessous.
Sénateur FLETCHER. Quand vous avez pris le canot n°5, et l’avez descendu, vous dites que des hommes se tenaient sur le pont, mais pas de femmes ou d’enfants. Les hommes étaient-ils excités ; étaient-ils désireux de trouver un canot, ou leur attitude étaient-elle confiante dans le fait que le Titanic allait flotter, et qu’ils étaient autant en sécurité à bord du Titanic qu’ils le seraient dans un canot ?
Mr. PITMAN. Eh bien, monsieur, il n’y a eu aucune bousculade pour monter dans le canot. J’ai dit qu’il n’y avait plus de place pour d’autres, et ils ont simplement reculé.
Sénateur FLETCHER. Ils voulaient monter ?
Mr. PITMAN. Ils seraient montés si on leur avait dit de le faire.
Sénateur FLETCHER. Mais voulaient-ils y monter ; ou, préféraient-ils plutôt rester sur le navire ?
Mr. PITMAN. Ils ne s’y sont pas précipités du tout.
Sénateur PERKINS. Quand vous approchez de la terre, et lorsque vous êtes à proximité d’elle, et pensez que vous pourriez être proche de glaces flottantes, particulièrement en cas de brouillard, ne doublez-vous pas la vigie ?
Mr. PITMAN. Par temps de brouillard.
Sénateur PERKINS. Et les officiers ne sont-ils pas incités à être plus vigilants ?
Mr. PITMAN. Si ; et les vigies y sont aussi incitées.
Sénateur PERKINS. Était-ce le cas ici, en ce qui concerne l’incitation –
Mr. PITMAN. Aux vigies ?
Sénateur PERKINS. Oui.
Mr. PITMAN. Je ne pourrais le dire, car je n’étais pas sur le pont de 20 heures à minuit.
Sénateur PERKINS. Combien d’officiers étaient sur la passerelle à ce moment-là ?
Mr. PITMAN. Deux, je pense.
Sénateur PERKINS. Et un quartier-maître en service ?
Mr. PITMAN. Un quartier-maître en service, et un quartier-maître à la barre.
Sénateur SMITH. Capitaine, on nous a donné l’heure du navire et l’heure de Greenwich. Êtes-vous en mesure de nous donner l’heure de New York, à laquelle le navire a coulé ?
Mr. PITMAN. Enlevez cinq heures à l’heure britannique.
Sénateur SMITH. Cela donnerait minuit 47.
Mr. PITMAN. Il y a cinq heures de différence entre l’heure de Greenwich et l’heure de New York.
Sénateur SMITH. Pouvez-vous le calculer ? Je veux que ce soit définitivement établi dans le procès-verbal. Donnez l’heure de New York.
Mr. PITMAN. Pouvez-vous me donner l’heure de Greenwich, je vous prie ?
Sénateur SMITH. Vous pouvez prendre votre temps pour faire ça.
Mr. PITMAN. (après avoir fait le calcul). 23 h 47, dimanche.
Sénateur BURTON. Ce n’est pas tout à fait exact, n’est-ce pas ?
Sénateur SMITH. Ce serait 00 h 47.
Sénateur BURTON. La différence en heure solaire est de 4 heures et 57 minutes, si vous voulez cela exactement.
Sénateur SMITH. Je veux avoir le rapport le plus complet possible.
Mr. PITMAN. C’est 00 h 47 lundi matin.
Sénateur SMITH. Donnez l’heure du navire qui vous permet de faire cette déduction.
Mr. PITMAN. Je calcule à partir de l’heure britannique, c’est-à-dire 5 h 47.
Sénateur SMITH. Vous calculez à partir de –
Mr. PITMAN. L’heure de Greenwich.
Sénateur SMITH. L’heure de Greenwich ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. En partant du principe que c’est quelle heure ?
Mr. PITMAN. 5 h47, heure de Greenwich.
Sénateur SMITH. Cela correspondrait à 00 h 47 ?
Mr. PITMAN. 00 h 47, lundi matin, heure de New York.
Sénateur SMITH. Maintenant, officier, avez-vous vu, pendant que le canot n°5 était chargé, ou pendant que le canot n°7 était chargé, une femme monter dans le canot puis repartir sur le pont ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur ; pas une.
Sénateur SMITH. Avez-vous entendu parler d’un tel incident ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Vous ne vous rappelez rien de ce genre, pour autant que votre poste soit concerné ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Est-ce que le Titanic était équipé d’un projecteur de recherche ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous jamais vu un navire marchand équipé d’un projecteur de recherche ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur ; à l’exception de petits vapeurs côtiers.
Sénateur SMITH. De ce que vous avez-vu de la proximité des icebergs le lundi matin suivant la catastrophe, pensez-vous que l’utilisation d’un projecteur de recherche aurait pu révéler la proximité des icebergs ?
Mr. PITMAN. Cela aurait pu.
Sénateur SMITH. C’est votre meilleur jugement à ce sujet ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu utiliser un projecteur de recherche à bord d’un engin naval ?
Mr. PITMAN. J’en ai vu utiliser, mais je n’ai jamais été à bord, moi-même.
Sénateur SMITH. Où les avez-vous vus utiliser ; en Angleterre ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. Ils équipent leurs navires de guerre de projecteurs de recherche, n’est-pas, en Angleterre ?
Mr. PITMAN. Oh, oui ; chacun d’entre eux.
Sénateur SMITH. Je voudrais savoir s’il y avait un feu dans la cale après avoir quitté Southampton ?
Mr. PITMAN. C’est la première fois que j’en entends parler.
Sénateur SMITH. Vous pouvez répondre à votre manière. Vous n’en aviez-pas entendu parler avant ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Je voudrais savoir si les passagers ont été réveillés, à votre connaissance, par les officiers du navire après l’impact ?
Mr. PITMAN. Pas par l’un d’entre nous. Non, ce serait au service d’avitaillement de les faire appeler.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu des appels ou signaux de cette sorte être donnés ?
Mr. PITMAN. Les ordres avaient été donnés avant que je vienne sur le pont, monsieur.
Sénateur SMITH. Après que vous êtes arrivé sur le pont, peu après l’événement, vous n’avez pas entendu ces ordres ou avertissements ou signaux donnés ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur. Je ne suis pas arrivé sur le pont avant 10 minutes après l’impact ; 10 bonnes minutes.
Sénateur SMITH. Connaissez-vous une raison pour laquelle la vitesse du Titanic n’a pas été réduite après que des avertissements de la proximité d’icebergs ont été reçus ?
Mr. PITMAN. Je ne pense pas que la vitesse ait été réduite.
Sénateur SMITH. Savez-vous pourquoi elle ne l’a pas été ?
Mr. PITMAN. Non. Ce n’est pas habituel.
Sénateur SMITH. Savez-vous, de votre propre connaissance, si de l’eau est entrée dans la salle des chaudières ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Savez-vous, de votre propre connaissance, si un ordre a été donné d’éteindre le feu des chaudières ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu des signes d’un incendie ou feu à bord du Titanic à aucun moment ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. S’il y avait eu ordre de particulièrement surveiller les glaces, cela aurait été entré dans un registre des ordres ou le livre de bord ?
Mr. PITMAN. C’est généralement inscrit dans le registre des ordres de nuit du commandant.
Sénateur SMITH. Avez-vous vu quoi que ce soit de ce genre ?
Mr. PITMAN. Je n’ai pas vu le registre des ordres de nuit cette nuit-là, car il n’est pas tenu, en règle générale, avant entre 6 et 8 heures.
Sénateur SMITH. L’aviez-vous vu la nuit précédente ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur ; je l’ai vu la nuit précédente car nous devions le signer chaque nuit.
Sénateur SMITH. Je comprends. Vous l’avez vu la nuit précédente ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Et à ce moment-là avez-vous vu un ordre de surveiller attentivement les glaces ?
Mr. PITMAN. Non ; il n’y en avait pas car nous n’étions pas dans la région des glaces.
Sénateur SMITH. Ce n’était pas exactement ma question. Lisez ma question.
Le rapporteur lit la question comme suit :
À ce moment-là avez-vous vu un ordre de surveiller attentivement les glaces ?
Sénateur SMITH. C’est enregistré.
Mr. PITMAN. Vous parlez des 24 heures précédentes ; vous parlez de la nuit de samedi ?
Sénateur SMITH. Oui.
Mr. PITMAN. Pas cette nuit ; non.
Sénateur SMITH. Ou à un autre moment ?
Mr. PITMAN. Non ; car nous n’étions pas dans la région des glaces.
Sénateur SMITH. Pouvez-vous indiquer, le cas échéant, quelle vitesse le navire a atteint après la collision ?
Mr. PITMAN. Quelle vitesse il a atteinte ? Je ne vous suis pas.
Sénateur SMITH. Je veux savoir si les machines ont été inversées et que le navire a été laissé à la dérive, ou s’il est resté en marche.
Mr. PITMAN. Oh, pour ce que j’en ai entendu, il est allé en arrière toute immédiatement après la collision.
Sénateur SMITH. Il a inversé ses machines ?
Mr. PITMAN. Il a inversé ses machines et est parti en arrière toute.
Sénateur SMITH. Il a inversé ses machines, donc, et a reculé depuis le point de collision ?
Mr. PITMAN. Il l’avait alors dépassé, je pense. Nous avons amené le navire au point mort.
Sénateur SMITH. Avez-vous jamais vu ce navire bouger après avoir été amené au point mort, à part quand il a coulé dans la mer ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Du mieux de votre connaissance, a-t-il bougé ?
Mr. PITMAN. Il n’a pas bougé.
Sénateur FLETCHER. Il doit avoir coulé juste à côté de la glace.
Mr. PITMAN. Non ; il doit avoir parcouru une bonne distance après elle. Sa vitesse l’aurait amené à une certaine distance.
Sénateur NEWLANDS. Dans quelle distance le Titanic pourrait-il s’arrêter, en allant à une vitesse de 21 nœuds à l’heure ?
Mr. PITMAN. Ce serait très difficile à dire, car nous n’avons jamais essayé.
Sénateur NEWLANDS. À en juger par la réaction de navires de cette taille, ou de gros navires, sur quelle distance un navire pourrait-il s’arrêter ?
Mr. PITMAN. Je n’ai jamais essayé, monsieur. Cela varierait considérablement selon l’état de la mer et du vent.
Sénateur SMITH. Je veux clarifier quelques choses pour le procès-verbal avant de vous laisser. Mr. Boxhall a témoigné que le navire avait heurté à la latitude 41° 46′, longitude 50° 14′.
Mr. PITMAN. C’est la position qu’il a donnée au Carpathia.
Sénateur SMITH. Comment a-t-elle été déterminée ?
Mr. PITMAN. À partir de la position des étoiles, calculée à 19 h 30.
Sénateur SMITH. D’une autre manière ?
Mr. PITMAN. Non ; elle a été calculée, de ce que j’ai compris, à partir de la position des étoiles à 19 h 30.
Sénateur SMITH. Quel était le cap du navire quand il a heurté ? Je crois que vous avez témoigné à ce sujet, mais je veux que ce soit noté précisément à cet endroit.
Mr. PITMAN. Je ne suis pas sûr de si c’était sud 84° ouest ou sud 86° ouest exactement.
Sénateur SMITH. Depuis combien de temps suivait-il ce cap ?
Mr. PITMAN. Depuis 17 h 50.
Sénateur SMITH. Ce soir-là ?
Mr. PITMAN. Oui, monsieur.
Sénateur SMITH. Est-ce que ce cap montrait qu’il approchait de glaces ?
Mr. PITMAN. Non, monsieur ; il n’y avait pas de glace signalée exactement sur ce cap.
Sénateur SMITH. Je veux savoir si ce cap montrait qu’il approchait de glaces.
Mr. PITMAN. Nous risquions de passer des glaces au nord.
Sénateur SMITH. Savez-vous à quelle position, latitude et longitude, le Carpathia a trouvé les canots ?
Mr. PITMAN. Trouvé les canots, monsieur ?
Sénateur SMITH. Oui, monsieur.
Mr. PITMAN. Quelque part près de la position que Mr. Boxhall vous a donnée en référence au naufrage du navire. C’est la position vers laquelle le Carpathia s’est dirigé.
Sénateur SMITH. 41° 46′?
Mr. PITMAN. 41° 46′.
Sénateur SMITH. Et 50° 14′?
Mr. PITMAN. 50° 14′. C’est la position vers laquelle le Carpathia s’est dirigé.
Sénateur SMITH. Je voudrais que vous disiez au comité si la sirène a été utilisée la nuit de dimanche durant votre quart ou non.
Mr. PITMAN. Non, monsieur.
Sénateur SMITH. Aurait-elle pu être utilisée pour détecter la présence de glace grâce à l’écho ?
Mr. PITMAN. Je ne pense pas. Je ne m’y fierais aucunement.
Sénateur SMITH. Elle n’a pas été utilisée ?
Mr. PITMAN. Non ; elle ne l’a pas été.
Sénateur SMITH. Afin de compléter le procès-verbal, la glace signalée par l’Amerika, par un message radio, était à la latitude 41° 27′ longitude 50° 08′ ?
Mr. PITMAN. Oui.
Sénateur SMITH. Si le navire était localisé avec justesse quand il a heurté l’iceberg comme étant à la latitude 41° 46’, son cap ne doit-il pas avoir été altéré vers le nord, en direction de l’iceberg signalé ?
Mr. PITMAN. Non ; la position de cet iceberg donné par l’Amerika est au sud de la nôtre.
Sénateur SMITH. Ce cap était établi au sud de la glace signalée par l’Amerika, n’est-ce pas ?
Mr. PITMAN. Non ; cette position est 20 miles au sud de la position où nous étions.
Sénateur SMITH. Auriez-vous laissé assez de temps pour que la glace dérive ?
Mr. PITMAN. Je ne sais rien à propos de la position obtenue de l’Amerika.
Sénateur SMITH. Vous n’avez jamais rien entendu du tout à propos de leur avertissement radio et ne savez rien de la longitude ou latitude à laquelle ils ont signalé des icebergs ?
Mr. PITMAN. Le seul était celui que j’ai placé sur la carte, et je ne sais pas de qui il venait.
Sénateur SMITH. Je pense que c’est tout pour l’instant, officier.
Sénateur FLETCHER. S’il y avait eu un navire à 5 miles du Titanic, sa sirène n’aurait-elle pas pu être entendue à cette distance ?
Mr. PITMAN. Non ; mais on aurait pu l’entendre cracher sa vapeur à une bien plus grande distance que vous pouviez entendre sa sirène. Il a craché de la vapeur pendant trois-quarts d’heure, je pense, et vous pouviez entendre cela de bien plus loin que vous auriez pu entendre une sirène.
Sénateur FLETCHER. Donc il serait raisonnable de dire que s’il y avait un navire ou vaisseau de quelque sorte que ce soit à 5 miles de distance il aurait dû entendre l’expulsion de la vapeur ?
Mr. PITMAN. On aurait pu l’entendre à 10 miles cette nuit-là.
Sénateur SMITH. Juste une dernière question. Est-ce que la glace située sur la carte était au sud de votre route ?
Mr. PITMAN. Au nord de notre route.
Sénateur SMITH. Bien, monsieur le témoin, je n’en ai pas totalement terminé avec vous. Je souhaiterais que vous vous teniez à la disposition du comité. Je veux appeler Mr. Fleet pour quelques temps.